inédits

Mardi 8 septembre 2009 2 08 /09 /Sep /2009 17:01

Baiser dans l’escalier

 

Sous-sol, niveau -2. 23 h 17

- Bordel de merde, l’ascenseur est en panne ! Putain, c’est pas vrai, va falloir prendre l’escalier de service !

Julia passe devant. Je la suis, à quatre marches derrière, question de courtoisie. J’ai son petit postérieur adoré qui se balance à hauteur de mes yeux. J’aime son déhanché, surtout quand elle est un peu fatiguée, comme ce soir. Elle ne se contrôle plus vraiment, il y a de l’abandon dans ses gestes. Sa main droite s’appuie à la main courante, de l’autre elle se touche la fesse gauche comme pour s’encourager à gravir l’escalier en spirale. Je la laisse prendre un peu d’avance. Maintenant, ce sont ses jambes que j’ai en ligne de mire, ses mollets qui se frôlent avec des reflets de nylon noir. Quinze deniers : le prix de notre amour ? L’escalier de ciment brut s’enroule tristement. On n’entend que le bruit de nos pas qui résonnent sur les murs gris, dans la lumière sans fard de la minuterie.


Rez-de-chaussée. 23 h 22. Première halte.

La cage d’escalier est moins sinistre. Une porte à hublot donne sur le hall d’entrée inondé de lumière. C’est là qu’on s’arrête, à regarder à travers la vitre les plantes vertes que le gardien de l’immeuble bichonne tous les jours. Nous sommes déjà moins contrariés par la panne de l’ascenseur, surtout depuis que nous avons échangé un premier baiser sur les dernières marches. Les lèvres de Julia sont tendres, presque molles. La minuterie s’est éteinte et nous sommes restés immobiles, bouche à bouche, debout dans l’obscurité. Julia se presse contre moi. Comme elle se tient sur la marche au-dessus de la mienne, nos visages, nos ventres se retrouvent exactement au même niveau et on voudrait que ça dure éternellement.

- On monte ? soupire Julia en s’écartant pour poser son index sur le bouton de la minuterie.


Entresol. 23 h 40.

Nous ne sommes pas allés bien haut, pas plus d’une trentaine de marches maintenant recouvertes de linoléum. Les murs sont peints de couleur claire et la main courante a cédé la place à une rampe de bois. Julia est toujours devant. Elle semble de nouveau pleine d’entrain. L’ourlet de sa courte jupe qui se balance accompagne avec volupté les mouvements du compas de ses jambes. Je bande. Elle s’arrête sur le palier de l’entresol, là où loge le gardien avec toute sa famille. L’index sur les lèvres, Julia m’impose le silence. Avec élégance, elle relève sa jupe et me montre sa petite culotte blanche. Elle rit.

- Attrape-moi si tu peux !

La lumière de la minuterie s’éteint sans préavis. Je me retrouve dans le noir. J’entends la cavalcade de ses pas qui s’enfuient vers les étages.


Plus haut dans les étages. 23 h 56

Je l’ai perdue de vue. Les portes des étages défilent. Je suis déjà arrivé au huitième, toujours pas de Julia. Et si elle n’était plus dans l’escalier ? Je la retrouve enfin, assise sur le palier entre le neuvième et le dixième. Elle a les pieds sur la dernière marche, les cuisses très écartées. Elle a ôté sa culotte si bien que, en contrebas, je profite d’une superbe perspective en contre-plongée sur sa chatte offerte. Les mains posées en arrière, très cambrée, Julia me regarde en souriant.


- T’as eu peur, pas vrai ? Allez, monte !

Je gravis la volée de marches à quatre pattes, comme un chien de chasse, la truffe aux aguets. Mon visage se glisse de lui-même sous sa jupe, dans l’entonnoir de ses cuisses, jusqu’à ce que nos lèvres se rejoignent. Elle sent bon. Alors, on baise tranquillement dans l’escalier. Avec les marches, nos sexes s’ajustent à la perfection. On joue, on jouit.

Sur l’avant-dernière contremarche, à portée de regard, je découvre un petit graffiti tracé au feutre noir. Le dessin représente une jeune femme en train de se faire prendre en levrette par un mec dont on ne voit que le tronc et sa grosse queue qui disparaît à moitié entre les fesses de la fille. À côté, on a ajouté en majuscules cette légende : « JULIA M’A SUCER ».

 

© Michel Koppera, août 2009

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 1 septembre 2009 2 01 /09 /Sep /2009 07:51

Baiser à l’étranger

 

À l’étranger, on ne baise pas comme dans son pays natal. L’exotisme commence dès la frontière, quand on se sent envahi d’un étrange sentiment où se mêlent appréhension et excitation.

Rien que l’uniforme des douaniers donne le frisson. Rachel prend les premières photos. Au bord de la route, les paysages sont grandioses. Difficile de croire qu’on vient de l’autre versant de la montagne, tout semble si différent, comme les plaques minéralogiques des voitures indigènes, les panneaux indicateurs aux carrefours, les stations de l’autoradio qui passent des chansons inconnues. On fredonne des mélodies d’amour dont on ne comprend pas un traître mot, et les jambes de Rachel m’apparaissent soudain plus fuselées, plus douces au toucher, ses seins qui pointent sous sa robe encore plus fermes.

À l’étranger, la nourriture est forcément aphrodisiaque. Je ne parle pas seulement du bois bandé, du ginseng ou de l’harissa, mais aussi de l’aquavit, des bières locales et de tous ces plats dont le nom est déjà un voyage. À l’étranger, on se permet de manger avec les doigts, on mélange hardiment le salé et le sucré. Chaque épice réveille un sens en sommeil, nous révèle la sensualité oubliée de chaque parcelle de notre corps et particulièrement de notre appareil digestif. Le piment met le feu aux sexes et aux rectums. En pays lointain, les feuilles de rose ont un arrière-goût de tapas pimentés et avouez qu’il n’y a rien de plus appétissant comme mise en bouche.

À l’étranger, il n’y a pas que les saveurs qui sont exotiques, mais aussi les sons et les odeurs. Les langues autochtones sont pleines d’accents qui titillent la libido ; on s’essaie au tilde, à l’Umlaut, aux diphtongues gutturales qui accompagnent la montée vers l’orgasme. Dans l’air, flottent des odeurs venues d’ailleurs. À l’étranger, des fleurs pourtant familières exhalent des parfums qu’on ne le leur connaissait pas, les crépuscules embaument et, par les fenêtres ouvertes, les senteurs de la nuit se posent sur nos peaux nues. 

À l’étranger, la population est forcément typée. Que les peaux soient claires ou sombres, les cheveux blonds ou crépus, c’est toujours dans l’extrême. On fantasme et on imagine tout le reste. Sous leurs amples vêtements, les hommes cachent sans doute de splendides attributs : musculatures huilées, torses velus, couilles grosses comme des prunes, bites chevalines ; quant aux femmes, elles sont en perpétuelle chaleur, avec des seins de bimbo, des clitoris hypertrophiés et de profonds vagins huileux. Mais tout cela, ils ne le montrent pas, alors on croise leur regard et on se dit qu’on aimerait bien les épouser, mais ça ne dure que le temps d’un malentendu.

On traverse des villes en fête où des foules bigarrées et bruyantes se livrent à des danses rituelles d’un autre âge dont les déhanchements lascifs exacerbent l’érotisme sauvage. On y lâche des taureaux furieux, on y transporte en procession de gigantesques statues, on y regarde défiler des fanfares bariolées, on y applaudit des créatures improbables comme des dragons, des sirènes callipyges, des satyres cornus… La foule compacte se presse, s’oppresse, les culs se frottent, les ventres s’encastrent, les cuisses s’entremêlent… Dans le feu de la fête, Rachel se laisse caresser les fesses, je touche et retouche celles d’une belle étrangère. Tout s’achève fort tard dans la nuit par un immense brasier où se consument les idoles de bois et de carton. La foule hurle son ivresse. On se sent d’humeur amoureuse.

À l’étranger, sur les télés des chambres d’hôtel, on regarde des émissions animées par des présentateurs bavards, des téléfilms avec des acteurs parfaitement inconnus, des tunnels de pubs sans fin, des films X sans codage… Alors, avec Rachel, on se branle sur le grand lit défait. Sa peau brune sent bon le savon de là-bas et on se fait des déclarations d’amour : Ich liebe Dich, volim te, I love you, ik kou van jou, ti amo, anoa tiako, seni seviyorum, te iusbec, te quiero…

© Michel Koppera, août 2009


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Dimanche 23 août 2009 7 23 /08 /Août /2009 17:11

Coucou, me revoilà !

Baiser dans l’eau

 

J’ai baisé dans les eaux limpides d’un lagon, près d’une île de l’Océan Indien. C’était la saison des pluies et on suait à grosses gouttes dans l’eau. Quelques mètres au-dessous de nous, on voyait distinctement les tables de corail et leurs milliers de polypes en érection prêts à éjaculer sperme et ovocytes pour le grand orgasme annuel. Un calamar aux tons changeants me palpait les couilles d’un tentacule curieux et un banc de petits poissons aux écailles noires et jaunes nous tournait autour dans l’attente du menu fretin de mon sperme filandreux.

J’ai baisé dans les pédiluves d’une piscine municipale. On se vautrait dans dix centimètres d’eau froide, aspergés par deux douchettes plutôt stimulantes, surtout quand elles touchaient certains replis inaccessibles aux doigts les plus fins ou aux langues les plus souples. Ma partenaire ressemblait à s’y méprendre à un modèle d’Ingres : elle en avait le visage faussement puéril, le cou goitreux, la peau laiteuse et le pubis glabre. En réalité c’était une sacrée vicieuse qui savait à peine nager alors qu’elle était l’épouse légitime du maître-nageur qui surveillait le grand bassin.

J’ai baisé dans une des fontaines du monument aux Girondins, sur la place des Quinconces à Bordeaux. C’était par une nuit électrique de juillet. À genoux dans le bassin, ma compagne avait le buste dans la gueule d’airain d’un monstre marin. Pour un peu, on aurait dit qu’il allait l’avaler toute crue pendant son ultime jouissance. Alors, accroché à ses hanches pâles, je besognais ardemment sa croupe digne d’une nymphe de Courbet.

J’ai baisé dans les flots gris d’un torrent de montagne. Malgré le soleil d’été, l’eau était glaciale. J’en avais la bite bleutée, elle en avait le clitoris aussi dur qu’un grain de riz cru.

J’ai baisé dans un bassin d’eau limpide au pied d’une cascade. C’était sur l’île de la Réunion. Le soleil vertical faisait naître dans les embruns de petits arcs-en-ciel éphémères qui se déposaient en chuintant sur les peaux métisses des baigneurs. Assis sur la grève sablonneuse du bassin, des enfants nous regardaient en mâchouillant des bûchettes de canne à sucre fraîchement coupée.

J’ai baisé dans la piscine privée de Maria et Bernard, un couple mélangiste rencontré sur Internet. J’ai sucé en apnée la belle bite courbe de Bernard pendant que, pendue à la petite échelle d’acier inoxydable, Maria se faisait lécher son cul très poilu par la langue frétillante d’Irène. Nous étions quatre dauphins en rut, se jouant de la pesanteur au milieu des préservatifs usagés qui flottaient entre deux eaux bleues comme des méduses.

J’ai baisé dans les eaux marron d’une crique guyanaise, sous les épaisses frondaisons de la forêt. Un rayon de soleil déchirait la canopée et découpait une tache de lumière à la surface mystérieuse de la rivière immobile. Nos corps se mêlaient dans les ténèbres aquatiques et nous devinions l’invisible présence d’une multitude de poissons étranges et, peut-être même, d’un jeune anaconda qui nous enlaçait les cuisses et dardait sa langue fourchue sur le gros clitoris de Saskia.

J’ai baisé dans une grande baignoire qui débordait de mousse, comme si je baisais avec la Mère Noël, ce qui tombait mal car elle se prénommait Pascale.

J’ai baisé dans le lac d’un cratère de volcan en sommeil. L’eau sentait le soufre tout comme nos sexes enflammés. Des profondeurs du lac montaient de brèves vibrations sismiques qui nous traversaient le corps, des pieds à la tête, et soulevaient au plus secret de son vagin des ondes voluptueuses. Elle jouissait en modulation de fréquence tout en aspirant mon sperme tellurique.

