inédits

Mardi 4 novembre 2008 2 04 /11 /Nov /2008 09:12

Le blog a un an, jour pour jour. Vous avez été des milliers ( des milliers et des milliers ! ) à le visiter et je vous en remercie. Pour souffler cette première bougie, je vous offre en cadeau un texte inédit « Fa », accompagné d’une série de dessins issus de mes albums personnels. Un seul bémol à cette fête d’anniversaire, votre absence de commentaires… Difficile de savoir ce que vous aimez, ce que vous préférez, ce que vous aimeriez lire ou voir, vous passez et vous ne dites rien ! Alors si j’avais un vœu à formuler aujourd’hui, ce serait : » faites-moi un signe ». Si vous ne souhaitez pas laisser de commentaires sur ce blog, vous pouvez toujours me laisser un message perso en écrivant à mkoppera@orange.fr  Discrétion garantie. D’avance merci. Bonne lecture et tous mes voeux de succès à Barak Obama.

 

Fa.

 

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Fa n’a jamais été enfant. Certes, elle a une date de naissance, comme chacun de nous, mais il lui semble qu’elle n’a jamais été la petite fille des albums de famille. Elle s’est toujours connue femme, avec des touffes de poils sous les aisselles, des règles douloureuses et une aguichante paire de seins…

Fa n’a qu’une ambition, celle d’exister un peu. Elle habite dans le studio du troisième étage, à droite en sortant de l’ascenseur. Vous n’avez peut-être jamais remarqué cette porte, de même que vous n’avez jamais rencontré Fa. Il est vrai que Fa se lève tôt et ne rentre que fort  tard, lorsque vos lampes de chevet sont déjà éteintes… Et puis, le bouton de la minuterie de l’étage se trouve à gauche en sortant de l’ascenseur. Le dimanche, Fa reste chez elle. À l’heure du tiercé, elle est encore au lit. On ne l’entend pas. Elle dort, elle fait la grasse journée…

Fa est grande, un peu trop peut-être. Elle n’a pas encore trente ans. Elle se trouve grosse, c’est ce qu’elle se plaît à répéter, à se répéter. Quand elle se regarde dans le miroir, elle ne voit que ses hanches épaisses et un peu de peau d’orange sur ses cuisses. Elle marche lentement et ses gestes, même quotidiens, sont d’une langueur pesante mais sensuelle.

Pour aller au bureau, Fa passe souvent une jupe fendue sur le côté, jusqu’au dessus du genou,  et chausse de hautes bottes de cuir fauve. Quand il pleut, elle s’enveloppe d’une grande cape qui lui arrive à mi-mollet. Elle a aussi un parapluie, mais elle ne craint pas les averses. Ses cheveux bruns tombent négligemment sur ses épaules et, pour se recoiffer, il lui suffit d’écarter des doigts la lourde mèche qui, par grand vent, flotte devant ses yeux noisette.

- Ah, merde ! dit-elle en cherchant l’interrupteur de la minuterie qui vient de s’éteindre dans le garage au sous-sol de son immeuble.

Sa voiture est bleu nuit et toujours impeccable. C’est un cabriolet de petite cylindrée car Fa n’aime pas les grosses voitures et quand un camion l’oblige à ralentir, elle ne cherche pas à le doubler mais le suit docilement. Elle s’en remet au hasard si bien que Fa arrive parfois en retard à son travail.

Donc, chaque matin, Fa se regarde dans le miroir, passe sa main sur son visage comme pour se reconnaître. Elle observe avec minutie son long nez à l’arête saillante et sa bouche finement ourlée, aux lèvres d’un rouge pâle, presque pulpeux. Fa supporte mal la proximité de son nez et de sa bouche. Elle les voudrait semblables, dans la laideur ou la beauté, qu’importe du moment que l’ensemble soit harmonieux. Fa souffre du déséquilibre de son visage. Cependant, Fa ne se maquille pas ; elle n’a rien à cacher.

Chaque jeudi soir, Fa passe par le kiosque à journaux pour acheter le Nouvel Obs. Elle le lit toutes les semaines.

Dans son studio, Fa vit au ras du sol, près du radiateur, dans un amas de coussins ventrus et de pelisses moelleuses. C’est là qu’elle s’allonge, toute nue, qu’elle ouvre le magazine et le lit en se grattant l’aile du nez avec l’ongle de l’auriculaire gauche, si bien qu’une petite rougeur est apparue, puis un bouton, puis encore plus tard, une petite croûte sans cesse renouvelée. Fa entretient une sourde colère contre l’ongle de son auriculaire, mais elle ne s’est pas encore décidée à le tailler court.

Fa lit le Nouvel Obs du premier au dernier article tout en fumant quelques Dunhill et en sirotant un whisky pur malt. Fa aime la douceur de l’ivresse où se mélangent le parfum du tabac, la saveur âpre de l’alcool, la chaleur des coussins et la solitude.

Fa vit seule ; elle ouvre rarement sa porte.

Le jeudi soir, quand la nuit tombe, Fa baisse les volets et allume une petite lampe qui plonge la pièce dans un bain de sang. Alors, elle se verse un second whisky, allume une nouvelle cigarette, se choisit un album de Sade, Lovers Rock, et se laisse aller. Elle regarde les photos des mannequins sur les pubs de parfum pour homme… Fa a appris que jouir est un art. En pleine page, il y a un beau brun au regard ombrageux. Fa glisse sa main entre ses cuisses nues, dans l’épaisseur de sa touffe. Avec le temps, son index s’y est construit un nid. Fa se branle toutes les nuits, dans l’obscurité furtive de son lit, mais le jeudi soir, elle reçoit son index comme un amant. Elle se donne à lui. Il parcourt les sentiers familiers de son plaisir, les pistes étroites et huileuses qui serpentent autour de son clitoris.

Elle a un premier orgasme, du bout des doigts.

Plus tard dans la soirée, elle joue avec ses deux compagnons de latex : un gode vibrant, plus vrai que nature, avec belle paire de couilles et variateur de vitesse, qu’elle appelle Arnold – en hommage à Conan le Barbare – et un autre tout noir, plus gros mais tout aussi doux et performant, à qui elle a donné le surnom de Malcolm X… Elle ne saurait dire quel est son préféré, chacun a son charme. Les soirs de grande solitude, il lui arrive de se donner aux deux en même temps, même si après elle se sent un peu honteuse.

Fa dit qu’elle n’aime pas les hommes, que ce sont tous des salauds. Cependant, elle n’a jamais osé faire le premier pas vers une femme.

Malgré tout, Fa éprouve parfois des envies de chair vivante. Alors, elle prend sa petite voiture à deux places, ouvre plus que de raison la fente de sa jupe et remonte lentement l’Avenue des Facultés, à l’heure où les étudiants font du stop pour regagner la cité universitaire qui se trouve loin du centre ville… Et quand, au hasard d’un feu rouge, l’un d’entre eux glisse ses doigts entre les cuisses entrouvertes de Fa, elle le suit dans sa chambre, se laisse renverser sur le lit à une place, s’ouvre en grand, s’abandonne à toutes ses fantaisies… Elle jouit sans se soucier de l’autre. Elle ne jouit pas de l’inconnu mais de sa grosse bite juvénile qui comble son ventre et explose soudain au plus profond.

