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"La vie sexuelle à Rome" par Géraldine Puccini-Delbey, éditions Tallandier (2007)
Cet ouvrage, s'appuyant sur les archives et textes littéraires de l'époque, explore de façon quasi exhaustive tous les aspects de la sexualité dans la Rome antique
Extrait n° 1 : la libido des femmes dans la Rome antique (chapitre 1)
" Les médecins antiques pensent que l'abstinence sexuelle involontaire chez une femme, si elle se prolonge, peut entraîner des complications physiques et, dans des cas extrêmes, une "suffocation hystérique", que les Latins appellent "maladie de la vulve" (uuluae morbus) et qui n'est pas sans rappeler l'épilepsie. La cause exacte de l'hystérie est traditionnellement attribuée à la matrice, depuis les travaux d'Hippocrate. De nombreux médecins, à l'exception de Soranos, croient que l'utérus est un être autonome, capable de se déplacer vers toutes les cavités du corps et de provoquer des suffocations là où il s'arrête. Dans les textes hippocratiques, le maintien de l'utérus dans sa position normale dépend de son hydratation. Si celui-ci sèche, il commence à "errer" à travers le corps et se déplace vers l'organe le plus chargé d'humidité, le foie. La santé revient lorsque l'utérus retrouve sa place. (...)
Galien avance une autre explication pour les problèmes féminins résultant d'une continence sexuelle : il s'agirait d'une rétention de "sperme femelle". La femme qui n'a pas de partenaire sexuel risque à ses yeux de devenir hystérique. Précisément, "on est d'accord pour dire que cette maladie se produit surtout chez les veuves, et particulièrement lorsque auparavant elles étaient bien réglées et concevaient et qu'elles avaient des relations sexuelles, au moment où elles sont privées de tout cela." Le veuvage serait donc un état favorisant l'apparition de l'hystérie. (...)
Martial s'amuse à dépeindre l'état hystérique de Léda, une vieille femme condamnée à ne plus avoir de relations sexuelles en raison de l'impuissance de son vieil époux. Au bord du désespoir, ne pouvant plus supporter l'intensité de sa frustration sexuelle, elle est finalement soulagée par les médecins eux-mêmes, avec l'accord de son mari :
"Léda avait dit à son vieil époux qu'elle était hystérique et se plaint d'être dans la nécessité d'être baisée ; mais tout en pleurant et gémissant, elle dit que sa santé ne vaut pas ce prix, et rapporte qu'elle a proposé plutôt de mourir. Son homme lui demande de vivre et de ne pas renoncer à la verdeur de ses années, et lui permet que soit fait ce qu'il ne peut plus faire lui-même. Aussitôt arrivent les médecins, les femmes médecins se retirent, et se lèvent les pieds. Oh ! le pénible remède !"( Martial, Epigrammes XI)"
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