J’ai baisé dans le détroit des Dardanelles, à l’embouchure de la mer de Marmara. Nous nous tournions alternativement vers l’Europe et l’Asie, comme hésitants entre les deux continents, entre chrétienté et islam, entre chatte et cul, entre missionnaire et levrette…

J’ai baisé dans les eaux salées du lac Rose près de Dakar. Sans un mouvement, nous étions comme suspendus dans l’eau. Des cristaux salins scintillaient sur ses tétons nus. Non loin de nous, en plein soleil, des hommes et des femmes raclaient le fond du lac pour lui arracher sa croûte de sel brut.

Nous avons baisé dans l’estuaire de la Loire, nos regards tournés vers le Nouveau Monde.

 

© Michel Koppera, août 2009 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 7 août 2009 5 07 /08 /Août /2009 11:42

Baiser dans une bibliothèque

 

Mon amie Gabrielle est dans tous ses états : à trente-six ans, elle vit son premier grand amour. Pas avec moi, je la connais trop pour me compromettre avec elle, mais avec un jeune lecteur de Diderot.

- Vous vous voyez souvent ?

- Tous les jours, sauf le week-end et le mardi.

- Il est médecin de garde ?

- Non, il est marié et tu sais bien que la médiathèque est fermée le mardi.

- Tu ne vas pas me dire qu’il vient te retrouver là-bas !

Gabrielle baisse les yeux, le rouge lui monte aux joues.

- Si…

- Et où en êtes-vous ?

- À la fin.

- Déjà ?

- Je veux dire aux derniers chapitres de la Religieuse, lorsque Suzanne s’enfuit du couvent.

Gabrielle est tout émoustillée et brûle du désir de me conter son aventure.

« Tout a commencé lundi dernier. J’étais de service à l’accueil, chargée des nouvelles inscriptions. Un homme se présente. Quelques minutes plus tard, je savais tout de lui, son identité, sa date de naissance, son adresse, son numéro de téléphone. Il s’appelle Rodolphe, comme l’amant d’Emma Bovary. Je l’ai accompagné du regard quand il s’est dirigé vers la grande bibliothèque. Trois heures plus tard, il n’était pas ressorti. Tu me connais, curieuse comme je suis, je suis allée à sa recherche. J’ai bien cru qu’il s’était volatilisé, mais j’ai fini par le retrouver, assis à même le sol dans une allée du département philosophie, comme un gamin qui feuillette une BD à la FNAC. Il lisait. «  Sœur Sainte-Augustine, mais tu es folle d’être honteuse, laisse tomber ce linge : je suis femme, et ta supérieure. Oh ! la belle gorge ! Qu’elle est ferme ! » Sa voix était douce, chaude, douloureusement grave. C’était l’heure de la fermeture. En partant, il m’a dit peut-être à mercredi. Je ne te raconte pas mon mardi, une horreur ! Mercredi matin, je me suis réveillée prête à tout. Et ce salaud qui ne venait pas ! Pourtant, j’avais mis une jupe – ça n’a échappé à personne. Au fil de la matinée, je me suis décomposée. Rodolphe n’est arrivé qu’à seize heures, sans un mot d’excuse. Tu n’imagines pas dans quel état j’étais : une vraie loque ! Je l’ai retrouvé dans la même allée des philosophes du dix-huitième siècle, assis au même endroit, en train de lire le même livre. Je me suis assise en face de lui : s’il relevait la tête il ne pouvait rater ni mes jambes nues, ni ma culotte pervenche tout au fond entre mes cuisses entrouvertes. « Le premier soir, j’eus la visite de la supérieure ; elle vint à mon déshabiller. Ce fut elle qui m’ôta mon voile et ma guimpe, et qui me coiffa de nuit ; ce fut elle qui me déshabilla. Elle me fit cent propos doux, et me fit mille caresses qui m’embarrassaient un peu, je ne sais pas pourquoi, car je n’y entendais rien. »Adossée aux œuvres complètes de Voltaire, mes cuisses s’écartaient d’elles-mêmes, comme soumises aux mots. Son regard s’est posé rapidement sur mon ventre et il a refermé brutalement le livre. On reprendrait le lendemain.

Quand je suis arrivée jeudi matin, il était là, devant la porte à attendre l’ouverture. J’avais remis la même jupe que la veille, mais – non, ne te moque pas – sans culotte. De toute façon, elle n’avait plus aucun sens, j’étais déjà dégoulinante de désir. Je l’ai regardé pour la première fois : il n’est pas grand, ni spécialement beau. La cinquantaine, quelques cheveux blancs, des ongles impeccables, une main presque féminine et une voix d’hypnotiseur de foire. Je l’ai suivi au siècle des lumières. Dans un sac, il avait apporté deux petits coussins de velours cramoisi : un pour mes genoux, l’autre pour ses fesses. Il m’a fait mettre en prière et a repris sa lecture. « La main qu’elle avait posée sur mon genou se promenait sur tous mes vêtements, depuis l’extrémité de mes pieds jusqu’à ma ceinture, me pressant tantôt dans un endroit, tantôt en un autre… » Alors que sa main gauche tenait le livre ouvert comme un missel, sa main droite courait sous ma jupe, me caressait les cuisses, m’ébouriffait la touffe, m’agaçait le clitoris et me fouillait la chatte. En jouissant, je lui ai inondé les doigts qu’il s’est essuyés sur le dos d’une édition originale du Système de la Nature du Baron d’Holbach.

- Tu n’avais pas peur qu’on vous surprenne ?

- Non, plus personne ne s’intéresse à la littérature du dix-huitième. Ce sont des vieux livres, avec des reliures en cuir et des f à la place des s… Il n’en faut pas plus pour décourager le lecteur. Mais laisse-moi terminer. Vendredi, on s’est carrément aménagé une sorte de niche dans la Grande Encyclopédie en cinquante volumes, au plus profond de la bibliothèque. Nos murs étaient de cuir, notre ciel de poussière. Il m’a ouvert le livre à la page qu’il avait cornée et j’ai lu : « Jamais vous n’avez pensé à promener vos mains sur cette gorge, sur ces cuisses, sur ce ventre, sur ces chairs si fermes, si douces et si blanches ? » Trois fois j’ai chuchoté cette phrase, trois fois il l’a répétée après moi, de sa voix brûlante. Et pendant que je lisais, il avait la tête sous ma jupe, caressait mes seins et mes fesses nues, me léchait le ventre. Trois fois j’ai joui dans sa bouche.

- Si je comprends bien, vous n’avez pas baisé ?