Les autres soirs de la semaine, Fa s’occupe encore de son corps : elle pratique le yoga, un peu la natation et s’intéresse à la bio-énergie. D’ailleurs, Fa aime être « quelqu’un d’autre ». Alors, elle rêve. Elle rêve de dormir une nuit dans un lit rond, de se laver dans une grande baignoire carrée creusée dans le sol, à la manière des thermes antiques. Elle y inviterait ses amies qui la couvriraient de caresses interdites, car en rêve, fa a aussi des amies.

Dès qu’elle le peut, Fa prend des vacances. Elle ne va pas à la plage en été ou à la montagne en hiver. Non, elle participe à une marche contre le nucléaire ou les OGM, ne rate jamais le off d’Avignon et passe Noël à Londres. Quand elle revient, elle n’a rien à raconter mais, pendant plusieurs semaines, elle ne se gratte plus l’aile du nez en lisant le Nouvel Obs.

Comme tous les soirs, Fa est nue et s’étire voluptueusement entre les coussins. Elle est allongée sur une épaisse peau de mouton d’une blancheur laiteuse. Comme un gros bébé d’amour.      

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 27 octobre 2008 1 27 /10 /Oct /2008 13:35

Ce texte date de 1980. Il n'a jamais trouvé place dans un recueil de nouvelles. Et pourtant, j'ai une certaine tendresse pour cette histoire. Agathe me fut familière même intime....J'avais écrit ce texte pour elle, mais les hasards de la vie firent qu'elle n'eut pas l'occasion de le lire... On s'est connus, on s'est perdus de vue... 
Agathe.

 1. Cuisine.

 Bien que native des marais fangeux de la périphérie, Agathe a un cœur de pierre.

À seize ans, après un trop long séjour en enfance,  la salle d’attente de la vie, elle est passée au salon, pour le hors-d’œuvre servi brûlant sur canapé… Certes, il n’était pas bien beau, ni volcanique, mais il avait fini par cracher un soupçon de sperme tiède qui donna quelques frissons au ventre d’Agathe. Puis, à peine ivre, elle passa à table, gourmande et insatiable. Aujourd’hui, Agathe n’en est encore qu’un second plat, un certain poisson grillé aux arêtes traîtresses. La chair en est morne, vide de goût malgré les sauces et autres condiments épicés. Agathe commence à perdre patience. Mais il lui faut terminer. D’ailleurs, sa mère, ses amies, ne lui ont-ils pas toujours enseigné, rappelé, que par les temps qui courent, il ne faut pas faire la fine bouche… Combien meurent de faim !... Et surtout, éviter le gaspillage ! Le banquet devait défier les orgies romaines, surpasser les saturnales, se prolonger bien au-delà du couvre-feu. Agathe espérait les tapages nocturnes, les nuits blanches… Et voilà que la mayonnaise tournait, se couvrait d’une épaisse pellicule d’un jaune rance où venaient se gaver les mouches bleues et agoniser ses ardeurs.

Agathe est seule à la grande table désertée, seule devant son assiette de désespoir, devant l’autre chaise, la chaise de l’autre à la paille refroidie. La faim lui tenaille le ventre et elle ne peut vomir que des larmes sur le regard aveugle du poisson éparpillé sur la porcelaine.

Dans l’ombre, un inconnu moqueur lui propose un steak-frites-pression, sans ambition, vite fait, à la brasserie du coin. Une petite heure, en passant. À regret, Agathe quitte la lourde table de chêne, chiffonne la serviette pur lin brodée main, abandonne l’argenterie, le meursault brillant dans le cristal… Dans la brasserie, la vapeur huileuse des frites se mêle à la brume du tabac pour emplir la salle d’un nuage épais qui enveloppe les gestes et étouffe les voix.

Agathe se sent happée par le tourbillon des odeurs. Elle vacille. La table de formica est hâtivement recouverte d’une nappe de papier où triomphe déjà une tache sombre de graisse… La première bière arrive, montée en neige. Agathe se gave de frites, une à une, entre ses doigts et, raffinement suprême, les maquille de ketchup avant de les porter à sa bouche. Elle a oublié le poisson. Elle s’acharne sur le steak nerveux, rebelle, qui se dérobe sous la lame émoussée. Agathe veut vaincre. La faim criarde s’apaise. Désormais, Agathe savoure. Peu à peu, la valse des clients bat son plein. Les premiers s’en vont à pas lents, d’autres s’attablent, commandent avec autorité, secouent la salière désespérément stérile, convoitent la moutarde de la table voisine, guettent la serveuse avec des regards impatients, attendent stoïquement la monnaie, se curent les dents avec des allumettes taillées en pointe, cherchent un cendrier pour leur cigarette à demi consumée dont la cendre menace à tout instant de s’effondrer en silence, lisent le journal, écoutent leur vis-à-vis qui ne parle pas, consultent leur montre avec ostentation, étouffent un rot du plat de la main, surveillent la porte des toilettes en se trémoussant sur leur chaise, demandent l’addition, hésitent sur le pourboire, signent des chèques ou détachent des tickets-repas, dessinent sur la nappe en papier, attendent un ami qui ne viendra plus, vivent en quelque sorte.

Agathe, quant à elle, se contente de manger. L’assiette se vide. Par provocation, elle laisse quelques frites sur le plat, essuie ses doigts huileux dans la serviette en papier, soupire longuement et regarde enfin son compagnon de table, en face d’elle. Lui qui n’a rien dit, lui qui s’est contenté d’un rachitique croque-monsieur.

- Un café ? demande-t-il brusquement en poussant la tasse fumante vers Agathe.

Rapidement, il compte cinq billets, les pose dans la soucoupe avec un geste d’apaisement devant le regard réprobateur d’Agathe.

- Pas de querelle d’argent entre nous ! Cela me paraît tout à fait régulier.

Puis il se lève et enfile son blouson.

- Vous partez déjà ?

- J’ai du travail. Alors, à demain, vers midi, comme d’habitude. Je vous réserve une surprise.

Agathe laisse tomber deux morceaux de sucre dans la tasse pleine. Un peu de café déborde et auréole la nappe froissée comme les draps d’un lit matinal.

Elle sent enfin la douceur du désir qui coule de son ventre.

 

2. Souvenir.

Elle s’appelait Agathe, je crois. La première fois que je l’ai rencontrée, c’était chez des copains, lors d’une banale soirée où l’alcool constitue le nécessaire aliment de la conversation. En fait, elle était déjà passablement soûle. Comme à son habitude, Roland, son mari, faisait connaissance avec les mains, surtout entre les cuisses et les fesses des amies d’Agathe. Pendant que ses doigts futiles et curieux posaient de pressantes questions aux peaux moites et recevaient de timides mais encourageantes réponses, il parlait d’abondance, détournant l’attention par le flot ininterrompu de son bagout capiteux… Un peu à l’écart, plongée dans un fauteuil bas, les yeux mi-clos, Agathe se laissait submerger de mots. Elle me faisait penser à cet excellent nageur, naufragé en Méditerranée , qui avait voulu sombrer et mourir et qui, irrésistiblement, revenait à la surface alors que de toute évidence, il était condamné. Cela ne devait être ni vanité, ni volonté de dépassement de soi, mais simple inaptitude à la noyade. D’ailleurs, Agathe avait un corps de nageuse, d’animal marin, corps aux courbes fluides mais fermes, aux gestes amples qui prenaient possession de l’espace pour mieux s’en libérer. Un verre à la main, elle semblait attendre la mort avec sérénité et, lorsque plus tard dans la soirée, Roland était allé passer un long moment au premier étage en compagnie de Valérie – une belle salope aux yeux verts et aux seins en poire - elle n’avait même pas levé les yeux, comme si elle dormait déjà.

