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Catherine MILLET, La vie sexuelle de Catherine M.
Editions du Seuil, collection Fiction et Cie, avril 2001
Chapitre 1 : Le nombre ( pages 20-22 )
Catherine M. se souvient des soirées organisées à l’occasion des anniversaires d’un certain Victor.
« Eric m’installait sur un des lits ou des canapés placés dans les alcôves, respectant un vague usage en prenant l’initiative de me déshabiller et de m’exposer. Il pouvait commencer à me caresser et à m’embrasser, le relais était immédiatement pris par d’autres. Je restais presque toujours sur le dos, peut-être parce que l’autre position, la plus commune, qui consiste pour la femme à enfourcher activement le bassin de l’homme, se prête moins à l’intervention de plusieurs participants et implique de toute façon une relation plus personnelle entre les deux partenaires. Couchée, je pouvais recevoir les caresses de plusieurs hommes pendant que l’un d’entre eux, dressé pour dégager l’espace, pour voir, s’activait dans mon sexe. J’étais tiraillée par petits bouts ; une main frottant d’un mouvement circulaire et appliqué la partie accessible du pubis, une autre effleurant largement tout le torse ou préférant agacer les mamelons… Plus qu’aux pénétrations, je prenais du plaisir à ces caresses, et en particulier à celles des verges qui venaient se promener sur toute la surface de mon visage ou frotter leur gland sur mes seins. J’aimais bien en attraper une au passage, dans ma bouche, faire aller et venir mes lèvres dessus tandis qu’une autre venait réclamer de l’autre côté, dans mon cou tendu. Et tourner la tête pour prendre la nouvelle venue. Ou en avoir une dans la bouche et une dans la main. Mon corps s’ouvrait plus sous l’effet de ces attouchements, de leur relative brièveté et de leur renouvellement, que sous celui des saillies. À propos de celles-ci, je me rappelle surtout de l’ankylose de mon entrecuisse après avoir été travaillée parfois près de quatre heure, d’autant plus que beaucoup d’hommes ont tendance à maintenir les cuisses de la femme très écartées, là aussi pour profiter de la vue, et pour aller frapper plus loin. Au moment où on me laissait en repos, je prenais conscience que l’engourdissement avait gagné mon vagin. Et c’était une volupté d’en sentir les parois raidies, lourdes, légèrement endolories, gardant en quelque sorte l’empreinte de tous les membres qui s’y étaient logés. »
Les illustrations de Jean Morisot me semblent parfaitement adaptées au texte. Quant à Cabu, il proposait une lecture plus ironique du remous médiatique que provoqua en son temps la publication de l'ouvrage de Catherine Millet
voilà qui est plaisant, petite cachotière !
Je partage tout à fait votre point de vue : beaucoup de bruit pour rien ! Une tempête dans un verre d'eau (dans une chatte mouillée, pour filer votre métaphore.)
Quand même (affreuse persifleuse que je suis) pour moi, le plus désagréable d'elle, à mon sens, était (est?) sa grande amitié avec Angot ... mais cela est une autre histoire et n'engage que moi ...