inédits

Mercredi 8 juillet 2009 3 08 /07 /Juil /2009 18:35

Baiser dans la salle de bain

 

28 septembre 1930. Marguerite et Joseph rentrent du cinéma où ils sont allés voir Le Mystère de la chambre jaune  de Marcel L’Herbier. Marguerite s’attarde dans le cabinet de toilette contigu à leur chambre. Tout en se refaisant une beauté devant le petit miroir accroché au mur, elle fredonne Parlez-moi d’amour de Lucienne Boyer. Il n’y a pas encore l’eau courante, juste une table en bois avec une cuvette émaillée et un broc d’eau froide. Quand ils auront un peu d’argent de côté, ils s’offriront un tapis pour protéger le parquet et peut-être un tub pour la toilette du dimanche. Elle n’a pas entendu entrer Joseph. Il est derrière elle, tout près. Il a retroussé sa jupe et l’a prise comme ça, courbée devant le petit miroir accroché au mur. Joseph, n’a jamais été un sentimental, mais il n’y a dans ses gestes ni violence, ni quelconque mépris.

1er mai 1952. Simone et André ont défilé derrière la banderole de la CGT. Ils sont rentrés fourbus, poussiéreux comme si on les avait saupoudrés de sucre glace. L’occasion ou jamais d’inaugurer la toute nouvelle salle de bains qu’André vient de bricoler. Il a recouvert le vieux parquet de linoléum, installé un bidet et une douche en plus du lavabo. À califourchon sur le bidet, Simone toute nue chantonne Ma p’tite folie de Line Renaud et se rince délicatement la chatte. André la regarde et il bande. Alors, ils baisent debout sous la douche, dans la brume épaisse de la vapeur d’eau. Le petit chauffe-eau ronronne au butane. Ils se font mousser au savon de Marseille. Simone a la bouche et le vagin sirupeux. André a la bite combative. Ils jouissent ensemble, en militants solidaires. Ce soir, ils iront au cinéma, il paraît qu’on y passe Quo vadis. Ce n’est pas vraiment révolutionnaire, mais peu importe…

16 août 1971. Chantal et Alain sont rentrés complètement défoncés. Ils ont pris un trip d’acide et fumé de l’afghan pour la descente. Alain n’arrête pas de chanter en sourdine Till the morning comes de Neil Young. Chantal s’est fait faire des tresses et parle de partir vivre en communauté sur le plateau du Larzac. Hier soir, au cinéma, ils sont allés voir Max et les ferrailleurs de Caude Sautet et depuis Alain pense sans cesse à Romy Schneider. Dans la salle de bain au sol entièrement recouvert de moquette mauve, Chantal s’est mise à poil. Elle se contemple le visage en trois dimensions devant l’armoire de toilette murale dont le triptyque des miroirs éclairés au néon lui renvoie le triple reflet de sa jeunesse. La baignoire se remplit d’eau chaude et de mousse, l’épaisse moquette est douce sous les pieds. Alain est entré lui aussi. Il a vu l’intégrale nudité de Chantal, ses seins que rien ne retient, sa touffe abondante, sa chevelure tressée. Sur le plateau de la chaîne hifi tourne Stairway to heaven de Led Zeppelin. Ils baisent comme des malades au bord de la baignoire. Il lui lâche tout au fond du vagin : rien à craindre, elle prend la pilule. Après, elle se calme la vulve à l’eau tiède au robinet mitigeur de la douche. 

3 octobre 1990. Laetitia et Anthony écoutent la pluie qui fouette la fenêtre de la salle de bain. Dehors, c’est déjà l’automne. Tout juste sorti de la baignoire, il prend un grand drap de bain 100% coton sur le sèche-serviettes chauffant qu’ils ont fait installer contre le mur. Laetitia est en peignoir. Elle est toute nue là-dessous. La mélodie de Une femme avec une femme du groupe Meccano lui trotte dans la tête. Elle se regarde dans l’immense miroir mural éclairé par une rampe de spots, au-dessus de la vasque d’un blanc immaculé. Pour leur soirée cinéma, ils hésitent : elle aimerait aller voir Les liaisons dangereuses de Stephen Frears, il préférerait Nikita de Luc Besson. Ils se chamaillent un peu, histoire de s’exciter. Alors, en attendant de se mettre d’accord, ils baisent. Elle, assise sur le meuble de la salle de bain, les fesses bien calées entre la vasque et la haute étagère à serviette, le peignoir dénoué sur son intégrale nudité ; lui, debout entre ses cuisses ouvertes, la bite à bonne hauteur, comme si tout avait été calculé pour. La tête penchée, front contre front, ils observent attentivement leurs sexes qui s’emboîtent parfaitement. Ils se connaissent, ils l’ont fait tant de fois. Elle se prend pour Glenn Close, finalement il se verrait bien en Valmont…

31 décembre 2008. Vanessa se prépare dans la salle de bain. Je l’entends qui chante Tess me dit veux-tu m’embrasser, Tess me dit pourquoi me regardes-tu, j’ai une épine dans le cœur*… La nuit vient de tomber. Ce soir on ira faire la fête avec des copains. Tess me dit il est plus tard que tu ne penses… Je sais qu’elle m’attend. Je la trouve debout devant le miroir, en string rose et bas noirs. Je ne vois que ses fesses blanches, délicieusement rondes. Je vais regarder la lune par-dessus ton épaule. Mon dieu, que tu es belle ainsi face à face avec le reflet de ton pubis rebondi, du petit cratère de ton nombril, des aréoles sombres de tes seins laiteux et de ton visage qui me regarde et me sourit gravement… Crois-tu que je m’en sortirais si je te tournais le dos… Oui, ma compagne chérie, laissons couler l’eau de notre baignoire à remous bouillonnants et baisons dans notre salle de bain qui est notre pièce à vivre d’amour et d’eau chaude.