J’ai pris congé peu après.

- Vous partez déjà ? m’a-t-elle dit en me serrant la main. C’est dommage ! Vous vous ennuyez ? Pourtant, c’est une belle soirée, n’est-ce pas ? On se reverra au moins… Attendez que je réfléchisse… (elle ne me lâchait pas la main). Demain, à midi, à la Brasserie des Quatrans. Vous connaissez ? On pourra parler, je viendrai seule.

Elle m’abandonna brusquement et reprit son verre sans m’adresser le moindre regard..

Le lendemain, elle était exacte au rendez-vous. Nous nous sommes attablés au cœur du brouillard. Agathe avait le regard indistinct des jours d’après.

- Je suis partie vers trois heures du matin. Je ne sais plus où était Roland, je n’ai pas voulu le déranger. Je suis rentrée seule.

- Seule ?

- Absolument. Je tenais à être en forme pour vous rencontrer. Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas une réussite. J’ai eu du mal à trouver le sommeil…

- À cause de Roland ?

- Pas du tout ! J’étais trop nerveuse. Une mauvaise nervosité, un peu oppressante… Une tension qui ne se relâche pas, qui occupe l’esprit tout entier… Une excitation, voilà le mot juste !

- Pourtant, vous avez fini par dormir, autrement vous ne seriez pas ici, avec moi.

Elle hésita quelques instants avant de répondre.

- J’ai les médicaments en horreur. Alors, j’ai recours à des méthodes, disons, manuelles.

Une légère rougeur colora ses joues. Néanmoins, elle ne baissa pas les yeux pour autant.

- Vous ne m’en voulez pas ? Promettez-le moi ! D’ailleurs, je n’ai pas cessé de penser à vous. Votre image vous a précédé de quelques heures… Je vous connais déjà, intimement. Vous n’êtes pas jaloux, au moins ?

Dans le mois qui suivit, Nous nous sommes encore rencontrés cinq ou six fois. Nous déjeunions d’abord à la Brasserie des Quatrans, puis nous passions l’après-midi au lit, chez elle.

- Roland est parti ce matin de bonne heure. Il passe la journée chez un copain, ils creusent un puits, me disait-elle rituellement en ouvrant la porte de l’appartement.

Agathe avait de beaux seins, pas très gros mais attendrissants. Elle avait aussi la vulve gourmande, avec de grandes lèvres très épaisses, toujours en appétit. Elle appréciait que je lui en pourlèche les babines. On baisait méthodiquement, sans passion. On ne peut pas dire qu’on s’aimait.

À notre dernier rendez-vous, je suis parti avant la fin du service, sans prendre de dessert.

 

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 19 mai 2008 1 19 /05 /Mai /2008 17:44

J'ai rencontré Sonia en 1990. Elle était à peine majeure et mannequin amateur. Elle m'avait demandé de l'aider à  lui constituer un press-book de photos de charme. C'est au cours d'une séance de pose photo qu'elle m'avait longuement parlé de son intérêt pour la civilisation inca. Lors de notre dernière rencontre, je lui offris en cadeau ce texte qui mélange fiction et histoire, rêve et réalité. Resté orphelin, il n'a jamais été publié. Le voici maintenant au grand jour. 
       Elle avait posé ses coudes sur le bar. La tête entre les mains, elle regardait ailleurs. Dans la rue, la nuit brumeuse de janvier était déjà tombée ; au feu rouge du parvis de la cathédrale, patientait la file des voitures closes… Les clients n’étaient qu’une quinzaine : la plupart finissaient une bière en attendant l’heure de passer au pastis… Debout devant le comptoir, la tête penchée au-dessus de sa tasse de café refroidi, un homme sans âge se lamentait sur la condition humaine en général et sur ses mésaventures conjugales en particulier. Et tout en parlant, il faisait machinalement tourner son alliance sur son annulaire… Mais Sonia ne l’écoutait pas. D’ailleurs, elle n’écoutait personne ; elle se contentait de faire semblant d’être docile et attentionnée. Le berger allemand du patron dormait à ses pieds, le juke-box débitait pour la énième fois le même tube, la fumée des cigarettes faisait comme un voile indécis tendu sous les néons des plafonniers… La petite aiguille de la pendule aux couleurs d’une marque de whisky paraissait ne plus vouloir avancer vers le 8. Encore plus de deux heures avant la débauche ! Sonia passa lentement sa main dans les boucles de ses cheveux noirs. La douleur sournoise de sa dent malade faisait danser des étoiles dans ses yeux verts. C’était une molaire transpercée d’une carie qui semblait profonde sous la langue. Des ruisseaux de souffrance remontaient le long de la mâchoire jusqu’à sa  tempe fiévreuse. Une torpeur lancinante avait envahi sa joue endolorie. Sonia laissa tomber un second comprimé effervescent dans le verre. Tout en observant les disques blancs de l’aspirine qui dansaient la sarabande dans l’eau bruissante, elle s’imaginait mâchant quelques feuilles de chucam sur les rives de l’Apurimac.

Penchée au-dessus des eaux vertes, elle aurait ôté sa mante refermée sur sa poitrine au moyen d’une épingle d’argent à tête d’émeraude. Puis, elle aurait relevé sa tunique d’alpaga et le fleuve aurait noué des bracelets de glace autour de ses chevilles…

Elle vida rapidement son verre avec une petite moue d’amertume entre chaque gorgée.

- Moi, contre le mal de dents, je connais un truc radical, lui dit l’homme au café froid. Une tête de clou de girofle dans la carie… Vous savez, ces petites pointes noires qu’on plante dans les oignons…Ça vous fait si mal que ça ?

Elle rinça son verre où s’accrochait encore l’écume des l’aspirine.

- Est-ce que vous vous appelez Manco ou Ruminagui ?

- Non. Moi, c’est Simon… Pourquoi ?

Ils échangèrent un bref regard.

- Pour rien… On aurait peut-être pu parler… Je vous remets un café ?

La musique du juke-box avait cessé et l’on n’entendait plus que des lambeaux de conversations qui se perdaient dans le sifflement continu d’une fuite de vapeur du percolateur. Au-delà des vitres, la sourde vibration de la ville…

Maintenant, Sonia allait et venait entre les tables, regagnait le comptoir avec son plateau chargé de verres vides et de cendriers pleins, dosait les pastis, remplissait les petites carafes d’eau fraîche et faisait tinter les pièces de monnaie dans la poche de son tablier… Lentement, l’aspirine se répandait dans son corps, étouffait la douleur. Un bourdonnement persistant emplissait ses oreilles et le vent glacial de la puna balayait sa mémoire. De nouveau, elle se sentait emportée par delà l’océan, par delà les montagnes.. Les verres débordaient de chicha. Sur le cercle vert du tapis de jeu roulaient les dés de l’apaytalla. Elle était l’enjeu de la partie. Et dans la musique retrouvée, elle crut reconnaître les lointains échos des chants guerriers :

   «  Nous boirons dans le crâne du traître,

      De ses dents nous ferons un collier,

      De ses os des flûtes,

      De sa peau un tambour,

               Puis nous chanterons. »

De la pointe du pied, Sonia rythmait la danse farouche des fils du soleil. Au cœur de la frénésie des cymbales, Il était entré, enveloppé du souffle froid de la rue. Il avait posé Sa main sur la sienne… Ses lèvres bougeaient, mais elle ne L’entendait pas. Il se pencha vers elle…  
                                                                     .../... 

