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Les quatre Sirènes, # 15
Après un passage éclair au vestiaire pour me changer, je me suis empressé de sortir dans l'espoir de la revoir sur le parking, mais elle était déjà partie.
Dès le lendemain matin, j'avais un message sur mon répondeur où elle me disait qu'elle se prénommait Gabriela et me donnait son numéro de téléphone pour que je l'appelle si j'en avais envie.
Difficile de reconstituer, 30 ans après, comment Gabriela s'est fait une place dans ma vie. Parce qu'au départ, il n'était pas question de désir et encore moins d'amour. Si bien que je ne me souviens pas du jour où elle a garé pour la première fois sa Renault 5 blanche dans ma cour, de notre première séance de cinéma, de la première fois où elle s'est assise devant mon Macintosh pour préparer un cours, de la première fois où elle m'a invité dans son petit appartement à écouter une cassette du groupe Mecano. Elle s'appelait Gabriela, elle avait 23 ans (j'en avais 15 de plus), elle était professeur d'espagnol au lycée - c'était son premier poste. Elle venait des Côtes du Nord, de Rostrenen pour être précis, mais sa généalogie entremêlait l'Europe de l'est, l'Afrique noire et la Bretagne... Gabriela se revendiquait fièrement slave, signare sénagalaise et celte. Elle était indéniablement belle : peau mate légèrement ambrée, longs cheveux frisés aux reflets roux sous le soleil, silhouette fine bien cambrée, voix douce en toute circonstance (elle me faisait penser à une héroïne de Manara)... Elle n'avait pas connu son père et avait grandi auprès de sa mère et dans le giron de sa grand-mère maternelle. À chaque période de vacances scolaires, elle retournait en Bretagne. Elle ne connaissait personne en Normandie et ses nouveaux collègues professeurs l'ennuyaient profondément, comme d'une manière générale tous les gens de son âge. Elle me confia qu'elle m'avait remarqué dès la première séance de volley-ball et que, renseignements pris, elle avait appris de ses collègues et des miens que je vivais seul. Mais alors, pourquoi ces appels téléphoniques anonymes ? Par timidité, tout simplement.
Je ne lui en voulais pas. Je la considérais comme la petite sœur que je n'avais jamais eue. Elle savait se faire discrète. En dehors de notre rencontre habituelle du lundi au volley-ball, je la voyais rarement plus d'une fois par semaine, pendant une à deux heures maximum.
Et parallèlement, je continuais de baiser régulièrement avec Valérie, de ficeler Michèle quand elle en avait envie et plus épisodiquement, de m'encanailler avec Pauline et Daniel.
à suivre...
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