Mercredi 5 novembre 2014 3 05 /11 /Nov /2014 08:00

Philippe # 8

 

chambre8-1Il est tard, je rentre à la maison une excuse en poche, inutile, elle est déserte.

Dans la cuisine, sur le frigo un mot :

« Ne m'attends pas avant 21h30, je t'aime »

Il me reste assez de temps pour faire du ménage et surtout préparer ma sélection de ces photos plus « personnelles », Cette fois je n'ai plus d'alternative puisque j'ai lâché le mot, il me faut aller au bout de ma démarche jusqu'à l'enveloppe ultime.

Il m'a fait comprendre que je n'avais rien à craindre, il paraissait même soulagé de me voir enfin revenir. La façon dont il s'est emparé de l'enveloppe, son empressement avec un sourire de soulagement.

Avant tout je dépose sans les ouvrir les deux pochettes de Valentin dans leur lieu de transit puis me rends dans la chambre y chercher le carton contenant mes précieux négatifs et photos,

Quelle surprise de découvrir les murs mis à nu par Monika ! Ainsi elle a commencé avec méthode les travaux dont elle parlait.

Après tout n'ai-je pas souhaité du changement ?

Je dépose le carton sur la table du salon et me lance dans les tâches ménagères. Au bout d'une heure d'une course haletante, je peux déguster une bière et me consacrer aux prochaines photos.

Combien ? Lesquelles ?

Mon choix se porte sur des images de différentes époques.

Une première série en noir et blanc dont je ne suis pas l'auteur puisque je ne la connaissais pas encore à l'aube de ses 19 ans, une autre où elle apparaît en robe courte de nouveau mais noire cette fois,

J'aime ses jambes effilées qui, malgré la petitesse de son corps, semblent sans fin.chambre8-5

Cette série en maillot de bain qui me rappelle tant de souvenirs...

,,,Il faisait chaud cet été-là aussi, Monika en rentrant du travail m'annonça qu'une de ses collègues l'avait invitée à venir se rafraîchir le lendemain dans sa piscine, Seule restriction, elle devait venir seule, Je ne connaissais pas cette femme ni son mari, mes seules informations étaient qu'il s'agissait d'un couple proche de la retraite qui vivait dans un village voisin. Monika me demanda de lui faire confiance et de ne lui poser aucune question. Je lui obéis tant et si bien que maintenant encore j'ignore tout de ce qu'il se passa une fois que leur porte se fut refermée derrière elle.

Jamais nous n'en avons parlé, A cinq reprises, je l'ai conduite là-bas et je venais ensuite la chercher lorsqu'elle me téléphonait, Jamais je n'ai vu le visage de ceux qui la recevaient.

Pourquoi ma présence était-elle indésirable?

Ce couple était-il naturiste et préférait se dévoiler face à une jeune femme seule ?

Même si j'avais une grande confiance en elle je me suis posé la question de savoir si elle aussi alors s'était mise nue totalement ou en partie, Un rapide coup d' œil dans son sac m'informa qu'elle n'avait apporté que son maillot une pièce, celui-là même qu'elle porte sur les photos.

Quelle était la nature de ces mystérieuses après-midi ?

J'ai bien tenté de deviner l'absence de marques de bronzage sur sa peau mais rien de probant.

Non, rien n'a jamais filtré de ces moments.

Juste une frustration énorme teintée d'une excitation de même intensité.

Il a dû se rincer l'œil, le cochon, de la voir ainsi débarquer toute jeunette, voir ses seins et sa toison bien taillée, peut-être même que son épouse aussi !

Elle va rentrer, mon enveloppe est prête, bientôt le week-end il me faudra attendre pour la tendre à Valentin.

J'aimerais avoir des nouvelles de Denis et de ce dessin commandé mais je n'ose le lui réclamer de peur qu'il ne l'exécute à la hâte, je sais combien il est pris par un emploi du temps surchargé.

Patience sera récompensée je le sens, inutile de précipiter les événements.

De retour elle s'assied sur le bord du brûlot, me demande une cigarette.

- Je croyais que tu avais arrêté ?