L’eau brûlante de la douche coulait sur la peau très blanche de Sonia. Glissant le long de ses boucles brunes collées sur l’arrondi de l’épaule, des ruisseaux de lave se répandaient sur sa poitrine juvénile, inondaient son ventre épanoui… Deux jours durant, elle avait repoussé toute nourriture, mais la faim n’avait plus d’emprise sur son corps noyé de vapeur. La veille, dans le secret de la nuit, elle avait solennellement coupé une fine tranche de pain blanc pour la manger en silence. Et maintenant, dépouillée de toute parure, elle livrait son corps mouillé aux caresses de l’eau…

Devant le miroir d’anthracite, elle avait tressé ses cheveux encore humides. Tout en mâchant de l’argile pour rehausser l’éclat de ses dents, elle avait enduit sa peau d’une huile parfumée et onctueuse. Le rasoir avait redonné à ses aisselles, à son ventre, l’éphémère fragilité de l’enfance. Plus l’heure approchait, plus elle se sentait devenir Acllacuna, vierge du soleil s’apprêtant pour l’Inti Raïmi… Oui, elle serait bientôt fille de Capac Apo… Encore nue, elle posa sur son cou un collier à double rangée de turquoises et de coquillages. Avant de revêtir la robe de laine pourpre déployée sur le lit, elle accorda un ultime regard à la blancheur laiteuse de son buste, à l’arc noir de ses sourcils fardés, à la pulpe de ses lèvres entrouvertes… Elle avait frémi en refermant la bracelet d’or sur son poignet et détourné les yeux en habillant ses jambes d’ombre aux reflets d’argent…  

En attendant la venue du messager, elle s’était assise près de la fenêtre et, tout en laissant se consumer une cigarette au bord du cendrier, elle regardait la rue déserte. La chambre exiguë restait plongée dans l’obscurité et la fenêtre découpait un rectangle de cendre bleutée sur le sol froid. De temps à autre, une flèche de douleur plantait sa pointe acide dans la joue de Sonia… Quand tout serait terminé, il faudrait qu’elle s’occupe sérieusement de cette dent malade ! Plus tard ! Sans conviction, elle laissa de nouveau tomber deux comprimés blancs dans un verre d’eau. Elle sentait monter en elle une faim insatiable, plus tenace que la souffrance, plus impérieuse que le désir.

Dans la voiture qui les emportait vers Cajamarca, l’homme lui donna ses dernières recommandations ;

- Lorsque vous serez en Sa présence, il vous faudra faire preuve d’une grande humilité, dit-il en posant une main timide sur son genou.

Elle écarta sa main.

- Et ne jamais lever les yeux vers Lui ! ajouta-t-il d’une voix plus sourde.

À table, elle resta assise à Sa droite. Elle ne fit qu’entrevoir la frange écarlate qui barrait Son front. Elle garda les yeux baissés et observa le ballet léger de Ses mains très pâles, aux doigts graciles dépouillés de tout ornement.

Puis l’heure était venue. Il l’avait couchée sur l’épais tapis de laine irisée, au centre d’un cercle de lumière blanche et aveuglante. Tout en relevant sa robe, Il avait parlé pour la première fois :

«  Le malheur nous sépare-t-il, Reine ?

L’adversité nous sépare-t-elle, Princesse ? »

Les yeux clos, elle suivait mot à mot le lent cheminement de Ses doigts sur sa peau abandonnée.

« Es-tu, ma mie, fleur de Chinchircoma ?

Pour que je t’emporte dans mon esprit

Dans le fond de mon cœur ? »

Les mains sans visage découvraient son ventre nu en pleine lumière, mais elle ne sentit ni le froid, ni l’impudeur. La caresse épousa la courbe de ses épaules, enveloppa ses seins aux mamelons de marbre, glissa entre ses cuisses ouvertes. Et sur ses lèvres vint s’échouer la douce mélodie du chant d’amour :

«  Je suis le mensonge du reflet des eaux,

Je suis la tromperie du reflet des ondes. »   

 

                                                         …/…

Je ne devais rencontrer Sonia que quelques mois plus tard. Les coudes posés sur le comptoir, elle commença par me raconter cette étrange soirée où elle avait pour la première fois livré son corps à la lumière. Puis, tout en essuyant machinalement des verres, elle me parla aussi de sa dent malade, des insupportables névralgies qui avait précédé les premiers soins et l’incision de sa gencive infectée… Elle m’avait proposé de nous retrouver chez elle.

C’était une chambre sombre où les bribes de soleil qui se glissaient entre les volets mi-clos s’attardaient sur les rideaux de lin avant de se dissoudre dans l’épaisseur d’un tapis de laine pourpre. Sur le mur blanchi à la chaux, Viracocha, le dieu blanc, s’était endormi les bras en croix, vaincu par l’ennui de l’immobilité. Deux  grosses mouches bourdonnantes s’étaient posées sur un abat-jour de porcelaine laiteuse.

Sur la table, un livre ouvert, une cigarette écrasée, témoignaient de la présence de Sonia allongée sur le lit recouvert de cretonne.

Comme elle craignait de sombrer dans une sieste sans issue et qu’elle avait en horreur la contemplation stérile du plafond, Sonia s’était couchée sur le flanc, tournée vers la fenêtre, le bras gauche replié de façon à ce que sa tête pût reposer dans sa paume ouverte. Ses doigts disparaissaient dans l’abondance de ses cheveux noirs discrètement bouclés, dont les vagues venaient mourir sur sa nuque alanguie. Malgré le silence, Sonia ne dormait pas… Son regard, peut-être un peu voilé par la torpeur de l’après-midi, semblait se perdre dans la pénombre. Le soleil noir de la pupille auréolée d’émeraude s’effaçait derrière les cils chargés d’un mascara aussi profond que ses sourcils qui dessinaient deux virgules soignées. Légèrement entrouverte, la bouche sérieuse livrait un peu de son secret d’émail. La timide lumière soulignait discrètement l’aile du nez, esquissait la naissance des pommettes, laissait dans l’ombre le cou à demi noyé dans les cheveux épars d’où émergeait, insolent, le velouté de l’épaule… Ce jour-là, elle portait une robe de soie grise bordée d’un large liseré de dentelle rosâtre. Les plis de la soie se jouaient de la lumière, faisant naître des éclairs, des arabesques changeantes, tout un alphabet de reflets…

Et soudain, une plage de lumière pâle, patinée, brisée par l’émergence d’un croissant sombre : le sein droit de Sonia au mamelon arrogant sous le tissu. La robe froissée, fuyante, relevée jusqu’à  la taille, découvrait sa hanche. Sonia avait gardé ses bottines de cuir noir, lacées haut, et des bas noirs très fins… Une jarretelle courait sur sa cuisse pour se glisser sous le voile d’un pudique triangle de satin et se perdre dans les plis de la robe retroussée… l’arc de ses jambes écartées, largement ouvertes, tendait à l’extrême le satin, si bien que sous la blancheur du tissu se devinait l’arrogance du pénil : les deux versants arrondis du mont de Vénus séparés par un vallon plus sombre semblaient un instant vouloir mourir avant de renaître avec vigueur dans la générosité de ses rondeurs callipyges. À l’approche de la touffe invisible et probablement très discrète, la cuisse se creusait pour former une fossette à la peau veloutée et fragile qui annonçait déjà les lèvres pourpres du brûlant coquillage. Sur l’arrondi du genou de la jambe droite relevée, le bas se tendait jusqu’à devenir chair aux reflets de nylon.

