Lundi 25 février 2008 1 25 /02 /Fév /2008 10:00

Edité pour la première fois entre 1880 et 1885 à Bruxelles, cet assez  long roman  (250 pages) met en scène les grands classiques de l'érotisme de la 3ème République, à savoir la femme, le mari, les amants, les maîtresses, sans oublier quelques touches de lesbianisme. Rien que du déjà vu, s'il n'y avait, en fin de récit, une hallucinante scène où Julia, le personnage central de cette histoire, délaissée par son époux se laisse tenter par une "aventure" avec un de ses serviteurs... Mais pas n'importe lequel, puisque ce dernier est noir. L'auteur va pouvoir se lâcher et nous asséner tous les poncifs du racisme bas de gamme, tel qu'il pouvait avoir cours à la fin du XIXème siècle ( n'oublions pas qu'à cette époque, la France se construisait son empire colonial en Afrique, et que tout était bon pour justifier cette conquête ). L'extrait que je vous propose est un bon exemple d'une conception raciale (et raciste) des rapports humains. ( Pardonnez-moi si je rapporte la scène in-extenso, mais je crois que ça en vaut la peine. Les passages en italiques, c'est moi qui les souligne) Accrochez-vous, c'est parti :
" Le jour avait baissé, le temps était orageux, la jeune femme allongée sur sa chaise longue, à demi vêtue d'un peignoir de mousseline, regardait dans le vague, quand tout à coup la porte s'ouvrit et Patrick, le cocher muet qui conduisait la voiture du sphinx, entra portant un flambeau. 
Patrick avait vingt-cinq ans ; c'était un superbe Noir n'ayant ni le nez épaté, ni les énormes lèvres de ses congénères.
Il ne parlait pas, mais il n'était pas sourd. (...) 
- Le fait est, dit Julia, qu'il y a de beaux nègres. Question de coloris à part, celui-ci est superbe.
Patrick, grand, élancé, l'air intelligent, ne représentait nullement le type bestial de la plupart de ses congénères.
Une pensée bizarre , abracadabrante, germait dans le cerveau fatigué de souffrir de Mme de Corriero et affolait ses sens las de ne plus vibrer.
- Au bout du compte, avec un être de cette catégorie, cela ne tire pas à conséquence, se dit-elle.
Patrick avait été élevé chez le général qui l'avait rapporté d'on ne sait où et lui avait fait donner une certaine instruction.
- Patrick, dit-elle tout à coup.
Le nègre qui se retirait se retourna.
- Mets-toi là, fit-elle en lui désignant du doigt la peau d'ours sur laquelle reposaient ses pieds.
Le nègre fixa sur sa maîtresse un regard étonné et obéit ; alors Julia s'amusa à passer sa main dans sa chevelure crépue, ce qui émut beaucoup Patrick ; il pâlissait sous son noir et ses yeux s'injectaient de sang. Julia après avoir promené ses doigts effilés dans cette toison, en respira les senteurs et fut étonnée de ne pas les trouver désagréables.
Alors, elle se pencha sur la tête du jeune homme et déposa un baiser sur son front.
Patrick, absolument interloqué, se mit à trembler.
- Va fermer la porte, commanda Julia.
Patrick obéit et, de plus en plus interdit, resta debout dans un coin.
- Viens ici et mets-toi près de moi.
Le Noir s'approcha. Alors Julia tendant le pied lui fit signe de la déchausser. Quand les souliers furent ôtés, elle lui montra les bas, que cette femme de chambre d'un nouveau genre enleva également en prenant mille précautions pour ne pas effleurer de sa peau noire les jambes nues de sa jeune maîtresse. Après les bas, ce fut le tour de la robe, des jupons ; il n'y eut bientôt plus que la chemise. 
Alors Julia fit signe à Patrick d'ôter son habit, puis son gilet, puis... son pantalon, ce qui ne s'effectua pas sans une certaine résistance.
- Je veux, dit Julia.
Le Noir, accoutumé à une soumission passive, obéit
presque en pleurant et se disant que le chagrin avait sans doute dérangéle cerveau de Madame.
J-kazandjian.jpg Les chaussures du nègre durent rejoindre sa culotte. Quand il ne lui resta plus sur le corps que la chemise, Julia, d'un geste nerveux, se déshabilla, lui fit enlever son dernier vêtement, et se trouva en face d'une belle statue d'ébène, qui la contempla avec des yeux dans l'expression desquels le respect commençait à battre en retraite devant les désirs sexuels.
Ses mains restaient inactives, mais son instrument d'amour se dressait, long, fort, bien fait, rempli de promesses.
Julia, après l'avoir pendant un moment considéré, posa ses lèvres sur celles de Patrick qui sentit décidément le respect battre absolument en retraite et comprit quel était le doux service qu'on attendait de lui.
Aime-moi, comme si  j'étais une de tes compatriotes, dit Julia.
Patrick baissa la tête et se précipita à genoux en signe de soumission, puis il embrassa les pieds, les jambes de la jeune femme, tout en agitant son torse, pour marquer son contentement. Après quoi, il la prit dans ses bras, comme une enfant, la berça, couvrit ses seins de baisers, et... Julia sentit se réveiller en elle un désir de jouissance étrange, bizarre ; ses lèvres se posèrent sur la peau noire de Patrick sans éprouver aucun sentiment de dégoût, puis avec une sorte de plaisir.
Patrick était muet, sans cela il eût murmuré une onomatopée originale au possible. Bientôt un feu brûlant succéda aux frissons qui passaient sur la peau de Mme de Corriero. Patrick eût fait rougir un couvent de carmes, par sa belle prestance. D'un geste indescriptible, Julia s'empara du membre en érection, et entraîna son propriétaire vers le lit.
Patrick comprit que le moment d'agir était venu. D'un bras nerveux, il allongea sa maîtresse sur les matelas, donna un baiser, bien long sur le clitoris du con charmant qui s'offrait à sa vue, et savoura le bonheur de posséder une belle petite Blanche, ce qui ne lui était jamais arrivé.
Julia éprouva une jouissance d'une nature toute particulière et très intense à laquelle succéda une vive surprise, en voyant son négro, aussitôt après qu'il eût repris ses sens, se précipiter sur le théâtre de ses exploits et, d'une langue agile et soigneuse, faire disparaître les moindres traces de son passage. Une chatte ne nettoie pas ieux ses petits quand ils viennent de naître.
Cet exercice de propreté eut des effets faciles à prévoir. Les sens de Julia qui jeûnaient depuis longtemps se réveillèrent avec un appétit féroce, et Patrick dut s'escrimer à nouveau pour leur donner apaisement, et cela à plusieurs reprises, attendu que, fidèle à sa méthode de n'occasionner aucun désagrément à sa complice d'amour, il la débarrassait scrupuleusement de tout ce qu'il lui avait donné de superflu et provoquait de ce chef le spasme nerveux... (...) 
Malgré la fatigue, Patrick ne ferma pas les yeux avant une heure avancée de la nuit. Quant à Julia, elle se dit que le voyageur n'avait point trop surfait le mérite des nègres. Cependant, malgré les espérances caressées par Patrick, ce fut pour lui une soirée sans lendemain." 
Voilà, désolé pour la longueur, mais je crois que cela appelle des commentaires... Le dessin qui illustre le texte est de Jean Kazandjian et a pour titre "l'appétit" 

  

Par michel koppera - Publié dans : lectures x
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