inédits

Lundi 2 février 2009 1 02 /02 /Fév /2009 18:23

MOI. Nuit de tempête sur l’Atlantique. Le vent gémit dans les volets et sur le toit. Tu es venue avec Jean passer quelques jours chez nous. Il n’est pas loin de deux heures du matin lorsque je me réveille aux aguets. Dans mon sommeil, j’ai cru entendre un bruit insolite, comme un cri dans le fracas du vent. Julia dort à mes côtés… Je me lève… Pieds nus, je descends au rez-de-chaussée. La maison est plongée dans les ténèbres. En tombant, des arbres ont provoqué une coupure d’électricité. Et pourtant, tout au bout du couloir carrelé, il y a une lumière indécise qui suinte de la porte entrebâillée de la cuisine. Je devine la lueur vacillante d’une bougie. J’ouvre la porte en grand. Tu es là, assise sur une chaise, la chemise de nuit retroussée jusque sous les seins. Tu es en train de te branler avec une aubergine luisante d’huile. Tu me regardes et tu me souris.
 Tes lèvres bougent ; tu dois sans doute me dire quelque chose mais, avec le hurlement du vent, je n’entends rien. Et puis soudain l’orgasme te saisit. En jouissant, tu fais autant de bruit que la tempête qui fait rage dehors. C’était donc ça qui m’avait réveillé : tu n’en étais pas à ton premier coup !

Quand c’est fini, tu me fais signe d’approcher. Tu souffles la bougie et tu me prends dans ta main huileuse. 

 

ELLE. Portes-tu encore le pantalon bleu nuit que nous avions choisi ensemble ? Tu sais, celui avec une braguette à boutons cuivrés. De la cabine d’essayage, tu m’avais appelée à l’aide : les boutonnières étaient si serrées que tu n’arrivais plus à te déshabiller. Et me voilà, à genoux, en train de me bagarrer avec ta braguette rebelle. Souviens-toi, nous étions en plein dans les soldes d’hiver : il y avait foule. Noyé de musique, le magasin bruissait de mille voix. À force de patientes manipulations, je t’ai enfin libéré. Mon Dieu !
Tu bandais dans ton boxer soudain trop étroit. Ton ventre était devant mon visage… Je t’ai sorti, je t’ai pris les couilles à pleine paume, je t’ai décalotté entièrement le gland. Que ta bite était belle ainsi dans la pénombre rougeâtre du rideau tiré sur notre intimité ! Je t’ai gobé. Ma bouche t’a aspiré, mes lèvres t’ont bagué le gland, ma langue en gouttière t’a guidé vers le fond de ma gorge… Tu pouvais soupirer et geindre à ta guise : le brouhaha de la fièvre acheteuse était le meilleur garant de notre impunité. Tu m’as tout lâché au plus profond de la gorge, au plus près de la luette. De plaisir, j’en ai mouillé le fond de ma culotte.

J’étais en train de me lécher le bord des lèvres quand j’ai vu une petite main écarter le rideau pour laisser passer une tête blondinette de gamin. Il a écarquillé les yeux, je lui ai souri.

- Maman ! Le monsieur, il a pas de pantalon ! Qu’est-ce qu’elle fait la dame ?

- Elle aide le monsieur, mon chéri… Mais il ne faut pas regarder comme ça dans les cabines, ce n’est pas bien ! Allez, donne-moi la main, on s’en va.


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 31 janvier 2009 6 31 /01 /Jan /2009 11:59

Correspondance

Préambule : il y a quelques années, lorsque j’ai entrepris l’écriture de mon roman : « La Seconde Vie de Maximilien Bémol », j’ai recueilli des témoignages de femmes à forte pilosité qui m’ont raconté, par lettres, leur sexualité. Avec l’une d’entre elles, une femme d’une cinquantaine d’années originaire du Languedoc-Roussillon, notre échange de lettres se prolongea bien au-delà de ma recherche documentaire et devint, au fil des mois, une correspondance d’une grande obscénité où nous échangions confidences et fantasmes. Cette correspondante très particulière servit de modèle au personnage de la Maréchale dans le roman. Ces lettres constituèrent en 2003 la matière première à une nouvelle pornographique que j’ai intitulée tout simplement « correspondance ». Dans ce texte inédit, j’ai donné le nom de Corinne à ma compagne épistolaire… Voici donc « correspondance », nouvelle inédite et particulièrement graveleuse, qui fait partie du second tome (à paraître) de mes nouvelles érotiques.

 

MOI. Je me souviens que c’était en septembre, à l’occasion du mariage tardif d’une amie commune. L’assemblée était nombreuse. En fin de banquet, ça chantait, ça buvait, ça riait… J’ai profité de la bruyante confusion d’une chanson à boire pour me glisser  sous la table afin de voir sous les jupes des femmes. Déception ! Rien que des jambes croisées ou des cuisses serrées, des collants rébarbatifs et hostiles, des pantalons cadenassés. La table est en fer à cheval. À quatre pattes, j’avance entre deux rangées de genoux revêches. Et puis, brusquement, là-bas, tout au bout de la dernière allée, j’aperçois enfin une paire de jambes écartées. La femme porte une robe courte, retroussée à mi-cuisses, des bas sombres qui laissent voir plus haut un peu de chair nue. Elle n’a pas de culotte et sa chatte poilue m’attire comme un aimant. De loin, sa vulve aux lèvres humides et luisantes me sourit aimablement. Au fur et à mesure que je m’approche, la femme ouvre les cuisses et laisse doucement ses fesses glisser jusqu’au bord de la chaise. L’odeur fauve du désir flotte sous la nappe. Mon visage plonge littéralement au cœur du buisson de poils noirs. À grandes lapées, je lui lèche la fente. Elle lâche la sauce. C’est chaud et visqueux.

Plus tard dans la nuit, je t’ai invitée à danser. Tu m’as dit que tu te prénommais Corinne, mais que je pouvais t’appeler Corie.

