inédits

Dimanche 19 avril 2009 7 19 /04 /Avr /2009 15:40

Baiser au grenier


      Nos maisons modernes n’ont plus de grenier. Sous prétexte d’isolation, on a pulvérisé sous les combles des mètres cubes de laine de roche et on ne peut plus y accéder que par une trappe carrée de cinquante centimètres de côté. Néanmoins, sur l’échelle des fantasmes, le grenier demeure aussi excitant que la cabane dans un arbre, la grotte de Calypso ou l’arrière-cuisine. C’est navrant ! La réputation érogène du grenier est surfaite. Si malgré tout, vous tenez vraiment à monter baiser au grenier, permettez-moi de vous donner quelques conseils.

Tout d’abord, assurez-vous, pour votre partenaire et vous-même, de votre absence d’allergie à la poussière, aux acariens, araignées et crottes de souris – qu’elles soient chauves ou non. N’hésitez pas à procéder aux examens nécessaires. Le temps que vous y êtes, faites aussi le test pour les pollens (au grenier, on trouve parfois de vieux bouquets de fleurs séchées), la cellulose (vieux journaux et livres), les poils en tous genres (peluches, fourrures, peaux de lapin…)

Autre précaution utile, demandez auparavant à votre partenaire si elle – ou il, on ne sait jamais – souffre de claustrophobie. En effet, la plupart des greniers sont si bas de plafond et si mal éclairés qu’une crise d’angoisse ruinerait tous vos projets.

Enfin, évitez les conditions extrêmes : les chaudes journées d’été où l’air devient suffocant et la froidure de l’hiver peu favorable au déshabillage sous les tuiles ou les ardoises.

Admettons donc que vous soyez vraiment motivé et ayez rempli toutes les conditions précédemment passées en revue. Vous voici donc par une douce après-midi de printemps, en week-end chez vos grands-parents et, usant de je ne sais quel grossier stratagème, vous invitez votre amie à vous accompagner sous les toits…

Erreur ! Les greniers familiaux sont à proscrire ! Vous risquez d’y découvrir malgré vous des secrets de famille : des photos ou lettres compromettantes (lettres d’amour ou de rupture, peu importe) ; un extrait de naissance vous révélant par exemple la véritable identité de votre père génétique ; le livret militaire de votre oncle adoré où il apparaît qu’il est passé en cour martiale pour conduite déshonorante face à l’ennemi ; ou encore un vieil article de journal consacré à l’inculpation de votre grand-père dans une sale petite affaire de mœurs… Bref, autant de coupe-faim qui auront tôt fait d’anéantir vos appétits libidineux.

Le second danger tout aussi redoutable dans les greniers familiaux, c’est la nostalgie. Que d’émotion lorsque votre amie dénichera du premier coup votre ours en peluche, vous savez celui à qui il manquait une oreille, au ventre galeux, et dont on vous avait dit que le chien l’avait déchiqueté et qu’on avait dû le jeter ! Et le voici de nouveau, entre vos mains et vous sentez votre érection fondre comme neige au soleil. En quelques instants, vous êtes redevenu petit garçon de quatre ans, au zizi rabougri et dérisoire. Et je pourrais aussi vous parler de votre premier tricycle ou d’un cahier du jour de CE2 qui vous feraient exactement le même effet ! 

Supposons que vous ayez enfin réuni toutes les conditions favorables. Par un doux samedi du mois de mai, vous êtes seuls chez des amis qui vous ont généreusement prêté leur maison de campagne pour le week-end. Votre nouvelle compagne, une grande et belle femme brune aux courbes prometteuses, semble dans de bonnes dispositions. Donc, vous visitez la vieille maison, logiquement, de la cave au grenier… Justement, il y a un escalier qui mène sous les combles. La clef est sur la porte. Tout se présente pour le mieux : le grenier est vaste, bien rangé, éclairé par de vastes lucarnes. Dans un coin, on a entreposé de vieux meubles dont un divan recouvert d’une housse… Vous bandez ferme ! Votre partenaire se laisse embrasser, caresser les fesses et peloter les seins… Mais lorsque vous voulez l’entraîner vers le divan, elle vous dit calmement :

- Je suis désolée, tu fais comme tu veux mais j’ai mes règles.

 

© Michel Koppera, avril 2009

Le dessin est d'Alex Varenne
Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 14 avril 2009 2 14 /04 /Avr /2009 11:37

Baiser en voiture

 

Jean-Pierre se gare dans la cour au volant de son Alfa Roméo toute neuve, un bolide à deux places à l’avant et trois demi-places pour culs-de-jatte à l’arrière. Il n’est pas peu fier de railler ma vieille Safrane.

- Pourquoi tu gardes ça ? Tu te rends compte, elle a plus de douze ans, pas loin de 250.000 kilomètres ! Qu’est-ce que tu attends pour en changer ?

- C’est sentimental, tu ne peux pas comprendre !

- Ce que je comprends, c’est qu’elle fait facilement ses dix litres au cent !

Comment lui expliquer ?

Revenons onze ans en arrière, une journée d’automne sur une aire d’autoroute entre Nantes et Narbonne. Soir de pluie comme tant d’autres. On venait de dîner au Bœuf Jardinier et ma passagère, une cousine prénommée Pauline que je devais déposer à Carcassonne au passage – elle allait y retrouver des amis, je crois – y avait un peu abusé du saint-émilion. Nous avions pris la route dans l’après-midi et, pendant les premières heures, Pauline ne s’était guère montrée loquace, presque uniquement préoccupée de tripoter les touches de l’autoradio à la recherche de chansons à son goût. À table, elle avait déjà été plus causante. De retour dans la voiture, elle est devenue bavarde.