 

* Paroles extraites de la chanson « Tess » de Raphaël, album : je sais que la terre est plate

 

© Michel Koppera, juillet 2009

 

     

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 29 juin 2009 1 29 /06 /Juin /2009 07:34

Baiser chez des amis

 

Chez mes amis.

Pour l’occasion, Sandra et Bernard ont mis les petits plats dans les grands. On peut dire qu’on est gâtés : langoustines fraîches, carré d’agneau accompagné d’un gratin d’aubergines, sorbet de fruits rouges maison. Ça fait plus d’un an qu’on ne s’était pas revus et, à cette époque, je vivais encore avec Nadège.

Nadège, ils y étaient habitués, ils avaient même fini par croire qu’on ne pourrait pas vivre l’un sans l’autre. Six années, tout de même, ça ne s’efface d’un simple geste de la main sur une poignée de porte ! Et pourtant… Exit Nadège, histoire terminée, classée et oubliée… enfin presque. Désormais, il faudra dire Edwige. Avec cette finale identique qui tombe bien mal, les conversations auraient pu tourner au numéro de funambules. Cependant, on parvient à se demander des nouvelles sans parler de Nadège, à évoquer le passé sans prononcer le nom de Nadège, à repartager des souvenirs communs sans se rappeler de Nadège… À table, Bernard garde le sourire et Sandra croise et décroise ses belles jambes, comme si elle cherchait désespérément la bonne posture pour ne pas faire de gaffes.

Le dîner s’achève tant bien que mal. On écoute quelques CD tout en discutant boulot, politique et cinéma. On ne parle ni d’amour ni d’avenir : terrain miné ! Edwige se tait, elle écoute. Elle fait ça très bien.

Sandra nous accompagne jusqu’à la porte de la chambre d’amis. Une petite pièce douillette qu’ils ont aménagée dans une aile de la maison. C’est simple, mais accueillant. Sandra a mis des doubles rideaux aux fenêtres, Bernard a accroché quelques-unes de ses aquarelles au mur. Il y a un grand lit bateau, une table de chevet, et même une petite bibliothèque en cas d’insomnie. J’y ai beaucoup de souvenirs.

- Alors, comment tu les trouves ?

- Plutôt sympas… Tu les connais depuis longtemps ?

- Plus de vingt ans. On était au lycée ensemble.

Je l’observe pendant qu’elle se déshabille et jette ses vêtements en vrac sur le tapis. Je regarde ses seins, ses cheveux blonds ; je pose la main sur ses hanches nues, entre ses cuisses entrouvertes…

- Le lit, il est comment ?

- Pas mal, mais je crois me souvenir que le sommier grince un peu…

Effectivement, il grince. Peut-être que c’est à cause de ça qu’Edwige n’a pas joui comme d’habitude… Ou alors, c’est à cause de ses règles qui sont arrivées en pleine nuit, sans prévenir, et qui ont taché les draps et même le matelas. J’espère que Sandra et Bernard ne seront pas fâchés…

 

Chez ses amis.

Je dois admettre qu’on n’a pas été trop mal reçus, même si Juliette n’a rien d’un cordon bleu. Plateau de fruits de mer sans doute acheté chez un traiteur, mouton rôti et glaces à l’eau parfumée. C’était bon, sans plus. Pas de quoi se relever la nuit ! À table, Pierre, le mari de Juliette avait le sourire grimaçant. Mine de rien, il reluquait les cuisses d’Edwige qui pour l’occasion portait une jupe bien courte. Je mettrais ma main au feu que ces deux-là ont déjà baisé ensemble et que ça ne date pas du siècle dernier.

Le repas n’en finissait pas. La conversation, c’était Radio Nostalgie : les souvenirs succédaient aux souvenirs, les sous-entendus aux non-dits. Edwige et nos hôtes échangeaient des rires et des regards complices. De temps à autre, rayonnante de joie enfantine, elle me prenait à témoin :

- Tu te rends compte ! Tu aurais vu ça ! Dommage que tu n’aies pas été là, tu te serais bien marré !

Je souriais, enfin j’essayais. Comme si j’avais choisi de ne la rencontrer que l’an dernier !