 

ELLE. Je n’oublierai jamais cette première nuit de la Saint Sylvestre que nous avons passée ensemble. Tu étais venu seul, ta femme était en voyage, très loin. Tu as fait la connaissance de Jean, mon mari ; dès les premiers mots j’ai senti que vous seriez compères… Après minuit, vous avez écarté les assiettes et les verres, puis vous m’avez allongée nue, couchée sur le dos, cuisses écartées au milieu des restes de victuailles.
Vous avez continué à manger, mon mari près de mon visage, toi à l’autre bout de la table entre mes pieds. Mon mari m’a enduit les seins avec la crème au beurre du Paris-Brest et il a commencé à me malaxer la poitrine pour me faire durcir les tétons. Pendant ce temps, tu m’agaçais la chatte avec un gros boudin blanc que tu frottais tout le long de ma fente… Quand j’ai été bien huilée, tu me l’as enfoncé dans le vagin. J’avais l’impression d’être baisée par un géant en saindoux. J’ai joui une première fois. Debout, les cuisses appuyées sur le bord de la table, Jean a posé sa bite à la chantilly sur mes lèvres. Je l’ai embouché, sucé, tété jusqu’à ce qu’il éjacule en grognant. J’avais son scrotum sous les yeux et, plus haut, ses hanches que je tenais fermement à deux mains. Toi, tu avais dégainé le boudin blanc et, maintenant, je le sentais qui fourrageait plus bas, dans le buisson entre mes fesses, à la recherche du trou de mon cul. Je me suis ouverte davantage pour t’aider. C’est rentré tout seul, en douceur, comme un étron inversé. C’était divin.


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 14 novembre 2008 5 14 /11 /Nov /2008 09:20

 La forme poétique du blason fut inventée par Clément Marot au 16ème siècle, bientôt suivie de son opposé, le contre-blason. Il s’agissait avant tout de célébrer la beauté de la femme dans la fleur de l’âge ou, dans le contre-blason, de mettre l’accent sur la laideur de ses appas perdus avec la vieillesse. Voici donc ma petite contribution personnelle, et bien modeste…

 

Sonnet : Blason « Le con fleuri »

 

Amie, quand reverrai-je, hélas            

De ton con l’épaisse pelisse,

Les abords de ta vulve grasse

Sous la pâleur du clitoris,

 

Les poils de ta chatte angora,

Ta fente, velue à l’extrême,

Dont ma lèvre savourera

Le parfum que le désir sème ?

 

Je caresserai des deux mains

La pointe dure de tes seins,

Ta touffe noire d’anthracite.

 

Et ton cul poilu qui m’excite,

Grand ouvert à tous mes desseins,

Me livrera sa fleur presbyte.

 
Pour illustrer ce blason, il fallait un maître, ce sera évidemment Hugdebert

 

Sonnet : Contre-blason « Le con fané »

 

Me sera-t-il un jour permis,

Toute virilité perdue,

De contempler au bord d’un lit

Votre corps, nu, sans retenue ?

 

Vous aurez la touffe chenue,

Le ventre de désir meurtri,

La vulve trop large et lippue

Et le trou du cul flétri.

 

Je pétrirai vos seins pendants

Jadis si fermes et bandants.

Et sur votre con poivre et sel,

 

Je poserai mes doigts crochus,

Fouillant dans le bosquet fourchu

Où suinte encor un peu de fiel.


Pour l'illsutration de ce contre-blason, j'ai déniché sur internet cette oeuvre de Cindy Sherman... Accrochez-vous !
Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 4 novembre 2008 2 04 /11 /Nov /2008 09:12

Le blog a un an, jour pour jour. Vous avez été des milliers ( des milliers et des milliers ! ) à le visiter et je vous en remercie. Pour souffler cette première bougie, je vous offre en cadeau un texte inédit « Fa », accompagné d’une série de dessins issus de mes albums personnels. Un seul bémol à cette fête d’anniversaire, votre absence de commentaires… Difficile de savoir ce que vous aimez, ce que vous préférez, ce que vous aimeriez lire ou voir, vous passez et vous ne dites rien ! Alors si j’avais un vœu à formuler aujourd’hui, ce serait : » faites-moi un signe ». Si vous ne souhaitez pas laisser de commentaires sur ce blog, vous pouvez toujours me laisser un message perso en écrivant à mkoppera@orange.fr  Discrétion garantie. D’avance merci. Bonne lecture et tous mes voeux de succès à Barak Obama.

 

Fa.

 

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Fa n’a jamais été enfant. Certes, elle a une date de naissance, comme chacun de nous, mais il lui semble qu’elle n’a jamais été la petite fille des albums de famille. Elle s’est toujours connue femme, avec des touffes de poils sous les aisselles, des règles douloureuses et une aguichante paire de seins…

Fa n’a qu’une ambition, celle d’exister un peu. Elle habite dans le studio du troisième étage, à droite en sortant de l’ascenseur. Vous n’avez peut-être jamais remarqué cette porte, de même que vous n’avez jamais rencontré Fa. Il est vrai que Fa se lève tôt et ne rentre que fort  tard, lorsque vos lampes de chevet sont déjà éteintes… Et puis, le bouton de la minuterie de l’étage se trouve à gauche en sortant de l’ascenseur. Le dimanche, Fa reste chez elle. À l’heure du tiercé, elle est encore au lit. On ne l’entend pas. Elle dort, elle fait la grasse journée…

Fa est grande, un peu trop peut-être. Elle n’a pas encore trente ans. Elle se trouve grosse, c’est ce qu’elle se plaît à répéter, à se répéter. Quand elle se regarde dans le miroir, elle ne voit que ses hanches épaisses et un peu de peau d’orange sur ses cuisses. Elle marche lentement et ses gestes, même quotidiens, sont d’une langueur pesante mais sensuelle.

Pour aller au bureau, Fa passe souvent une jupe fendue sur le côté, jusqu’au dessus du genou,  et chausse de hautes bottes de cuir fauve. Quand il pleut, elle s’enveloppe d’une grande cape qui lui arrive à mi-mollet. Elle a aussi un parapluie, mais elle ne craint pas les averses. Ses cheveux bruns tombent négligemment sur ses épaules et, pour se recoiffer, il lui suffit d’écarter des doigts la lourde mèche qui, par grand vent, flotte devant ses yeux noisette.