- C’est très joli le tableau de bord éclairé en orange. J’aime bien aussi le petit voyant bleu des feux de route. Oh ! On peut même afficher les températures en Fahrenheit ! Combien il fait là ? Soixante-dix degrés ! Waouh, c’est dingue ! J’en ai chaud partout ! Elle est pas mal du tout, ta bagnole, plutôt classe. Et c’est grand, on peut prendre ses aises… Tu vas rouler toute la nuit ? T’as pas peur de t’endormir ?

Mais je m’aperçois que je n’ai pas présenté Pauline. Elle avait trente-cinq ans je crois, était divorcée avec deux enfants, deux garçons de quatorze et douze ans, restés à Nantes chez leurs grands-parents. Nous étions cousins par alliance. Pauline ne mesurait guère plus d’un mètre cinquante et, malgré ses talons hauts, évitait de marcher aux côtés de mon mètre quatre-vingt-douze. Heureusement, dans la voiture, la position assise et la possibilité de régler la hauteur des sièges atténuaient la différence. Elle avait le visage vif, les yeux clairs et de belles lèvres parfois boudeuses.

- T’as vraiment pas peur d’avoir un coup de pompe ? Je ne te propose pas de prendre le volant, ta voiture est trop grosse pour moi… Je me sens comme une gamine là-dedans ! S’il te plaît, tu pourras t’arrêter à la prochaine aire, j’ai envie de faire pipi… Je suis un peu chiante, pas vrai ?

Je n’oublierai jamais le nom de l’aire de repos : « Le chant du coucou ». Ça ne s’invente pas. On en a bien rigolé après.

Il continuait de pleuvoir, régulièrement, avec obstination. Elle a couru sous l’averse, de la voiture aux toilettes. Retour précipité.

- Là-bas, c’est glacial ! Le royaume des courants d’air. En plus, je suis trempée ! Si ça ne te dérange pas, je vais m’installer à l’arrière.

Pauline s’est souplement faufilée entre nos deux sièges et allongée  sur la banquette.

- C’est super ! Il y a même un plaid… Et toi, t’as pas envie ?

J’ai remis le moteur en marche, les essuie-glaces, allumé les phares. La voiture a longé tout doucement une rangée d’énormes camions immobiles et un peu inquiétants. J’allais m’engager sur la bretelle menant à l’autoroute lorsque je me suis ravisé pour garer la voiture au bout du parking, non loin d’une aire de pique-nique avec des tables en bois et une poubelle. J’ai arrêté les essuie-glaces, éteint les phares et coupé le moteur. Il ne restait plus que la lumière de l’autoradio et les musiques de la nuit.

Au début, tout est allé pour le mieux, enfin presque. Mon transfert vers la banquette arrière ne s’est pas révélé des plus simples : je ne croyais pas le plafond si bas ! Mon crâne a violemment heurté le plafonnier : j’en étais quitte pour une belle égratignure, le plafonnier a volé en éclats. Cependant, j’ai trouvé Pauline dans d’excellentes dispositions, les seins à l’air et en petite culotte blanche. À l’issue de contorsions sans doute comiques, je suis parvenu à ôter chaussures et pantalon, à me débarrasser de mon pull-over et de ma chemise. Dans mes bras, Pauline n’était pas plus encombrante qu’une poupée grandeur nature, souple et docile. Les pieds sur la plage arrière, les mains sur mes cuisses, la tête en bas, le cul en l’air, elle m’a sucé la bite pendant que j’avais les lèvres sur son sexe et le nez entre ses fesses ouvertes. Au moment fatal, elle a sorti une capote de son sac à main.

- On est juste cousins, pas mari et femme ! Alors, prudence ! a-t-elle chuchoté en m’habillant la queue.

Mon dieu, quelle partie de baise ! J’ai carrément perdu les pédales. Son petit corps faisait merveille, coulissant, virevoltant et pistonnant sur l’axe de ma bite verticale.

- J’en avais tellement envie que je me serais tapée le levier de vitesses ! a-t-elle déclaré alors que je m’enfonçais en elle.

Ensuite, je ne me souviens pas de grand-chose. Ça a duré, duré… Ce n’est qu’aux premiers frissons frileux qu’on a arrêté. Les vitres étaient toutes humides de buée froide. Mais quand j’ai voulu remettre le moteur en marche, rien à faire : batterie à plat ! Il ne nous restait plus qu’à attendre le lever du jour. Alors, on s’est rhabillés comme on a pu, on s’est pelotonnés sous le plaid et on a essayé de dormir.

Au petit matin, d’autres mauvaises surprises m’attendaient. Dans le rétroviseur, j’ai vu qu’une trace de sang séché courait de mon front jusqu’au menton ; un des préservatifs, jeté négligemment sur le siège passager s’y était vidé de son contenu et le sperme encore poisseux avait imbibé le tissu du siège ; et quand nous sommes sortis de la voiture pour nous dégourdir les jambes, Pauline a remarqué d’autres éclaboussures de sperme frais sur les portières arrière – je me suis alors rappelé avoir cru entendre des bruits de pas pendant qu’elle avait les pieds sur les appuie-tête et que je lui tétais les seins.