- Pas encore. Mais dès demain, on s’attaque à la Philosophie dans le Boudoir de Sade. Tu crois qu’il est plus prudent que j’apporte du lubrifiant ?

 

© Michel Koppera, juillet 2009



Le blog va entrer dans une courte période de sommeil de deux semaines, le temps de prendre quelques vacances. En attendant, vous avez près de 340 articles à feuilleter, ainsi que des albums de photos et dessins ... à bientôt. Je vous retouve dans 15 jours avec toujours plus d'érotisme
Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 1 août 2009 6 01 /08 /Août /2009 14:43

Baiser sous le préau de l’école primaire

 

Assise à son bureau, Clémence relit pour la énième fois son arrêté de nomination pour la rentrée de septembre. Elle a sa moue des mauvais jours, une petite mine presque pâle sous le hâle de sa peau brune.

- Tu te rends compte ! C’est à plus de trente kilomètres ! Et ce bled, c’est un vrai trou : une classe unique, je croyais que ça n’existait plus qu’au cinéma ! Mais dis quelque chose !

- Faut pas dramatiser, ça peut être sympa… Et puis, t’en profiteras pour nous rapporter des produits de la ferme… On mangera bio, ça nous changera.

- Arrête, c’est pas drôle. En plus, il faut que j’y aille demain…

- Si tu veux, je t’accompagne.

Elle esquisse un misérable sourire qui la rend encore plus belle.

Contrairement à ce que Clémence redoutait, l’école est bien équipée : une salle de classe spacieuse et claire, du matériel informatique récent, du mobilier fonctionnel… Le vieil instituteur qui part à la retraite la rassure : les enfants sont gentils, presque dociles. Il lui donne des conseils un peu paternalistes et quelques trucs à savoir. Clémence a retrouvé le sourire.

Il n’y a que la cour de récréation qui semble avoir échappé à la marche du temps. On se croirait dans l’entre deux guerres. C’est un carré de bitume fermé par de hauts mur chaulés. Au centre, un gigantesque platane au tronc galeux impose sa fraîcheur sombre jusque sur les pupitres proches des fenêtres. Un profond préau au sol cimenté s’ouvre en grand vers le soleil couchant. Tout au fond, derrière la table de ping-pong, des banquettes de bois sont fixées au mur. Sur le sol, on voit encore les vestiges d’une marelle ancestrale. Combien de pieds de gamines en route vers le ciel se sont posés sur ces cases tracées à la craie ? Clémence imagine déjà les fillettes jouant à la corde à sauter, à l’élastique ou à chat perché avec les banquettes comme refuge. Elle entend leurs rires et leurs cris de fausse frayeur. Dans l’angle le plus obscur, le plus secret, il y a une rangée de portemanteaux où est encore accroché un cartable, propriété d’après l’étiquette d’un certain Jonathan, élève de CM2.

- On joue ?

- À quoi ?

- À l’école, bien sûr ! Je serais la maîtresse, et toi tu serais l’élève. Allons, assieds-toi à ta place, mon petit Jonathan, on va faire ensemble les dernières révisions avant ton entrée en sixième au collège.

Assise sur la table de ping-pong, elle s’essaie au petit air sévère et à la voix autoritaire.

- Prends ton cahier, on commence par l’écriture. Aujourd’hui, on va revoir la lettre Q. Fais-moi une ligne de q minuscules et quelques Q majuscules. Attention, on n’oublie pas le petit zizi du Q majuscule… Voyons, Jonathan, donne-moi un mot qui commence par la lettre Q ! Queue ? Très bien ! Maintenant, une phrase avec le mot queue. Pouvez-vous me sucer la queue ? On verra ça à la récréation.

Passons aux mathématiques. Les nombres pairs et impairs. Quelles sont les choses qui vont par paire ? Les mains, les seins, les yeux… Et encore ? Les fesses et les couilles. Parfait. Et combien j’ai de poils au cul ? 127, maîtresse, je les ai recomptés hier soir. C’est un nombre pair ou impair ? Euh… je ne sais plus. Il faudra reprendre cette leçon.

On continue avec de la géométrie. Qu’est-ce qu’un triangle équilatéral ? Un triangle qui a ses trois côtés égaux, comme votre petite culotte blanche en dentelle, madame. Et la médiatrice ? C’est la fente de votre chatte que je vois à travers votre culotte et qui me fait bander. Voyons, Jonathan, un peu de respect, sinon je me verrai dans l’obligation de te donner une punition.

Revenons au français. Grammaire ! Je sais que tu n’aimes pas beaucoup, mais c’est important. Dans la phrase « Le jeune homme sort sa bite et soupèse ses couilles », quels sont les compléments d’objet directs ? Sa bite et ses couilles ? Parfait, tu vois que ce n’est pas si difficile ! Maintenant, à toi de composer une phrase avec des COD. La maîtresse montre sa chatte et se caresse le clitoris. Bien, mais souviens-toi qu’il ne faut pas confondre avec l’attribut du sujet comme dans la phrase « La bite du monsieur est dure et la con de la dame est tout mouillé ». On fera des exercices tout à l’heure.

On va terminer par l’histoire-géographie. Histoire d’abord : Pourquoi appelait-on Henri IV le Vert Galant ? Parce qu’il bandait tout le temps et qu’il croyait que sa bite était un os. Très bien, je vois que tu as bien écouté pendant  le cours. Géographie : Quel est le climat de la zone équatoriale ? Chaud et humide toute l’année, avec une végétation luxuriante, tout comme votre cul, maîtresse…

Clémence donne le signal de la fin du cours en tapant trois fois dans ses mains.

- Allez les enfants, vous pouvez sortir, dans le calme s’il vous plaît ! Non, pas toi, mon petit Jonathan. Tu es puni. Viens près de moi, mets-toi à genoux et révise ta géométrie car, comme tu peux le constater, le triangle de ma culotte n’est pas équilatéral, mais isocèle. Ensuite, tu me lécheras la médiatrice pendant que je mesurerai tes attributs, et pour finir on recomptera ensemble les poils de mon cul.

 

© Michel Koppera, juillet 2009  

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Dimanche 26 juillet 2009 7 26 /07 /Juil /2009 08:20

Baiser à la cave

 

Il y a des gens qui confondent encore sous-sol et cave alors que ces deux espaces n’ont en commun que de se situer sous la maison. Le sous-sol est un non-lieu, une utopie sans fonction bien définie. On y trouve en effet aussi bien les vélos, la machine à laver et un congélateur que des bidons d’huile de vidange, des étagères surchargées de vieilles chaussures et des caisses d’objets déglingués en instance de départ pour la déchetterie. Le sous-sol est gris, du sol cimenté au plafond de parpaings. Le sous-sol n’a pas d’âme, on ne fait que le traverser. Ce n’est qu’un grenier de bas étage, avec la nostalgie en moins.