- Ah, merde ! dit-elle en cherchant l’interrupteur de la minuterie qui vient de s’éteindre dans le garage au sous-sol de son immeuble.

Sa voiture est bleu nuit et toujours impeccable. C’est un cabriolet de petite cylindrée car Fa n’aime pas les grosses voitures et quand un camion l’oblige à ralentir, elle ne cherche pas à le doubler mais le suit docilement. Elle s’en remet au hasard si bien que Fa arrive parfois en retard à son travail.

Donc, chaque matin, Fa se regarde dans le miroir, passe sa main sur son visage comme pour se reconnaître. Elle observe avec minutie son long nez à l’arête saillante et sa bouche finement ourlée, aux lèvres d’un rouge pâle, presque pulpeux. Fa supporte mal la proximité de son nez et de sa bouche. Elle les voudrait semblables, dans la laideur ou la beauté, qu’importe du moment que l’ensemble soit harmonieux. Fa souffre du déséquilibre de son visage. Cependant, Fa ne se maquille pas ; elle n’a rien à cacher.

Chaque jeudi soir, Fa passe par le kiosque à journaux pour acheter le Nouvel Obs. Elle le lit toutes les semaines.

Dans son studio, Fa vit au ras du sol, près du radiateur, dans un amas de coussins ventrus et de pelisses moelleuses. C’est là qu’elle s’allonge, toute nue, qu’elle ouvre le magazine et le lit en se grattant l’aile du nez avec l’ongle de l’auriculaire gauche, si bien qu’une petite rougeur est apparue, puis un bouton, puis encore plus tard, une petite croûte sans cesse renouvelée. Fa entretient une sourde colère contre l’ongle de son auriculaire, mais elle ne s’est pas encore décidée à le tailler court.

Fa lit le Nouvel Obs du premier au dernier article tout en fumant quelques Dunhill et en sirotant un whisky pur malt. Fa aime la douceur de l’ivresse où se mélangent le parfum du tabac, la saveur âpre de l’alcool, la chaleur des coussins et la solitude.

Fa vit seule ; elle ouvre rarement sa porte.

Le jeudi soir, quand la nuit tombe, Fa baisse les volets et allume une petite lampe qui plonge la pièce dans un bain de sang. Alors, elle se verse un second whisky, allume une nouvelle cigarette, se choisit un album de Sade, Lovers Rock, et se laisse aller. Elle regarde les photos des mannequins sur les pubs de parfum pour homme… Fa a appris que jouir est un art. En pleine page, il y a un beau brun au regard ombrageux. Fa glisse sa main entre ses cuisses nues, dans l’épaisseur de sa touffe. Avec le temps, son index s’y est construit un nid. Fa se branle toutes les nuits, dans l’obscurité furtive de son lit, mais le jeudi soir, elle reçoit son index comme un amant. Elle se donne à lui. Il parcourt les sentiers familiers de son plaisir, les pistes étroites et huileuses qui serpentent autour de son clitoris.

Elle a un premier orgasme, du bout des doigts.

Plus tard dans la soirée, elle joue avec ses deux compagnons de latex : un gode vibrant, plus vrai que nature, avec belle paire de couilles et variateur de vitesse, qu’elle appelle Arnold – en hommage à Conan le Barbare – et un autre tout noir, plus gros mais tout aussi doux et performant, à qui elle a donné le surnom de Malcolm X… Elle ne saurait dire quel est son préféré, chacun a son charme. Les soirs de grande solitude, il lui arrive de se donner aux deux en même temps, même si après elle se sent un peu honteuse.

Fa dit qu’elle n’aime pas les hommes, que ce sont tous des salauds. Cependant, elle n’a jamais osé faire le premier pas vers une femme.

Malgré tout, Fa éprouve parfois des envies de chair vivante. Alors, elle prend sa petite voiture à deux places, ouvre plus que de raison la fente de sa jupe et remonte lentement l’Avenue des Facultés, à l’heure où les étudiants font du stop pour regagner la cité universitaire qui se trouve loin du centre ville… Et quand, au hasard d’un feu rouge, l’un d’entre eux glisse ses doigts entre les cuisses entrouvertes de Fa, elle le suit dans sa chambre, se laisse renverser sur le lit à une place, s’ouvre en grand, s’abandonne à toutes ses fantaisies… Elle jouit sans se soucier de l’autre. Elle ne jouit pas de l’inconnu mais de sa grosse bite juvénile qui comble son ventre et explose soudain au plus profond.

Les autres soirs de la semaine, Fa s’occupe encore de son corps : elle pratique le yoga, un peu la natation et s’intéresse à la bio-énergie. D’ailleurs, Fa aime être « quelqu’un d’autre ». Alors, elle rêve. Elle rêve de dormir une nuit dans un lit rond, de se laver dans une grande baignoire carrée creusée dans le sol, à la manière des thermes antiques. Elle y inviterait ses amies qui la couvriraient de caresses interdites, car en rêve, fa a aussi des amies.

Dès qu’elle le peut, Fa prend des vacances. Elle ne va pas à la plage en été ou à la montagne en hiver. Non, elle participe à une marche contre le nucléaire ou les OGM, ne rate jamais le off d’Avignon et passe Noël à Londres. Quand elle revient, elle n’a rien à raconter mais, pendant plusieurs semaines, elle ne se gratte plus l’aile du nez en lisant le Nouvel Obs.

Comme tous les soirs, Fa est nue et s’étire voluptueusement entre les coussins. Elle est allongée sur une épaisse peau de mouton d’une blancheur laiteuse. Comme un gros bébé d’amour.      

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 27 octobre 2008 1 27 /10 /Oct /2008 13:35

Ce texte date de 1980. Il n'a jamais trouvé place dans un recueil de nouvelles. Et pourtant, j'ai une certaine tendresse pour cette histoire. Agathe me fut familière même intime....J'avais écrit ce texte pour elle, mais les hasards de la vie firent qu'elle n'eut pas l'occasion de le lire... On s'est connus, on s'est perdus de vue... 
Agathe.