Comble de malchance, on était un dimanche ! Trouver un garage ouvert relevait du miracle. Il a fallu faire appel à une dépanneuse qui a emporté la voiture jusqu’à une station service de l’autoroute où, en plus de la batterie, on m’a assuré qu’il fallait aussi changer une pièce pas plus grosse qu’une boîte d’allumettes mais bourrée d’électronique. Ils en avaient en stock, ça tombait bien !

On n’a repris la route que vers midi. J’avais laissé plus de trois mille francs dans l’aventure.

À l’arrivée à Narbonne, il a fallu expliquer la méchante plaie sur le front, le plafonnier cassé et surtout la tache tenace sur le siège passager, mais c’est une autre histoire.

 

© Michel Koppera, avril 2009

 

Deux dessins en N&B de Guillaume Berteloot ( extraites de Ketchup Boy ), + 2 illutrations couleur trouvées sur le net

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 11 avril 2009 6 11 /04 /Avr /2009 08:42

Baiser au théâtre

 

J’ai un ami, professeur de lettres classiques dans un lycée de province qui, depuis plus de sept années, fréquentait assidûment le théâtre de sa ville. Tous les ans, il prenait un abonnement pour la saison, ne ratait aucun spectacle et, devenu membre actif de l’animation culturelle de la municipalité, s’était vu attribuer au plus haut balcon une loge personnelle.

Aussi, il y a quelque temps, alors qu’il était venu me rendre visite à Paris, je voulus lui faire la surprise d’une représentation d’une pièce de Beckett mise en scène par un créateur new wave qualifié de génial par la critique et qui avait soulevé la polémique au dernier festival off d’Avignon.

Hélas, dès les premières répliques, mon ami donna les signes du plus profond ennui et ne tarda pas à s’assoupir. Il ne reprit ses esprits qu’aux applaudissements du baisser de rideau.

Dans le taxi qui nous ramenait, je me hasardai à lui demander ce qu’il avait pensé de la pièce.

- Tu vas rire, me dit-il très calmement, mais je n’aime pas le théâtre. Je peux même t’avouer que j’ai toujours détesté ça.

Et il commença à me raconter dans les moindres détails une banale et sordide histoire d’adultère. La femme infidèle était l’épouse d’un de ses collègues professeur de physique-chimie, genre brut de décoffrage, dont les passe-temps favoris étaient la culture des cucurbitacées et le modélisme nautique. Il passait donc le plus clair de son temps libre soit dans son jardin, soit dans son atelier à peaufiner des maquettes de paquebots transatlantiques, jusque tard dans la nuit, au grand désespoir de sa femme qui se languissait seule en regardant les programmes d’Arte.

- Le plus comique dans l’histoire, c’est que c’est son mari lui-même qui est venu me demander si je voulais bien servir de chevalier servant à Béatrice – c’est comme ça qu’elle s’appelait. Elle aimait les musées, les films d’art et essai et bien sûr le théâtre. Alors, il avait pensé à moi.

Dans les premiers temps, ils étaient allés ensemble au vernissage d’artistes locaux, avaient vu quelques films japonais sous-titrés, jusqu’au soir où ils avaient assisté à une représentation de Caligula d’Albert Camus. Béatrice en avait été bouleversée, au point de se laisser prendre la main et caresser les cuisses au quatrième acte. Malheureusement, ils étaient assis au parterre et n’avaient pu pousser plus avant.

Aussi, dès le spectacle suivant, une pièce de Courteline dont il avait oublié le titre, mon ami avait loué une loge, celle-là même qui lui était désormais régulièrement attribuée.

- C’est un théâtre à l’italienne. J’ai choisi une loge de la galerie la plus haute, juste dans l’axe de la scène, bien à l’abri des regards. À chaque fois, je réserve les quatre places.

Béatrice avait quarante-quatre ans et occupait le poste de secrétaire de direction dans une collectivité locale. Il me la décrivit comme une femme sensuelle, sans fausse pudeur. Elle était selon ses dires plutôt jolie, brune aux yeux noisette, mais il ne put m’en apprendre davantage.

 Ils ne se rencontraient qu’au théâtre, c'est-à-dire une dizaine de fois par an. Pour la soirée, Béatrice portait toujours une jupe cloche, assez ample et donc facile à relever ; lui, venait en pantalon de tergal, sans ceinture, ni caleçon dessous, si bien qu’un simple zip de la fermeture Eclair suffisait pour lui mettre bite et couilles à l’air. Ils prenaient place dans les deux fauteuils du fond, les plus éloignés de la lumière. Au premier acte, ils se prenaient la main, puis Béatrice s’emparait de sa queue raide tandis qu’il lui caressait la chatte, car elle prenait soin de venir sans culotte. Au second acte, elle le suçait ; ensuite, au troisième, c’était lui qui s’agenouillait entre les cuisses ouvertes de Béatrice, glissait sa tête sous la jupe relevée et lui léchait la chatte, vulve et clitoris. À l’entracte, ils s’offraient un rafraîchissement au bar et discutaient de la pièce avec des connaissances.

- C’est difficile à croire, mais tout en me suçant, Béatrice arrive à suivre la pièce : elle est capable de commenter le jeu des acteurs, de raconter l’intrigue et même de se souvenir, mot pour mot, de certaines répliques.

