Jeudi 27 mai 2010 4 27 /05 /Mai /2010 07:04

desideriaMaxCANTREL

Désidéria, Alberto Moravia ( éditions Flammarion, collection Lettres étrangères, 1979 )

  desideria

Désidéria : Viola va chercher son Polaroïd resté sur la console avec une photo qui sort d’une fente, comme une langue moqueuse. Elle arrache le cliché qu’elle regarde attentivement : il y a moi, Désidéria, endormie, recroquevillée sur moi, avec le membre d’Erostrato dans mon poing fermé ; il y a Erostrato  qui tourne son visage vers elle avec dans les yeux son regard de complicité professionnelle, celle qu’elle préfère. C’est une photographie importante, pour ne pas dire historique. Ensuite Viola et son Polaroïd reviennent dans la chambre. Viola s’assied sans bruit devant la coiffeuse et me photographie deux ou trois fois. Un éclair de magnésium finit par me réveiller.

desideria1Moi : Comment expliques-tu cette manie de Viola pour le Polaroïd ?

Désidéria : Je pense que c’était comme une forme de voyeurisme existentiel, l’idée de surprendre la vie dans ce qu’elle a de plus intime, de plus naturel. Viola avait toujours aimé faire des photos et elle les réussissait. Le Polaroïd était sa dernière découverte et elle ne cessait de s’en servir. Un jour, elle m’a même photographiée nue, allongée sur le dos, les jambes écartées : elle disait que j’avais le plus joli con du monde.

Moi : Et toi tu la laissais faire ?

Désidéria : Moi j’aurais préféré refuser ; j’étais obligée d’obéir à la Voix dont le point de vue, tu le sais, était que je devais faire tout mon possible pour empêcher Viola de revenir à son penchant maternel.

Moi : Qu’a fait Viola pour te convaincre de te laisser photographier dans cette pose ? desideria2

Désidéria : Elle a inventé un truc.

Moi : Quelle sorte de truc ?

Désidéria : Elle m’a dit qu’elle avait envie de photographier toutes les parties de mon corps , les unes après les autres, et chacune en particulier, pour faire un album qu’elle intitulerait : Le corps de Désidéria. C’est sous ce prétexte qu’elle est arrivée à obtenir de moi que je la laisse photographier mon sexe sans qu’elle me laisse deviner ce qu’elle avait dans la tête.

Moi : Et qu’est-ce qu’elle avait dans la tête ?

Désidéria : Simplement posséder la photo de mon sexe.

Moi : Et cet album ?  

Désidéria : Elle l’a fait mais la photo en question n’y figurait pas. Agrandie, bien encadrée, elle l’avait suspendue dans sa salle de bains, sur le mur en face de la baignoire. Mais moi je lui avais fait observer que si les domestiques voyaient cette photo, ils ne manqueraient pas de faire des suppositions sur les rapports qui pouvaient exister entre nous. Alors elle est allée l’accrocher dans un endroit où elle pouvait la regarder sans que personne ne le sache.

Moi : Dans quel endroit ?

desideria3 Désidéria : Tu te rappelles que je t’ai parlé un jour de ce coffre-fort caché dans un des panneaux de la bibliothèque de cette pièce qu’elle appelait son studio. C’est là, à l’intérieur du panneau qu’elle a collé avec du ruban adhésif la photo agrandie de mon sexe. C’est elle qui me l’a montrée. Un jour, elle a ouvert le panneau en ma présence et elle a dit, sur un ton négligent et vaguement aguicheur en composant les chiffres du coffre : «  Tu vois, ça c’est toi ; ce pourrait être n’importe quelle femme, mais moi je sais que c’est toi. » Elle a contemplé cette image avec une expression indéfinissable avant d’ouvrir la porte du coffre dont elle a retiré une liasse de billets de banque ; après avoir de nouveau bloqué cette même porte, elle a posé le bout de ses doigts sur ses lèvres qui ont esquissé la forme et le bruit d’un baiser et elle a déposé ce baiser sur ma photo en en disant en soupirant : « C’est là que je garde tous mes trésors », phrase particulièrement sibylline dont je n’ai pas compris le sens : faisait-elle allusion à son argent ou bien à la photographie ? Peut-être aux deux. »desideria4

 

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires
Retour à l'accueil

Commentaires

Beaucoup de femmes aiment je pense faire ainsi naître le désir chez les autres même si elles n'osent jamais avouer aimer prendre cette impudique posture.
commentaire n° :1 posté par : Sophie le: 29/05/2010 à 09h39

Je partage entièrement votre avis, je le sais par expérience. De votre côté vous avez franchi le pas pour nous dévoiler toutes vos beautés secrètes. Aujourd'hui, je me suis permis d'ajouter votre magnifique fessier dans l'album "Vénus callipyges" de mon blog

réponse de : michel koppera le: 29/05/2010 à 10h37
je suis "Vénus 83" dans votre album !
J'en suis flattée et excitée.
Il me plait de me laisser admirer avant parfois de....
commentaire n° :2 posté par : Sophie le: 29/05/2010 à 11h34

Présentation

Créer un Blog

Recherche

Calendrier

Novembre 2024
L M M J V S D
        1 2 3
4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17
18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30  
<< < > >>

Archives

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés