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"Un soir de décembre" est un court roman de 186 pages paru en 2005 chez Jean-Claude LATTÈS, puis dans la collection Le Livre de Poche (n° 35180)
Résumé : Dans la vie de Matthieu Brin, marié et père de deux enfants, qui vient de se faire connaître en publiant un premier roman à succès, ressurgit une certaine Sara qu'il avait connue dix années auparavant et qu'il croyait avoir oubliée.
Extrait pages 87-88 : Passage de la troisième lettre que Sara adresse à Matthieu
" J'avais besoin de te voir au fond de moi. J'aimais que tu me pénètres avec violence, à peine arrivé, que tu me couches sur la table, à plat ventre, que tu relèves ma jupe sans même m'avoir parlé, j'aimais ton impatience. Ton souffle dans mon dos. Tes mains qui attrapaient ma nuque ou mes cheveux, cette force avec laquelle tu me soulevais à me rompre le dos. J'aimais sur les draps mon corps étendu, qui réclamait encore, les caresses lentes qui précédaient ton ardeur. Je me souviens de ces soirées d'automne où, chancelants d'avoir fait l'amour pendant des heures, nous sortions dîner. J'aimais la douceur de la nuit, cette pluie fine sur nos visages, l'ivresse du premier verre de vin, cette langueur dans nos gestes, nos corps épuisés. Tu ne m'as jamais parlé d'elle *. Je sais seulement qu'elle voyageait pour son travail, et qu'elle partait parfois plusieurs jours, nous offrant, sans le savoir, cette fallacieuse liberté.
Je t'ai aimé. Dès le premier soir. Je ne sais pas si j'ai cru, ne serait-ce qu'un moment, que tu pourrais renoncer. Je ne sais pas si cet amour enflait parce que tu en avais fixé l'échéance ou s'il se nourrissait en silence de l'espoir insensé de te voir changer d'avis. Nous avons fait l'amour de plus en plus violemment. De plus en plus fort. Nous avons fait l'amour comme si chaque fois devait être la dernière, comme si rien, jamais, ne devait être plus intense, plus profond, comme s'il nous fallait aller au bout de l'acceptable, là où les limites s'estompent, disparaissent , là où les autres s'arrêtent. Je te voulais toujours plus loin, au fond de mon ventre. Je me souviens de la force de tes mains, enserrant mes jambes. De tes morsures à mon cou. Du goût de ton sexe dans ma bouche, longtemps après que nous nous fûmes quittés. Je me souviens de tout. Je plantais mes ongles dans ta chair et après ton départ je cherchais sur mon corps l'empreinte de tes mains.
Dans cette volonté aveugle de ne faire qu'un, cet élan inassouvi, je te perdais.
Car dans cette violence, nous n'avions jamais été si vulnérables."
elle * : Élise, l'épouse de Matthieu.
Mon commentaire : roman puissant la permanence du souvenir et l'illusion de l'oubli. Un récit bouleversant qui fait parfois froid dans le dos. À lire et à relire...
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