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" Les ardents de la Rue du Bois-Soleil", # 16
De ce qui advint jusqu’au lendemain après-midi, je ne garde aucun souvenir. Peut-être passai-je ces heures dans l’angoisse de ne pas être à la hauteur ou, au contraire, dans l’ivresse du nirvana si proche ? Donc, je dormis, mal sans doute, je mangeai sans appétit, je suivis les cours, le regard perdu, la tête ailleurs. Et, le vendredi soir, alors que ma montre indiquait quart moins de six heures, je sonnai à la porte de l’appartement 9, au quatrième étage du 17 de la Rue du Bois-Soleil. Les secondes d’attente me semblèrent interminables… Et s’il n’y avait personne ?
Enfin la clef tourna dans la serrure, la porte s’ouvrit.
Ce fut comme un éblouissement. Geneviève était là, devant moi, vêtue de sa robe de cotonnade bleue, la même que lors de mes exploits athlétiques. Mais depuis, quelques semaines avaient passé et la peau nue de ses bras s’était hâlée. Elle portait aussi des sandales à bride blanche. Je remarquai le vernis rouge vif de ses ongles d’orteils. Elle m’embrassa sur les joues et me précéda dans l’étroit couloir qui menait à la petite chambre où se morfondait Jean. Elle sentait bon. Mon regard allait de sa nuque à ses hanches qui se balançaient nonchalamment. Elle ouvrit la porte de la chambre et s’écarta pour me laisser entrer. Au passage, je sentis sa poitrine s’appesantir sur mon bras.
- Tu es attendu !
Pauvre Jean ! S’il avait connu les coulisses de la sinistre comédie qu’on lui jouait ! Qu’aurait-il pensé du dévoué camarade de classe qui sacrifie son temps libre ; de la tante prévenante qui veille au repos complet de son neveu : « Non, non, tu ne dois pas bouger ! » ; du fidèle copain qui s’inquiète de la santé de son pote ; de l’infirmière à domicile qui prodigue les bons conseils : « Moins tu te lèveras, plus vite tu seras sur pied. » ; du consciencieux petit rapporteur des nouvelles du lycée : « Il y a Reine qui m’a demandé comment tu allais… » ?
Combien de temps avons-nous passé ensemble ce soir-là ? Le temps de lui distribuer les cours, d’évoquer les prochaines compositions de fin d’année, de fantasmer sur les filles, de se demander comment on pourrait bien arriver à capter Radio Caroline sur nos transistors.
- Ma tante a dû être contente de te voir arriver, dit-il alors que j’enfilais mon blouson pour m’en aller.
Je me sentis rougir jusqu’aux oreilles.
- Ah bon ! Et pourquoi ça ?
- T’as mis le pull qu’elle t’a tricoté.
- Tiens, c’est vrai… Mais, tu sais, ce n’était pas prémédité.
- Tu reviendras me voir demain ?
- Bien sûr, sauf si ça gêne ta tante… Tu veux que je lui en parle ?
Il me fit un étrange signe de la main, quelque chose qui pouvait dire : fais comme tu veux !
- Alors, salut Jean, à demain ! Repose-toi bien.
- Je ne fais que ça ! sourit-il tristement.
Je me sentais affreusement coupable de l’abandonner, mais en même temps, la boule douloureuse du désir était en train de me nouer l’estomac. De nouveau, je longeai le couloir étroit, passai devant la porte ouverte du salon. Pas de Geneviève ! Le grand silence. Pourtant, je ressentais physiquement son invisible présence. Je la trouvai enfin, assise à la table de la cuisine, en train d’éplucher des pommes de terre. Je restai quelques instants dans l’encadrement de la porte à observer la danse habile de ses doigts avec l’économe.
Jamais je n’oublierai cette petite cuisine dont l’unique fenêtre à rideaux de dentelle inondait le carrelage de lumière. Il y avait une table en formica émeraude, trois chaises assorties, un buffet peint en blanc, une paillasse encombrée de vaisselle, un évier en émail. Les murs étaient tapissés de papier à fleurs, un peu terni au-dessus de la gazinière. Un réfrigérateur ventru ronronnait dans un angle. L’une après l’autre, Geneviève déposa les pommes de terre épluchées dans une passoire en plastique d’un jaune éclatant. Puis, ayant mis son index sur sa bouche pour me rappeler au silence, elle me fit signe d’approcher.
J’étais plus mort que vif.
à suivre...
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