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"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 2
Chap. 1
À l’âge de quinze ans, je crus pendant quelque temps que ma vocation était de devenir acrobate. L’idée m’en était venue un soir où mes parents m’avaient emmené au cirque Pinder. Parmi les numéros, il y eut la prestation d’un couple de contorsionnistes que Monsieur Loyal, à grand renfort de superlatifs, nous annonça comme originaires des Indes mystérieuses et si lointaines. Ils étaient tous les deux très noirs de cheveux. Les justaucorps d’un jaune éclatant accentuaient encore l’exotisme de leur peau bistrée et révélaient plus que de raison leurs charmes indiscrets : attributs virils de l’homme, mamelons arrogants et renflement pubien de la femme. Leur prestation consista en une suite de figures où les deux corps, souvent enchevêtrés, n’en formaient plus qu’un, sorte d’araignée bicéphale à huit pattes sans cesse en mouvement. Tout cela dégageait un érotisme sauvage qui maintint le public dans un troublant silence où se mêlaient gêne et fascination. Il y eut un moment où la femme, complètement enroulée sur elle-même, les jambes nouées sur la nuque, se retrouva avec le visage face à son propre entrecuisses dont l’écartement extrême laissait tout deviner des bourrelets et des crevasses de son sexe bâillant sous le tissu. À ses côtés, avec la même aisance déconcertante, son partenaire se livrait au même exercice. Ce fut à cet instant précis que je décidai que je deviendrais artiste de cirque, non par goût du voyage ou de la gloire, mais tout simplement afin de pouvoir me livrer sur mon corps adolescent à des caresses inédites.
Le soir même, nu dans la solitude de ma chambre et en attendant de trouver une partenaire de jeu digne de ma virtuosité, je débutai ma formation d’acrobate. Si je parvins sans trop de difficultés à me replier jusqu’à ce que mes genoux viennent toucher le tapis de chaque côté de ma tête, il me fallut me rendre à l’évidence : même en allongeant les lèvres, en dardant la langue comme un serpent, mon sexe pourtant en érection restait désespérément hors de portée de ma bouche gourmande… J’avais encore beaucoup à apprendre !
J’en fus donc réduit, comme d’habitude, à me masturber vigoureusement tout en regardant les quelques photos de femmes en petite tenue – slip en dentelle, soutien-gorge et porte-jarretelles assortis – dans les scènes intimistes des romans-photos italiens dont ma mère était grande lectrice. Les filles y étaient brunes à la peau veloutée, pulpeuses, outrageusement maquillées, avec parfois de belles touffes de poils sombres aux aisselles.
à suivre...
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