 1. Cuisine.

 Bien que native des marais fangeux de la périphérie, Agathe a un cœur de pierre.

À seize ans, après un trop long séjour en enfance,  la salle d’attente de la vie, elle est passée au salon, pour le hors-d’œuvre servi brûlant sur canapé… Certes, il n’était pas bien beau, ni volcanique, mais il avait fini par cracher un soupçon de sperme tiède qui donna quelques frissons au ventre d’Agathe. Puis, à peine ivre, elle passa à table, gourmande et insatiable. Aujourd’hui, Agathe n’en est encore qu’un second plat, un certain poisson grillé aux arêtes traîtresses. La chair en est morne, vide de goût malgré les sauces et autres condiments épicés. Agathe commence à perdre patience. Mais il lui faut terminer. D’ailleurs, sa mère, ses amies, ne lui ont-ils pas toujours enseigné, rappelé, que par les temps qui courent, il ne faut pas faire la fine bouche… Combien meurent de faim !... Et surtout, éviter le gaspillage ! Le banquet devait défier les orgies romaines, surpasser les saturnales, se prolonger bien au-delà du couvre-feu. Agathe espérait les tapages nocturnes, les nuits blanches… Et voilà que la mayonnaise tournait, se couvrait d’une épaisse pellicule d’un jaune rance où venaient se gaver les mouches bleues et agoniser ses ardeurs.

Agathe est seule à la grande table désertée, seule devant son assiette de désespoir, devant l’autre chaise, la chaise de l’autre à la paille refroidie. La faim lui tenaille le ventre et elle ne peut vomir que des larmes sur le regard aveugle du poisson éparpillé sur la porcelaine.

Dans l’ombre, un inconnu moqueur lui propose un steak-frites-pression, sans ambition, vite fait, à la brasserie du coin. Une petite heure, en passant. À regret, Agathe quitte la lourde table de chêne, chiffonne la serviette pur lin brodée main, abandonne l’argenterie, le meursault brillant dans le cristal… Dans la brasserie, la vapeur huileuse des frites se mêle à la brume du tabac pour emplir la salle d’un nuage épais qui enveloppe les gestes et étouffe les voix.

Agathe se sent happée par le tourbillon des odeurs. Elle vacille. La table de formica est hâtivement recouverte d’une nappe de papier où triomphe déjà une tache sombre de graisse… La première bière arrive, montée en neige. Agathe se gave de frites, une à une, entre ses doigts et, raffinement suprême, les maquille de ketchup avant de les porter à sa bouche. Elle a oublié le poisson. Elle s’acharne sur le steak nerveux, rebelle, qui se dérobe sous la lame émoussée. Agathe veut vaincre. La faim criarde s’apaise. Désormais, Agathe savoure. Peu à peu, la valse des clients bat son plein. Les premiers s’en vont à pas lents, d’autres s’attablent, commandent avec autorité, secouent la salière désespérément stérile, convoitent la moutarde de la table voisine, guettent la serveuse avec des regards impatients, attendent stoïquement la monnaie, se curent les dents avec des allumettes taillées en pointe, cherchent un cendrier pour leur cigarette à demi consumée dont la cendre menace à tout instant de s’effondrer en silence, lisent le journal, écoutent leur vis-à-vis qui ne parle pas, consultent leur montre avec ostentation, étouffent un rot du plat de la main, surveillent la porte des toilettes en se trémoussant sur leur chaise, demandent l’addition, hésitent sur le pourboire, signent des chèques ou détachent des tickets-repas, dessinent sur la nappe en papier, attendent un ami qui ne viendra plus, vivent en quelque sorte.

Agathe, quant à elle, se contente de manger. L’assiette se vide. Par provocation, elle laisse quelques frites sur le plat, essuie ses doigts huileux dans la serviette en papier, soupire longuement et regarde enfin son compagnon de table, en face d’elle. Lui qui n’a rien dit, lui qui s’est contenté d’un rachitique croque-monsieur.

- Un café ? demande-t-il brusquement en poussant la tasse fumante vers Agathe.

Rapidement, il compte cinq billets, les pose dans la soucoupe avec un geste d’apaisement devant le regard réprobateur d’Agathe.

- Pas de querelle d’argent entre nous ! Cela me paraît tout à fait régulier.

Puis il se lève et enfile son blouson.

- Vous partez déjà ?

- J’ai du travail. Alors, à demain, vers midi, comme d’habitude. Je vous réserve une surprise.

Agathe laisse tomber deux morceaux de sucre dans la tasse pleine. Un peu de café déborde et auréole la nappe froissée comme les draps d’un lit matinal.

Elle sent enfin la douceur du désir qui coule de son ventre.

 

2. Souvenir.

Elle s’appelait Agathe, je crois. La première fois que je l’ai rencontrée, c’était chez des copains, lors d’une banale soirée où l’alcool constitue le nécessaire aliment de la conversation. En fait, elle était déjà passablement soûle. Comme à son habitude, Roland, son mari, faisait connaissance avec les mains, surtout entre les cuisses et les fesses des amies d’Agathe. Pendant que ses doigts futiles et curieux posaient de pressantes questions aux peaux moites et recevaient de timides mais encourageantes réponses, il parlait d’abondance, détournant l’attention par le flot ininterrompu de son bagout capiteux… Un peu à l’écart, plongée dans un fauteuil bas, les yeux mi-clos, Agathe se laissait submerger de mots. Elle me faisait penser à cet excellent nageur, naufragé en Méditerranée , qui avait voulu sombrer et mourir et qui, irrésistiblement, revenait à la surface alors que de toute évidence, il était condamné. Cela ne devait être ni vanité, ni volonté de dépassement de soi, mais simple inaptitude à la noyade. D’ailleurs, Agathe avait un corps de nageuse, d’animal marin, corps aux courbes fluides mais fermes, aux gestes amples qui prenaient possession de l’espace pour mieux s’en libérer. Un verre à la main, elle semblait attendre la mort avec sérénité et, lorsque plus tard dans la soirée, Roland était allé passer un long moment au premier étage en compagnie de Valérie – une belle salope aux yeux verts et aux seins en poire - elle n’avait même pas levé les yeux, comme si elle dormait déjà.