À la reprise, ils baisaient pour de bon. Tournée vers la scène, elle s’asseyait sur lui. Elle prenait appui sur le dossier du fauteuil de devant et remuait doucement le cul. Ils n’avaient jamais baisé autrement. Il connaissait son arrière-train sur le bout des doigts, du satiné de son entrefesses jusqu’au velouté de sa chute de reins. Je n’osai lui demander si dans cette position favorable il l’avait enculée, mais je ne pense pas. Mon ami était trop conventionnel pour cela. Béatrice jouissait pendant les applaudissements et les rires. Elle avait le truc pour ça : elle impulsait à son vagin de puissantes contractions, aspirait la bite au plus profond, pressait les couilles de mon ami contre son clitoris, alors l’orgasme venait.

Il se retenait de décharger, de crainte de laisser des pièces à conviction sur le velours rouge des fauteuils. Mais il lui arrivait de se laisser aller pendant le salut final, juste avant le retour des lumières dans la salle.

- Tu te rends compte, ça va faire sept ans qu’on baise et on ne s’est jamais embrassés ! m’avoua-t-il avant de reprendre le train. Je connais le goût de sa chatte, pas celui de ses lèvres. Et je ne te parle pas de ses seins que je n’ai jamais vus !

- Est-ce que tu l’aimes au moins ?

- Pas plus que Titus n’aimait Bérénice.

Hier, j’ai entendu à la radio que le théâtre de cette ville avait été partiellement dévasté par un incendie, sans doute d’origine criminelle, et que les travaux de restauration devraient durer au moins deux ans.

 

© Michel Koppera, avril 2009


 
  Trois dessins sont de Varenne. Quant au quatrième ( la queue en main) j'ignore le nom de son auteur.

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 9 avril 2009 4 09 /04 /Avr /2009 09:01

Baiser à l’hôtel

 

Comme tous les soirs, de retour du travail, j’ouvre notre boîte mail.

- Valérie, tu te souviens de Stéphane ? Il vient de s’installer à Barcelone, avec une certaine Carmela… Ils vont fêter ça, dans deux semaines… On est invités. Qu’est-ce que tu en dis ?

Valérie est déjà derrière moi, la main sur mon épaule, à relire le mail. Puis, elle file consulter son agenda, plus précisément le petit calendrier où, chaque mois, elle marque scrupuleusement d’une croix rouge les cinq jours de ses règles. Elle réfléchit.

- C’est possible… On dormira à l’hôtel ?

Ce n’est pas une question, mais un souhait. Elle sait qu’il y a près de neuf cents kilomètres de route. Certes, on pourrait faire ça d’une traite, avec juste quelques haltes sur des aires d’autoroute, mais…

C’est Valérie qui se charge de la réservation. Mieux vaut être prévoyant : ce sera un week-end de printemps propice aux visites familiales et transhumances balnéaires. Souvent, elle nous choisit un hôtel en bordure de rocade, au cœur d’une zone commerciale où les parkings sont vastes, le confort des chambres formaté et sans surprise ; parfois, elle opte pour un hôtel de centre ville, au mobilier plus rustique, mais aux chambres spacieuses avec de hauts plafonds et d’épais rideaux de velours cramoisi.

Le jour du départ, Valérie joint à son sac de voyage un vanity-case de couleur rouge, à serrure codée, qu’elle ne dépose pas dans le coffre mais à ses pieds, devant son siège.

Les kilomètres et les paysages défilent…

Au coucher du soleil, elle me guide dans un dédale de voies à sens unique, de ronds points entourés de forêts de panneaux indicateurs, puis elle aperçoit enfin l’enseigne lumineuse de l’hôtel d’un vert fluorescent et elle sourit.. Car l’hôtel ce n’est pas seulement une nuit de sommeil, c’est aussi un dîner en tête à tête, un petit déjeuner copieux, un lit qu’on laissera défait…

À peine dans la chambre, Valérie se précipite aux toilettes. Soulagée, elle inspecte les placards vides où pendouillent trois cintres, ouvre les tiroirs des chevets, allume toutes les lumières, met la télé en marche, se vautre sur le lit dont elle vérifie le moelleux et le silence en y dansant comme sur un trampoline… Par la fenêtre entrouverte, on entend le grondement sourd et continu de l’autoroute où passent des camions.

Puis, soudain, Valérie s’empare de son vanity-case à serrure codée et passe dans la salle de bains. Je somnole devant les infos régionales où il se passe des événements étranges dans des villes dont j’ignorais l’existence et où des gens parlent de choses graves avec un accent exotique. Je finis par m’assoupir et reprendre la route en rêve.

- On va manger ? Je suis prête !

Où avait-elle caché cette adorable petite robe noire que je ne lui ai jamais vue ? Et ces bas soyeux, ces jolies chaussures ? Elle est maquillée aussi, avec des lèvres appétissantes et des yeux de velours.

- T’as pas faim ? insiste-t-elle.

De quoi parle-t-elle ? De steak-frites ou de son cul ? Les deux mon capitaine ! La salle du restaurant est à moitié vide. Deux familles intimidées, quelques couples et des hommes seuls en costume cravate.

À table, Valérie commence par prendre un Martini, puis se gave à loisir de crudités au buffet des entrées. Elle enchaîne avec l’andouillette du chef et sa garniture de saison, boit deux verres de beaujolais, retourne au buffet pour les desserts et termine par un expresso et son petit chocolat noir. Des hommes en costume cravate n’arrêtent pas de lui reluquer les cuisses… Sur le parking, elle fume une dernière cigarette avant de regagner la chambre.

