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"La métisse du Cap Vert" est une nouvelle, en partie autobiographique, que j'ai écrite au début des années 2000. Jamais publiée, elle devait faire partie d'un second volume de nouvelles érotiques prévu aux Editions Le Cercle (projet qui suite à la disparition de l'éditeur n'a jamais pu être mené à bien)
La métisse du Cap Vert, # 1
Flora vivait avec Damien. Flora baisait avec Damien. Enfin, non : ce n’était pas exactement ça ! Disons plutôt que Flora habitait avec Damien et que Damien baisait Flora. Car elle ne l’aimait pas, elle ne l’avait jamais aimé.
Mais reprenons au début. Par une des plus grandes fantaisies du hasard, Flora était née d’une mère descendante d’esclaves du Cap Vert et d’un père de fortune, représentant d’une fabrique tchèque de chaussures bon marché. Leur rencontre et la conception de Flora eurent lieu à Banjul, à bord du bac qui effectuait la traversée entre les deux rives du fleuve Gambie. Le petit représentant praguois revenait d’une tournée en Casamance et se rendait à Dakar où il devait prendre un bateau pour l’Europe. Quant à la jeune négresse au tient clair et sans le sou, elle était venue sur le continent, chassée par la misère, à la recherche d’un travail ou d’un mari.
Le bac était bondé et la chaleur torride. On avait embarqué pêle-mêle des camions surchargés de sacs d’arachides et de fruits, des voitures et des mobylettes mille fois bricolées et rafistolées, un petit troupeau de chèvres, deux zébus, des multitudes de volailles, puis toute une foule bigarrée et bavarde… Sur le pont supérieur, en plein soleil, il y avait même une famille en pleurs, priant autour d’un cercueil sans couvercle où était couché le cadavre d’un vieil homme. Etaient montées à bord des vendeuses de beignets, de noix de kola et de gris-gris. On pouvait aussi acheter de la bière tiède, des cigarettes de contrebande et des cassettes de chants coraniques ou de makossa camerounaise.
En échange d’une paire de ballerines ornées de perles argentées et d’une autre de sandales en cuir, la jeune négresse se donna au représentant en chaussures. L’affaire fut conclue dans la chaleur étouffante d’une minuscule cabine à l’arrière de la passerelle. Le commandant la louait le temps de la traversée aux couples impatients. Il n’y avait là qu’une sorte de couchette sale et une table maculée de graisse. Un hublot rond donnait sur une coursive.
Le jeune négresse n’avait encore jamais vu un sexe d’homme non circoncis, et encore moins celui d’un toubab aux cheveux blonds et aux yeux verts. Finalement, il n’était pas très différent des autres : la même odeur âcre de la sueur et du désir mêlés, les mêmes caresses sur les seins et le ventre, les mêmes gestes pour la forcer à se courber et lui mettre la bite dans la chatte, la même vibration au moment de la jouissance…
Sur la coursive, on se bousculait au hublot pour voir le blanc aux cheveux blonds forniquer avec la jeune noire. Le pantalon tombé sur les chevilles, il la tenait par les hanches et gardait le regard baissé sur le bas de son ventre, sur le spectacle de sa queue pâle coulissant entre les fesses marron de sa compagne de passage… Il y eut même des applaudissements et des youyous moqueurs lorsqu’il banda tous ses muscles pour s’enfoncer au plus profond et lâcher son sperme slave dans la chaleur intense du vagin cap-verdien.
Ce fut ainsi que fut conçue Flora, du moins ainsi que le raconta plus tard la jeune maman après qu’elle eut mis au monde, dans un dispensaire des faubourgs de Dakar, une ravissante petite métisse à la peau cannelle et aux cheveux bouclés avec de surprenants reflets dorés.
à suivre...
Et puis les personnages s'annoncent en pleine action, au travers de l'histoire de leurs parents.
Je serai au rendez-vous du prochain épisode.