Samedi 17 décembre 2016 6 17 /12 /Déc /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 41

Le lendemain, entre Toulouse et Luchon, Poulidor prit sa revanche en remportant l’étape avec plus d’une minute et demie d’avance sur Anquetil, mais la messe était dite.

Pour aller Rue du Bois-Soleil, je fis un détour par le disquaire où, puisant dans mes modestes économies, j’achetai le dernier album des Supremes, Where did our love go

ardents43J’arrivai donc chez Geneviève le disque à la main. Comme la veille, elle m’attendait dans la chambre d’amis. Elle avait troqué ses escarpins rouges pour des bottines noires à lacets qui la grandissaient encore.

- Merci, mon chéri, minauda-t-elle en me donnant un bisou sur la joue. Il ne fallait pas, j’avais dit ça comme ça, ce n’était pas sérieux… On l’écoute ?

Je me souviens encore de quelques titres : Run, run, run, évidemment, mais aussi Baby love, Your kiss of fire ou encore Come see about me. Je ne sais pas si elle aimait mais elle faisait comme si…

On laissa passer entièrement la face A avant de se mettre à l’ouvrage. J’étais au bord du lit ; assise sur la chaise cannée, elle remplissait une grille de mots croisés dans les dernières pages d’un magazine. À l’exception des bottines et d’une culotte blanche qu’elle me montrait généreusement en gardant les cuisses écartées – un pied sur le montant du lit, l’autre sur un des barreaux de la chaise – Geneviève s’était parée des mêmes oripeaux que la veille – bas noirs, peignoir rose – et maquillée avec la même outrance, lèvres sanguines et regard sombre. Le parfum aussi n’avait pas changé. Elle mordillait le capuchon de son stylo :

- En cinq lettres : « Elle bâille sans être fatiguée ». Tu ne vois pas ?

Je haussai les épaules, j’étais nul en mots croisés.

- La moule ! dit-elle avec malice. C’est rigolo, tu ne trouves pas ?

Rigolo, je ne sais pas ; graveleux, sans aucun doute.

Quand elle en eut terminé avec sa grille, elle resta de longs instants, le stylo à la main, pensive, les yeux posés sur moi mais sans vraiment me regarder. Elle me fit penser aux chats immobiles dont le regard reste une énigme : écoutait-elle le disque ou réfléchissait-elle à l’incongruité de notre liaison ? Je ne sais. Un étrange sourire, presque grave, figeait ses lèvres trop rouges.

Brusquement, elle sembla sortir de sa torpeur, posa magazine et stylo, referma le compas de ses jambes et se leva.

 

- D’abord, on va passer à la toilette !

à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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