Vendredi 14 janvier 2022 5 14 /01 /Jan /2022 08:00

Le texte de l'article ci-dessous est extrait de l'ouvrage "La sexualité dans la magie" de Yves VERBEEK paru en 1978  aux Editions Idégraf  (246 pages)

Chapitre Magie d'hier et d'ailleurs : dans l'Antiquité

"Outre le bouc, partiellement représenté par les satyres, un autre animal faisait partie du cortège de Dionysos-Bacchus : l'âne. Ambigu comme tous les animaux qui intervenaient dans la mythologie, ce quadrupède était appelé à jouer également un rôle important dans les traditions de la magie noire, plus particulièrement dans celles qui touchaient à la bestialité, preversion consistant à avoir des relations sexuelles avec une bête. Il mérite donc que l'on ouvre une parenthèse à son sujet.

L'âne a parfois pris un caractère sacré. Chez les Sémites, il était l'incarnation de Baal-Phégor, dieu de la fertilité dont la puissance fécondante et bénéfique s'opposait au pouvoir destructeur de Moloch, divinité néfaste et cruelle qui exigeait des sacrifices humains. Comme Dionysos, plusieurs dieux de l'Inde antique le choisirent pour monture, de même que Balaam, héros de plusieurs légendes de la tradition juive. Jésus lui-même fut gardé par un âne alors qu'il était encore nouveau-né et ce fut également sur un âne qu'il fit son entrée dans Jérusalem.

Mais l'âne n'eut pas toujours cette bonne réputation et même en Occident, bien qu'il eût été associé à la figure du Christ, il prit place dans l'arsenal imaginaire de la magie noire. Déjà en Egypte, on le vouait à Seth, le meurtrier fratricide d'Osiris. Symbole du Mal, il pouvait être aussi bien celui de la bêtise (le roi Midas avait des oreilles d'âne) et bien sûr à celui de l'obstination. Mais surtout, on voyait en lui une incarnation de la puissance sexuelle sous sa forme la plus brutale et la plus lascive. Dans une légende indienne, il est la Bête qui séduit la Belle, en l'occurrence une princesse : dans la journée, il n'était qu'un quadrupède mâchonnant du foin, mais la nuit il prenait forme humaine pour honorer sa maîtresse.

ane-apulee

Si l'on en croit les fabulistes gréco-latins, les femmes ne pouvaient résister aux appâts de cette bête lubrique. Un conte licencieux de Lucien de Samosate en fait foi. Transformé en âne par les potions magiques d''une sorcière, l'auteur-narrateur était devenu sous cette forme l'amant d'une dame de l'aristocratie. Femme d'une grande beauté, elle était tombée follement amoureuse de cet étrange compagnon aux appétits insatiables. Mais un jour, Lucien parvint à trouver des roses et à les dévorer, remède infaillible pour combattre les sortilèges de la magicienne. Aussitôt, il retrouva son apparence humaine et n'eut rien de plus pressé, le soir venu, que d'aller rejoindre sa belle maîtresse. Il était persuadé qu'elle se pâmerait de ravissement en découvrant que son étrange amant était en réalité un homme que la sorcellerie avait mué en bête. Quelle ne fut pas sa découvenue ! Certes, la jeune femme l'accueillit bien et le retint à dîner. Mais c'est qu'elle croyait que l'âne s'était provisoirement métamorphosé en être humain. Et l'affaire tourna mal lorsque la vérité éclata. Lucien de Samosate raconte la suite :

− Je soupe donc avec elle parfumé d'essence et couronné de ces roses bien-aimées, auxquelles de devais ma réintégration parmi les hommes. La nuit étant déjà avancée, et le temps de se mettre au lit venu, je me lève, et croyant accomplir un bel exploit, je me déshabille et me mets tout nu, estimant que je lui plairais davantage par la comparaison avec l'âne. Mais elle,voyant que je n'étais réellement qu'un homme, jette sur moi un regard de mépris, et en même temps :

− Va te morfondre loin de moi et de ma maison, s'écrie-t-elle, va te coucher où tu voudras !

− Quel crime ai-je donc commis ? lui dis-je à mon tour.

− Par Jupiter, dit-elle, ce n'est pas de toi, c'est de l'âne que j'étais amoureuse ; c'est avec lui, et non avec toi que j'ai couché : je pensais que tu avais conservé le grand et beau membre qui distinguait mon âne. Mais je vois bien qu'au lieu de ce charmant et utile animal, tu n'es plus, depuis ta métamorphose, qu'un singe ridicule !..."

En 2008, j'avais déjà consacré à ce texte un article que vous pouvez relire en cliquant sur ce lien  Lucius ou l'âne

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Par michel koppera - Publié dans : le saviez-vous ? - Communauté : Fantasmes et écriture
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Commentaires

On retrouve une certaine fascination pour les accouplements hors normes entre humains et animaux à chaque époque. Dans la mythologie Pasiphaé s’éprend du taureau suite à une vengeance de Poseidon et donne naissance au Minotaure,
Zeus se transformera en taureau pour violer la déesse Demeter… Nous pourrions noter une contradiction entre la répulsion sociale pour la zoophilie et une forme de fantasme dans le langage: « une bite de cheval » « monté comme un âne »…
commentaire n° :1 posté par : Stéphane le: 17/01/2022 à 13h12

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