La cave, c’est autre chose. Tout d’abord, la cave a une porte, une vraie porte avec une serrure à grosse clef. La cave ne reçoit jamais la lumière du jour, si ce n’est par un soupirail très étroit et poussiéreux. Dans la cave, été comme hiver, température et humidité sont constantes : 12 degrés Celsius et taux d’hygrométrie de 65%. C’est qu’on y entrepose les vins, les confitures faites maison et les bocaux de conserves stérilisées comme les pâtés de lapin ou les filets de maquereaux au vin blanc. Il y en a même qui y mettent à vieillir des boîtes de sardines millésimées…

Telle est la cave de notre ami Bastien où je n’ai eu qu’une seule fois le privilège de pénétrer. C’est arrivé par une chaude fin d’après-midi d’été. Bastien nous avait, Isabelle et moi, conviés à dîner. Nous n’étions pas les seuls invités et Bastien se démenait dans la cuisine à préparer ses brochettes pour le grand barbecue nocturne.

- Michel, je peux te demander un service ? Tu peux descendre à la cave et me remonter trois bouteilles de Brouilly ? Tu trouveras facilement, les casiers sont étiquetés.

Il m’a tendu une grosse clef à l’ancienne, polie par l’usage et douce au toucher. Isabelle m’a emboîté le pas dans les vingt-trois marches de l’escalier abrupt qui plongeait sous la maison.

- Si ça se trouve, ce n’est pas une cave mais une grotte, a chuchoté Isabelle. Une grotte préhistorique avec des peintures rupestres et des stalagmites, ou alors une crypte avec des ossements humains…

Un frisson de mystère mais surtout de froid s’est posé sur nos épaules. Elle ne portait qu’une petite robe mauve sans manches, légère comme une brume, et des sandales.

La cave ressemblait à une carte postale : une vaste pièce à la voûte basse, un rustique pavage de tomettes, des alignements de casiers à bouteilles plus ou moins garnis, au centre faisant office de table, une barrique debout où étaient posés une bouteille déjà entamée, trois verres à pied et un bougeoir. Isabelle a lu l’étiquette.

- Du Clinton ! Connais pas, ça te dit quelque chose ?

- Oui, je crois que c’est un vin interdit, parce qu’il est trop alcoolisé ou qu’il contient de l’éther,  je ne sais plus.

- On y goûte ?

Effectivement, c’était plutôt corsé, mais aussi très fruité, avec la saveur si particulière des vins californiens. De petites étincelles ont scintillé dans les yeux d’Isabelle.

- Si c’est du Clinton, alors je veux bien être Monica Lewinski…

Elle en avait la chair de poule, la bouche fraîche et parfumée et surtout le cul chaud bouillant. On a éteint l’éclairage électrique et baisé à la bougie, dans le frais silence du ventre de la terre. Le verre de Clinton à la main, sans culotte, la robe retroussée haut sur les hanches, Isabelle a promené son fessier généreux et conjugal tout en déchiffrant à haute voix les étiquettes des casiers à bouteilles. Sa voix chaleureuse résonnait sous la voûte et, sur ses lèvres, chaque nom chantait comme une déclaration d’amour : Château Beauregard, Domaine des Ardents, Clos de la Gravière, Coteaux des Buissons… Tout au fond, dans une encoignure, un antique escabeau de bois nous tendait ses trois marches. C’est là que je l’ai rejointe, la bite en garde, un peu ivre de désir.

Je ne suis pas expert en œnologie, mais ce jour-là, le cul d’Isabelle était sans conteste digne d’un grand crû classé de Sauternes : long en bouche, riche en saveurs épicées, avec de la cuisse et une élégante robe pleine de promesses. Assise sur la plus haute marche de l’escabeau, les jambes grandes ouvertes, Isabelle s’est donnée à boire, à siroter jusqu’à la dernière goutte, jusqu’à la lie d’un premier orgasme sirupeux. Sans attendre, nous nous sommes versé un autre verre de Clinton et avons de nouveau gravi les trois marches de l’escabeau de bois, comme étourdis d’amour…

Lorsque Bastien a ouvert le Brouilly, il a été un peu déçu : on avait manipulé les bouteilles sans précaution et troublé le vin. À ce jour, Bastien ne m’a plus jamais confié la clef de sa cave.

 

© Michel Koppera, juillet 2009
Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 20 juillet 2009 1 20 /07 /Juil /2009 13:48

Baiser dans la Station Spatiale Internationale

 

Je m’appelle Serguei Abramovitch Ivanov. J’ai 43 ans et je suis spécialiste en biologie moléculaire, diplômé de l’Académie des Sciences de Saint-Petersbourg. C’est à ce titre que j’ai été retenu pour participer à un séjour de huit mois dans l’ISS. Ma mission, essentiellement scientifique, consiste en une série d’expériences et observations sur le développement de cellules souches en apesanteur. Mes deux compagnons de voyage – j’aurais pu aussi bien dire de cellule - sont le colonel Dimitri Karpov, expert en balistique, et Stenka Glinski, un informaticien que je soupçonne d’être surtout agent du FSB (ex KGB).

À 360 km d’altitude, les journées sont longues, même si on assiste à plusieurs aurores quotidiennes. En dehors de la lecture et des parties d’échecs avec Stenka qui ne se défend pas mal, les loisirs sont des plus sommaires. Je passe la plupart de mon temps seul dans le laboratoire Destiny, à l’avant de l’ISS, les yeux rivés sur le microscope à balayage électronique. Je ne regagne Zvezda, le module d’habitation, que pour manger, dormir et pour les liaisons satellite hebdomadaires avec ma famille. Durant les deux premiers mois, j’ai encore connu quelques érections au réveil, mais ensuite, je suis entré dans une sorte de période de latence quasi sénile où le plaisir n’avait plus rien de physique. Je n’éprouvais même pas de désir pour le petit cul nerveux du colonel.

