Lundi 6 janvier 2020 1 06 /01 /Jan /2020 08:00

Voici venu le temps de la grande confession avant que l'âge n'altère lentement mes souvenirs. Je veux ici parler des quatre années, de 1988 à 1992, qui ont durablement marqué et influencé ma vie.

 

En 1988, j'avais 36 ans. Depuis 1983, je vivais seul, séparé de Valérie, ma seconde épouse, qui élevait notre enfant. J'avais acheté en pleine campagne une petite maison centenaire à toit d'ardoises, aux murs de pierre habillés à la belle saison d'une somptueuse vigne vierge. La maison était modeste - une cuisine avec cheminée à l'ancienne, un grand séjour pavé de tomettes, une salle de bains et, à l'étage, une vaste chambre mansardée éclairée par deux lucarnes. Il y avait aussi une grange où je stockais le bois de chauffage ainsi qu'un terrain arboré de 800 m2 avec pelouse, potager, framboisiers et cerisier. J'y étais heureux. Il m'arrivait d'y recevoir des collègues de travail et plus rarement des partenaires éphémères que je n'engageais guère à s'installer durablement. Mais, en novembre 1988, ce bel ordonnancement fut tout chamboulé. 

Les quatre Sirènes

 

 - Allons, viens ici, Ulysse, tant vanté, gloire illustre des Achéens ; arrête ton vaisseau, pour écouter notre voix. Jamais nul encore ne vint jusqu'ici sur un vaisseau noir, sans avoir entendu la voix aux doux sons qui sort de nos lèvres ; on s'en va charmé et plus savant, car nous savons tout ce que dans la vaste Troade souffrirent Argiens et Troyens par la volonté des dieux, et nous savons aussi tout ce qui arrive sur la terre nourricière." Elles chantèrent ainsi en lançant leur belle voix.

                                                                                        Homère, L'Odyssée, chant XII

Première voix : Valérie

Cela commença par un coup de fil où Valérie me demandait s'il était possible que je vienne le jeudi suivant prendre notre fils à la sortie de l'école (il avait 8 ans) et le garder dans son appartement : elle avait une réunion importante à laquelle elle ne pouvait se dérober et ne savait pas à quelle heure cela se terminerait. Valérie habitait dans la ville voisine, à environ 20 km de chez moi. Ce n'était pas la première fois qu'elle me demandait ce service qui d'habitude ne se prolongeait pas au-delà de 19-20 h. Ce jeudi de novembre était froid et pluvieux, ce qui est conforme au climat normand. Je passai donc la fin d'après-midi avec notre fils, vérifiai son travail scolaire, lui servis son dîner - je crois que c'était un reste de spaghettis bolognaise - et le couchai vers 21 h. En attendant le retour de sa mère, je me suis installé sur le canapé, devant la télé. Elle n'est rentrée qu'à 22h30, très fatiguée mais étonnamment aimable. sirenes1Elle s'est dite désolée de m'avoir fait attendre si longtemps, parut surprise que je n'aie pas dîné avec notre fils, m'a dit qu'elle allait d'abord prendre une douche et qu'en attendant, je n'avais qu'à me servir un whisky. On mangerait après. Son passage à la salle de bain a pris un bon quart d'heure, puis je l'ai devinée qui allait dans sa chambre... Quand elle est enfin réapparue, elle était métamorphosée : jupe de coton  noire à hauteur des genoux, t-shirt rose indien, soigneusement maquillée et coiffée. Elle m'annonça qu'il était vraiment trop tard pour se mettre à cuisiner. On allait picorer au salon. Elle est allée dans la cuisine  et vite revenue avec un plateau garni : saumon fumé, tarama, jambon de Parme, blinis, et une bouteille de Chablis bien frais qu'elle m'a demandé de déboucher. Cela faisait plus de cinq ans qu'on ne s'était trouvés ainsi, en tête-à-tête, sans tension. Elle m'a raconté sa réunion - interminable et inutile, donc chiante. On était assis côte à côte, sur le canapé, occupés à piller le plateau et à siffler des verres de Chablis. À un moment, je l'ai regardée et je l'ai trouvée belle comme aux premiers jours de notre rencontre. J'ai admiré ses longs cheveux noirs tombant en cascade sur ses épaules, l'arrondi de ses genoux encore un peu bronzés, la délicatesse de ses mains aux longs ongles vernis. la rondeur de ses seins qui soulevait son t-shirt si léger. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais alors qu'elle venait de servir le café, je lui ai demandé :

 

- Tu vas toujours chez l'esthéticienne pour l'épilation maillot ? 

à suivre...


Par michel koppera - Publié dans : souvenirs - Communauté : Fantasmes et écriture
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