Sans impatience, Sonia attendait l’éclair bleuté qui allait déchirer la pénombre et projeter violemment sa silhouette  tourmentée sur le mur aveugle de chaux laiteuse. À l’abri derrière les lentilles de l’objectif immobile, l’œil l’observait, corrigeait, donnait des ordres… Les roues dentées entraînaient la pellicule dans les noires spirales du souvenir où Sonia s’était à jamais figée en négatif, prisonnière des cristaux d’argent qui révèleraient son corps à la lumière retrouvée.

         Entre chaque prise de vue, elle continuait de me parler des murs cyclopéens de Sacsahuaman, de la montée par le sentier de l’Inca vers les ruines de Machu Pichu, de la haune fratricide qui devait réunir dans le même destin tragique Atahualpa et Huascar, et de sa brève rencontre, un soir de janvier, avec « Celui-qui-a-des-yeux »…        

Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Mardi 13 mai 2008 2 13 /05 /Mai /2008 18:25
Voici les 3 ultimes quatrains de cette petite anthologie un peu particulière, reflet dérisoire de l'itinéraire des rencontres érotiques de Michel Koppera.
Quatrain n° 37.
Marie-Hélène. 52 ans, divorcée, 3 enfants. Petite brune aux yeux clairs. Visage anguleux, corps maigre, peau mate. Poitrine menue avec de gros tétons très sombres, gros comme des tétines de biberon. Mont de Vénus proéminent, planté de longs poils noirs clairsemés. Vulve large, béante, avec des petites lèvres pendantes et un gros clitoris pâle. Aime se faire fouiller le vagin avec les doigts ainsi que le trou du cul. Spécialiste de l'usage du double godemiché.
 Marie-Hélène baisait à quatre pattes.
À trente euros la passe
On lui en mettait plein la chatte
Et le cul en plus dégueulasse.

Quatrain n° 38.
Christelle. 35 ans. Belle brune méditerranéenne aux cheveux bouclés, mi-longs. peau laiteuse avec quelques grains de beauté du plus bel effet sur les épaules. Petite poitrine menue aux aréoles d'un rose presque enfantin. Petits tétons. Grande touffe triangulaire, dense, d'un noir intense avec des poils frisés. Vulve huileuse et savoureuse. Aime être prise en levrette pour sentir les couilles de son partenaire lui battre le clitoris et l'exciter.
Christelle au troisième étage
M'attendait dans la chambre du fond
La jupe retroussée en chiffon
Pour une heure de libertinage.

Quatrain n° 39.
Maria. 45 ans, mariée,2 enfants. Brune d'origine espagnole. Peau douce. Grande fumeuse de joints, amatatrice de films X et de godemichés de gros calibre. Beaux seins lourds. Grande touffe brune. Aime se faire lécher le con et le cul, baiser en levrette, faire l'amour en groupe et lécher la chatte des femmes.
Maria, chaude Andalouse,
Gros seins, beau cul, chatte poilue,
Offrait sa croupe goulue
Aux appétits de nos bites jalouses.
Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Mercredi 7 mai 2008 3 07 /05 /Mai /2008 15:00
Quatrain n° 34.
Nadine D. 30 ans, mariée, 1 enfant. Petite poitrine, aréoles peu sensibles. Peau mate, un peu grenue. Sexe aux poils noirs, rêches et piquants comme une barbe. Chatte assez étroite au début, mais qui s'élargit à mesure que monte l'excitation. Sécrétions abondantes et liquoreuses. Adore visionner des films porno, les séances de photos X, les gadgets érotiques ( godes en particulier). Porte de la lingerie sexy. Se laisse prendre par tous les trous, adepte de la double pénétration. Aime le sperme et s'en barbouille le ventre. Infatigable suceuse de bites. ( voir photo ci-jointe)

Nadine adorait le sandwich
Une dans le con, l'autre dans le cul,
Elle jouissait à bouche-que-veux-tu
Et se beurrait de foutre les miches.

Quatrain n° 35.
Samyra, toute jeune beurrette,
Pour moi seul prenait la pose,
Me montrait sa tendre craquette
Et beaucoup d'autres choses.
( photo jointe)

Quatrain n° 36.
Nadia C. Gros seins très sensibles. Soupire et ferme les yeux de bonheur, inonde sa chatte dès qu'on lui touche les mamelons. Parvient à l'orgasme par simple léchage des tétons. Peau de métisse, mate et épaisse.. Sexe aux poils châtains, très fins et mousseux. Petite touffe, entrefesses dépourvu de poils. Chatte à la saveur épicée. Inexpérimentée malgré ses 26 ans. Ne sait pas sucer et se laisse lécher la chatte sans vraiment comprendre ce qui lui arrive. Mouille abondamment. Jouit en gémissant et en serrant très fort les cuisses.
Nadia, superbe métisse,
Me fit souffrir l'enfer
Elle était nue, toute lisse,
Telle un galet roulé par la mer.
Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Lundi 5 mai 2008 1 05 /05 /Mai /2008 11:07
Quatrain n° 31. Bénédicte
Bénédicte la grande
La main entre les cuisses
Et les doigts en coulisse
Me demandait : " Tu bandes ? "

Quatrain n° 32. Anncik S*. Divorcée, 1 enfant ( quatrain assez méchant, et sans doute injuste )
Très grosse poitrine, un peu grasse. Elle aimait se faire lécher les mamelons. peau blanche et veloutée. Sexe aux poils blonds, assez longs et raides. Entrefesses peu poilu. Grosse chatte grasse, profonde, large, très élastique. Saveur huileuse. Aime regarder les films et les revues pornos. Suce très bien, et apprécie qu'on lui rende la pareille. Se laisse aussi bien fister que sodomiser ou baiser. Aime sentir le sperme lui gicler dans le vagin ou le rectum... Jouit en gémissant et en écartant très largement les cuisses pour être pénétrée au plus profond.
Annick hoche-queue
Aux grosses mamelles
Et petite cervelle
Qui disait "malgré que..."

Quatrain n° 33. Françoise E*. Divorcée, 1 enfant.
Enorme poitrine, imposante, avec de tout petits mamelons. peau très blanche. Sexe peu poilu, avec des poils châtains clairsemés. Entrefesses glabre. Chatte étroite et insipide. Baise sans beaucoup bouger, assez passivement. Jouit en se faisant caresser l'anus. Se livrait à d'autres plaisirs plus insolites... 
Françoise à la poitrine laitière
Se faisait lécher la chatte
Par sa chienne familière
Tout en me suçant à quatre pattes.


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Lundi 28 avril 2008 1 28 /04 /Avr /2008 17:16

       Quatrain n° 24.                                                                               Quatrain n° 25
Maryvonne la secrétaire                                                           Brigitte en tailleur tulipe
Me montrait la blondeur                                                            Relevé sur la chaise
De son cul en chaleur                                                                 Attendait que je la baise
Et s'envoyait en l'air.                                                                  En écartant son slip.