Au bout de six mois, nous avons reçu, pendant dix jours, la visite d’un équipage américain arrivé par la navette Atlantis. C’était prévu. Ce qui l’était moins, c’était la présence dans le groupe de Jane Ottis, une biologiste que je connaissais pour l’avoir rencontrée à Berlin lors d’une conférence internationale sur la bioéthique. Née dans le Missouri, Jane Ottis a 46 ans. C’est une métisse, bien charpentée, mais sans charme particulier. Son arrivée à bord de l’ISS a néanmoins mis mes collègues russes en émoi. Le colonel et Stenka Glinski ont rivalisé de politesses et de galanterie. Cependant, malgré tous leurs efforts, c’était avec moi que Jane, mission oblige, avait les plus fréquents contacts. Chaque jour, nous passions quelques heures ensemble dans le labo, à échanger nos impressions sur l’état de nos recherches et à préparer de nouvelles expériences.

Avant de pénétrer dans le laboratoire, il faut passer par un sas de stérilisation où l’on se débarrasse de ses vêtements du quotidien pour enfiler une combinaison blanche, conçue comme une salopette de chantier. On se coiffe d’une charlotte et on met un masque. C’est comme ça que j’ai vu que Jane a des épaules musculeuses, un discret tatouage au-dessous du nombril et une magnifique paire de fesses. C’est aussi comme ça que je me suis remis à bander, spontanément. Elle n’a pas manqué de le remarquer mais a fait comme si de rien n’était.

Le huitième jour, le dernier de notre travail en équipe dans Destiny, je n’ai pas pu m’en empêcher : dans le sas, je lui ai furtivement caressé la chute de reins.

- Keep quiet, Serguei ! a-t-elle dit sans réelle conviction.

Mais c’était trop tard, j’avais une érection définitive. Dans l’intimité confinée du labo, on a oublié nos combinaisons et toutes les règles de sécurité. Intégralement nus, nos corps en apesanteur appelaient à d’improbables positions d’accouplement. Ainsi, je n’oublierai jamais notre soixante-neuf virevoltant lentement dans l’espace. Pourtant lourdes de sperme, mes couilles flottaient en toute liberté, tout comme les seins de Jane que je pétrissais d’une main légère. La bouche ventousée à son ventre, j’aspirais goulûment sa mouillure, comme assoiffé de son sexe aux épaisses lèvres cannelle.

Baiser ressembla à une valse aérienne, avec figures libres. Chaque coup de reins, chaque ondulation du bassin impulsait une nouvelle circonvolution à nos corps enchevêtrés qui basculaient au ralenti, venaient se cogner mollement à la paroi du labo où ils rebondissaient en silence. Jane était très mouillée, du con comme de sa bouche collée à la mienne. Je crois bien qu’elle a joui la première : les contractions de son orgasme ont provoqué une onde lascive qui s’est propagée dans tout le labo. Quelques instants plus tard, j’ai éjaculé d’impressionnantes giclées de sperme accumulé pendant mes six mois d’abstinence. Mon foutre volatile a rempli son vagin, débordé en abondance et s’est dispersé en longs filaments blanchâtres à travers l’habitacle, se déposant au gré des caprices de l’apesanteur sur les claviers d’ordinateur, les écrans et autres instruments de mesure, ou encore flottant comme de petits nuages indécis au-dessus des bacs à expériences…

Tout cela est arrivé il y a maintenant presque deux mois. Dans quelques jours, nous allons quitter l’ISS et céder la place à un autre équipage. Mon successeur dans le labo sera un biologiste canadien dont j’ai oublié le nom. Je ne sais pas encore comment je vais lui expliquer l’étonnante évolution de certaines cultures de cellules souches…

 

© Michel Koppera, juillet 2209


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 16 juillet 2009 4 16 /07 /Juil /2009 04:28

Baiser sous une tente

 

Avant de penser à baiser sous une tente, il faut d’abord la monter. Car je ne vous parle pas ici de ces abris décathloniens monoplaces qui se déploient spontanément à la manière des beignets de crevette dans une friteuse. Ça, c’est pour les randonneurs en montagne ou les SDF en perdition. Non, je vous parle d’une classique canadienne biplace, avec tapis de sol, mâts télescopiques, double toit, haubans et sardines.

On croyait avoir choisi l’emplacement idéal, un peu à l’écart, dans l’ombre d’un pin parasol. Mais, au retour de la plage, on doit se rendre à l’évidence : l’ombre, c’est pour le matin ! Tout l’après-midi, et jusqu’au crépuscule, notre tente est en plein soleil. Quant au calme, il ne faut plus trop y compter. Nous voici désormais coincés entre une caravane familiale –voire tribale – et une autre tente dont les haubans croisent les nôtres. Ses occupants venus du nord de l’Europe ont le verbe et les rires haut perchés.

Le soir venu, on a beau traînasser à la pizzeria, flâner sur la digue du front de mer, nous attarder à la terrasse d’un glacier, arrive le moment où il faut bien se résoudre à aller se coucher. Malgré la nuit, la chaleur dans la tente est encore suffocante. Même complètement à poil, on se croirait habillé d’un justaucorps molletonné. Mais pas question d’aérer : les moustiques sont aux aguets ! Alors, dans l’obscurité moite, le corps en étoile, Marylène ruisselle… De la nuque, des aisselles, de sa chatte épilée façon maillot que je lèche en silence. Obscurité et silence, telle est notre devise. Dans la caravane d’à côté, on regarde la télé à tue-tête. C’est votre dernier mot ? Nos voisins scandinaves en sont eux aussi aux préliminaires et roucoulent sans retenue, si proches qu’on a l’impression qu’ils partagent notre matelas pneumatique.