De son vanity-case rouge à serrure codée, Valérie extrait un tube de gel superlubrifiant, une boîte de capotes spécial exciting et un petit œuf vibrant à piles rose-bonbon. La voilà bientôt qui prend des poses lascives au bord du lit, en face du grand miroir mural placé là par bonheur. Son reflet ne lui ressemble pas. À l’hôtel, Valérie est une autre femme ; nous faisons des choses inconvenantes. On entend les ébats des autres couples dans les chambres contiguës, on guette malgré nous le grincement des sommiers malmenés, les halètements des femmes possédées, les rugissements des hommes en rut, le chant des robinets…. Valérie demande que je l’encule, elle y prend même du plaisir. À l’hôtel, elle a le trou du cul plus souple, plus détendu que d’ordinaire. On jouit comme ça plusieurs fois dans la nuit. Et, à chaque fois, on entend les voisins qui se reprennent aussi.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, on observe du coin de l’œil les couples attablés et on tente de les reconnaître. Et si c’était cette grosse dame blonde dont les orgasmes à répétition faisaient trembler les rideaux ? Ou peut-être ce jeune couple là-bas, avec leurs deux enfants, aux gestes dociles ? On nous regarde aussi, à la dérobée.

Valérie a refermé son vanity-case rouge et verrouillé la serrure codée. Elle emporte en souvenir les mini savonnettes, un flacon de shampoing et une petite serviette éponge blanche empesée de foutre.

 

© Michel Koppera, avril 2009

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Lundi 6 avril 2009 1 06 /04 /Avr /2009 09:58

Je vous invite à suivre quasiment en direct, pendant plusieurs mois, l'écriture d'un livre que j'ai provisoirement  intitulé "Baiser". Il s'agit de constituer un recueil d'une cinquantaine de petits textes sur le thème de la baise en divers lieux, partout sauf dans la chambre à coucher habituelle. 
Voici le premier de ces textes qui a pour titre " Baiser dans la cusine". Je le dédie tout particulièrement à Marie-Souillon, créateur du blog " Tabliers, blouses et torchons de cuisine" dont je vous recommande la visite. ( voir mes liens )
Bien entendu, j'attends vos remarques, propositions et critiques sur ce projet. C'est parti !
( Les illustrations de ce texte sont d'abord deux tableaux de Fernando BOTERO. Le premier s'appelle " Table de cuisine" et date de 1970 ; le second, "La servante" est de 1974. Quant à la photo, je l'ai trouvée sur le net.) 

Baiser dans la cuisine

 

Baiser dans la cuisine ne se programme pas. Le désir monte brutalement, sans prévenir, comme le lait qui se met à bouillir et déborde de la casserole laissée sur le feu quelques instants sans surveillance.

J’ai un ami que le simple grésillement d’une noix de beurre fondant dans une poêle rendit lubrique ; quant à sa compagne, elle fut un jour saisie de fureur utérine à la vue d’un oignon piqué de clous de girofle.

Cette année, l’hiver fut particulièrement rigoureux, propice aux potées, blanquettes et autres tajines. Pas plus tard que samedi dernier, c’était journée pot-au-feu. Déjà, plonger les morceaux de plat de côtes, de jarret et de joue de bœuf dans la marmite se révéla bien excitant… Et puis, vint le moment du bouquet garni : la branche de thym, les feuilles de laurier, le persil – du géant d’Italie, surtout pas du frisé qui n’a aucun goût ! – et du cerfeuil. Je rassemble le tout en un petit fagot que j’entoure de ficelle :

- Chérie, tu peux m’aider, s’il te plaît, et mettre ton doigt sur le nœud ?

Elle pose son index sur la ficelle qu’elle bloque pendant que je consolide le nœud d’une double boucle. Nos peaux s’effleurent. Nous sommes face à face. Entre nous, montent les  odeurs mêlées du thym, du laurier, du persil et surtout du cerfeuil dont la ficelle vient de broyer une tige.

Ce qu’il y a d’intéressant avec le pot-au-feu, c’est qu’il n’a besoin que de peu de surveillance, juste d’être écumé de temps à autre, entre deux orgasmes. Ça mijote pendant deux à trois heures, à feu doux.

L’idée de baiser pendant la cuisson d’un steak ou d’un œuf au plat relève de l’utopie, à moins bien sûr d’être éjaculateur très précoce, syndrome plus répandu qu’on ne croit en ces temps de fast-food. Néanmoins, la cuisson al dente des spaghettis semble une durée raisonnable pour un simple coït culinaire.