J’ai pris congé peu après.

- Vous partez déjà ? m’a-t-elle dit en me serrant la main. C’est dommage ! Vous vous ennuyez ? Pourtant, c’est une belle soirée, n’est-ce pas ? On se reverra au moins… Attendez que je réfléchisse… (elle ne me lâchait pas la main). Demain, à midi, à la Brasserie des Quatrans. Vous connaissez ? On pourra parler, je viendrai seule.

Elle m’abandonna brusquement et reprit son verre sans m’adresser le moindre regard..

Le lendemain, elle était exacte au rendez-vous. Nous nous sommes attablés au cœur du brouillard. Agathe avait le regard indistinct des jours d’après.

- Je suis partie vers trois heures du matin. Je ne sais plus où était Roland, je n’ai pas voulu le déranger. Je suis rentrée seule.

- Seule ?

- Absolument. Je tenais à être en forme pour vous rencontrer. Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas une réussite. J’ai eu du mal à trouver le sommeil…

- À cause de Roland ?

- Pas du tout ! J’étais trop nerveuse. Une mauvaise nervosité, un peu oppressante… Une tension qui ne se relâche pas, qui occupe l’esprit tout entier… Une excitation, voilà le mot juste !

- Pourtant, vous avez fini par dormir, autrement vous ne seriez pas ici, avec moi.

Elle hésita quelques instants avant de répondre.

- J’ai les médicaments en horreur. Alors, j’ai recours à des méthodes, disons, manuelles.

Une légère rougeur colora ses joues. Néanmoins, elle ne baissa pas les yeux pour autant.

- Vous ne m’en voulez pas ? Promettez-le moi ! D’ailleurs, je n’ai pas cessé de penser à vous. Votre image vous a précédé de quelques heures… Je vous connais déjà, intimement. Vous n’êtes pas jaloux, au moins ?

Dans le mois qui suivit, Nous nous sommes encore rencontrés cinq ou six fois. Nous déjeunions d’abord à la Brasserie des Quatrans, puis nous passions l’après-midi au lit, chez elle.

- Roland est parti ce matin de bonne heure. Il passe la journée chez un copain, ils creusent un puits, me disait-elle rituellement en ouvrant la porte de l’appartement.

Agathe avait de beaux seins, pas très gros mais attendrissants. Elle avait aussi la vulve gourmande, avec de grandes lèvres très épaisses, toujours en appétit. Elle appréciait que je lui en pourlèche les babines. On baisait méthodiquement, sans passion. On ne peut pas dire qu’on s’aimait.

À notre dernier rendez-vous, je suis parti avant la fin du service, sans prendre de dessert.

 

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 19 mai 2008 1 19 /05 /Mai /2008 17:44

J'ai rencontré Sonia en 1990. Elle était à peine majeure et mannequin amateur. Elle m'avait demandé de l'aider à  lui constituer un press-book de photos de charme. C'est au cours d'une séance de pose photo qu'elle m'avait longuement parlé de son intérêt pour la civilisation inca. Lors de notre dernière rencontre, je lui offris en cadeau ce texte qui mélange fiction et histoire, rêve et réalité. Resté orphelin, il n'a jamais été publié. Le voici maintenant au grand jour. 
       Elle avait posé ses coudes sur le bar. La tête entre les mains, elle regardait ailleurs. Dans la rue, la nuit brumeuse de janvier était déjà tombée ; au feu rouge du parvis de la cathédrale, patientait la file des voitures closes… Les clients n’étaient qu’une quinzaine : la plupart finissaient une bière en attendant l’heure de passer au pastis… Debout devant le comptoir, la tête penchée au-dessus de sa tasse de café refroidi, un homme sans âge se lamentait sur la condition humaine en général et sur ses mésaventures conjugales en particulier. Et tout en parlant, il faisait machinalement tourner son alliance sur son annulaire… Mais Sonia ne l’écoutait pas. D’ailleurs, elle n’écoutait personne ; elle se contentait de faire semblant d’être docile et attentionnée. Le berger allemand du patron dormait à ses pieds, le juke-box débitait pour la énième fois le même tube, la fumée des cigarettes faisait comme un voile indécis tendu sous les néons des plafonniers… La petite aiguille de la pendule aux couleurs d’une marque de whisky paraissait ne plus vouloir avancer vers le 8. Encore plus de deux heures avant la débauche ! Sonia passa lentement sa main dans les boucles de ses cheveux noirs. La douleur sournoise de sa dent malade faisait danser des étoiles dans ses yeux verts. C’était une molaire transpercée d’une carie qui semblait profonde sous la langue. Des ruisseaux de souffrance remontaient le long de la mâchoire jusqu’à sa  tempe fiévreuse. Une torpeur lancinante avait envahi sa joue endolorie. Sonia laissa tomber un second comprimé effervescent dans le verre. Tout en observant les disques blancs de l’aspirine qui dansaient la sarabande dans l’eau bruissante, elle s’imaginait mâchant quelques feuilles de chucam sur les rives de l’Apurimac.

Penchée au-dessus des eaux vertes, elle aurait ôté sa mante refermée sur sa poitrine au moyen d’une épingle d’argent à tête d’émeraude. Puis, elle aurait relevé sa tunique d’alpaga et le fleuve aurait noué des bracelets de glace autour de ses chevilles…

Elle vida rapidement son verre avec une petite moue d’amertume entre chaque gorgée.

- Moi, contre le mal de dents, je connais un truc radical, lui dit l’homme au café froid. Une tête de clou de girofle dans la carie… Vous savez, ces petites pointes noires qu’on plante dans les oignons…Ça vous fait si mal que ça ?

Elle rinça son verre où s’accrochait encore l’écume des l’aspirine.

- Est-ce que vous vous appelez Manco ou Ruminagui ?

- Non. Moi, c’est Simon… Pourquoi ?

Ils échangèrent un bref regard.

- Pour rien… On aurait peut-être pu parler… Je vous remets un café ?

