Mardi 5 janvier 2021 2 05 /01 /Jan /2021 08:00

Je poursuis avec vous la lecture de "La vie sexuelle à Rome" de Géraldine Puccini-Delbey (2007)

Page 116 et suivantes : la prostitution féminine

Le Digeste (code juridique du droit romain) définissait les prostituées comme les femmes "sur lesquelles on ne commet pas de délit sexuel" comme étant "celles qui font de l'argent avec leur corps". Ces femmes, à qui on reconnaissait un statut, se trouvaient cependant au bas de l'échelle sociale : c'étaient des femmes qui "vivent honteusement", des "femmes déshonorées". Pour autant, les prostituées étaient indispensables au bon fonctionnement de la société romaine. Elles assuraient une véritale fonction de régulation sociale qui permettait de canaliser les pulsions sexuelles masculines et devait éviter aux hommes des relations sexuelles illicites avec le groupe protégé des matrones (épouses légitimes des citoyens romains). Recourir aux services des prostituées, lorsqu'on était un citoyen libre, n'était donc nullement déshonorant, à condition de ne pas en devenir dépendant, ce qui aurait témoigné d'un état de servitude vis-à-vis de ses pulsions.

Les prostituées appartenaient à deux catégories bien distinctes. Les unes étaient de misérables créatures, esclaves contraintes par leur maître, les autres étaient des courtisanes d'un milieu social modeste ou élevé, voire aristocratique, qui choisissaient volontairement  de se prostituer. Nonius Marcellus donne pour chacune de ces deux catégories une définition précise :" Entre la courtisane et la prostituée, la différence consiste en ce que la courtisane est d'un rang plus honorable. En effet, les courtisanes tirent leur nom du fait de gagner un salaire parce qu'elles se rendent accessibles seulement de nuit, tandis qu'on les appelle prostituées parce qu'elles se tiennent debout devant leur bouge pour gagner de l'argent nuit et jour." L'idéologie traditionnelle en faisait de purs objets de plaisir avec lesquels les hommes satisfaisaient leurs désirs, objets " que l'on prend et que l'on quitte après en avoir fait bon usage."

Le prostitution forcée provenait de l'esclavage des femmes, des hommes et des enfants servant à la satisfaction sexuelles de leur maître, qui pouvait aussi les faire travailler dans un lupanar. ( À propos de ce dernier mot, saviez-vous qu'il est dérivé de " lupa " la louve. C'est cette métaphore animale qui servait à désigner les prostituées et les courtisanes. Ainsi, la mythologique louve romaine qui aurait allaité les deux frères Romulus et Rémus n'était en réalité qu'une prostituée qui vendait ses charmes, au bord du Tibre !)

rome137-4

Illustration : Prostituée au "travail", fresque de Pompei 

Par michel koppera - Publié dans : le saviez-vous ? - Communauté : Fantasmes et écriture
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