Double quatrain pour Michèle n° 26 et 27.
Michèle E*, mariée, 1 enfant. Poitrine ronde aux mamelons petits et durs. Aime bien qu'on lui morde les tétons. Peau très douce, presque onctueuse. Sexe aux poils noirs, courts mais drus. Entrefesses sans poils. Sécrétions vaginales très amères, comme l'odeur de son sexe. Chatte assez étroite, pénétration parfois laborieuse. Une vraie chienne. Rêve et ne parle que de se faire enculer, mais ne peut pas car ses muqueuses anales sont trop fragiles, ce qui la frustre  si bien qu'elle se laisse avilir pour une grosse bite. Drague parfois en voiture autour des boîtes de nuit. Jouit en fermant les yeux et en bloquant tout. Mord et griffe pendant l'orgasme, pleure parfois aussi. Buvait et fumait beaucoup trop.

Michèle sous la pinède                                       Michèle fumait des gauloises vertes
La chatte déjà moite                                            Et vidait les bouteilles de vin
Regardait ma queue droite                                  Le cul nu, le ventre en alerte,
Devenir plus que raide.                                       À la recherche de l'orgasme divin.

Quatrain n° 28.                                                     Quatrain n° 29
Brigitte la plus belle                                            Marinette en chemise
Nue sous la soie verte                                         À l'heure du café
Dansait les cuisses ouvertes                              Me laissait décoiffer
Où je léchais le miel.                                           Son poil noir qui frise.

Quatrain n° 30
Catherine C* mariée, 1 enfant. Petite poitrine à peine formée, aux mamelons très durs. Jambes sublimes. Peau très blanche. Sexe très étroit, poils peau abondants, mousseux. Chatte fine, mais très savoureuse. Sécrétions sucrées. Pénétration un peu difficile, mais une fois en place, ma queue est bien calée, prise dans un fourreau de velours. Se laisse enfiler deux doigts dans le cul en baisant. Aime toutes les positions. Jouit en bavant, la bouche entrouverte, pendant que son vagin se contracte en cadence.

Catherine aux jambes fuselées 
Aux fesses si haut suspendues
M'ouvrait sa croupe ensorcelée
Et m'astiquait la bite tendue.
  


Il est évidemment inutile de présenter Aslan, l'auteur de ces dessins qui ont fait pendant des décennies le bonheur mensuel des lecteurs de Lui  (ce dessin me rappelle Maryvonne...)                        

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Jeudi 24 avril 2008 4 24 /04 /Avr /2008 09:28

Quatrain n° 20
Marie-Christine G*. Grosse poitrine ronde, peu sensible. Peau assez épaisse et très douce Sexe aux poils châtain foncé, très drus et assez étendus. Entrefesses poilu. Chatte large, très visqueuse. Ne suce pas, ne se laisse pas lécher. Aime dominer l'homme, c'est elle qui le chevauche. Jouit en silence, à grandes giclées de secrétions vaginales. Se branle le clitoris en baisant. Aime particulièrement qu'on lui éjacule sur la vulve, elle se malaxe les lèvres vaginales enduites de sperme. 
          
Marie-Christine m'embrassait
           Les doigts dans ma braguette,
           Le cul sur la banquette
           Se laissait renverser.
Quatrain n° 21
Jocelyne G *. Pas plus d'un mètre cinquante. Tout petits seins ronds, très sensibles. Peau très blanche. Sexe aux poils châtain clairs, très clairsemés sur le mont de Vénus. Fesses pommelées et fermes. Entrefesses glabre. Un peu maso. Aime les très grosses bites. S'empale dessus sans ménagement. Fente étroite, sèche à l'extérieur. Se fait enculer avec douleur et plaisir, avec juste un peu de vaseline au bord du trou. Elle jouit bouche ouverte, les yeux révulsés, en bavant un peu.
          

Jocelyne au pied bot
           Le cul déjà rempli
           Parlait philosophie
           Et c'était encore beau.
Quatrain n° 22

Dominique D*. Divorcée, 2 enfants. Petite poitrine, aux mamelons durs qu'elle aime qu'on mordille. Peau douce et blanche. Sexe aux poils blonds, plutôt clairsemés. Petite chatte, étroite, presque toujours sèche à l'extérieur, mais chaude et humide dedans. Entrefesses sans poils. Aime se faire lécher la moule, le cul et les doigts de pieds. Bonne suceuse aussi. Aime voir le sperme. Langage souvent obscène pendant l'amour. Aime se faire enculer et se voir dans un miroir baisée ou enculée. Jouit en criant presque, en gémissant, en se tortillant comme un serpent. Cou très rouge pendant l'orgasme.
          

 

Dominique quarante ans
           Redoutait la rouille
           Et me massait les couilles
           Avant, après, pendant.
Quatrain n° 23
ValérieL* Poitrine en poire, aux seins assez lourds. Quelques poils sur les aréoles. Peau mate. Sexe aux poils noirs, très abondants. Pilosité pubienne très étendue, poils fourni entre les fesses. Chatte odorante, chaude, gluante.Clitoris très sensible, lèvres vaginales gonflées. Aime la lingerie sexy, regarder des photos pornos de bites en érection, sa propre image ( se branle devant des miroirs). Assez exhibitionniste. Se branle avec tout : doigts, gode, légumes, poire de douche... Apparence timide, langage très réservé. Se laisse lécher la moule, le cul, mais pas sodomiser, mais apprécie quand même qu'on lui glisse un doigt dans le cul pendant qu'elle baise. Orgasmes en chaîne, jusqu'à 5 ou 6 à la suite. Contractions vaginales, doigts de pieds en éventail, souffle coupé... Aime qu'on lui éjacule dans la bouche, s'en barbouiller le visage, la vulve, le cul, les seins...  La plus grande des baiseuses. Unique !
            
Valérie au ventre noir
             S'ouvre des doigts le con
             Et s'enfile le piston
             En regardant le miroir.

Ces deux dessins de Martin Veyron évoquent certaines chaudes soirées en compagnie de Valérie, dans le salon, quand il faisait si froid dehors, surtout cette façon impudique de montrer son désir, par les gestes et par les mots...
 

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Lundi 7 avril 2008 1 07 /04 /Avr /2008 16:34

    Il ne restait dans le fond de la tasse qu'un peu de sucre fondu qui avait pris la teinte chaude du café. Les quelques miettes éparpillées sur le plateau témoignaient de mon appétit matinal... La veille, la tempête s'était levée et, toute la nuit, les arbres hardiment penchés au-dessus du canal avaient tangué sur les vagues du vent. Tandis que, ce matin encore, les pompiers sondaient les eaux boueuses à la recherche d'un noyé présumé, les pêcheurs avaient déjà appâté les chevaines et surveillaient les flotteurs nonchalants de leurs lignes impassibles.
       Au spectacle de ce quotidien rassurant, il m'échappa comme un sourire et je pus croire un instant que mon angoisse s'était dissipée dans ma longue nuit de sommeil. Pourtant elle revint et le canal où paressaient au fil de l'eau des branches mortes m'apparut menaçant et les pêcheurs détestables... Je me pris à envier le noyé qui dormait paisiblement entre deux eaux, évitant les longues perches des pompiers sondant sans conviction les eaux troubles, pendant que de grosses anguilles nécrophages s'agrippaient à ses paupières pour l'entraîner par le fond... Je ne sais pourquoi, mais sans le connaître, ce noyé m'était - j'allais ajouter déjà - sympathique et il aurait sans doute perdu toute mon estime en se révélant bien vivant.
      