La musique du juke-box avait cessé et l’on n’entendait plus que des lambeaux de conversations qui se perdaient dans le sifflement continu d’une fuite de vapeur du percolateur. Au-delà des vitres, la sourde vibration de la ville…

Maintenant, Sonia allait et venait entre les tables, regagnait le comptoir avec son plateau chargé de verres vides et de cendriers pleins, dosait les pastis, remplissait les petites carafes d’eau fraîche et faisait tinter les pièces de monnaie dans la poche de son tablier… Lentement, l’aspirine se répandait dans son corps, étouffait la douleur. Un bourdonnement persistant emplissait ses oreilles et le vent glacial de la puna balayait sa mémoire. De nouveau, elle se sentait emportée par delà l’océan, par delà les montagnes.. Les verres débordaient de chicha. Sur le cercle vert du tapis de jeu roulaient les dés de l’apaytalla. Elle était l’enjeu de la partie. Et dans la musique retrouvée, elle crut reconnaître les lointains échos des chants guerriers :

   «  Nous boirons dans le crâne du traître,

      De ses dents nous ferons un collier,

      De ses os des flûtes,

      De sa peau un tambour,

               Puis nous chanterons. »

De la pointe du pied, Sonia rythmait la danse farouche des fils du soleil. Au cœur de la frénésie des cymbales, Il était entré, enveloppé du souffle froid de la rue. Il avait posé Sa main sur la sienne… Ses lèvres bougeaient, mais elle ne L’entendait pas. Il se pencha vers elle…  
                                                                     .../... 

L’eau brûlante de la douche coulait sur la peau très blanche de Sonia. Glissant le long de ses boucles brunes collées sur l’arrondi de l’épaule, des ruisseaux de lave se répandaient sur sa poitrine juvénile, inondaient son ventre épanoui… Deux jours durant, elle avait repoussé toute nourriture, mais la faim n’avait plus d’emprise sur son corps noyé de vapeur. La veille, dans le secret de la nuit, elle avait solennellement coupé une fine tranche de pain blanc pour la manger en silence. Et maintenant, dépouillée de toute parure, elle livrait son corps mouillé aux caresses de l’eau…

Devant le miroir d’anthracite, elle avait tressé ses cheveux encore humides. Tout en mâchant de l’argile pour rehausser l’éclat de ses dents, elle avait enduit sa peau d’une huile parfumée et onctueuse. Le rasoir avait redonné à ses aisselles, à son ventre, l’éphémère fragilité de l’enfance. Plus l’heure approchait, plus elle se sentait devenir Acllacuna, vierge du soleil s’apprêtant pour l’Inti Raïmi… Oui, elle serait bientôt fille de Capac Apo… Encore nue, elle posa sur son cou un collier à double rangée de turquoises et de coquillages. Avant de revêtir la robe de laine pourpre déployée sur le lit, elle accorda un ultime regard à la blancheur laiteuse de son buste, à l’arc noir de ses sourcils fardés, à la pulpe de ses lèvres entrouvertes… Elle avait frémi en refermant la bracelet d’or sur son poignet et détourné les yeux en habillant ses jambes d’ombre aux reflets d’argent…  

En attendant la venue du messager, elle s’était assise près de la fenêtre et, tout en laissant se consumer une cigarette au bord du cendrier, elle regardait la rue déserte. La chambre exiguë restait plongée dans l’obscurité et la fenêtre découpait un rectangle de cendre bleutée sur le sol froid. De temps à autre, une flèche de douleur plantait sa pointe acide dans la joue de Sonia… Quand tout serait terminé, il faudrait qu’elle s’occupe sérieusement de cette dent malade ! Plus tard ! Sans conviction, elle laissa de nouveau tomber deux comprimés blancs dans un verre d’eau. Elle sentait monter en elle une faim insatiable, plus tenace que la souffrance, plus impérieuse que le désir.

Dans la voiture qui les emportait vers Cajamarca, l’homme lui donna ses dernières recommandations ;

- Lorsque vous serez en Sa présence, il vous faudra faire preuve d’une grande humilité, dit-il en posant une main timide sur son genou.

Elle écarta sa main.

- Et ne jamais lever les yeux vers Lui ! ajouta-t-il d’une voix plus sourde.

À table, elle resta assise à Sa droite. Elle ne fit qu’entrevoir la frange écarlate qui barrait Son front. Elle garda les yeux baissés et observa le ballet léger de Ses mains très pâles, aux doigts graciles dépouillés de tout ornement.

Puis l’heure était venue. Il l’avait couchée sur l’épais tapis de laine irisée, au centre d’un cercle de lumière blanche et aveuglante. Tout en relevant sa robe, Il avait parlé pour la première fois :

«  Le malheur nous sépare-t-il, Reine ?

L’adversité nous sépare-t-elle, Princesse ? »

Les yeux clos, elle suivait mot à mot le lent cheminement de Ses doigts sur sa peau abandonnée.

« Es-tu, ma mie, fleur de Chinchircoma ?

Pour que je t’emporte dans mon esprit

Dans le fond de mon cœur ? »

Les mains sans visage découvraient son ventre nu en pleine lumière, mais elle ne sentit ni le froid, ni l’impudeur. La caresse épousa la courbe de ses épaules, enveloppa ses seins aux mamelons de marbre, glissa entre ses cuisses ouvertes. Et sur ses lèvres vint s’échouer la douce mélodie du chant d’amour :

«  Je suis le mensonge du reflet des eaux,

Je suis la tromperie du reflet des ondes. »   

 

                                                         …/…

Je ne devais rencontrer Sonia que quelques mois plus tard. Les coudes posés sur le comptoir, elle commença par me raconter cette étrange soirée où elle avait pour la première fois livré son corps à la lumière. Puis, tout en essuyant machinalement des verres, elle me parla aussi de sa dent malade, des insupportables névralgies qui avait précédé les premiers soins et l’incision de sa gencive infectée… Elle m’avait proposé de nous retrouver chez elle.

C’était une chambre sombre où les bribes de soleil qui se glissaient entre les volets mi-clos s’attardaient sur les rideaux de lin avant de se dissoudre dans l’épaisseur d’un tapis de laine pourpre. Sur le mur blanchi à la chaux, Viracocha, le dieu blanc, s’était endormi les bras en croix, vaincu par l’ennui de l’immobilité. Deux  grosses mouches bourdonnantes s’étaient posées sur un abat-jour de porcelaine laiteuse.