- Juste une, j'ai envie,

chambre8-7Elle l'allume et exhale un halo de fumée qui monte au plafond, sa main gauche posée sur le haut de sa cuisse revêtue d'un jean,

- Tu as vu ?

- Quoi ?

- La chambre !

- Tu n'as pas tardé

- Efficacité allemande, dit elle avec un sourire et son accent si craquant, Il faudrait que tu quittes la maison le week-end et me laisses travailler en paix,

Ses travaux semblent lui tenir à cœur et puis se sera l'occasion d'aller visiter une amie qui me réclame depuis bien longtemps, elle habite à quelques kilomètres de la boutique de Valentin, l'occasion est inespérée, je la saisis au vol.

Demain soir au sortir du travail, je pousserais sa porte,

Il est temps de se coucher, je suis le premier dans le lit, quelques notes à inscrire sur le carnet en attendant qu'elle sorte de la douche et la voici vêtue seulement d'une culotte blanche, les seins libres fermes et tendus, Comme ils sont beaux, je ne me lasse jamais de les admirer !

En chien de fusil elle s'allonge contre moi, malgré mon slip, je ne puis cacher mon désir d'elle,

Sans se retourner elle me demande si je souhaite qu'elle me soulage.

Je réponds non, cet état me va très bien.

Elle ne me cache pas être aussi en désir mais qu'elle trouve bon de devoir attendre encore.

Enivré par ses odeurs je m'endors...

,,,le papier de la chambre est lacéré, sa robe blanche également laissant apparaître ici la naissance d'un mamelon, là quelques poils pubiens.

Il n'y a plus aucun meuble, seul un cube blanc sur lequel elle est juchée, les mains derrière le dos,

Son regard ne lui appartient plus.

Elle mord sa lèvre inférieure, une goutte de sang perle et glisse inexorablement dans l'échancrure de son décolleté pour ressortir le long de sa cuisse gauche et finir sa course à ses pieds.

Tabou s'en délecte délicatement de la langue.

A la base du cube, une marée grouille, ils semblent attendre... chambre8-3

 

Je me réveille et la regarde.

Elle est belle, si belle, apaisée.

Semble sourire.

Je retrouve le sommeil ma main posée sur sa fesse gauche.

Au matin, je découvre son offrande de la veille, puis rince la baignoire, bois un café et, sacoche sous le bras je lui souhaite un bon week-end et du courage pour les travaux.

À demi endormie elle me remercie et me confie qu'elle ne sera pas seule.

Sans rien demander sur l'aide qu'elle recevra, je me sauve déjà en retard.

Peu avant 18 h je pousse la porte de l'obscure boutique de Valentin, Tabou est assis sur le comptoir et me tend le dos pour recevoir sa caresse.

Valentin met de l'ordre dans ses objets prenant un soin particulier à épousseter ce qui semble être un triptyque de bois sculpté,

Religieusement il le fixe au mur, renferme-t-il des images pieuses, j'en serais étonné certainement quelques estampes libertines.

Non rien de tout cela, l'une des portes s'entrouvre découvrant un miroir à la patine ancienne.

Avec soin, il la referme pour se consacrer à moi, regarde ma main tenant les images à venir.

L'une de ses mains plonge dans la fourrure de Tabou tandis que de l'autre il saisit l'enveloppe.

Quelques secondes qui semblent une éternité, nos deux mains ne la lâchent pas. Entre nous, Monika.

 

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Valentin # 8

 

- Vous y croyez, vous, à l'aluromancie ?

Ma question lui a paru tellement saugrenue qu'il a lâché l'enveloppe que j'ai aussitôt escamotée et rangée sous le comptoir. Monika était mienne.

- De quoi s'agit-il ?

- La divination par l'observation du comportement des chats.

À ces mots, il a eu un brusque mouvement de recul pour s'écarter de Tabou, comme s'il venait de se trouver en présence d'un serpent venimeux.

- Tabou est plus qu'un chat, ai-je poursuivi, il a aussi des pouvoirs divinatoires. Cela fait maintenant trois années que nous sommes familiers. C'est lui qui m'a choisi car, comme vous le savez, c'est le chat qui choisit de partager l'existence des humains...

