Samedi 23 juillet 2011 6 23 /07 /Juil /2011 10:04

Pascal Guignard, « Tous les matins du monde », Editions Gallimard, 1991

À la fin du XVIIème siècle, le jeune Marin Marais devient l’élève de Monsieur de Sainte Colombe, maître de musique (viole de gambe) sous le règne de Louis XIV. Monsieur de Sainte Colombe est veuf, misanthrope et père de deux filles, Madeleine et Toinette. Après avoir séduit Madeleine, l’aînée, Marin tombe sous le charme de Toinette

touslesmatins2Chapitre XVII

« Une autre fois, à quelque temps de là, un jour d’été, alors que Guignotte ( la servante), Madeleine et Toinette étaient convenues d’aller à la chapelle nettoyer les statues des saints, enlever les toiles d’araignée, laver le pavé, épousseter les chaises et les bancs, fleurir l’autel, Marin marais les accompagna. Il monta à la tribune et joua une pièce d’orgue. En bas, il voyait Toinette qui frottait avec une serpillière le pavé et les marches qui entouraient l’autel. Elle lui fit signe. Il descendit. Il faisait très chaud. Ils se prirent la main, passèrent par la porte de la sacristie, traversèrent en courant la cimetière, sautèrent le muret et se retrouvèrent dans les buissons à la limite du bois.

touslesmatins1Toinette était tout essoufflée. Sa robe laissait voir le haut des seins qui luisaient de sueur. Elle avait les yeux qui brillaient. Elle tendit les seins en avant.

« La sueur mouille le bord de ma robe, dit-elle.

- Vous avez les seins plus gros que ceux de votre sœur. »

Il regardait ses seins. Il voulut approcher ses lèvres, lui prit les bras, voulut se séparer d’elle et repartir. Il avait l’air égaré.

«  J’ai le ventre tout chaud », lui dit-elle en prenant sa main et en la mettant entre les siennes. Elle le tira à elle.

«  Votre sœur… » murmurait-il et il l’enferma dans ses bras. Ils s’étreignaient. Il baisait ses yeux. Il désordonna sa chemise.

«  Mettez-vous nu et prenez-moi », lui dit-elle.

C’était encore une enfant. Elle répétait :

« Mettez-moi nue ! Puis mettez-vous nu ! »

Son corps était celui d’une femme ronde et épaisse. Après qu’ils se furent pris, à l’instant de passer sa chemise, nue, illuminée de côté par la lumière du jour finissant, les seins lourds, les cuisses se détachant sur le fond des feuillages du bois, elle lui parut la plus belle femme du monde.

«  Je n’ai pas honte, dit-elle.

-  J’ai honte.

- J’ai eu du désir. »

Il l’aida à lacer sa robe. Elle levait les bras et les tenait ployés en l’air. Il serrait la taille. Elle ne portait pas de pantalon sous sa chemise. Elle dit :

«  En plus, maintenant, Madeleine va devenir maigre. »

touslesmatins3

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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