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"Villa Ferjac"
Cette nouvelle qui décevra sans doute les amateurs de scènes "hard" est la dernière qui devait composer le recueil "Cortisone Climax", recueil non publié suite au décès brutal de mon éditeur. Cette nouvelle écrite à la fin des années 80 fait directement référence à un épisode de ma vie qui date de l'année 1986. Pour des raisons professionnelles, j'avais été amené à habiter seul pendant près de six mois dans une grande villa très kitch construite au début du siècle (vers 1930) perchée en haut d'une falaise face à l'océan. Chaque soir, j'avais droit à un coucher de soleil grandiose sur les îles... Je garde de précieux souvenirs de ces mois de solitude presque monastique.
Chapitre 1
De la fenêtre de la chambre mauve, à deux pas du ciel lourd, on devine la mer. La maison est vieille maintenant, malgré ses persiennes fraîchement repeintes en bleu. Il me serait difficile d’expliquer en quelques mots comment j’en suis arrivé à ne plus quitter cette fenêtre sans horizon.
Lorsque j’ai acheté la maison, je venais de rompre avec Clara, ou, plus exactement, son départ avec la moitié de notre bibliothèque et sept années de souvenirs venait de mettre un point final à notre indifférence routinière. Plus rien ne nous attachait l’un à l’autre, pas même les joies du lit où nous avions partagé tant de moments heureux. Pourtant, mes doigts gardèrent longtemps en mémoire la douceur de son ventre de velours et, parfois, le parfum de son sexe pulpeux flottait encore dans mes draps de solitude.
Enfant, jamais je n’aurais imaginé que je puisse un jour franchir les hautes grilles du portail, pénétrer dans le parc et parcourir les allées sous les pins parasols qui dérobaient la maison aux regards des passants. Le visage de notre mère s’assombrissait lorsqu’au retour d’une de nos escapades printanières, nous lui avouions être passés par l’Allée des Cormorans pour faire halte quelques instants devant le portail toujours clos de la Villa Ferjac.
- Attendez que j’en parle à votre père quand il va rentrer ! Vous allez voir !
Elle nous promettait alors les pires châtiments. Mais, le soir venu, elle se gardait bien de lui en souffler mot, allant même jusqu’à nous adresser de muettes prières si, par hasard, notre père nous demandait où nous avions passé l’après-midi.
à suivre...
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