Enfin on nous a montré le chemin de la « chambre d’amis ». Ou plutôt du débarras aménagé. Il avait suffi de dérouler un tapis sur le linoléum, de remonter un vieux lit et une table de nuit dépareillés, d’accrocher aux murs quelques déplorables tableaux et de mettre des doubles rideaux à la fenêtre. Neuf mètres carrés à tout casser, au bout d’un couloir très loin de la salle de bain et des toilettes. Ça sentait le renfermé, c’était la « chambre d’amis ». Il n’y avait même pas une chaise pour poser ses fringues ! Mais Edwige s’était mise à poil, avait sauté sur le lit et y minaudait comme une chatte qui vient de retrouver son panier.

- Le lit n’a pas l’air terrible…

- C’est pas grave, allez viens, donne-moi ta bite !

Dans le noir, j’ai repensé à Nadège, et aussi à toutes les fois d’avant où Edwige avait baisé dans ce lit, avec d’autres mecs et, sans aucun doute, avec Pierre… Au dernier moment, je me suis retiré et j’ai tout balancé dans les draps.

 

© Michel Koppera, juin 2009 ( vous aurez reconnu un dessin de Martin Veyron et une illustration de Jean Morisot )

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 27 juin 2009 6 27 /06 /Juin /2009 15:14

















Baiser sur une île déserte

 

La meilleure chose à faire, c’est de se branler en attendant Vendredi et peut-être Dimanche…

 

© Michel Koppera, juin 2009

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Dimanche 21 juin 2009 7 21 /06 /Juin /2009 12:06
21 juin, c'est l'été, il fait beau. Vous ne savez pas quoi faire ? Pourquoi ne pas aller faire un tour au zoo ?

Baiser au zoo.

 

Une fois par mois, mon cousin Matthieu se rend au zoo avec sa femme Nina. Toujours le même jour, le deuxième lundi du mois ; toujours le même zoo. Lorsque j’ai appris ça, j’ai d’abord cru qu’ils s’étaient pris d’affection pour un animal en cage ou que c’était leur façon à eux de se donner l’illusion de voyager au loin à peu de frais.

Nina a 42 ans. C’est une petite femme brune, plutôt boulotte, avec des jambes courtes et un visage avenant. Je ne l’ai jamais connue de mauvaise humeur. Matthieu a presque dix ans de moins que son épouse et ce qu’on appelle un physique ingrat : une dentition pour le moins désordonnée, une petite bedaine et d’énormes mains poilues de bûcheron canadien. Bien qu’habitant une petite maison avec jardinet, ils n’ont ni chien, ni chat, et n’ont jamais évoqué en public le désir d’en posséder. Aussi, leur visite mensuelle au zoo n’a pas manqué de m’étonner, puis d’éveiller ma curiosité. J’ai profité d’un repas de famille où Matthieu avait un peu abusé du punch pour aborder le sujet. On se trouvait seuls, un peu à l’écart. Il a rougi jusqu’aux oreilles ; décidément, ça devenait intéressant.

- C’est très personnel… Tu vas te moquer de moi…

- Mais non ! Allez, dis-moi. Je te promets que je ne le répéterai à personne !

- Promis juré ?... On y va faire l’amour.

Sur le coup, j’ai cru avoir mal entendu. Sans doute avait-il parlé de vautours ou de loups… Je l’ai fait répéter… Non, j’avais bien entendu !

Alors, sans trop se faire prier, il m’a tout raconté. Ils ont choisi un lundi parce que c’est le jour le plus creux de la semaine, le jour où les allées sont presque désertes, sans enfants, où les gardiens fatigués de l’affluence du week-end sont moins vigilants. Comme Nina a des cycles réguliers de trente jours, le second lundi du mois correspond presque toujours à son ovulation.

- Elle est très excitée et les animaux le sentent, me confie Matthieu.

Le jour venu, Nina s’habille avec une jupe assez ample et ne met pas de slip. Tout comme Matthieu qui porte un survêtement avec un pantalon facile à baisser, sans s’encombrer de boutons, de fermeture éclair ou de boucle de ceinture.

Ils débutent leur visite par les volières des oiseaux exotiques. Ces bêtes-là sont sages, à l’exception des perroquets qui parfois se permettent des sifflets et des quolibets salaces. Ils enchaînent avec les parcs où vont et viennent les grands fauves, comme nimbés d’odeurs sauvages qui font frémir Nina, surtout quand ils la fixent avec leurs yeux dorés de cruelle gourmandise.

Mais les choses sérieuses ne commencent que devant les reptiles qui somnolent dans leurs vivariums tropicaux. Matthieu se laisse masser la bite et les couilles pendant qu’ils contemplent en silence les puissantes torsades de l’anaconda ou du python dont les écailles luisent dans la pénombre. Un frisson de désir court sous les doigts de Nina.

Ils poursuivent avec les grands herbivores de la savane africaine. Nina aime particulièrement les spécimens mâles des girafes et des zèbres. Avec un peu de chance, elle les verra bander et ce spectacle suffit à exacerber sa libido. Matthieu me fait une description méticuleuse du gigantesque pénis des girafes. Il me dit aussi qu’une fois, Nina s’est fait lécher la vulve à travers le grillage d’un enclos par un jeune buffle, mais j’ai du mal à le croire.