Loin de freiner nos ardeurs, cette promiscuité les attise. À la faveur des ténèbres, je m’imagine en train d’honorer la chatte de la sculpturale Suédoise que j’appelle Ulrica ; sans doute Marylène se croit-elle léchée par le beau Joran. Une main se faufile entre mes fesses et me masse les couilles. Nos corps se déhanchent, basculent, s’écartèlent, se cambrent de désir. Je suis sucé, caressé, branlé. Je touche des seins, des fesses, j’embrasse un téton grenu, une bouche familière. Une stalactite de sueur filandreuse me perle au bout du gland. À la télé de la caravane, c’est la pause pub ; les gamins en profitent pour réclamer un esquimau. Ulrica et Joran s’enfilent joyeusement, on entend le ressac de leurs sexes qui s’encastrent avec méthode. Nous sommes comme des fœtus quadruplés réunis dans le même ventre maternel, baignant dans la nuit amniotique de la canadienne. Nos corps se mêlent, s’emboutissent, s’emmêlent, s’aiment… Marylène bouscule ses interdits et se laisse aller aux plaisirs adultères et saphiques, prise entre ses deux mâles qui la pénètrent en simultané. Dans la caravane, c’est l’heure du journal télé : les nouvelles du monde ne sont pas bonnes. Nouveau cas de contrôle positif à l’EPO sur le Tour de France. Ulrica jouit une première fois en remuant bruyamment du cul. Marylène n’en a pas fini avec la bite de Joran qu’elle guide habilement entre mes fesses béantes. La bête à huit pattes s’assemble bientôt, sorte d’octopussy visqueux luisant de sueur, de salive et de mouillure, éphémère monstre polymorphe à quatre bouches, gardien des ténèbres lubriques, chimère hermaphrodite rugissante de désir. Ses tentacules s’agitent en tous sens. D’orgasmes repue, la bête agonise, se désarticule en soupirs ; les corps démêlés s’éloignent de nouveau et la bête meurt. Dans un long gémissement d’extase, notre matelas pneumatique se dégonfle et rend l’âme…

On reste quelques instants pantelants et poisseux à écouter le silence de la nuit.

Plus tard, en sortant des douches, on croise nos voisins scandinaves qui nous souhaitent aimablement une bonne nuit. Et quand, après quelques mètres, on se retourne, on les voit qui nous regardent. Ils nous adressent un signe très amical de la main et nous sourient.

 

© Michel Koppera, juillet 2009

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Mercredi 8 juillet 2009 3 08 /07 /Juil /2009 18:35

Baiser dans la salle de bain

 

28 septembre 1930. Marguerite et Joseph rentrent du cinéma où ils sont allés voir Le Mystère de la chambre jaune  de Marcel L’Herbier. Marguerite s’attarde dans le cabinet de toilette contigu à leur chambre. Tout en se refaisant une beauté devant le petit miroir accroché au mur, elle fredonne Parlez-moi d’amour de Lucienne Boyer. Il n’y a pas encore l’eau courante, juste une table en bois avec une cuvette émaillée et un broc d’eau froide. Quand ils auront un peu d’argent de côté, ils s’offriront un tapis pour protéger le parquet et peut-être un tub pour la toilette du dimanche. Elle n’a pas entendu entrer Joseph. Il est derrière elle, tout près. Il a retroussé sa jupe et l’a prise comme ça, courbée devant le petit miroir accroché au mur. Joseph, n’a jamais été un sentimental, mais il n’y a dans ses gestes ni violence, ni quelconque mépris.

1er mai 1952. Simone et André ont défilé derrière la banderole de la CGT. Ils sont rentrés fourbus, poussiéreux comme si on les avait saupoudrés de sucre glace. L’occasion ou jamais d’inaugurer la toute nouvelle salle de bains qu’André vient de bricoler. Il a recouvert le vieux parquet de linoléum, installé un bidet et une douche en plus du lavabo. À califourchon sur le bidet, Simone toute nue chantonne Ma p’tite folie de Line Renaud et se rince délicatement la chatte. André la regarde et il bande. Alors, ils baisent debout sous la douche, dans la brume épaisse de la vapeur d’eau. Le petit chauffe-eau ronronne au butane. Ils se font mousser au savon de Marseille. Simone a la bouche et le vagin sirupeux. André a la bite combative. Ils jouissent ensemble, en militants solidaires. Ce soir, ils iront au cinéma, il paraît qu’on y passe Quo vadis. Ce n’est pas vraiment révolutionnaire, mais peu importe…

16 août 1971. Chantal et Alain sont rentrés complètement défoncés. Ils ont pris un trip d’acide et fumé de l’afghan pour la descente. Alain n’arrête pas de chanter en sourdine Till the morning comes de Neil Young. Chantal s’est fait faire des tresses et parle de partir vivre en communauté sur le plateau du Larzac. Hier soir, au cinéma, ils sont allés voir Max et les ferrailleurs de Caude Sautet et depuis Alain pense sans cesse à Romy Schneider. Dans la salle de bain au sol entièrement recouvert de moquette mauve, Chantal s’est mise à poil. Elle se contemple le visage en trois dimensions devant l’armoire de toilette murale dont le triptyque des miroirs éclairés au néon lui renvoie le triple reflet de sa jeunesse. La baignoire se remplit d’eau chaude et de mousse, l’épaisse moquette est douce sous les pieds. Alain est entré lui aussi. Il a vu l’intégrale nudité de Chantal, ses seins que rien ne retient, sa touffe abondante, sa chevelure tressée. Sur le plateau de la chaîne hifi tourne Stairway to heaven de Led Zeppelin. Ils baisent comme des malades au bord de la baignoire. Il lui lâche tout au fond du vagin : rien à craindre, elle prend la pilule. Après, elle se calme la vulve à l’eau tiède au robinet mitigeur de la douche. 

3 octobre 1990. Laetitia et Anthony écoutent la pluie qui fouette la fenêtre de la salle de bain. Dehors, c’est déjà l’automne. Tout juste sorti de la baignoire, il prend un grand drap de bain 100% coton sur le sèche-serviettes chauffant qu’ils ont fait installer contre le mur. Laetitia est en peignoir. Elle est toute nue là-dessous. La mélodie de Une femme avec une femme du groupe Meccano lui trotte dans la tête. Elle se regarde dans l’immense miroir mural éclairé par une rampe de spots, au-dessus de la vasque d’un blanc immaculé. Pour leur soirée cinéma, ils hésitent : elle aimerait aller voir Les liaisons dangereuses de Stephen Frears, il préférerait Nikita de Luc Besson. Ils se chamaillent un peu, histoire de s’exciter. Alors, en attendant de se mettre d’accord, ils baisent. Elle, assise sur le meuble de la salle de bain, les fesses bien calées entre la vasque et la haute étagère à serviette, le peignoir dénoué sur son intégrale nudité ; lui, debout entre ses cuisses ouvertes, la bite à bonne hauteur, comme si tout avait été calculé pour. La tête penchée, front contre front, ils observent attentivement leurs sexes qui s’emboîtent parfaitement. Ils se connaissent, ils l’ont fait tant de fois. Elle se prend pour Glenn Close, finalement il se verrait bien en Valmont…