- Monsieur a bien déjeuné ? me demanda la femme de chambre en jetant un regard rapide sur le plateau vide.
        Pressé de me retrouver seul, je me contentai de lui répondre par un vague signe de tête. Mais, sans plus attendre, elle avait entrepris de faire le lit.
       - Laissez donc ! lui dis-je sèchement. Je ferai ça moi-même.
       - C'est mon travail, monsieur ! Ici, chacun reste à sa place. Vous, votre job, c'est d'être le client, et vous n'avez pas jouer un autre rôle que celui du client... Si je ne fais pas votre lit, alors, vous n'êtes plus un client et, dans ce cas, mon boulot n'a plus aucun sens, je ne sers plus à rien... Vous voudriez me voir réduite à rien ?
       - Je ne crois pas, je n'oserais même pas y penser.
       - Alors, laissez-moi faire mon travail. Et vous, continuez de regarder par la fenêtre  Vous payez, donc vous devez ne rien faire. J'insiste bien : non seulement vous pouvez ne rien faire, mais c'est aussi un devoir... Comme il est de mon devoir de changer vos serviettes de bain, de passer l'aspirateur sous le lit et le chiffon à poussière sur la table de chevet...
        Donc, elle a aspiré, épousseté, aéré, vidé le cendrier et la corbeille à papiers, rangé mes notes et rassemblé les feuilles éparpillées sur la table qui faisait face à la fenêtre.
       - Vous savez, me dit-elle en s'essuyant le front, il est presque onze heures. Vous devriez sortir, marcher un peu au bord du canal... D'habitude, les gens de passage font ça... Voilà deux jours que vous êtes arrivé et vous n'avez pas encore mis le nez dehors... Décidément, je pense que vous n'êtes pas un client comme les autres... Pourquoi êtes-vous ici ?
         La question me transperça brutalement et je sentis soudain comme un grand vide à l'intérieur de mon corps.
        - Je ne sais pas exactement...
        Et pourtant, tout m'était étrangement familier : le canal, les pêcheurs, l'auberge... le canal.
        La femme de chambre s'est retirée sans bruit, me laissant seul avec ma réponse inachevée. Je me suis plongé dans l'écriture du dernier chapitre de mon roman... Mon héros venait de rompre avec son quotidien et prenait la route qui devait le mener à la mort. En fait, je n'aimais pas beaucoup cette histoire, je peux même dire que je la détestais. C'est pourquoi j'étais si pressé d'en terminer. La perspective de retrouver une pensée neuve, sans contrainte, me stimulait plus encore que la fierté, toute légitime d'ailleurs, du travail mené à son terme, de l'oeuvre accomplie... Aussi, le chapitre avançait vite, les mots défilaient en rangs serrés quand, brusquement, le flot du récit se tarit, comme si une main venait d'en fermer les vannes. J'attribuai cette soudaine sécheresse à la fatigue et descendis prendre le déjeuner avec les autres pensionnaires de l'auberge.
        Après le repas, et malgré un café bien serré, les mots refusèrent obstinément de revenir sous mes doigts et, las de combattre un adversaire insaisissable, absent en quelque sorte, je renonçai à aller plus avant et laissai le chapite en supens. Les pompiers n'avaient pas repris leurs recherches. Comme moi, ils avaient provisoirement abandonné le cadavre au fond de l'eau... Par contre, les pêcheurs moins inconstants n'avaient pas abdiqué, statues de glaise dressées près de leurs lignes lancées au-dessus du canal comme de muettes antennes...
        On a frappé deux petits coups discrets à la porte, puis elle est entrée sans même attendre que je vienne lui ouvrir.
       - Vous avez déjà fait le ménage de la chambre ce matin, lui ai-je fait remarquer sans chercher à cacher mon irritation. 
        - Je sais, mais vous pouvez noter que je ne porte plus de tablier, donc que je ne suis plus femme de chambre. Par conséquent, permettez-moi de ne plus vous parler comme à un client, et cela jusqu'à demain matin.
         - Comment ça, demain matin ?
         - Parce que, cet après-midi, c'est ma demi-journée de repos et que je ne reprends mon service que demain...
          Sa voix, d'abord pleine d'insolence se faisait plus douce, plus pénétrante. Puis, elle se tut. Elle était jeune, je crois, mais comment juger de l'âge des femmes de chambre alors que leurs robes noires les habillent toutes en veuves ? Je pense, néanmoins, compte tenu de ses cheveux noirs mi-longs, de ses lèvres rieuses et de ses bas nylon, qu'elle ne devait avoir guère plus de trente ans... Mon regard s'attarda aussi sur sa poitrine franche, suivit la courbe de ses hanches et les lignes de son cou, avant de s'échouer dans ses yeux...
        - Alors ? demanda-t-elle.
        - Eh bien, oui, je le reconnais...
        - Je vous plais vraiment ? Pour tout vous dire, je m'y attendais un peu. Quant à moi, je vous trouve, disons... sympathique. Cela ne signifie rien du tout... Vous avez quelque chose de mystérieux, et le plus étrange, c'est que vous en savez aussi peu que moi sur vous-même. Peut-être que c'est moi qui vais vous découvrir... Vous écrivez ?
        - J'essaie, mais ce n'est pas toujours facile.
        Elle s'est assise à la table et a commencé la lecture du roman inachevé. je savais qu'elle y resterait jusqu'à la tombée du jour, mais je n'ai pas cherché à l'en dissuader. Après avoir parcouru distraitement un journal local et fumé quelques cigarettes, je me suis endormi. Pas une seule fois elle n'avait relâché son attention, ni relevé la tête, ni bougé sur sa chaise.
          Tout mon rêve ne fut qu'une phrase : " Après le virage, à sa gauche, sur la rive opposée du canal, apparut la maison dont depuis quelques jours les volets restaient clos comme en signe de deuil.  Il ne pouvait détacher son regard des fenêtres aveugles. La route sinueuse courait devant lui, vers le pont..." . De même que mon travail matinal n'avait pu aller plus loin, le rêve trébucha lui aussi sur les derniers mots, incapable de les dépasser.
          Les rayons obliques du soleil venaient frapper de tout leur éclat la chaise vide devant la table au centre de laquelle dormaient les derniers feuillets du roman. De la salle de bains contiguë me parvenait le chant de l'eau bondissant des robinets ouverts.
         - Vous lisez vite ! ai-je crié en direction de la porte entrouverte.
         Apès quelques clapotis, le chant de l'eau cessa.
         - J'arrive ! Un peu de patience !
         La serviette éponge nouée surles hanches, elle a fait le tour du lit, pris le manuscrit posé sur la table et est venue s'allonger à mes côtés.
         - Oui, je lis vite. Surtout quand ça m'intéresse. J'étais pressée d'arriver à la fin, et aussi de me retrouver avec vous. Je croyais trouver des réponses, mais en fait, je me trompais... Par exemple, quand votre héros parle, travaille, ou bien encore quand il fait l'amour à sa femme, on pourrait croire que c'est vous... Et bien, c'est vrai et faux, en même temps. Je me suis même demandé si ce n'était pas plutôt vous qui vous efforciez de lui ressembler... Vous avez envie de moi ?
         J'ai laissé ma main couri sur son épaule nue, glisser sur ses hanches, écarter le tissu éponge qui couvrait ses cuisses... Elle s'est retournée pour offrir son dos à mes caresses. D'une voix monocorde, elle a commencé à lire :
        

 

