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MOI. Ton évocation de mon séjour à l’hôpital m’a laissé perplexe. Tu parles de mon accident comme d’un événement qui te serait totalement étranger. Aurais-tu oublié comment je suis tombé de
cette échelle ?
Lorsqu’on m’a enlevé mon plâtre à la cheville et que j’ai pu de nouveau marcher, j’ai fait mes premiers pas hors de ma chambre. J’ai suivi les couloirs, j’ai pris les ascenseurs… Je n’allais pas au hasard, je suivais une sorte de piste invisible, entraîné par un courant diffus que suivaient d’autres hommes : les uns en blouse blanche, le stéthoscope au cou ; d’autres en pyjama, estropiés, encombrés de pansements comme moi. Je me retrouvai le dernier dans la file des hommes qui patientaient devant une lourde porte à hublot. Nous faisions la queue pour te satisfaire. Je ne te voyais pas, mais j’avais reconnu tes gémissements et parfois tes cris. Enfin, ce fut mon tour. Cela se passait dans une des salles du bloc opératoire, au deuxième sous-sol. Tu étais couchée sur le dos, nue, étendue sur une sorte de table de massage qui te relevait légèrement le buste. Un parapluie de lumière blanche inondait ta peau pâle. Tes cuisses s’ouvraient à la bonne hauteur pour te faire enfiler sans effort. Ton corps était maculé de foutre. L’air était saturé d’odeurs de sperme, de sueur et d’antiseptique. En me voyant, tu as eu un tout petit sourire triste, pareil à une grimace. Tu ne t’attendais pas à moi…
Comme tu avais le vagin plein de foutre, quand je t’ai pénétrée, ça a débordé… Même chose pour ton cul. Ça faisait
floc, floc, à chaque coup de piston… J’ai giclé et j’ai compris, à ce moment précis, que tu ne m’aimais pas, que te ne m’aimerais jamais et que je ne te reverrais plus.
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