Le quartier des grands primates constitue le clou de la visite. On y trouve un couple de bonobos, une douzaine de chimpanzés et surtout un magnifique orang-outang solitaire qu’on peut admirer derrière une épaisse paroi de verre. C’est là que ça se passe. Quand ils voient le couple arriver – Matthieu m’affirme même qu’ils sont attendus – les chimpanzés cessent leurs jeux de balançoire et d’épouillage et se rassemblent devant leur grille. Nina soulève sa jupe, Matthieu baisse son pantalon. Ils se branlent  de concert. Puis, Nina se met à quatre pattes, la jupe repliée sur les reins, la croupe en l’air ; accroupi derrière elle, Matthieu la prend en levrette. Les chimpanzés hurlent et trépignent de joie, le couple de bonobos baise furieusement, l’orang-outang envoie son sperme sur la vitre, Nina et Matthieu jouissent en grognant.

- Ça nous rend heureux, conclut-il en me laissant.

J’ai raconté l’histoire à Nadège et, à force d’insinuations, je l’ai convaincue de tenter l’expérience. Mais de toute évidence, Nadège n’est pas Nina et je ne suis pas Matthieu. Si le regard doré des grands fauves nous a procuré quelques frissons, le spectacle des reptiles nous a plutôt glacé le sang. Pour nous, les grands herbivores de la savane africaine n’ont fait que d’énormes bouses. Quant aux primates, non seulement ils ont à peine jeté un œil à la chatte pourtant généreuse de Nadège, mais quand on s’est mis en position d’accouplement, les chimpanzés nous ont jeté en criant des trognons et des pelures de fruits douteux et l’orang-outang a copieusement pissé sur la vitre de sa cage.

 

© Michel Koppera, juin 2009


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 15 juin 2009 1 15 /06 /Juin /2009 04:23
Pour ce 17ème volet de la série, Camille m'a de nouveau fait l'honneur d'un dessin et je l'en remercie.


Baiser dans les toilettes publiques

 

Quand on arrive par l’autoroute, à une trentaine de kilomètres de N*, il y a une aire de repos plutôt bien entretenue. On peut y vérifier la pression des pneus, y acheter des boissons fraîches dans une sorte de boutique ambulante, et surtout y faire un arrêt pipi. Avec Martine, c’est toujours là qu’on s’arrête, envie ou pas. On y a comme qui dirait nos habitudes. Reste juste à décider si on ira dans les toilettes pour femmes ou les toilettes pour hommes.

Les toilettes pour femmes.

On les choisit avant tout pour leur propreté, bien qu’il nous soit arrivé de les trouver en triste état, mais c’était un jour de grands départs. En général, les odeurs y sont plutôt agréables presque fleuries, les carrelages des sols et des murs impeccables et on n’y manque jamais de papier hygiénique. C’est là que nous entrons lorsque nous souhaitons baiser à l’ancienne, je veux dire sans risque mais aussi sans émotions fortes. On se glisse discrètement dans une des cabines, on met le verrou et on se met dare-dare à l’ouvrage. Martine relève sa jupe, baisse sa culotte ; j’ouvre mon pantalon, je sors ma bite. Si je bande à peine, Martine me suce un peu, mais le plus souvent c’est inutile. Alors, je m’assois sur la cuvette, Martine me chevauche, me présentant son cul et sa chute de reins. On serre les dents pour ne pas faire de bruit. On n’écoute pas vraiment de qui se passe dans les cabines voisines ou devant les lavabos. On reste concentrés sur notre affaire. Ça nous prend cinq à dix minutes de patient limage. Je me permets parfois la fantaisie de lui caresser un sein ou de lui titiller gentiment le trou du cul, mais rien de plus. On a notre orgasme individuel. La seule fantaisie que nous nous offrons, et encore pas à chaque fois, c’est de nous observer en train de pisser. À genoux à côté de la cuvette, Martine regarde ma miction avec sérieux ; puis c’est à mon tour. Avec un peu de chance, je verrai en prime un filet de mon sperme couler de sa vulve et tomber en gouttes épaisses dans le fond de la cuvette. On reprend la route sans tarder.

Les toilettes pour hommes.

