Mercredi 2 décembre 2009 3 02 /12 /Déc /2009 14:09

Voici le 35ème et dernier volet de la série des "Baiser". Evidemment, il ne s'agit pas du dernier que j'aie écrit - il y en a encore quinze autres - mais j'en réserve l'intégralité à mon éditeur. Je vous tiendrai au courant des péripéties de ce manuscrit. En attendant, je vous remercie de votre fidélité, de l'intérêt que vous avez porté à ces textes ( si j'en crois vos nombreuses connexions et lectures de ces inédits ). Donc, à l'occasion de ce dernier chapitre, je vous ai concocté un article aux petits oignons, avec dessin original de Camille (voir son blog dans mes liens ) spécialement réalisé pour ce texte, un dessin de Blachon, une ancienne pub Perrier signée Ancet et d'autres petites perles... Bonne lecture et rendez-vous pour l'intégralité de ces textes lors de leur parution en livre papier... 

Baiser en bateau

 

Il y a quelques décennies, Philippe Lavil nous chantait que celle qui préférait l’amour en mer, c’était soi-disant pour une question de tempo. La marine en était fière ? C’est à voir, car outre que la femme n’est généralement pas la bienvenue à bord, baiser en bateau peut révéler bien des surprises.

Tout d’abord, mettons une fois pour toutes fin au mythe de la baise en gondole, avec orgasme sous le Pont des Soupirs, le bien nommé. Foutaises ! Les canaux sont glauques, l’eau douteuse et les tarifs exorbitants. Si vous tenez vraiment à baiser à Venise, prenez le vaporetto aux heures d’affluence et vous y trouverez facilement chatte à votre queue.

Les paquebots de croisière, style Queen Mary II ont leurs adeptes ; ce sont les mêmes qui achètent, au rabais, des séjours touristiques de deux semaines en demi-pension à Marrakech ou en Thaïlande. On y baise en cabine climatisée, entre une séance de step et un grand concours de karaoké.

Les nostalgiques des grandes heures de la marine à voile choisiront de baiser à bord d’un vieux gréement. Il faut cependant aimer astiquer les cuivres, hisser les voiles à l’huile de coude et chanter en chœur la chanson de Surcouf, « Au trente et un du mois d’août… » Cela accompli, vous pourrez, si vous en avez encore la force, partouzer entre matelots suspendus dans les hamacs de l’entrepont.

Ceux qui ont la chance de résider près d’un port de pêche pourront tenter l’aventure sur un chalutier. Ils baiseront entre deux palanquées de poisson frais, accrochés au bastingage, le ciré jaune aux chevilles, les doigts constellés d’écailles argentées. Selon les saisons, leurs caresses laisseront sur leurs ventres nus des sillages de sardines, de maquereaux frétillants ou de merlus, odeurs qui s’accrocheront aux poils du cul et ajouteront un arrière-goût de marée basse au foutre qu’ils répandront en abondance sur le pont mouillé.

Il y a des années, j’ai connu le bosco d’un vraquier qui traînait sa rouille d’un rivage à l’autre de l’Atlantique. Lors du chargement des cargaisons, le spectacle de la goulotte de la trémie vomissant à jet continu ses gerbes de blé ou de soja dans les soutes béantes lui procurait de furieuses érections. Il se trouvait alors quelque cul charitable – ou le plus souvent payant – pour le soulager. Le plus étonnant, c’est qu’à l’arrivée, la vue des énormes tuyaux plongeant dans le ventre ouvert du cargo pour aspirer le grain vers les silos le laissait totalement indifférent.

Sur l’eau, on peut assouvir presque tous les fantasmes. Il y a ceux qui baisent dans les car-ferries, rien que le plaisir de se prendre sur le capot d’une Jaguar ou d’une Ferrari ; ceux qui jouissent sur un porte-avions en écoutant décoller des Rafale équipés de missiles air-air capables de pulvériser un fou de Bassan en plein vol ; ceux que les empilements de boîtes sur le pont d’un porte-conteneurs excitent au plus haut point : ils s’imaginent en train de baiser filmés par des milliers de caméscopes, au milieu d’innombrables jouets interdits made in China, de poupées gonflables et de petites culottes en coton asiatique ; ceux qui reniflent l’odeur du brut sur les pétroliers ou du gaz sur les méthaniers ; ceux qui aiment baiser à l’étroit sur une bannette de voilier ; les paresseux qui baisent langoureusement sur une péniche ; ceux qui jouent aux naufragés sur des canots pneumatiques et qui baisent comme si c’était la dernière fois ; ceux qui s’offrent le grand frisson sur un remorqueur de haute mer, par une nuit de tempête force 9 au large d’Ouessant ; ceux qui préfèrent l’exotisme épicé des boutres et des sampans…

Moi, je me suis pris le grand pied marin, un soir de mousson, à bord d’une pirogue à balancier, au large des côtes malgaches. On était partis pour la nuit à la pêche au poisson de roche, juste au-dessus de la barrière de corail. La coque en badamier de la pirogue était si étroite qu’on s’y tenait tous les deux à genoux, l’un derrière l’autre. Ma belle coéquipière sakalave me présentait sa croupe brune sous son lambe relevé sur les hanches. Pendant que nous ferrions les vivaneaux, poissons-perroquets et autres casse-marmite, je lui harponnais fermement le cul, et à chaque secousse, les balanciers de la pirogue qui froissaient les eaux noires réveillaient des constellations d’algues phosphorescentes du plus bel effet.

 

© Michel Koppera, juin 2009

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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