- Comme c'est la femme qui choisit l'homme ?

- Exactement. Donc Tabou vivait dans la rue, c'était un chat de gouttière, comme tant d'autres. Et puis, un matin de printemps alors que la porte était entrouverte, il est entré dans la boutique et y a élu domicile.

- Pourquoi s'appelle-t-il Tabou ?

- C'est encore lui qui a choisi. Dans les premiers temps, j'ai essayé de l'appeler par beaucoup de noms, des plus banals aux plus farfelus, mais je sentais bien qu'aucun ne lui convenait. Jusqu'au jour où, au cours d'une conversation avec un client dans votre genre, j'ai employé le mot « tabou » et aussitôt le chat qui était là, couché sur le comptoir tout comme aujourd'hui, s'est mis à miauler très fort, d'un miaulement si singulier que j'ai compris qu'il venait de se reconnaître dans ce mot...

- Qu'a-t-il le pouvoir de deviner ou de prédire ?

- Tout dépend de la façon dont on s'adresse à lui ou dont on l'observe. Par exemple, vous vous souvenez que la dernière fois que vous êtes venu, il vous a suivi dans la boutique et est venu spontanément se frotter à vos jambes ?

- Oui, et alors ?

- Pour vous, c'est signe de chance et de réussite !

- Chance et réussite dans quel domaine ? Réussite professionnelle, sentimentale, financière ?

- Il faudrait le lui demander... mais on verra ça un autre jour. Aujourd' hui, il n'est pas disposé à vous répondre.

- Comment en êtes-vous sûr ?

- Je le sais, c'est tout.

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Je lui ai remis les photos de Monika en petite robe blanche, retirées sur papier glacé en grand format, débarrassées de leurs traces de poussière et d'usure, comme neuves.

Dès qu'il fut parti, je suis descendu directement au labo puis plus tard dans l'antichambre des secrets, impatient de me retrouver en tête-à-tête avec Monika.

Elle avait troqué le blanc pour le noir. C'en était terminé de la pureté virginale, de l'innocence. Place désormais à la malice, au vice, au péché de chair. Et l'un après l'autre me sautaient aux yeux les signes annonciateurs de la luxure. Ce n'était souvent qu'un tout petit détail, comme un léger pli dans le tissu du maillot de bain qui habillait ses fesses encore adolescentes, comme le discret bracelet de cheville qu'elle portait avec élégance, comme le mystérieux tatouage au-dessus de son sein gauche, comme la dentelle noire de son soutien-gorge, comme le masque d'oiseau de nuit prêt à fondre en silence sur sa proie, comme le verre de whisky aussi puissant qu'un philtre d'amour qui allait bousculer tous les tabous, renverser les dernières barrières de la pudeur. Sous ses paupières fardées, son regard luisait parfois d'un éclat de perversité malicieuse...

Au cours des trois nuits que je passai seul avec Monika dans l'antichambre des secrets, pas une seule fois elle ne se départit de son silence, se contentant de ce sourire énigmatique que dessinaient ses lèvres charmantes. Peut-être l'absence de Tabou, parti en escapades nocturnes dans le quartier, y était-il pour quelque chose.

 

Lors de la dernière nuit, je m'intéressai au décor insolite de ces photos et il m'a semblé soudain comprendre le caractère rituel, quasiment religieux, de ces séances de pose. Devant mes yeux défilaient les différents moments d'une cérémonie, soigneusement mise en scène. C'était comme si Monika se trouvait au pied d'un autel, avec icône des ancêtres, candélabre dont les lumières attestaient de la présence divine, bouquet de fleurs en offrande, narguilé en guise d'encensoir, sans oublier les libations d'alcool censées mettre la prêtresse en transe, afin qu'elle entre en relation avec les esprits invisibles mais si proches de la prochaine saturnale. Habillée de noir, Monika était-elle vraiment la grande prêtresse de la cérémonie ou, apprêtée pour le sacrifice, n'en était-elle pas tout simplement la victime expiatoire mais consentante ?

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Par michel koppera - Publié dans : chambre obscure - Communauté : Fantasmes et écriture
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