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"Crissie et Monsieur K.", chapitre 20 a
Pendant de longues minutes, j’ai l’illusion de te posséder entièrement, corps et âme, et cette sensation me procure un plaisir incommensurable. Tout de toi m’appartient : ton sexe que j’ai cadenassé, ton ventre que je tiens en laisse, ton cul où je suis planté, tes seins que je pétris, ta main que je serre dans la mienne, ton image dont je me repais, tes pensées obscènes, ton plaisir même dont je suis le maître. Pour la première fois de ma pauvre existence, j’éprouve l’ivresse de la domination, du pouvoir. Mon désir comme ma jouissance en sont décuplés. Je lance mon sperme à l’assaut de ton rectum, de tes tripes, de ton cœur. Je ne sais si tu jouis de nouveau ; à vrai dire, peu m’importe. Je suis transporté dans un autre monde où rien d’autre ne compte que la quête de l’orgasme absolu, celui qu’on appelle à juste titre « la petite mort »…
Une fois ressuscité, je t’entraîne à la salle de bain où je te lave comme une enfant. Puis, je te rhabille avec soin de ta courte robe de cotonnade par-dessus un adorable string de saison.
- On a un rendez-vous dans une demi-heure, dis-je en te tendant ton sac à main. On est presque en retard.
Comme d’habitude, tu ne poses aucune question.
Dans le taxi qui nous emmène, je retrousse ta robe, écarte ton string, remets le cadenas en place ainsi que la laisse chromée. C’est ainsi que nous faisons notre entrée dans l’institut de beauté où nous sommes attendus : moi devant, faussement désinvolte, saluant la maîtresse des lieux tout en tenant de la main gauche la poignée de cuir de la chaînette qui remonte entre tes cuisses, sous ta robe plissée. Je croise des regards de femmes offusquées, d’autres incrédules, plus rarement amusées. Pendant que j’échange des banalités polies avec la patronne, tu te tiens en retrait, immobile, mais la tête levée, l’air hautain, affrontant avec arrogance la multitude des regards qui convergent vers toi, vers cette chaînette chromée qui disparaît entre tes cuisses légèrement entrouvertes.
- Monsieur K, c’est un plaisir de vous revoir. Sonia vous attend, c’est elle qui va s’occuper de votre amie. Si vous voulez bien me suivre.
Elle écarte un rideau cramoisi et nous désigne d’un geste le couloir sombre :
- Je vous ai réservé la cabine 17… À tout à l’heure.
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