Le pot-au-feu offre également l’avantage – pour peu qu’on ait oublié de mettre la hotte aspirante en marche – de diffuser dans la cuisine un nuage de vapeur odorante qui embrume les fenêtres et transforme opportunément la pièce close en sauna domestique qui invite à la nudité. Je goûte au condiment de ses lèvres, ses seins se font pomelos, sa chatte ramboutan. Elle ne garde que son tablier, je la baise le torchon sur l’épaule. Entre la table de cuisson et les éviers, le plan de travail n’a jamais si bien porté son nom. Sa hauteur semble avoir été calculée pour le confort des accouplements : nul besoin de fléchir les genoux, ni de se hisser sur la pointe des pieds. Elle s’installe, les cuisses ouvertes, le cul bien calé entre la cafetière électrique et une corbeille de pommes golden, un pied appuyé sur une chaise laquée de blanc, et nous nous chevillons l’un à l’autre. Le hublot rectangulaire du four fait office de miroir et nous renvoie l’image dédoublée de nos corps encastrés. Les odeurs, le chant de la marmite, la chaleur moite du bouillon excitent notre ardeur. Des gouttes de vapeur et de sueur mêlées perlent sur les aréoles de ses seins ; une rosée d’aromates s’accroche aux touffes de poils de ses aisselles et de sa chatte ; leur saveur est sans pareille.

Ondulant vigoureusement du bassin, mon épouse lâche un petit jet de vapeur qui m’avertit de l’imminence de son orgasme et donc de l’urgence absolue de lui éjaculer au plus profond du vagin.

- Attention, ça va déborder ! dit-elle quelques instants plus tard en refermant ses cuisses.

Ce n’est pas de mon sperme qu’elle parle, mais de l’écume jaune qui soulève le couvercle de la marmite et menace de se répandre sur la table de cuisson en vitrocéramique, récemment achetée à crédit et déjà maculée de traces douteuses.

L’arrivée trop matinale de nos invités – ma sœur accompagnée de son énième grand amour – nous priva d’une seconde étreinte. Ce ne fut qu’au moment de servir le pot-au-feu que je réalisai à quel point la puissance érogène du bouquet garni était redoutable : nous avions complètement oublié de saler l’eau de cuisson.  

© Michel Koppera, avril 2009


  

 

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Lundi 2 mars 2009 1 02 /03 /Mars /2009 14:33


MOI
. Ton évocation de mon séjour à l’hôpital m’a laissé perplexe. Tu parles de mon accident comme d’un événement qui te serait totalement étranger. Aurais-tu oublié comment je suis tombé de cette échelle ?

Lorsqu’on m’a enlevé mon plâtre à la cheville et que j’ai pu de nouveau marcher, j’ai fait mes premiers pas hors de ma chambre. J’ai suivi les couloirs, j’ai pris les ascenseurs… Je n’allais pas au hasard, je suivais une sorte de piste invisible, entraîné par un courant diffus que suivaient d’autres hommes : les uns en blouse blanche, le stéthoscope au cou ; d’autres en pyjama, estropiés, encombrés de pansements comme moi. Je me retrouvai le dernier dans la file des hommes qui patientaient devant une lourde porte à hublot. Nous faisions la queue pour te satisfaire. Je ne te voyais pas, mais j’avais reconnu tes gémissements et parfois tes cris. Enfin, ce fut mon tour. Cela se passait dans une des salles du bloc opératoire, au deuxième sous-sol. Tu étais couchée sur le dos, nue, étendue sur une sorte de table de massage qui te relevait légèrement le buste. Un parapluie de lumière blanche inondait ta peau pâle. Tes cuisses s’ouvraient à la bonne hauteur pour te faire enfiler sans effort. Ton corps était maculé de foutre. L’air était saturé d’odeurs de sperme, de sueur et d’antiseptique. En me voyant, tu as eu un tout petit sourire triste, pareil à une grimace. Tu ne t’attendais pas à moi…

Comme tu avais le vagin plein de foutre, quand je t’ai pénétrée, ça a débordé… Même chose pour ton cul. Ça faisait floc, floc, à chaque coup de piston… J’ai giclé et j’ai compris, à ce moment précis, que tu ne m’aimais pas, que te ne m’aimerais jamais et que je ne te reverrais plus. 
  
  

                 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 26 février 2009 4 26 /02 /Fév /2009 17:13

MOI. Non, je croirais plutôt qu’un homme est passé, qu’il a délicatement décollé la mèche de l’écran, en prenant soin de ne perdre aucun poil. Après, il l’a reniflée et l’a rangée dans son portefeuille, juste à côté d’un trèfle à quatre feuilles desséché et d’une image de Saint Christophe. Ça lui fera un bon gri-gri pour éloigner l’ennui et sa peur de vieillir.

Sais-tu que quelques semaines après notre projection privée, j’ai acheté une vidéo porno qui s’appelait Jumping Jackie ? Deux heures de confessions érotiques en couleurs et soupirs. Du pur bonheur. Alors, j’ai pensé que nous aurions pu en tourner une version française, quelque chose qui aurait eu pour titre Insatiable Corie ou Corie de A à Z, enfin surtout Corie à la lettre X. J’imaginais une vingtaine de séquences, l’abécédaire de Corie : aguicher, baiser, caresser, déshabiller, enculer, foutre, goder, haleter, initier, jouir, lécher, masturber, niquer, orgasmer, peloter, queuter, ruisseler, sucer, trousser, uriner, ventouser, zober… Dommage qu’il manque des lettres !

 

ELLE. Après ton accident, tu es resté cloué sur un lit avec les deux bras et une cheville dans le plâtre. Ça a duré un mois entier. À l’hôpital, c’était moi, en tenue blanche d’infirmière, qui venais te faire ta toilette matinale. C’était arrivé très loin de chez toi et ta femme m’avait fait comprendre au téléphone qu’elle n’avait pas le temps de s’occuper de toi : elle aimait trop sa liberté. Les médicaments et la chaleur excessive te maintenaient dans un demi-sommeil comateux… Ou peut-être faisais-tu semblant de ne pas me reconnaître. Souvent, je profitais de la situation pour te branler et te sucer la bite. Tu ne disais rien.

