Lundi 16 décembre 2019 1 16 /12 /Déc /2019 08:00

Paru anonymement en janvier 1748, "Les Bijoux indiscrets" est le seul écrit libertin de Denis Diderot. 

Collection poche Garnier Flammarion n° 192

bijoux

Chapitre IV : explication du titre. Scène entre le génie Cucufa et le sultan Mangogul. Le génie offre au sultan "un anneau d'argent, que Mangogul prit d'abord pour une bague de saint Hubert.

- Vous voyez cet anneau, dit-il au sultan ; mettez-le à votre doigt mon fils. Toutes les femmes sur lesquelles vous en tournerez le chaton, raconteront leurs intrigues à voix haute, claire et intelligible : mais n'allez pas croire au moins que c'est par la bouche qu'elles parleront.

- Et par où donc, ventre-saint-gris ! s'écria Mangogul, parleront-elles donc ?

la-divine-parole.jpg - Par la partie la plus franche qui soit en elles, et la mieux instruite des choses que vous désirez savoir, dit Cucufa; par leurs bijoux.

- Par leurs bijoux, reprit le sultan en s'éclatant de rire : en voilà bien une autre. Des bijoux parlants ! cela est d'une extravagance inouïe."

Au cours du récit, l'anneau sera utilisé à trente reprises et, à chaque fois, les "bijoux" des dames, parleront de leurs souvenirs, de leurs expériences heureuses ou malheureuses, de leurs désirs les plus intimes, de leurs déceptions. Des femmes à la réputation vertueuse se révèleront très portées sur le sexe, des hommes de cour verront leur impuissance ou leurs infidélités rendues publiques...

Pour parler de sexe, Diderot avait généralement recours à la périphrase, la métaphore, sauf dans le chapitre 47, lors du 26ème essai de l'anneau sur une certaine Cypria au bijou polyglotte. Le bijou de la courtisane va donc s'exprimer successivement en anglais, en latin, en italien et pour finir en espagnol. L'occasion pour Diderot d'user d'un langage beaucoup plus cru, comme dans ces extraits en anglais :

bijoux2" A wealthy lord, travelling through France, dragg'd me to London. Ay, that was a man indeed ! He water'd me six times a day, and as often o'nights. His prick like a comet's tail shot flamning darts : I never felt such quick and thrilling thrusts. (...) This noble lord was successed by a couple, lately return'd from cruising : they fuck'd me." (Un lord fortuné qui voyageait en France m'entraîna jusqu'à Londres. Hé, c'était pour sûr un homme ! Il m'aspergeait (de foutre) six fois dans la journée, et autant de fois la nuit. Sa bite lançait des flèches enflammées comme la queue d'une comète. Je n'avais jamais ressenti de poussées aussi rapides et aussi palpitantes. Un couple de retour d'un voyage en mer succéda à ce noble lord : ils me baisèrent.) 

En relisant les "Bijoux indiscrets" je me disais que c'était un peu la version première des "Monologues du vagin"

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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