Lundi 19 juillet 2010 1 19 /07 /Juil /2010 08:28

 

Jean GENET, Notre-Dame-des-Fleurs, le Condamné à mort

Œuvres complètes. Editions Gallimard, 1951

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Page 51 : Jean, le narrateur, dans sa cellule, rêve de Divine et Mignon, un couple gay :

« Divine et Mignon. C’est selon moi le couple d’amants idéal. De mon trou d’odeur noire, sous la laine râpeuse des couvrantes, le nez bien dans la sueur et mes yeux écarquillés, seul avec eux, je les vois.

Mignon est un géant, dont les pieds courbes couvrent la moitié du globe, debout, les jambes écartées dans une culotte bouffante de soir bleu ciel. Il trique. Si fort et calmement que des anus et des vagins s’enfilent à son membre comme des bagues à un doigt. Il trique. Si fort et si calmement  que sa virilité observée par les cieux a la force pénétrante des bataillons de guerriers blonds qui nous enculèrent le 14 juin 1940 posément, sérieusement, les yeux ailleurs, marchant dans la poussière et le soleil

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Page 148 : Voici maintenant Divine avec un travesti, Notre-Dame-de-Fleurs, et un autre homme Gorgui

«  Notre-Dame jeta son mégot, l’écrasa sur le tapis, et, en s’aidant de la pointe de l’un, déchaussa un pied, puis l’autre. Divine délaçait le dos de la robe. Elle dépouillait Notre-Dame-des-Fleurs d’une partie, de la plus jolie partie de son nom. Notre-dame était un peu gris. Cette dernière cigarette le mit assez mal à son aise. Sa tête roula et tomba tout d’un coup sur sa poitrine, comme celle des berges de plâtre à genoux sur les troncs dans les crèches de Noël, quand on met une pièce dans la fente. Il hoquetait de sommeil et de vin mal digéré. Il se laissa retirer la robe sans s’aider du moindre geste, et, quand il fut nu, Divine, soulevant ses pieds, le fit basculer sur le lit, où il roula contre Seck. D’habitude, Divine se couchait entre eux. Elle vit bien qu’aujourd’hui elle devrait se contenter de rester sur le bord extérieur, et la jalousie qui l’avait empoignée à la descente de la Rue Lepic et au Tabernacle, lui ramena des aigreurs. Elle éteignit. Les rideaux mal fermés laissaient entrer un rayon de jour très mince qui se diluait en poussière blonde. C’était, dans la chambre, le clair-obscur des matins poétiques. Divine se coucha. Aussitôt, elle attira contre elle Notre-Dame, dont le corps semblait désossé, sans nerfs, les muscles nourris de laitages. Il souriait dans le vague. Enfin, il avait ce sourire complaisant quand il était amusé sans excès, mais Divine ne vit ce sourire qu’au moment où elle prit entre ses mains sa tête et tourna vers elle le visage qui d’abord était tourné vers Gorgui. Gorgui était couché sur le dos. Le vin et les alcools l’avaient amolli, comme ils avaient amolli  Notre-Dame. Il ne dormait pas. Divine prit dans sa bouche les lèvres closes de Notre-Dame. On sait qu’il avait l’haleine fétide. Divine tenait donc à abréger son baiser sur la bouche. Elle se glissa jusqu’au fond du lit, sa langue léchant au passage le corps duveteux de Notre-dame, qui s’éveillait au désir. Divine blottit sa tête au creux des jambes et du ventre de l’assassin, et attendit. C’était chaque matin la même scène, une fois avec Notre-Dame et la fois d’après avec Gorgui. Elle n’attendit pas longtemps. Notre-Dame se retourna tout à coup sur le ventre, et brutalement, fit entrer avec sa main sa verge encore souple dans la bouche entrebâillée de Divine.

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Extrait du poème : « Le Condamné à mort » ( page 214 )

Chaque fête du sang délègue un beau garçon

Pour soutenir l’enfant dans sa première épreuve.

Apaise ta frayeur et ton angoisse neuve.

Suce mon membre dur comme on suce un glaçon.genet5

 

Mordille tendrement le paf qui bat ta joue,

Baise ma queue enflée, enfonce dans ton cou

Le paquet de ma bite avalé d’un seul coup.

Etrangle-toi d’amour, dégorge, et fais la moue !

 

Adore à deux genoux, comme un poteau sacré,

Mon torse tatoué, adore jusqu’aux larmes

Mon sexe qui se rompt, te frappe mieux qu’une arme,

Adore mon bâton qui va te pénétrer.

 

Il bondit sur tes yeux ; il enfile ton âme.

Penche un peu la tête et le vois se dresser.

L’apercevant si noble et si propre au baiser

Tu t’inclines très bas en lui disant : « Madame ! »

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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