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Extrait n° 9
Jacques Serguine, « De la coupe aux lèvres » (Editions Blanche, 2004)
Eloge de l’épilation pubienne ( vous voyez bien que je ne suis ni sectaire, ni manichéen !)
« J’ai un courage, si je n’en ai qu’un : je vis pour réaliser mes phantasmes, ayant su comme d’instinct, et comme tout de suite, que sinon je n’ai pas de vie. N’étant pas un prédateur, m’efforçant, tant bien que mal, de n’être pas un égoïste, je demande. Je retire ma demande au plus léger soupçon de refus, de répugnance, de simple embarras, mais je la produis partout et toujours. ( ndlr : je fais miennes ces deux premières phrases dans lesquelles je me reconnais en tous points) J’ai envie de te voir en petite culotte, puis nue, j’ai envie de te sucer les seins jusqu’au lait, la vulve et le vagin jusqu’à la sève, j’ai envie que tu me mettes dans toi, j’ai envie de te donner une fessée, j’ai envie par allusion presque trop claire, d’enfiler un thermomètre, à travers le gracile anus, dans ton rectum. Pourquoi pas ? Où, quand, comment serait-ce désobligeant ? Ce qui l’est, est de contraindre, de seulement insister.
J’ai envie que ton ventre, et ici, surtout, la merveilleuse amande, soit aussi nu que tes fesses. Alors l’enfant sera reconstitué, non, retrouvé. Si tu veux, toi aussi, me dénuder, je serai un enfant plus vieux, démoli, moins beau, mais quand même à ton côté dans cette origine du monde, le jardin tu sais, les plages où bercés par la respiration des arbres nous avions chaud. Pour tout le reste des gens, tu seras ce que tu veux, ou ce qu’ils peuvent. Une dame, une femme de tel âge et non pas de tel autre, tu porteras des vêtements, qui permettront à ces mêmes gens de faufiler plus ou moins sournoisement, entre chair et cuir, leurs projections et leurs substitutions plus ou moins imbéciles. Pour moi seul, toute vivante sous les vêtements et prête à en émerge, comme la pousse au printemps jaillit du sol, tu seras l’enfant, mon bébé nu avec ses seins de fleurs, le creux indécent de son nombril, le magique petit escargot rose de son sexe, ses fesses de fruit qui n’a que la pulpe. Jouons, mon bébé. Pardonne-moi si je suis-je suis un enfant bien défraîchi et peu plus âgé. Ah, jouons. Vraiment cet ambigu escargot rose, potelé, fendu, me dérange. Il me met hors de moi, me bouleverse. A-t-il des cornes ? N’en a-t-il, ainsi que moi après tout, qu’une seule, simplement beaucoup plus petite ?
J’ai dû le dire, enfant, j’étais pédophile, les enfants filles me donnaient du trouble. Leurs paroles, à certains moments, me laissaient rêveur et me consternaient. Oui, je veux bien qu’on joue au papa et à la maman, mais c’est toi qui commences !
Vieilli, j’ai changé un peu. Très peu. Je veux bien commencer, même si je préfère toujours, au fond, que l’on commence ensemble : les derniers seront les premiers. Mais c’est bien. Enlève ta petite culotte, enlève ta petite fourrure, montre-moi dans ta confiance et dans la leur ton olive ou ton amande, ton petit escargot rose. Oh, regarde toi aussi, c’est trop mignon, il bave ! »
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