Sur la table, un livre ouvert, une cigarette écrasée, témoignaient de la présence de Sonia allongée sur le lit recouvert de cretonne.

Comme elle craignait de sombrer dans une sieste sans issue et qu’elle avait en horreur la contemplation stérile du plafond, Sonia s’était couchée sur le flanc, tournée vers la fenêtre, le bras gauche replié de façon à ce que sa tête pût reposer dans sa paume ouverte. Ses doigts disparaissaient dans l’abondance de ses cheveux noirs discrètement bouclés, dont les vagues venaient mourir sur sa nuque alanguie. Malgré le silence, Sonia ne dormait pas… Son regard, peut-être un peu voilé par la torpeur de l’après-midi, semblait se perdre dans la pénombre. Le soleil noir de la pupille auréolée d’émeraude s’effaçait derrière les cils chargés d’un mascara aussi profond que ses sourcils qui dessinaient deux virgules soignées. Légèrement entrouverte, la bouche sérieuse livrait un peu de son secret d’émail. La timide lumière soulignait discrètement l’aile du nez, esquissait la naissance des pommettes, laissait dans l’ombre le cou à demi noyé dans les cheveux épars d’où émergeait, insolent, le velouté de l’épaule… Ce jour-là, elle portait une robe de soie grise bordée d’un large liseré de dentelle rosâtre. Les plis de la soie se jouaient de la lumière, faisant naître des éclairs, des arabesques changeantes, tout un alphabet de reflets…

Et soudain, une plage de lumière pâle, patinée, brisée par l’émergence d’un croissant sombre : le sein droit de Sonia au mamelon arrogant sous le tissu. La robe froissée, fuyante, relevée jusqu’à  la taille, découvrait sa hanche. Sonia avait gardé ses bottines de cuir noir, lacées haut, et des bas noirs très fins… Une jarretelle courait sur sa cuisse pour se glisser sous le voile d’un pudique triangle de satin et se perdre dans les plis de la robe retroussée… l’arc de ses jambes écartées, largement ouvertes, tendait à l’extrême le satin, si bien que sous la blancheur du tissu se devinait l’arrogance du pénil : les deux versants arrondis du mont de Vénus séparés par un vallon plus sombre semblaient un instant vouloir mourir avant de renaître avec vigueur dans la générosité de ses rondeurs callipyges. À l’approche de la touffe invisible et probablement très discrète, la cuisse se creusait pour former une fossette à la peau veloutée et fragile qui annonçait déjà les lèvres pourpres du brûlant coquillage. Sur l’arrondi du genou de la jambe droite relevée, le bas se tendait jusqu’à devenir chair aux reflets de nylon.

Sans impatience, Sonia attendait l’éclair bleuté qui allait déchirer la pénombre et projeter violemment sa silhouette  tourmentée sur le mur aveugle de chaux laiteuse. À l’abri derrière les lentilles de l’objectif immobile, l’œil l’observait, corrigeait, donnait des ordres… Les roues dentées entraînaient la pellicule dans les noires spirales du souvenir où Sonia s’était à jamais figée en négatif, prisonnière des cristaux d’argent qui révèleraient son corps à la lumière retrouvée.

         Entre chaque prise de vue, elle continuait de me parler des murs cyclopéens de Sacsahuaman, de la montée par le sentier de l’Inca vers les ruines de Machu Pichu, de la haune fratricide qui devait réunir dans le même destin tragique Atahualpa et Huascar, et de sa brève rencontre, un soir de janvier, avec « Celui-qui-a-des-yeux »…        

Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Mardi 13 mai 2008 2 13 /05 /Mai /2008 18:25
Voici les 3 ultimes quatrains de cette petite anthologie un peu particulière, reflet dérisoire de l'itinéraire des rencontres érotiques de Michel Koppera.
Quatrain n° 37.
Marie-Hélène. 52 ans, divorcée, 3 enfants. Petite brune aux yeux clairs. Visage anguleux, corps maigre, peau mate. Poitrine menue avec de gros tétons très sombres, gros comme des tétines de biberon. Mont de Vénus proéminent, planté de longs poils noirs clairsemés. Vulve large, béante, avec des petites lèvres pendantes et un gros clitoris pâle. Aime se faire fouiller le vagin avec les doigts ainsi que le trou du cul. Spécialiste de l'usage du double godemiché.
 Marie-Hélène baisait à quatre pattes.
À trente euros la passe
On lui en mettait plein la chatte
Et le cul en plus dégueulasse.

Quatrain n° 38.
Christelle. 35 ans. Belle brune méditerranéenne aux cheveux bouclés, mi-longs. peau laiteuse avec quelques grains de beauté du plus bel effet sur les épaules. Petite poitrine menue aux aréoles d'un rose presque enfantin. Petits tétons. Grande touffe triangulaire, dense, d'un noir intense avec des poils frisés. Vulve huileuse et savoureuse. Aime être prise en levrette pour sentir les couilles de son partenaire lui battre le clitoris et l'exciter.
Christelle au troisième étage
M'attendait dans la chambre du fond
La jupe retroussée en chiffon
Pour une heure de libertinage.

Quatrain n° 39.
Maria. 45 ans, mariée,2 enfants. Brune d'origine espagnole. Peau douce. Grande fumeuse de joints, amatatrice de films X et de godemichés de gros calibre. Beaux seins lourds. Grande touffe brune. Aime se faire lécher le con et le cul, baiser en levrette, faire l'amour en groupe et lécher la chatte des femmes.
Maria, chaude Andalouse,
Gros seins, beau cul, chatte poilue,
Offrait sa croupe goulue
Aux appétits de nos bites jalouses.
Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Mercredi 7 mai 2008 3 07 /05 /Mai /2008 15:00
Quatrain n° 34.
Nadine D. 30 ans, mariée, 1 enfant. Petite poitrine, aréoles peu sensibles. Peau mate, un peu grenue. Sexe aux poils noirs, rêches et piquants comme une barbe. Chatte assez étroite au début, mais qui s'élargit à mesure que monte l'excitation. Sécrétions abondantes et liquoreuses. Adore visionner des films porno, les séances de photos X, les gadgets érotiques ( godes en particulier). Porte de la lingerie sexy. Se laisse prendre par tous les trous, adepte de la double pénétration. Aime le sperme et s'en barbouille le ventre. Infatigable suceuse de bites. ( voir photo ci-jointe)

Nadine adorait le sandwich
Une dans le con, l'autre dans le cul,
Elle jouissait à bouche-que-veux-tu
Et se beurrait de foutre les miches.