31 décembre 2008. Vanessa se prépare dans la salle de bain. Je l’entends qui chante Tess me dit veux-tu m’embrasser, Tess me dit pourquoi me regardes-tu, j’ai une épine dans le cœur*… La nuit vient de tomber. Ce soir on ira faire la fête avec des copains. Tess me dit il est plus tard que tu ne penses… Je sais qu’elle m’attend. Je la trouve debout devant le miroir, en string rose et bas noirs. Je ne vois que ses fesses blanches, délicieusement rondes. Je vais regarder la lune par-dessus ton épaule. Mon dieu, que tu es belle ainsi face à face avec le reflet de ton pubis rebondi, du petit cratère de ton nombril, des aréoles sombres de tes seins laiteux et de ton visage qui me regarde et me sourit gravement… Crois-tu que je m’en sortirais si je te tournais le dos… Oui, ma compagne chérie, laissons couler l’eau de notre baignoire à remous bouillonnants et baisons dans notre salle de bain qui est notre pièce à vivre d’amour et d’eau chaude.

 

* Paroles extraites de la chanson « Tess » de Raphaël, album : je sais que la terre est plate

 

© Michel Koppera, juillet 2009

 

     

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Lundi 29 juin 2009 1 29 /06 /Juin /2009 07:34

Baiser chez des amis

 

Chez mes amis.

Pour l’occasion, Sandra et Bernard ont mis les petits plats dans les grands. On peut dire qu’on est gâtés : langoustines fraîches, carré d’agneau accompagné d’un gratin d’aubergines, sorbet de fruits rouges maison. Ça fait plus d’un an qu’on ne s’était pas revus et, à cette époque, je vivais encore avec Nadège.

Nadège, ils y étaient habitués, ils avaient même fini par croire qu’on ne pourrait pas vivre l’un sans l’autre. Six années, tout de même, ça ne s’efface d’un simple geste de la main sur une poignée de porte ! Et pourtant… Exit Nadège, histoire terminée, classée et oubliée… enfin presque. Désormais, il faudra dire Edwige. Avec cette finale identique qui tombe bien mal, les conversations auraient pu tourner au numéro de funambules. Cependant, on parvient à se demander des nouvelles sans parler de Nadège, à évoquer le passé sans prononcer le nom de Nadège, à repartager des souvenirs communs sans se rappeler de Nadège… À table, Bernard garde le sourire et Sandra croise et décroise ses belles jambes, comme si elle cherchait désespérément la bonne posture pour ne pas faire de gaffes.

Le dîner s’achève tant bien que mal. On écoute quelques CD tout en discutant boulot, politique et cinéma. On ne parle ni d’amour ni d’avenir : terrain miné ! Edwige se tait, elle écoute. Elle fait ça très bien.

Sandra nous accompagne jusqu’à la porte de la chambre d’amis. Une petite pièce douillette qu’ils ont aménagée dans une aile de la maison. C’est simple, mais accueillant. Sandra a mis des doubles rideaux aux fenêtres, Bernard a accroché quelques-unes de ses aquarelles au mur. Il y a un grand lit bateau, une table de chevet, et même une petite bibliothèque en cas d’insomnie. J’y ai beaucoup de souvenirs.

- Alors, comment tu les trouves ?

- Plutôt sympas… Tu les connais depuis longtemps ?

- Plus de vingt ans. On était au lycée ensemble.

Je l’observe pendant qu’elle se déshabille et jette ses vêtements en vrac sur le tapis. Je regarde ses seins, ses cheveux blonds ; je pose la main sur ses hanches nues, entre ses cuisses entrouvertes…

- Le lit, il est comment ?

- Pas mal, mais je crois me souvenir que le sommier grince un peu…

Effectivement, il grince. Peut-être que c’est à cause de ça qu’Edwige n’a pas joui comme d’habitude… Ou alors, c’est à cause de ses règles qui sont arrivées en pleine nuit, sans prévenir, et qui ont taché les draps et même le matelas. J’espère que Sandra et Bernard ne seront pas fâchés…

 

Chez ses amis.

Je dois admettre qu’on n’a pas été trop mal reçus, même si Juliette n’a rien d’un cordon bleu. Plateau de fruits de mer sans doute acheté chez un traiteur, mouton rôti et glaces à l’eau parfumée. C’était bon, sans plus. Pas de quoi se relever la nuit ! À table, Pierre, le mari de Juliette avait le sourire grimaçant. Mine de rien, il reluquait les cuisses d’Edwige qui pour l’occasion portait une jupe bien courte. Je mettrais ma main au feu que ces deux-là ont déjà baisé ensemble et que ça ne date pas du siècle dernier.

Le repas n’en finissait pas. La conversation, c’était Radio Nostalgie : les souvenirs succédaient aux souvenirs, les sous-entendus aux non-dits. Edwige et nos hôtes échangeaient des rires et des regards complices. De temps à autre, rayonnante de joie enfantine, elle me prenait à témoin :

- Tu te rends compte ! Tu aurais vu ça ! Dommage que tu n’aies pas été là, tu te serais bien marré !

Je souriais, enfin j’essayais. Comme si j’avais choisi de ne la rencontrer que l’an dernier !

Enfin on nous a montré le chemin de la « chambre d’amis ». Ou plutôt du débarras aménagé. Il avait suffi de dérouler un tapis sur le linoléum, de remonter un vieux lit et une table de nuit dépareillés, d’accrocher aux murs quelques déplorables tableaux et de mettre des doubles rideaux à la fenêtre. Neuf mètres carrés à tout casser, au bout d’un couloir très loin de la salle de bain et des toilettes. Ça sentait le renfermé, c’était la « chambre d’amis ». Il n’y avait même pas une chaise pour poser ses fringues ! Mais Edwige s’était mise à poil, avait sauté sur le lit et y minaudait comme une chatte qui vient de retrouver son panier.

- Le lit n’a pas l’air terrible…

- C’est pas grave, allez viens, donne-moi ta bite !

Dans le noir, j’ai repensé à Nadège, et aussi à toutes les fois d’avant où Edwige avait baisé dans ce lit, avec d’autres mecs et, sans aucun doute, avec Pierre… Au dernier moment, je me suis retiré et j’ai tout balancé dans les draps.

 

© Michel Koppera, juin 2009 ( vous aurez reconnu un dessin de Martin Veyron et une illustration de Jean Morisot )

 

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