Et puis, un jour où tu avais le regard presque lucide, je t’ai fait une petite injection dans la verge. Tu as dû sentir une vague de chaleur t’inonder le membre, les couilles et tout le reste. J’ai déboutonné ma blouse sous laquelle j’étais nue, intégralement. Je t’ai montré mes seins, mon ventre, ma touffe fendue de désir. Voilà ta bite qui prend des dimensions jusque-là ignorées. Tu te retrouves avec une érection phénoménale, bandé comme un ressort de jouet tendu à tout rompre. J’ai grimpé sur le lit, je me suis ouverte au-dessus de toi, un genou de part et d’autre de ton corps immobile, et je me suis seringué ta bite directement dans le cul. D’où tu étais, tu pouvais tout voir, surtout ma vulve béante, huileuse. Je suis sûre que tu mourais d’envie d’y glisser les doigts, mais tu étais prisonnier de ta gangue de plâtre. Un vrai supplice de Tantale. Tout ce que tu pouvais faire, c’était te cambrer pour me la mettre au plus profond.

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 17 février 2009 2 17 /02 /Fév /2009 16:05

MOI. Malgré l’hiver, tu avais tenu à nous montrer la maison de ton enfance, une ferme où habitait encore ta mère, veuve depuis très longtemps. C’était un jour de givre et de vent qui nous picorait les joues. Les arbres de la cour étaient entièrement nus, la terre durcie par le gel. Julia et ton mari étaient restés dans la maison. On n’en parlait pas, mais on savait qu’ils allaient baiser dans une des chambres à l’étage, sur un des grands lits froids.

Les bêtes étaient à l’étable : des vaches aux croupes haut perchées, quelques moutons habillés pour l’hiver et puis, tout au fond, dans une stalle à l’écart, un petit âne gris, solitaire et docile. À ton approche, il se mit spontanément à bander, comme s’il t’avait reconnue. Alors, sans aucune hésitation, tu te glissas sous lui et, couchée sur la paille, tu le branlas vigoureusement des deux mains. Lorsque son membre ténébreux commença à suinter de désir, tu relevas ta robe. Malgré le froid, tu étais nue là-dessous : ta fourrure te tenait chaud. La bite de l’âne rentra tout entière, sans problème. Les fesses sur une botte de paille, le ventre en l’air, tu le pompais avec ardeur. Quand il jouit, il se mit à braire, mais pas fort, tout doucement, comme s’il chantait. Les giclées de son sperme dans ton vagin te secouèrent violemment, pareilles à des décharges électriques. Tu avais les yeux révulsés, je te crus évanouie. J’avais peur pour toi.

Maintenant, le foutre épais de l’âne débordait de ta vulve et tombait goutte à goutte sur la paille. Souriante, tu t’en barbouillais le ventre et les seins.

Après, tu m’as sucé. Je me souviens avoir pensé que tu devais me trouver minuscule, et pour tout dire un peu ridicule… Il faut dire que de ta main libre, tu continuais de caresser la bite de l’âne qui pendait sous son ventre, presque jusqu’à terre.

 

ELLE. Rassure-toi, je ne t’ai jamais trouvé ridicule ; déroutant parfois, mais jamais ridicule. Je pense au jour où nous nous sommes rencontrés dans un sex-shop de la rue Saint-Denis. Je cherchais un double gode vibrant avec éjaculateur de foutre artificiel. Je voulais faire une surprise à Jean. Tu as prétendu te trouver là par le plus grand des hasards, mais je te soupçonne de m’avoir suivie depuis ma descente du train. Tu en étais bien capable. Comme tu avais l’après-midi devant toi, tu m’as proposé qu’on prenne une cabine vidéo pour une heure. Là-dedans, c’était tout petit et sombre, avec un petit canapé double juste devant l’écran. Ça sentait le sperme frais. À peine la porte refermée, je me suis sentie mouiller. Pendant que tu tripotais les boutons de la télécommande pour nous chercher le film le plus obscène, j’ai commencé à me branler. Tu as fini par nous trouver un film brésilien, avec un transsexuel, le genre de créature avec des seins siliconés, un membre en béton et un rectum aussi souple qu’un vagin en bonne et due forme. Mis en scène en compagnie d’un couple hétéro standard, ça donnait libre cours à de multiples combinaisons à trois. Les acteurs étaient beaux, les figures plaisantes. Alors, on s’est mutuellement branlés, puis on a baisé sur le petit canapé en skaï.

En partant, on a laissé, collée dans un coin de l’écran, une petite mèche de ma touffe enduite de ton foutre encore chaud. Il y en a qui gravent leurs noms dans l’écorce des arbres, d’autres qui les écrivent sur les murs des portes cochères… Les plus célèbres laissent l’empreinte de leurs mains dans le ciment frais. Nous, on colle des poils de cul enduits de sperme sur des écrans de télévision, c’est moins banal. Crois-tu que depuis ce jour-là quelqu’un a fait le ménage ?

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 11 février 2009 3 11 /02 /Fév /2009 08:37

MOI. Cette histoire de manuscrit oublié me rappelle un de nos après-midi ensoleillés au bord d’un torrent de montagne. Nous avions pique-niqué tous les quatre sur l’herbe et sans doute abusé du vin de Savoie. Julia et Jean avaient néanmoins entrepris une randonnée digestive vers les sommets. Nous avions sagement opté pour une sieste.

