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Franz BARTELT
Simple ( Mercure de France 1999, réédité en Cercle Poche en 2004)
Simple a demandé à Adam d’écrire son histoire, mais Simple veut avoir son mot à dire sur le travail d’écriture d’Adam. Voici le début du chapitre 6 :
« Pourquoi écris-tu sexe au lieu de chatte, de cramouille, de con, de trou, de cul ? Que signifie le mot intumescence ? Qu’est-ce que vient faire la masturbation dans une histoire de branlette ? Adam, tu écris n’importe quoi, comme un professeur de collège qui voudrait gagner un concours de poésie.
- Queue, bite, nœud, chatte, branler, bander, c’est largement assez pour écrire un livre. Je n’en souhaite pas d’autres. Tous les autres mots ralentissent l’action ou sonnent vulgairement. Le poireau ou l’asperge, c’est vulgaire. La saucisse, le zob, la gaule, c’est ridicule. Le sifflet cracheur, la flûte à un trou ou la seringue à boulets hirsutes, c’est faussement métaphorique et ça prend beaucoup de place par rapport à pine, queue, bite et nœud. Même le très convenable «membre » fait dans la brièveté. Pour ce qui est de la vulve, j’accepte encore bien le con, à la limite le trou à bites ( à condition que bites soit au pluriel), la cramouille, mais ni le moule à pine ni le trou qui pisse.
- Ce sont des mots qui ne me viendraient jamais sous la plume, se défendit Adam en agitant les mains devant lui.
- Je te mets en garde, c’est tout. J’ai le droit. En tant que lectrice, je peux exprimer mon opinion sur le style, le fond, la forme, le lexique, la phrase et tout le fourniment.
- J’ai fait pour le mieux. Un texte érotique exige que…
- Je ne t’ai pas demandé d’écrire un texte érotique. Je veux un livre dégueulasse, grossier, qui parle clairement de ce que je suis : une salope qui attend l’heure d’être défoncée par la bonne bite et qui distrait son attente en se branlant et en racontant des saloperies."
Commentaire : Outre son caractère érotique, le roman est intéressant dans sa tentative d’analyse en profondeur de la complexité des rapports entre l’artiste et son sujet. Rapports d’interdépendance, mais aussi de domination… Qui décide et de quoi ? Adam a-t-il la liberté de création ou n’est-il que l’instrument de Simple ? Autant de questions auxquelles ce roman tente d’apporter des réponses
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