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Baiser dans un jardin public.
Il y a quelques années de cela, un matin de printemps où j’avais emmené mes deux jeunes enfants en promenade au Jardin des Plantes, au détour d’une allée bordée d’une épaisse haie de seringa en fleurs, nous avons surpris un couple assis sur un banc. Le plus âgé était assis et avait la main posée sur la nuque du plus jeune couché en travers du banc et dont la tête reposait sur ses cuisses, le visage tourné vers son ventre. Il se faisait tailler une pipe profonde tout en caressant l’entrejambe de son compagnon.
- Papa, pourquoi le monsieur il tient la tête de l’autre monsieur ? m’avait demandé ma petite fille.
- Parce qu’il a du chagrin, alors il le console…
Mais moi, je pensais que c’était plutôt le sucé qui avait besoin de réconfort.
Un autre jour, sur l’île de la Réunion, à Saint-Gilles, j’ai vu un couple, hétéro cette fois, en train de baiser sérieusement dans un parc, à l’ombre des filaos. Ils ne se cachaient pas. Installés à califourchon sur un banc, face à face, elle le chevauchait. Il avait gardé son bermuda, elle son paréo. Elle se tenait très cambrée, les mains appuyées sur le banc derrière elle ; il la tenait par les hanches et se regardait attentivement pénétrer sa partenaire dans l’ombre chaude du paréo entrouvert.
Je m’étais alors dit que jamais je n’oserais me donner ainsi en spectacle. Cela me paraissait le comble de l’obscénité et de l’impudeur. Mais je n’avais pas encore rencontré Dominique.
Dominique pouvait baiser dans un lit comme tout le monde, mais ne pouvait jouir que dans un jardin public. Cette bizarrerie avait considérablement retardé son premier orgasme et ce ne fut qu’à trente-quatre ans, par hasard, qu’elle avait enfin connu le plaisir suprême. La chose arriva dans le parc floral d’une sous-préfecture où elle était venue fêter les quatre-vingts ans d’une grand-tante maternelle. Elle y avait retrouvé un cousin éloigné, plutôt bel homme et tout juste divorcé. Au cours de la promenade digestive, un peu ivre, elle s’était laissé entraîner dans les sombres allées du parc. Prise en levrette, à genoux sur un banc dans l’ombre épaisse d’un massif de rhododendrons, elle avait découvert la puissance immaculée de l’orgasme.
Dominique qui habitait un appartement au sixième étage tenta de renouveler l’expérience sur son balcon, puis dans un jardinet en terrasse, mais n’obtint à chaque fois qu’un piètre soubresaut vaginal qui lui procura une furieuse envie de faire pipi. Quelques mois plus tard, un second orgasme dans le Parc Monceau ne fit que confirmer ce qu’elle pressentait : elle ne pouvait jouir que dans un jardin public. Elle avait besoin du chant des oiseaux, du souffle du vent dans les arbres, des cris joyeux des enfants, du parfum des fleurs, du vert des pelouses, du camaïeu des parterres, du crissement des pas sur les graviers blancs… Dès lors, elle n’eut de cesse d’arpenter les allées de tous les parcs parisiens, du Parc Montsouris aux Jardins du Luxembourg où elle baisa face au grand bassin en regardant régater les voiliers miniatures qui filaient sous le vent d’automne. Elle baisa dans les jardins d’acclimatation des villes de province, dans le Parc Borelli à Marseille… À Londres, elle négligea Hyde Park trop vaste à son goût et connut une sorte d’extase dans la roseraie du Queen Mary’s Garden. Dans le Parc du Retiro à Madrid, elle baisa près d’hommes qui jouaient à lancer de petits palets dans la gueule ouverte d’une grenouille en métal. Ils étaient si adroits qu’à cinq mètres, ils rataient rarement leur cible, et que chaque coup gagnant était accompagné de cris de victoire qui soulevaient dans le ventre de Dominique des vagues de plaisir.
Elle aimait baiser dans les labyrinthes à l’abri des haies odorantes de buis, sous les frondaisons des platanes ou des albizias en fleurs, au cœur des massifs de glaïeuls, sur le moelleux tapis des pelouses anglaises… Elle apprit le nom des fleurs et des arbres les plus rares. Elle en reconnaissait les formes, les couleurs, mais surtout les odeurs qui se glissaient sous sa jupe, remontaient entre ses cuisses et donnaient à son sexe humide le parfum si particulier de l’amour.
Un jour, alors qu’elle parcourait les pages d’un guide touristique sur le Val de Loire, ses châteaux et ses jardins, elle me dit :
- As-tu déjà visité le château de Villandry ? Il paraît qu’il y a un jardin à la française unique au monde : les parterres et les massifs ne sont composés que de légumes et de plantes potagères ! Tu te rends compte ?
Le week-end suivant, on était sur place. Elle, en belle jardinière, chapeau de paille et tablier de sapeur déployé sous sa jupe au vent ; moi, en homme de peine, les outils de jardinage prêts à l’emploi. À l’abri d’une treille de chasselas, Dominique a choisi un banc juste à côté d’un parterre de choux cabus, d’artichauts et de rhubarbe. Les arabesques de vert étaient du plus bel effet, surtout sur le ventre de Dominique qui en palpitait de gourmandise. Mais à l’approche de l’instant suprême, elle a lâché une salve de pets tonitruants qui ont attiré le regard des visiteurs et la vigilance soupçonneuse d’un gardien. Il nous a chassés, à peine poliment, de notre jardin d’Eden.
- Je suis désolée, c’est sans doute à cause du chou, ça me donne toujours des gaz..
© Michel Koppera, août 2009
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