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Baiser dans un musée
On filait plein sud vers la Méditerranée. Pendant qu’Odile conduisait, je feuilletais le guide touristique de la région. Cette année-là, on avait décidé de faire dans le culturel. Finies les après-midi drap de bain sur la plage à se mélanomiser malin ! Ce serait visites guidées d’abbayes cisterciennes, concerts de musique baroque dans les ruines de forteresses médiévales, expositions d’artistes locaux et très naïfs, dégustations de produits du terroir et randonnées botaniques. Enfin, quand j’écris on, je devrais plutôt dire Odile, car c’était avant tout son idée. Moi, les journées à glander en transat au soleil, ça ne me culpabilisait pas plus que ça ! Un ou deux cinoches, une soirée disco, une balade dans l’arrière-pays, pourquoi pas ? Je ne voyais pas la nécessité d’en faire des tonnes ! Mais Odile s’était mis dans la tête qu’on était des péquenots et qu’il était grand temps qu’on se mette au diapason du monde. Etre au diapason, c’était une de ses expressions favorites. Elle voulait être au diapason de tout : de la mode, d’une société plus humaine, de la conscience écolo, de la pensée universelle…
- Tiens, on pourrait assister à une corrida, ça fait partie du patrimoine local, non ?
- T’es dingue ou quoi ! Cherche-nous plutôt des musées intéressants, au lieu de raconter des conneries !
J’aimais bien taquiner Odile, titiller sa fibre S.P.A. C’était son côté Brigitte Bardot en colère, dont elle avait aussi la blondeur.
Deux semaines plus tard, notre programme culturel avait sérieusement du plomb dans l’aile. Pour ce qui était du patrimoine régional, on avait essentiellement vu des parties de pétanque et un vide-grenier où Odile avait acheté, à vil prix, une poterie « typique ». Côté musique, un radio-crochet sur la plage et un concours de air-guitar sur écran géant ; côté gastronomie, on avait fait la tournée des pizzerias et sacrifié au culte de l‘huile d’olive à toutes les sauces. Par contre, le soleil avait cuivré nos épaules et comme javellisé la chevelure d’Odile. C’est en choisissant des cartes postales à envoyer à ses collègues de travail qu’elle fut saisie de remords.
- Demain, on sort ! declara-t-elle en faisant tourner le présentoir à souvenirs.
- Comment ça, on sort ?
Le lendemain, il faisait très chaud, un de ces après-midi torrides où les pavés sont brûlants, le soleil vertical et les siestes profondes. Odile ne portait que des sandales et une petite robe de coton fuchsia ; moi un bermuda, un t-shirt et une paire de tongs fatiguées. « Muséum d’archéologie littorale », ça en jetait ! Une vénérable bâtisse en pierre ocre, une guichetière indolente entre deux âges, deux billets plein tarif. On commence par les salles du rez-de-chaussée et du premier étage. On se tape des alignements de vitrines replies d’objets de la vie quotidienne gallo-romaine : fibules, vases plus ou moins complets, boucles d’oreilles et lampes à huile… Quand Odile se penche pour lire les notices explicatives, cela découvre un peu plus ses cuisses bronzées et je me sens à l’étroit dans mon bermuda. Entre des portes, dans une encoignure, un gardien à casquette somnole sur une chaise.
On termine la visite par les salles voûtées du sous-sol, là où sont exposées les statues. Il y fait frais. Odile en frissonne de plaisir. Nous sommes seuls. La douce lumière des spots caresse la pierre millénaire, les courbes des hanches minérales, comme ma main qui soulève la robe d’Odile. Nous nous embrassons à l’ombre d’un Apollon sans tête, au sexe pré-pubère. La peau des fesses d’Odile a la blancheur du marbre antique, sa chatte blonde est aussi émouvante et chaude que le pubis glabre des Vénus romaines. On baise en bonne compagnie, sous le regard aveugle d’une Minerve en armes, de sévères sénateurs en toge, de bustes d’empereurs à tête couronnée de lauriers, de nymphes et de naïades lascives. Odile est ma déesse callipyge, je suis son Priape domestique ; ses seins sont d’albâtre, ma bite est d’airain. Tout en forniquant me revient en mémoire la scène finale des Visiteurs du soir, lorsque les deux amants sont métamorphosés en statues de pierre par Satan en personne. J’ai tellement peur que j’en oublie de jouir. Pas Odile qui avant de quitter la galerie se permet de caresser le cul de l’Apollon sans tête et même de lui embrasser le zizi de marbre où elle laisse un peu de gloss vermillon
- On devrait sortir plus souvent, me dit Odile dans la rue abrutie de chaleur. Finalement, les trucs culturels, c’est pas aussi chiant que je croyais.
© Michel Koppera, mai 2009
@ Camille, j'espère que cela ne va pas t'arrêter !
@ Claire, il s'agit d'un petit musée de province, et puis on peut difficilement imaginer un visiteur partant avec une Vénus de marbre sous le bras !
@ Camille, surtout que cela ne t'arrête pas. En plus, c'est plutôt marrant qu'on écrive sur le même thème, ça fait deux approches différentes et pas forcément concurrentes, mais complémentaires.