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Baiser en voiture
Jean-Pierre se gare dans la cour au volant de son Alfa Roméo toute neuve, un bolide à deux places à l’avant et trois demi-places pour culs-de-jatte à l’arrière. Il n’est pas peu fier de railler ma vieille Safrane.
- Pourquoi tu gardes ça ? Tu te rends compte, elle a plus de douze ans, pas loin de 250.000 kilomètres ! Qu’est-ce que tu attends pour en changer ?
- C’est sentimental, tu ne peux pas comprendre !
- Ce que je comprends, c’est qu’elle fait facilement ses dix litres au cent !
Comment lui expliquer ?
Revenons onze ans en arrière, une journée d’automne sur une aire d’autoroute entre Nantes et Narbonne. Soir de pluie comme tant d’autres. On venait de dîner au Bœuf Jardinier et ma passagère, une cousine prénommée Pauline que je devais déposer à Carcassonne au passage – elle allait y retrouver des amis, je crois – y avait un peu abusé du saint-émilion. Nous avions pris la route dans l’après-midi et, pendant les premières heures, Pauline ne s’était guère montrée loquace, presque uniquement préoccupée de tripoter les touches de l’autoradio à la recherche de chansons à son goût. À table, elle avait déjà été plus causante. De retour dans la voiture, elle est devenue bavarde.
- C’est très joli le tableau de bord éclairé en orange. J’aime bien aussi le petit voyant bleu des feux de route. Oh ! On peut même afficher les températures en Fahrenheit ! Combien il fait là ? Soixante-dix degrés ! Waouh, c’est dingue ! J’en ai chaud partout ! Elle est pas mal du tout, ta bagnole, plutôt classe. Et c’est grand, on peut prendre ses aises… Tu vas rouler toute la nuit ? T’as pas peur de t’endormir ?
Mais je m’aperçois que je n’ai pas présenté Pauline. Elle avait trente-cinq ans je crois, était divorcée avec deux enfants, deux garçons de quatorze et douze ans, restés à Nantes chez leurs grands-parents. Nous étions cousins par alliance. Pauline ne mesurait guère plus d’un mètre cinquante et, malgré ses talons hauts, évitait de marcher aux côtés de mon mètre quatre-vingt-douze. Heureusement, dans la voiture, la position assise et la possibilité de régler la hauteur des sièges atténuaient la différence. Elle avait le visage vif, les yeux clairs et de belles lèvres parfois boudeuses.
- T’as vraiment pas peur d’avoir un coup de pompe ? Je ne te propose pas de prendre le volant, ta voiture est trop grosse pour moi… Je me sens comme une gamine là-dedans ! S’il te plaît, tu pourras t’arrêter à la prochaine aire, j’ai envie de faire pipi… Je suis un peu chiante, pas vrai ?
Je n’oublierai jamais le nom de l’aire de repos : « Le chant du coucou ». Ça ne s’invente pas. On en a bien rigolé après.
Il continuait de pleuvoir, régulièrement, avec obstination. Elle a couru sous l’averse, de la voiture aux toilettes. Retour précipité.
- Là-bas, c’est glacial ! Le royaume des courants d’air. En plus, je suis trempée ! Si ça ne te dérange pas, je vais m’installer à l’arrière.
Pauline s’est souplement faufilée entre nos deux sièges et allongée sur la banquette.
- C’est super ! Il y a même un plaid… Et toi, t’as pas envie ?
J’ai remis le moteur en marche, les essuie-glaces, allumé les phares. La voiture a longé tout doucement une rangée d’énormes camions immobiles et un peu inquiétants. J’allais m’engager sur la bretelle menant à l’autoroute lorsque je me suis ravisé pour garer la voiture au bout du parking, non loin d’une aire de pique-nique avec des tables en bois et une poubelle. J’ai arrêté les essuie-glaces, éteint les phares et coupé le moteur. Il ne restait plus que la lumière de l’autoradio et les musiques de la nuit.
Au début, tout est allé pour le mieux, enfin presque. Mon transfert vers la banquette arrière ne s’est pas révélé des plus simples : je ne croyais pas le plafond si bas ! Mon crâne a violemment heurté le plafonnier : j’en étais quitte pour une belle égratignure, le plafonnier a volé en éclats. Cependant, j’ai trouvé Pauline dans d’excellentes dispositions, les seins à l’air et en petite culotte blanche. À l’issue de contorsions sans doute comiques, je suis parvenu à ôter chaussures et pantalon, à me débarrasser de mon pull-over et de ma chemise. Dans mes bras, Pauline n’était pas plus encombrante qu’une poupée grandeur nature, souple et docile. Les pieds sur la plage arrière, les mains sur mes cuisses, la tête en bas, le cul en l’air, elle m’a sucé la bite pendant que j’avais les lèvres sur son sexe et le nez entre ses fesses ouvertes. Au moment fatal, elle a sorti une capote de son sac à main.
- On est juste cousins, pas mari et femme ! Alors, prudence ! a-t-elle chuchoté en m’habillant la queue.
Mon dieu, quelle partie de baise ! J’ai carrément perdu les pédales. Son petit corps faisait merveille, coulissant, virevoltant et pistonnant sur l’axe de ma bite verticale.
- J’en avais tellement envie que je me serais tapée le levier de vitesses ! a-t-elle déclaré alors que je m’enfonçais en elle.
Ensuite, je ne me souviens pas de grand-chose. Ça a duré, duré… Ce n’est qu’aux premiers frissons frileux qu’on a arrêté. Les vitres étaient toutes humides de buée froide. Mais quand j’ai voulu remettre le moteur en marche, rien à faire : batterie à plat ! Il ne nous restait plus qu’à attendre le lever du jour. Alors, on s’est rhabillés comme on a pu, on s’est pelotonnés sous le plaid et on a essayé de dormir.
Au petit matin, d’autres mauvaises surprises m’attendaient. Dans le rétroviseur, j’ai vu qu’une trace de sang séché courait de mon front jusqu’au menton ; un des préservatifs, jeté négligemment sur le siège passager s’y était vidé de son contenu et le sperme encore poisseux avait imbibé le tissu du siège ; et quand nous sommes sortis de la voiture pour nous dégourdir les jambes, Pauline a remarqué d’autres éclaboussures de sperme frais sur les portières arrière – je me suis alors rappelé avoir cru entendre des bruits de pas pendant qu’elle avait les pieds sur les appuie-tête et que je lui tétais les seins.
Comble de malchance, on était un dimanche ! Trouver un garage ouvert relevait du miracle. Il a fallu faire appel à une dépanneuse qui a emporté la voiture jusqu’à une station service de l’autoroute où, en plus de la batterie, on m’a assuré qu’il fallait aussi changer une pièce pas plus grosse qu’une boîte d’allumettes mais bourrée d’électronique. Ils en avaient en stock, ça tombait bien !
On n’a repris la route que vers midi. J’avais laissé plus de trois mille francs dans l’aventure.
À l’arrivée à Narbonne, il a fallu expliquer la méchante plaie sur le front, le plafonnier cassé et surtout la tache tenace sur le siège passager, mais c’est une autre histoire.
© Michel Koppera, avril 2009
Deux dessins en N&B de Guillaume Berteloot ( extraites de Ketchup Boy ), + 2 illutrations couleur trouvées sur le net
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