Quatrain n° 35.
Samyra, toute jeune beurrette,
Pour moi seul prenait la pose,
Me montrait sa tendre craquette
Et beaucoup d'autres choses.
( photo jointe)

Quatrain n° 36.
Nadia C. Gros seins très sensibles. Soupire et ferme les yeux de bonheur, inonde sa chatte dès qu'on lui touche les mamelons. Parvient à l'orgasme par simple léchage des tétons. Peau de métisse, mate et épaisse.. Sexe aux poils châtains, très fins et mousseux. Petite touffe, entrefesses dépourvu de poils. Chatte à la saveur épicée. Inexpérimentée malgré ses 26 ans. Ne sait pas sucer et se laisse lécher la chatte sans vraiment comprendre ce qui lui arrive. Mouille abondamment. Jouit en gémissant et en serrant très fort les cuisses.
Nadia, superbe métisse,
Me fit souffrir l'enfer
Elle était nue, toute lisse,
Telle un galet roulé par la mer.
Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Lundi 5 mai 2008 1 05 /05 /Mai /2008 11:07
Quatrain n° 31. Bénédicte
Bénédicte la grande
La main entre les cuisses
Et les doigts en coulisse
Me demandait : " Tu bandes ? "

Quatrain n° 32. Anncik S*. Divorcée, 1 enfant ( quatrain assez méchant, et sans doute injuste )
Très grosse poitrine, un peu grasse. Elle aimait se faire lécher les mamelons. peau blanche et veloutée. Sexe aux poils blonds, assez longs et raides. Entrefesses peu poilu. Grosse chatte grasse, profonde, large, très élastique. Saveur huileuse. Aime regarder les films et les revues pornos. Suce très bien, et apprécie qu'on lui rende la pareille. Se laisse aussi bien fister que sodomiser ou baiser. Aime sentir le sperme lui gicler dans le vagin ou le rectum... Jouit en gémissant et en écartant très largement les cuisses pour être pénétrée au plus profond.
Annick hoche-queue
Aux grosses mamelles
Et petite cervelle
Qui disait "malgré que..."

Quatrain n° 33. Françoise E*. Divorcée, 1 enfant.
Enorme poitrine, imposante, avec de tout petits mamelons. peau très blanche. Sexe peu poilu, avec des poils châtains clairsemés. Entrefesses glabre. Chatte étroite et insipide. Baise sans beaucoup bouger, assez passivement. Jouit en se faisant caresser l'anus. Se livrait à d'autres plaisirs plus insolites... 
Françoise à la poitrine laitière
Se faisait lécher la chatte
Par sa chienne familière
Tout en me suçant à quatre pattes.


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Lundi 28 avril 2008 1 28 /04 /Avr /2008 17:16

       Quatrain n° 24.                                                                               Quatrain n° 25
Maryvonne la secrétaire                                                           Brigitte en tailleur tulipe
Me montrait la blondeur                                                            Relevé sur la chaise
De son cul en chaleur                                                                 Attendait que je la baise
Et s'envoyait en l'air.                                                                  En écartant son slip.

Double quatrain pour Michèle n° 26 et 27.
Michèle E*, mariée, 1 enfant. Poitrine ronde aux mamelons petits et durs. Aime bien qu'on lui morde les tétons. Peau très douce, presque onctueuse. Sexe aux poils noirs, courts mais drus. Entrefesses sans poils. Sécrétions vaginales très amères, comme l'odeur de son sexe. Chatte assez étroite, pénétration parfois laborieuse. Une vraie chienne. Rêve et ne parle que de se faire enculer, mais ne peut pas car ses muqueuses anales sont trop fragiles, ce qui la frustre  si bien qu'elle se laisse avilir pour une grosse bite. Drague parfois en voiture autour des boîtes de nuit. Jouit en fermant les yeux et en bloquant tout. Mord et griffe pendant l'orgasme, pleure parfois aussi. Buvait et fumait beaucoup trop.

Michèle sous la pinède                                       Michèle fumait des gauloises vertes
La chatte déjà moite                                            Et vidait les bouteilles de vin
Regardait ma queue droite                                  Le cul nu, le ventre en alerte,
Devenir plus que raide.                                       À la recherche de l'orgasme divin.

Quatrain n° 28.                                                     Quatrain n° 29
Brigitte la plus belle                                            Marinette en chemise
Nue sous la soie verte                                         À l'heure du café
Dansait les cuisses ouvertes                              Me laissait décoiffer
Où je léchais le miel.                                           Son poil noir qui frise.

Quatrain n° 30
Catherine C* mariée, 1 enfant. Petite poitrine à peine formée, aux mamelons très durs. Jambes sublimes. Peau très blanche. Sexe très étroit, poils peau abondants, mousseux. Chatte fine, mais très savoureuse. Sécrétions sucrées. Pénétration un peu difficile, mais une fois en place, ma queue est bien calée, prise dans un fourreau de velours. Se laisse enfiler deux doigts dans le cul en baisant. Aime toutes les positions. Jouit en bavant, la bouche entrouverte, pendant que son vagin se contracte en cadence.

Catherine aux jambes fuselées 
Aux fesses si haut suspendues
M'ouvrait sa croupe ensorcelée
Et m'astiquait la bite tendue.
  


Il est évidemment inutile de présenter Aslan, l'auteur de ces dessins qui ont fait pendant des décennies le bonheur mensuel des lecteurs de Lui  (ce dessin me rappelle Maryvonne...)                        

Par michel koppera - Publié dans : inédits
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