" Neuvième chapitre, page 174. Elle venait de sortir du bain, si bien que sa peau avait gardé une douce moiteur. Il l'attendait avec impatience, encore tout enveloppé de sommeil. Elle n'ignorait rien de son désir et, sans chercher à se dérober, elle s'abandonna à la main qui balayait sa peau fine et faisait tanguer ses reins. Elle accueillit en frissonnant l'hommage de ses lèvres et se cambra davantage, s'ouvrant aux caresses les plus profondes..."
          Le lendemain matin, elle s'est levée à six heures et c'est elle qui, beaucoup plus tard, est venue m'apporter le plateau du petit déjeuner.
          - Monsieur a bien dormi ? me dit-elle en s'asseyant au bord du lit.
          - Oui, très bien. Est-ce que les pompiers sont revenus ce matin ?
          - Pas encore. Mais les pêcheurs sont déjà en place.
          Elle m'a donné un léger baiser sur la joue et elle est sortie sans bruit. Après m'être longuement lavé, habillé avec soin, j'ai relu la dernière phrase : " La route sinueuse courait devant lui, vers le pont...". Sans hésitation, j'ai mis le point final.
          À dix heures et demie, après quelques minutes d'attente au téléphone, j'ai enfin réussi à joindre les pompiers. Je leur ai demandé d'abandonner les recherches, désormais inutiles et vaines, de l'improbable noyé.
         
        
    

     

 

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Mercredi 26 mars 2008 3 26 /03 /Mars /2008 16:22

        À la fin des années 70, j'avais envisagé de composer un recueil de portraits de femmes, textes sensuels ou érotiques. Je prévoyais 26 textes, un pour chaque lettre de l'alphabet. Ma source d'inspiration était essentiellement des amies ou connaissances de l'époque. De ce projet, bientôt emporté par d'autres travaux ( entre autres quelques polars alimentaires), il ne subsista que 18 textes sans destination... Certains portraits trouvèrent place dans des nouvelles ou des romans, d'autres demeurèrent à jamais orphelins, comme ce court portrait qui correspondait à la lettre L : Lola. Ce texte a plus de 30 ans maintenant, je vous en laisse juges !
                                        LOLA.
       Lola.jpg " Lola et une lascive fleur orientale, une fleur sans tige, qui n'est que pétales et pistil.
         C'est une fleur rouge, parfois rose ou violacée, couverte de rosée scintillante. Au coeur de la fleur, deux pétales soyeux s'étalent au pied du pistil, deux pétales pourpres, sanguins, qui rappellent les deux lèvres d'une bouche et s'ouvrent parfois comme pour parler.
         Au printemps, le pistil se penche au-dessus de cette bouche, un pistil sans étamines, discret comme une violette, toujours caché sous un large pétale, mais qui, lorsqu'arrive le petit matin de rosée, se dresse fièrement dans la fleur et frissonne de toute sa chair, tel un chef d'orchestre debout sur son estrade.
         Cette fleur orientale ne fane jamais. Toutefois, il lui arrive de se refermer pendant quelque temps, à la manière du tournesol quand vient la nuit. C'est une fleur de lotus. Elle s'épanouit sur une épaisse mousse de jais  qui semble un bosquet au bord d'une vaste plaine et se perd dans un vallon où coulent les ruisseaux.
          Lola est avant tout une fleur de lotus, même si elle est aussi une cascade de cheveux d'obsidienne, une bouche et un regard. Lola est surtout cette fleur aquatique, éclatante de couleur et d'odeurs, largement épanouie entre ses cuisses.
          Comme toutes les fleurs, Lola ne tient pas de discours, cependant elle a tout un langage fait de soupirs, d'odeurs et d'ombres. Le lotus se balance doucement au rythme des ondes lascives qui viennent caresser les berges de son ventre.
          Lola est comme un étang couvert de feuilles de nénuphars où palpite, en son centre, la fleur de lotus... Et dans ses eaux troubles, passent les salamandres sinueuses. Sur le rivage, froissant les roseaux, rampe le triton royal qui, tel un dragon, dresse sa crête de nacre et dont l'haleine de feu dissipe les voiles de brume flottant au-dessus des eaux calmes de l'étang. Lola entrevoit sa tête violacée, fendue de sa gueule luisante, édentée comme celle d'un nourrisson où perle déjà une goutte de venin translucide. C'est un grand triton royal, majestueux, massif... Et la fleur de lotus s'ouvre lentement. Lola aime les grands tritons visqueux, elle aime les sentir ramper sur sa peau de nénuphars, s'approcher avec douceur de sa fleur de lotus... Alors, les pétales s'écartent au passage du corps brûlant du triton qui se glisse dans les entrailles de la fleur, caresse le pistil de sa crête nacrée... Et une tempête mugissante se lève sur l'étang tandis que la gueule du triton crache son venin poisseux, que la mousse déborde de rosée et que le ruisseau dévale dans la vallon ouvert sur le ciel...
         Ainsi Lola rêve souvent du grand triton. Pourtant, elle n'est qu'une femme et les grands poissons argentés ne sillonnent pas l'océan de sa solitude. Lola est allongée sur le lit d'algues de son aquarium désert. Lola pourrait aussi rêver qu'elle est une sirène, ou un poisson rouge, mais elle n'est qu'une femme. Lola est allongée sur son lit, dans sa chambre avec, accroché au mur, dans un cadre, une fleur de lotus. Lola est grande, longue comme la longue tige d'un roseau planté au bord d'un étang.
         Il est six heures du soir.
         Lola habite très haut, dans les mansardes d'un immeuble, sous le soleil. Sept ans après, dans la rue, l'homme l'a reconnue, et  Lola sait que ses longs cheveux noirs n'y sont pour rien, pas plus que son regard. Non, il a reconnu le sexe-lotus qu'elle porte en haut des cuisses comme une offrande. Dans les toilettes publiques, il a relevé sa jupe.
         - Oui, c'est bien toi, j'en étais sûr ! Comment vas-tu ? a-t-il demandé après un rapide regard.
         Elle l'a dévisagé intensément, vaguement inquiète.
        - Voyons, tu ne vas pas me dire que tu ne te souviens pas ! Allons, donne-moi ta main ! ...Alors, ça te revient ?
       Lola a timidement saisi le gros penis et, du plat du pouce, caressé la couronne du gland. Puis prenant à pleine paume les lourdes couilles, elle a souri.
         - Tu vois, lui a-t-il dit, je n'ai pas changé. Toi, non plus d'ailleurs. On devrait se revoir... Jeudi ? D'accord. Après le boulot. 26 rue de la Libération, au sixième ? J'y serai...
          Lola est allongée sur son lit, dans sa chambre, face au miroir. Elle n'est que ce grand sexe au creux de son ventre. Un sexe dont la toison prend naissance sous le nombril, noie dans sa nuit profonde le large sillon de ses fesses puis étend ses flammes noires jusque sur la peau veloutée de ses cuisses ouvertes. C'est une large fente aux replis de chair tourmentée, deux grandes lèvres charnues, palpitantes de sang velouté, et le clitoris se dresse puissamment entre les pétales roses.
       Des pas résonnent dans l'escalier ; les deux lèvres sécartent maintenant et la bouche béante de son sexe-lotus bave de désir.
       Lola ne pense plus, son ventre parle.
       On frappe à la porte. Lola va ouvrir. Il est là ! Il se dresse dans toute sa splendeur, ruisselant d'eau boueuse, gluant, le Grand Triton Royal."   

L'image qui illustre ce texte est parue, dans les années 80 je pense, dans un magazine qui s'appelait Club International. J'ignore  totalement le nom de son auteur.
            

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