Mercredi 15 janvier 2020 3 15 /01 /Jan /2020 08:00

Les quatre Sirènes

Deuxième voix : Michèle

En juin 1988, nous avons eu une nouvelle DRH. À l'époque, on commençait tout juste à employer cet acronyme, on parlait encore de direction du personnel.

Elle se prénommait Michèle. On ne savait d'elle que ce qu'elle avait bien voulu nous dire, à savoir qu'elle était originaire des Côtes d'Armor, qu'elle était mariée et maman d'un grand fils d'une vingtaine d'années. Rien de plus.

sirenes4Michèle était brune, avec de longs cheveux coiffés en une longue natte qui lui tombait presque jusqu'au creux des reins. On ne la voyait jamais habillée en pantalon, mais toujours de tailleurs bien serrés à la taille, tombant sous le genou, avec une préférence pour les tons neutres, dans les gris ou marron beige. Elle portait souvent de petites bottines de cuir noir aux modestes talons. Elle était petite, myope, et fumeuse de Gauloises vertes, ce qui était déjà en soi une excentricité. Il a fallu que, lors d'une réunion de C.E, je sois désigné comme secrétaire pour que je me retrouve quelques jours plus tard dans le bureau de Michèle : il s'agissait de se mettre d'accord sur le texte du procès-verbal et qu'elle y ajoute quelques données chiffrées... C'était en janvier 1989, en fin de journée. Dehors il faisait nuit noire. Je n'ai gardé aucun souvenir du pourquoi et du comment nous nous sommes retrouvés tous les deux, attablés dans un restaurant de la ville voisine, à manger un couscous royal dans un décor arabe de carton pâte. Notre conversation a été surtout consacrée à nos goûts musicaux et artistiques en général. C'est à cette occasion qu'elle m'a pour la première fois parlé de son admiration pour la culture japonaise dont je ne connaissais quasiment rien sinon quelques clichés comme les sumos, les samouraï et le hara-kiri.

Le lendemain, lorsque je l'ai croisée au détour d'un couloir, elle m'a demandé de passer à son bureau où elle avait "quelque chose pour moi". C'est ce jour-là qu'elle m'a prêté un gros livre sur la culture et l'art japonais.

- Tu verras, tu seras surpris. je pense que ça devrait t'intéresser...

Elle ne se trompait pas. l'ouvrage était abondamment illustré. Il y avait bien sûr les standards de la culture nipponne : architecture des temples, jardins ratissés, l'art du bonzaï, la porcelaine, les cerisiers en fleurs... Puis, en fin d'ouvrage, les inévitables estampes avec des scènes d'un érotisme exacerbé et aussi des rituels qui m'étaient totalement étrangers comme l'art du kinbaku où de très belles et jeunes femmes nues étaient ficelées et suspendues comme des saucissons en boutique.. Il me fallut presque un mois pour parcourir l'ensemble du livre. C'est de cette lecture initiatrice que date mon désir d'aller un jour en voyage au Japon. Uemura-Shoen.jpg

Quand j'ai voulu rendre le livre à Michèle, elle m'a dit que ça ne pouvait pas se faire comme ça, à la va-vite. C'était trop sérieux. Alors elle m'a invité chez elle pour qu'on en discute le soir même. Elle m'a donné son adresse, elle m'attendrait à partir de 19 heures... Si je ne voulais pas venir les mains vides, je pouvais apporter une bonne bouteille de bordeaux.

 à suivre...

 

Par michel koppera - Publié dans : souvenirs - Communauté : Fantasmes et écriture
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Commentaires

Merci Michel..... encore une fois j'apprends quelque chose..... ne pas confondre Shibari et Kinbaku...... Shibari je t'attache.... alors que le sens du terme Kinbaku porte en lui la sensualité, la contrainte, les émotions, et implique souvent les notions de gêne et d’exposition..... j'essaie d'amener ma compagne au shibari...... je lui parlerai dorénavant de kinbaku.....
commentaire n° :1 posté par : Patrick le: 15/01/2020 à 16h12

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