En dernier ressort, c’est Martine qui décide d’entrer ou pas dans les toilettes côté hommes. Elle m’envoie en éclaireur pour s’assurer que la voie est libre. À chaque fois, on a le cœur qui bat vite. Martine a les yeux dans le vague, comme si elle avait bu. Je connais ce regard, c’est celui des mauvais jours : jours de règles en retard, d’humeur maussade… Et pire encore si c’est au retour d’une visite chez ses parents... Une fois enfermés dans notre cabine, on ne se touche pas tout d’abord. L’oreille aux aguets, Martine écoute les bruits proches : chasses d’eau, clapotis d’urine dans les cuvettes, zips de fermetures éclair, froissements de papier hygiénique. Une forte odeur de pisse mâle remplit l’espace jusqu’à l’écoeurement. Tout en écoutant, Martine consulte les inscriptions sur les cloisons et la porte des toilettes, graffitis obscènes, adresses de rendez-vous gays et numéros de téléphone pour un premier contact. Il lui arrive d’appeler un de ces numéros sur son portable, rien que pour écouter le message d’accueil d’un homme qui lui décrit en détail son érection et son attente de bite dans le cul. Martine pose la main sur ma braguette et masse lubriquement mon érection tout en composant un nouveau numéro. Dans la cabine voisine, un homme vient de prendre place. On l’entend uriner, un jet puissant qui fait chanter la cuvette, puis on distingue son souffle court. Martine me regarde en souriant : le mec se branle, elle l’a aussitôt deviné. Je soulève sa jupe et glisse ma main droite dans son slip. Je m’en doutais, elle est trempée. Je lui masse le clitoris hypertrophié de désir.
 Sa mouillure est intense et m’englue les doigts. Elle a sorti ma queue et la pétrit avec la même ardeur que celle du mec qui se masturbe de l’autre côté de la cloison. Martine se shoote aux phéromones. Dans la grande salle carrelée aux urinoirs, c’est le ballet incessant des hommes pressés, le chuintement des chasses d’eau, le battement des portes à double battant. Le mec d’à côté éjacule en silence, Martine me serre la queue. On attend encore quelques instants pour se mettre à baiser pour de bon. On est debout, face à face, bouche contre bouche, ventre à ventre. Finalement, Martine enlève son slip et me repousse vers le siège. On prend notre position habituelle. Elle s’encule d’autorité, elle est devenue homme-femme. Elle a l’orgasme laborieux. Quand c’est terminé, si elle est bien disposée, elle me donne en cadeau le spectacle d’un étron tout frais. Avec un peu de chance, il sera strié de foutre encore chaud. Nous sortons des toilettes pour hommes, bras dessus, bras dessous, sous les regards jaloux des hommes debout, les jambes légèrement écartées, devant les urinoirs.

 

© Michel Koppera, juin 2009        


je suis désolé pour Camille, mais je ne connais pas l'auteur du second dessin ( celui de la fellation) car je sais qu'il lui plaira sans doute. par contre, le dernier est une illustration de Jean-Marie Poumeyrol parue dans son premier album. Elle a pour titre "Travestis" ( 54 X73 cm) et date du 26 octobre 1970
Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 5 juin 2009 5 05 /06 /Juin /2009 08:09
Pour ce texte, Camille m'a fait l'honneur d'une illustration originale et je l'en remercie encore vivement.


Baiser sous la tonnelle

 

- Chéri, la météo annonce du beau temps, on pourrait remonter la tonnelle. Qu’est-ce que tu en penses ?

La tonnelle, c’est  notre salon d’été. Douze mètres carrés de toile bleue sur armature en aluminium boulonnée dans le béton de la terrasse, avec moustiquaire, grande table de jardin en teck, rideaux, double toit pour la ventilation, éclairage électrique, balancelle et clématites… On y prend les repas, on y fait la sieste, on y reçoit les voisins et amis, on y baise.

Eté oblige, il faut être patient. Alors, en attendant, on mange des salades tomate-mozarella à l’huile d’olive, avec du basilic frais du jardin et un filet de vinaigre balsamique ; ou encore du melon accompagné de tranches de jambon de Parme si fines qu’on peut voir le crépuscule à travers.

Il y a des nuits d’été propices à l’amour sous la tonnelle. Des nuits où les vers luisants paradent dans l’herbe rase, des nuits où fanfaronnent les grillons et les grenouilles, des nuits au ciel constellé avec parfois un orage qui gronde au loin, des nuits moites sans lune aucune, des nuits à la brise marine si légère qu’elle semble une vibration, des nuits de tendresse.

On a prolongé le dîner au-delà du raisonnable. Les enfants sont allés se coucher ou, plus sûrement, se gaver de jeux vidéo et de blogs pubères dans leurs chambres closes. Aussi, on reste là tous les deux, un peu désemparés de se retrouver seuls dans l’épaisse pénombre. Certes, on pourrait allumer l’ampoule électrique de l’abat-jour, mais on redoute la danse fébrile des papillons de nuit.

Dans l’obscurité, je la distingue à peine, si ce n’est la tache claire et mouvante de sa robe de coton blanc. Elle est dans la balancelle, à moitié couchée sur les coussins, jambes repliées, les pieds nus sous les fesses. On parle peu. Quelques phrases sans importance. L’instant n’est pas aux conversations sérieuses ou aux sujets qui fâchent. Alors, on ne parle ni du boulot, ni des enfants, ni du lave-vaisselle en panne…

J’ai tiré les rideaux sur trois côtés, laissant grand ouvert celui qui donne sur le parc dont les frondaisons nous protègent des regards de la rue.

Ensemble dans la balancelle, nous retrouvons de fugitives sensations d’enfance, lorsque nous passions de longs moments à la balançoire. Nous étions alors totalement étrangers l’un à l’autre et pourtant éprouvions les mêmes émois au plus secret de nos ventres quand nous nous élancions vers le ciel, à grands éclats de rires et de frayeur.