Tu t’es endormie aussitôt, allongée sur le ventre, les fesses à l’air, les cuisses écartées, bien cambrée, le cul tendu vers le ciel sans nuages. J’ai caressé les poils magnifiques qui poussent entre tes fesses. Je t’ai léchée aussi, noyant ta vallée intime de salive épaisse. Et, tout en enfonçant mes doigts dans tes deux trous bienveillants, je pensais au titre du roman de Balzac, Le Lys dans la Vallée.

 

ELLE. En voiture. On file sur l’autoroute qui déroule son large ruban noir à travers le pays. On voyage, tous les deux, comme un vieux couple aguerri aux tête-à-tête. Tu conduis. Il fait chaud, très chaud. Notre voiture n’est pas climatisée, alors on roule toutes vitres baissées. J’ai soulevé ma jupe pour me ventiler la touffe. Il y a des routiers qui klaxonnent quand on les dépasse. Ça te fait tellement bander que tu dois t’arrêter à la prochaine aire de repos. Tu finis par nous trouver une place entre les remorques de deux énormes camions qui nous font aussi de l’ombre… Tu me branles des deux mains. Je te suce. Par les vitres ouvertes, on entend le grondement incessant du fleuve de voitures qui filent vers le Sud. Ça sent le gasoil à plein nez. Je suis si excitée que, pour me finir, je baise avec le levier de vitesses.

Quand on repart, le levier est comme beurré de foutre. Tu remets le moteur, tu veux passer la première et puis tu cales…


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 7 février 2009 6 07 /02 /Fév /2009 15:05

MOI. Il faisait déjà nuit noire lorsque tu es revenue du travail. Après cette froide journée d’hiver, j’étais allé prendre un bain en attendant ton retour. J’étais mollement avachi dans mon sarcophage d’émail, vaguement somnolent, lorsque tu es entrée sans ménagement dans le hammam brumeux de la salle de bains. En quelques contorsions, te voilà toute nue, habillée de vapeur.

- La nuit va être glaciale ! as-tu annoncé d’un ton péremptoire. D’ailleurs, il a commencé à geler.

Tu as filé à la douche. Derrière la vitre granitée de la cabine, je distingue la masse trouble de ton corps nu, tes bras levés vers la pluie chaude, la blancheur laiteuse de tes fesses… Tu fredonnes une chanson d’amour de Julio Iglesias, car tu es une sentimentale.

Enfin, te voilà qui ressors de la cabine. Toute mouillée, ta longue touffe, collée, dégoulinante, pendouille entre tes cuisses comme le pelage d’une chienne qui sort de l’eau. J’en bande instantanément. Tu viens t’asseoir face à moi, au bord de la baignoire. Mon pied droit remonte ta jambe, puis ta cuisse et, doucement, se glisse dans ta vulve savonneuse. Tu t’ouvres à l’extrême. Mon pied s’enfonce en toi profondément, jusqu’à te caresser le col de l’utérus avec les orteils. Tu jouis comme ça, les pieds dans l’eau chaude, les fesses sur l’émail.

Plus tard, je te fourre mon gros orteil dans le trou du cul pendant que tu te shampouines la touffe. C’est à mon tour de jouir. J’éjacule dans la mousse. Mes giclées de sperme font comme un petit remous à la surface de l’eau, rien de plus.

 

ELLE. Quelle mouche t’a donc piqué de nous quitter ainsi, de façon si impromptue ? En pleine partie, si l’on peut dire. Certes tu avais des obligations citadines, mais cela ne pouvait-il pas attendre un peu ? En partant, tu avais abandonné le manuscrit d’une nouvelle : une cinquantaine de pages dactylographiées que je t’envoie par courrier. Je dois t’avouer que je n’ai pu résister à la tentation : je les ai lues. En avais-je le droit ? J’ai considéré que cet oubli était peut-être un présent.

Dès les premières lignes, je t’ai retrouvé. C’était comme si tu étais de nouveau là, tout près de moi, à me chuchoter des indécences à l’oreille, à m’enlacer de tes guillemets, à me titiller de tes virgules, à me caresser lentement de tes points de suspension.

L’histoire m’importait peu : seuls comptaient les mots, leur musique si douce à mon corps. Je m’étais enfermée à l’étage, dans une des chambres d’amis, tu sais celle au papier peint à fleurs et au vieux lit bateau. Tu y as même couché quelques nuits, au temps où nous ne nous étions pas encore apprivoisés. Le couvre-lit et le creux de l’oreiller avaient gardé un peu de ton odeur, légère et fragile comme une empreinte de pied d’enfant.

La chambre n’avait pas été chauffée de l’hiver : le carrelage était froid, l’air un peu humide. Mi-assise, mi-couchée, la nuque appuyée contre la tête de lit en chêne, le manuscrit posé sur les cuisses, je te lisais à voix basse.

Malgré le froid et la solitude, j’avais le ventre en sueur. Alors, pour tourner les feuilles récalcitrantes, je mouillais mon index avec la salive de ma vulve marécageuse. J’en avais tellement envie que j’ai joui dix pages avant la fin de l’histoire.

M’en voudras-tu beaucoup si quelques coins de feuilles ont gardé la trace de mon désir ?


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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