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Linda BASTIDE : « L’insolence du lundi », Roman
Editions Guy Authier, 1973
Le récit d’un amour interdit entre une femme de 40 ans et un jeune homme de 17.
Pages 89-90 : Julien, le jeune amoureux, se rend chez Alain, un ami où il va retrouver son ex, une certaine Martine
« Sitôt la porte ouverte, il eut envie de tourner les talons. De fuir à toutes jambes. Il avait rencontré le regard d’Alain-aux-yeux-bleus. Il était entré résolument. Une nausée au bord des lèvres.
Alain-aux-yeux-bleus caressait nonchalamment une fille étendue dans une posture absurde sur le divan. Le haut de son corps disparaissait dans les coussins. On ne voyait d’elle que ses jambes écartées et son sexe ouvert.
Martine, en se frottant contre le manteau de Julien, titubait et le regardait avec des yeux morts.
- Mon vieux, disait Alain, tu arrives bien. Elles ont picolé mais on commençait à s’emmerder.
La fille gloussait, serrait et desserrait ses jambes au rythme des mains d’Alain comme dansant sur une inaudible et lente musique. Alain-aux-yeux-bleus ricanait :
- Elle est cinglée. Elle s’envoie en l’air toute seule.
- Tu sais bien que j’aime pas ces trucs-là. Pourquoi tu m’as fait venir ?
Martine lui enlevait son manteau à grands gestes désordonnés.
Julien lui avait pris le poignet et le serrait très fort.
Alain le regardait d’un air narquois.
- Maintenant, avait ajouté Julien, si tu veux venir avec moi dans un coin tranquille, je dirai pas non. Et il se retenait de gifler Martine à la volée. Il l’aurait tuée.
Poussé par Martine dans un fauteuil proche, il l’avait regardée danser au milieu du tapis devant la cheminée. Le whisky lui donnait une migraine qui battait derrière ses yeux comme un pouls. Il fallait rester là et boire l’alcool et la honte. Ne pas perdre la face. Il perdait l’honneur mais il était le seul à le savoir. Passant près d’Alain, Martine laissa tomber sa robe. L’autre fille gémissait interminablement, enfouie dans ses cheveux et ses coussins, réduite à sa plus simple expression, son sexe. Les mains plaquées sur les fesses nues de Martine, Alain avait poussé un hennissement de joie en la projetant vers Julien. Elle était arrivée en vol plané, les bras comme deux ailes, ses deux seins lourds sur le visage de Julien. Il l’avait mordue cruellement et ses deux grandes mains avaient attrapé les cuisses dures au creux de l’aine. Elle ne disait pas un mot et restait là, clouée, écartelée, les prunelles fixes. Alain riait. Alors, une excitation comme une haine remontant le long de son corps, Julien avait assis la fille sur lui et la pénétra brutalement. Il ne bougeait pas. Elle enroulait son ventre autour du sexe immobile, et, la tête renversée en arrière, joignait son gémissement à celui de l’autre fille. Deux chants de pure joie animale qu’ils étaient seuls à entendre, car elles étaient loin d’eux, dans le monde sans dimensions du plaisir de leur chair. »
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