Avec les années, les rires sont devenus soupirs, la peur a laissé place au désir. Elle ne porte ni soutien-gorge, ni culotte, mais elle a conservé l’intégralité de son triptyque naturel. Ses aisselles et son mont de Vénus captent dans leurs boucles noires les parfums du jardin. Au printemps, ses touffes respirent les senteurs du chèvrefeuille et du seringat. Dans les mauvais jours, elles ont des relents de coriandre ou d’oignon. Mais, en cette nuit d’été, tous ses poils intimes exhalent le thym et la lavande fleurie.

Je me fais bourdon pour m’abreuver du pollen de sa fleur baveuse. Il n’y a pas besoin de fermer les yeux pour se croire au paradis. De sa fente pourpre, montent des parfums de miel. Elle mouille autant que je bande. On s’embrasse, on se caresse, on se lèche, on se balance pendant qu’un crapaud lance la note claire de son chant amoureux, comme la ponctuation de notre sérénade sensuelle. La suite n’est qu’affaire d’improvisation au gré des humeurs et des opportunités. On peut baiser furieusement appuyés contre la table en teck, tendrement crucifiés à l’armature en aluminium, les bras en l’air et le ventre en feu, ou simplement emboîtés dans le nid de coussins de la balancelle qui tangue.

En sueur, on finit par s’assoupir. Tard dans la nuit, je suis réveillé par le chant aigu d’un moustique matinal qui vient de me piquer la bite encore poisseuse de sperme refroidi. Il est grand temps d’aller se coucher.


© Michel Koppera, juin 2009


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Mardi 2 juin 2009 2 02 /06 /Juin /2009 17:27

Pendant de longues années, trop longues sans doute, j'ai fumé. Et beaucoup de mes amies aussi. Cécile était du nombre. Elle fumait des Gauloises ou Gitanes, je ne sais plus exactement. Nous avons été amants par intermittence. J'ai fait de nombreuses photos de Cécile, mais celles que je trouve les plus érotiques sont celles de sa main avec une cigarette allumée entre l'index et le majeur. Quand elle tenait sa cigarette comme ça, je savais que nous allions bientôt baiser ensemble. C'était sa façon à elle de me dire son désir. J'aimais le goût du tabac dans sa bouche lorsque nous nous embrasserions...
 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 1 juin 2009 1 01 /06 /Juin /2009 15:08

Un des derniers dessins que j'ai réalisés. C'était en 1991, à la suite d'une longue relation à trois : elle s'appelait Nadine, il s'appelait Pierre. Notre aventure a duré presque deux années entières. Ensuite, nos trajectoires ont divergé. De ces deux années, restent quelques photos et des dessins, dont celui-ci. Il a été réalisé au compas, et trois crayons de couleur.

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Dimanche 31 mai 2009 7 31 /05 /Mai /2009 10:17
Hier soir, c'était la dernière journée du championnat de France de football ( ligue 1). À cette occasion, j'ai écrit ce quinzième épisode de la série des "Baiser". Que les supporters n'y voient aucune malice.

Baiser dans les vestiaires d’un club de foot

 

On n’a jamais été aussi proches de la relégation. Les années précédentes, on avait réussi à s’en tirer tant bien que mal, grâce à quelques bons résultats en déplacement. Mais là, on est dans la merde ! Tout va se jouer sur un match, le dernier de la saison. Il faut qu’on gagne, impérativement. Un match nul ne suffirait pas. Comble de malchance, on reçoit le deuxième du classement. En cas de victoire, ils finissent premiers. Autant dire que c’est très mal engagé.

Le dernier entraînement, c’était samedi soir. À huis clos. Personne ne manquait à l’appel : les joueurs au grand complet, le coach, le kiné, les dirigeants et même un représentant de notre sponsor. Le Président nous a promis une grosse prime de match en cas de victoire. On était remontés à bloc.

- Jusqu’à demain, concentration maximum sur l’objectif, a répété le coach. On mange léger, sans alcool, on ne se rase pas et surtout on ne baise pas ! Faites le plein d’énergie et d’agressivité pour le match…

Sauf qu’à la sortie du stade, il a fallu que je tombe sur Véronique qui m’attendait sur le parking, près de ma voiture.

- Salut ! qu’elle m’a dit. J’étais venue pour vous encourager, mais apparemment j’arrive trop tard… Ça va ?

Véronique, c’est ma copine. On sort ensemble depuis presque trois ans. Mais on ne vit pas dans le même appart. Chacun chez soi. Faut dire que Véronique, le foot ça ne l’intéresse pas vraiment. Elle préfère le tennis. Alors, elle ne vient quasiment jamais au stade.

- T’as un peu de temps ? qu’elle m’a demandé. Tu pourrais me faire visiter ?

- Visiter quoi ?

- Les vestiaires, les installations, comme qui dirait les coulisses du stade…

Heureusement que j’étais le dernier, sinon je crois bien que ça n’aurait pas plu que j’amène une femme dans les vestiaires. Dans la salle, ça sentait la sueur à peine refroidie. À terre traînait une paire de chaussettes oubliées et aux portemanteaux étaient pendus quelques chasubles que nous avions portées pendant l’entraînement. Sur la table centrale, des bouteilles d’eau minérale entamées, le chronomètre du coach. On a continué par les douches où la vapeur d’eau embrumait encore l’air moite.

