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Paru
anonymement vers 1682, et sous-titré "la religeuse en chemise", Vénus dans le cloître est en quelque sorte l'ancêtre de "la philosophie dans le boudoir", puisqu'il se
présente sous la forme de 6 entretiens entre des religieuses. Les 5 premiers entretiens mettent en présence soeur Agnès ( la plus jeune, elle n'a que 16 ans) et soeur Angélique (plus âgée et donc
initiatrice de la première). Les dialogues alternent les propos philosophiques, les considérations sur la condition des nonnes dans un couvent, les ragots et évidemment les scènes
saphiques. Mais le langage reste très métaphorique et l'érotisme se dissimule sous tout un attirail de périphrases et d'allégories. Comme dans cette description de ce
qu'Angélique appelle "le baiser à la florentine" :
"Voilà de la façon que les personnes qui s'aiment véritablement se baisent, enlaçant amoureusement la langue entre les lèvres de l'objet qu'on chérit : pour moi je trouve qu'il
n'y a rien de plus doux et de plus délicieux, quand on s'en acquitte comme il faut, et jamais je ne le mets en usage que je ne ressente par tout mon corps un chatouillement extraordinaire et un
certain je ne sais quoi, que je ne te puis exprimer qu'en te disant que c'est un baiser qui se répand universellement dans toutes les plus secrètes parties de moi-même, qui pénètre le plus
profond de mon coeur, et que j'ai droit de le nommer un abrégé de la souveraine volupté."
Ou encore ce portrait de femme idéalisée à la fin du 17ème siècle ( est-il utile de rappeler ici que nous sommes encore sous le règne de louis XIV ? ) Voici donc le portrait de
soeur Cornélie :
" Tu sauras qu'elle est assez grande de taille, et marche
extrêmement bien ; elle a un très beau corps, la chair ferme et blanche comme de l'ivoire, et douillette à manier ; elle n'est ni maigre ni grasse ; ses tétons sont bien divisés, ronds, et non
éloignés de l'estomac ; elle est étroite de ceinture et large de côté ; ell n'a aucune ride sur le visage ; au contraire, il est fort uni ; les bras ronds, les mains d'une longueur médiocre
et minces, la cuisse grasse, les genoux petits, la jambe très belle et droite, bien assortie jusqu'au talon, auquel est conjoint un pied fort petit et bien formé. Enfin, outre toutes
ces beautés que la nature lui a données, elle a beaucoup de belles qualités qui sont les plus grands charmes d'une fille. "
Pour conclure, cette scène où un jésuite use de stratagèmes pour, au parloir, abuser de soeurVirginie dont il est le confesseur ( voyez comme les noms sont
judicieusement choisis !) :
'Il la fit pour lors approcher plus près de la grille, et, l'ayant fait monter sur un siège un peu élevé, il la conjura de lui permettre au moins de satisfaire sa vue,
puisque toute autre liberté lui était défendue. Elle lui obéit après quelque résistance et lui donna le temps de voir et de manier les endroits consacrés à la chastété et à la continence.
Elle, de son côté, voulut aussi contenter ses yeux par une pareille curiosité ; le jésuite, qui n'était pas insensible, en trouva aisément les moyens, et elle obtint de lui ce qu'elle
désrait, avec plus de facilité qu'elle ne lui avait accordé. "
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