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"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 4
À la rentrée scolaire suivante, en classe de première, je me liai d’amitié avec Jean Sevestre. Le hasard de la première heure de cours nous avait fait voisins de table. Nous le restâmes.
Jean était presque d’un an mon aîné. En réalité, ses parents n’habitaient pas à M**, mais à une cinquantaine de kilomètres, dans un petit bourg où il était allé au collège. Il avait aussi une jeune sœur, Sylvie, brune comme lui, dont il me parla avec chaleur. Depuis qu’il était lycéen, Jean était hébergé pendant la semaine par une tante qui habitait à quelques rues de chez nous.
Jean devint rapidement beaucoup plus qu’un simple camarade de classe.
Tout commença vraiment le samedi 23 novembre 1963 au matin, alors que nous marchions dans l’obscurité des rues pour nous rendre au lycée. Pendant la nuit, la nouvelle de l’assassinat de Kennedy avait parcouru la planète.
- J’ai vu les images à la télé, dis-je tout excité. Tu te rends compte ? La mort presque en direct !
- T’as de la chance. Moi, ma tante, elle n’a pas la télé. Elle dit qu’elle n’aurait pas le temps de la regarder, mais en vérité, c’est qu’elle n’a pas les moyens…
- Elle fait quoi, ta tante ?
- Elle est aide-soignante à l’hospice. Elle s’occupe des petits vieux. Ça ne fait pas longtemps qu’elle travaille. Avant, elle se la coulait douce : son mari, je crois qu’il faisait des affaires avec les Américains de la base aérienne. Alors, tu penses qu’elle ne manquait de rien
- Il est mort ?
- Non, ils ont divorcé. Ne me demande pas pourquoi, j’en sais rien. Mais depuis ça, dans la famille, elle n’est pas très bien vue, surtout par mon père qui lui fait souvent la morale parce que c’est sa sœur, qu’elle a quarante-trois ans et qu’elle se retrouve toute seule, sans enfant.
On traversa en silence une place balayée par le vent, puis Jean reprit :
- Tu sais, il paraît que c’était un homme à femmes…
- Qui ? Le mari de ta tante ?
- Non. Kennedy ! Même qu’il aurait couché avec Marilyn Monroe…
- Ah ? Moi, Marilyn Monroe, c’était pas mon genre de femme. J’aime pas trop les blondes. Brigitte Bardot, elle m’excite même pas. Par contre Sophia Loren ou Claudia Cardinale, c’est autre chose. T’as déjà vu Le Guépard ?
- Oui…
Mais je sentais bien qu’il ne m’écoutait plus. Il marchait, tête basse, les yeux sur le trottoir. On approchait du lycée. Il s’arrêta brusquement.
- Tristan, on pourrait devenir amis, je veux dire de vrais amis. Si je te demande ça, c’est parce que je me sens un peu perdu ici… Ma tante, elle est bien gentille, mais en dehors du boulot, ses occupations favorites, c’est le tricot et les mots croisés…T’imagines le tableau ! Alors, on pourrait peut-être se voir plus souvent. Qu’est-ce que t’en penses ?
Je me sentis flatté de tant de sincérité. Et puis, moi aussi, j’étais un peu seul : papa qui était représentant s’absentait du lundi au vendredi soir, j’étais le fils unique à sa maman, un peu trop couvé.
- Ça marche !
On se serra la main. Ce pacte d’amitié conclu dans la pénombre d’un matin de novembre allait bouleverser ma vie.
à suivre...
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