- C’est donc vrai que vous vous douchez tous ensemble ! s’est-elle étonnée. Comme dans les films ! Vous êtes tout nus ?

- Bien sûr que oui, qu’est-ce que tu croyais ?

- Alors, chacun peut voir la bite des autres, ça ne vous gêne pas ?

Elle, en tout cas, ça l’émoustillait. Elle m’a regardé de travers.

- Et les arbitres, ils sont avec vous ?

- Non. Ils ont leur vestiaire personnel, avec un bureau et une cabine de douche individuelle.

De retour dans le vestiaire de l’équipe, Véronique a parcouru le banc d’un regard songeur.

- Et toi, elle est où ta place ?

Je lui ai montré. Véronique est allée s’y asseoir et a commencé à se déshabiller. Elle a ôté ses sandales, son jean, son tee-shirt. Une fois en slip et soutif, elle s’est relevée.

- Allez, viens, on va baiser sous la douche !

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Si le coach l’apprend !

- Et pourquoi il l’apprendrait ?

Elle a dégrafé son soutif et glissé sa culotte à ses pieds. J’ai suivi le sillage de son petit cul qui rebondissait et fuyait amoureusement devant mes yeux.

Dimanche après-midi, à 15 heures précises, l’arbitre siffle le coup d’envoi du match. On démarre à fond, et ça paye : douzième minute, centre fuyant et reprise de volée de notre ailier droit. On mène 1-0. Le coach nous donne ses instructions : pas d’enthousiasme excessif, de la rigueur. On passe en 4-4-2, je redescends milieu défensif. Dans les tribunes j’ai fini par repérer la tache jaune vif du tee-shirt de Véronique. Elle est venue avec sa meilleure copine, Elaura. Quarantième minute, j’adresse une passe en retrait au gardien, sauf que j’ai sous-estimé la vivacité de leur avant-centre à l’affût. Ma passe n’est pas assez appuyée, il l’intercepte et s’en va lober notre gardien trop avancé. J’en ai les jambes coupées. Tout est à refaire.

À la mi-temps, dans les vestiaires, le coach pique une gueulante mémorable. Pas fiers, on se regarde les chaussettes. J’en prends pour mon grade. Jamais un quart d’heure ne m’a paru aussi long ! De retour sur le terrain, je cherche Véronique du regard. Je vois bien Elaura, mais pas la tache jaune du tee-shirt de Véronique. Peut-être qu’elle est fâchée contre moi ou qu’elle pense que le match est plié. L’arbitre de champ se fait attendre ; il finit par arriver avec presque cinq minutes de retard.

Seconde mi-temps. On rame, comme si on avait tout donné dans les quarante-cinq premières minutes. C’est un miracle si on n’encaisse pas un deuxième but. D’ailleurs, on s’en prend un, heureusement refusé pour une charge sur notre gardien, pas du tout évidente. Les coachs s’égosillent au bord du terrain. Et puis, à la quatre-vingt-troisième minute, on bénéficie d’un penalty généreux : l’arbitre sanctionne une main dans la surface, main qu’il est le seul à avoir vue. L’équipe adverse fulmine. Distribution de cartons jaunes. C’est moi qui suis chargé de tirer le penalty. Contre-pied, but ! Mon premier regard, c’est pour la tribune où je retrouve la tache jaune du tee-shirt de Véronique. Puis mes coéquipiers me sautent dessus et je passe en quelques secondes du statut de brebis galeuse à celui de sauveur de la saison.

Le soir, on va faire la fête, d’abord au restau puis en boîte. On est tous plus ou moins éméchés. Tard dans la nuit, le coach me prend à part.

- Dis donc, tu ne m’avais pas dit que ta copine Véronique connaissait l’arbitre… C’est quelqu’un de sa famille ?

- Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

- Ecoute, tout ce que je sais, c’est qu’à la mi-temps, elle a été vue entrer dans le vestiaire  de l’arbitre et qu’elle y est restée un bon quart d’heure… Alors, j’ai pensé qu’elle était peut-être sa cousine ou quelque chose dans le genre…

 

© Michel Koppera, mai 2009


Vous aurez reconnu au passage, un dessin D'Aslan et deux vignettes d'une BD de Varenne.

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 30 mai 2009 6 30 /05 /Mai /2009 09:06

Baiser au balcon

 

C’est bientôt le 14 juillet, Nathalie est tout excitée. Elle n’arrête pas de consulter les prévisions météo sur internet. Pourvu qu’il ne pleuve pas ! Il faut dire que l’appartement de Nathalie donne sur l’Avenue Gambetta et que c’est là que passe le défilé du 14 juillet. Certes, l’Avenue Gambetta ce n’est pas les Champs-Elysées, mais quand même ! Chaque année, on a droit à une petite heure de parade militaire avec fanfares et engins motorisés. Nathalie habite au troisième étage, elle y loue un deux-pièces cuisine avec balcon, un de ces balcons à l’ancienne, avec balustres ouvragées en béton, style arts déco. Du balcon de Nathalie, on a une vue imprenable sur toute l’avenue et ses événements. Grandes manifs des jours de grève, arrivée au sprint d’une étape du Tour de France, passage du cortège du Président de la République de visite en province, départ du marathon de Pâques, tout cela c’est Avenue Gambetta. Sans compter les accrochages quotidiens, les chats écrasés au petit matin, quelques prostituées nigérianes près de l’abri-bus, un braquage de bijouterie et le blocage de l’avenue par les producteurs de lait en colère. À chaque fois, Nathalie est aux premières loges.

