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Gabriel Garcia MARQUEZ, Cent ans de solitude, 1967
Editions du Seuil, 1968
Je viens de relire pour la cinquième fois en trente ans ce chef d’œuvre de Gabriel Garcia Marquez. Je vous ai choisi ce court passage en toute fin de roman, où les deux derniers descendants de la lignée de José Arcadio Buendia, une tante et son neveu, s’aiment d’un amour sans retenue et sans tabou.
« Ils ( Amaranta Ursula et Aureliano) s’adonnaient à l’idolâtrie de leurs corps en découvrant que ce qui répugnait dans l’amour recelait des possibilités inexplorées, beaucoup plus riches que celles du désir. Tandis qu’il massait avec des blancs d’œufs les seins érectiles d’Amaranta Ursula, ou adoucissait à l’huile de palme ses cuisses élastiques et la peau de pêche de son ventre, elle jouait à la poupée avec l’impressionnant zizi d’Aureliano, lui dessinait des yeux de clown avec du rouge à lèvres et des moustaches de turc au fusain à sourcils, et lui mettait des petites cravates d’organsin et des petits chapeaux en papier d’argent. Une nuit, ils s’enduirent des pieds à la tête avec des abricots au sirop, se léchèrent comme des chiens et s’aimèrent comme des fous à même le sol de la véranda où les fit revenir à eux un torrent de fourmis carnivores qui s’apprêtaient à les dévorer tout vifs. »
Vous aurez sans peine reconnu une illustration de Manara