Depuis son divorce, Nathalie invite chaque année un de ses collègues de travail à assister avec elle au défilé du 14 juillet, depuis son petit balcon à deux places. L’an dernier, c’était Anaïs la comptable, cette année, c’est moi. Je ne sais pas si je dois en être flatté, je ne suis pas spécialement fan de l’apparat militaire. Mais Nathalie est de bonne compagnie, plutôt jolie. Elle a les cheveux châtains, les yeux pers, le visage amène. Elle n’est pas très grande, mais arbore une belle poitrine et de solides hanches.

À tout hasard, je suis arrivé avec une bouteille de champagne que Nathalie a aussitôt mise au frais. Ce matin-là, le temps était à l’orage. Au loin, on voyait déjà de sombres amoncellements de cumulus. Pour l’instant, le ciel était encore dégagé au-dessus de la ville et une chaleur lourde montait de l’avenue où se pressait la foule des grands jours. On a commencé par déployer le drapeau tricolore au balcon, puis Nathalie m’a laissé seul  quelques instants pour aller se mettre en tenue, comme elle disait. Elle est réapparue en jupe plissée bleue et chemisier blanc. La jupe était outrageusement courte et le chemisier laissait pointer ses sombres tétons sous le tissu vaporeux.

- Il ne manque plus que le rouge ! lui ai-je dit en manière de boutade.

- En es-tu si sûr ? a-t-elle répondu avec un drôle de sourire.

Le balcon est exigu, à peine plus large qu’une fenêtre. Les balustres sont hautes, le garde-corps presque à hauteur de l’estomac. Quand nous y sommes tous les deux côte à côte, nos hanches se frôlent, nos bras se touchent.

Le défilé s’annonce à grands renforts de musique. Ça commence par un détachement de sapeurs-pompiers aux casques étincelants, derrière deux gros camions rouge vif, gyrophares en folie. Ils ont même une fanfare qui fait un boucan d’enfer. Les gars marchent au pas, mais sans trop de conviction. Nathalie applaudit, ses seins se trémoussent d’enthousiasme. Après, c’est le tour d’un groupe d’une bonne centaine de fantassins, en uniforme kaki, bardés de médailles, fusil mitrailleur plaqué en travers de la poitrine. Ils occupent toute la largeur de l’avenue. Ça a l’air plus sérieux que les pompiers !

- Ils reviennent du Kosovo ! me lance Nathalie, les yeux mouillés d’émotion.

La foule applaudit, mais on sent comme une sorte de retenue craintive. Et s’ils avaient du sang sur les mains ?

Suivent une dizaine de camions bâchés, genre tenue de camouflage. Ils fument beaucoup et font trembler les vitres de l’appartement de Nathalie. Je la prends par l’épaule et la serre contre moi. Elle se laisse furtivement aller.

Puis une autre fanfare arrive, qui  joue Sambre et Meuse. Nathalie en a la chair de poule, ça lui hérisse les poils de ses bras nus. Ma main descend le long de son flanc et se pose sur sa hanche qu’elle presse tendrement. Mais voici que surgit, au fond de l’avenue, un escadron de motards de la gendarmerie. Ils se tiennent bien droit, raides comme la justice, les gants blancs sur le guidon, fourragères tressées sur l’épaule. Ils roulent presque au pas, alignés en double chevron. Nathalie les regarde passer en silence, l’œil mauvais.

- Les salauds ! Il y a un mois, ce sont eux qui m’ont arrêtée pour défaut de ceinture et usage du portable au volant. Deux cents euros d’amende et trois points en moins sur mon permis. Tu te rends compte !

J’opine du chef et en profite pour glisser ma main entre ses cuisses qu’elle écarte volontiers.

- Ah, super, voilà les fusiliers marins !

Elle a retrouvé le sourire. Je n’ai pas vu défiler les gars de la marine, j’ai juste entendu leur pas cadencé sur le macadam. Moi, je suis agenouillé derrière Nathalie, la tête sous sa jupe plissée, devant son string rouge que j’écarte délicatement pour lui lécher la chatte. Afin de mieux admirer les beaux militaires, elle s’est penchée en avant ce qui relève sa large croupe. Je ne sais pas ce qui la fait le plus mouiller de ma langue ou du spectacle des uniformes. Le défilé s’éloigne. Nathalie me rejoint dans l’ombre des balustres. Elle sort ma queue du pantalon et me branle.

- J’aime les gros calibres, dit-elle, surtout quand ça décharge. Tu connais mon adage ? 14 juillet au balcon,  feu au buisson !

On prend le temps de baiser, pendant que l’orage qui menace vide la rue de ses derniers badauds. On jouit presque ensemble aux premières grosses gouttes de pluie qui tombent dans nos coupes de champagne.

 

© Michel Koppera, mai 2009


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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