Jeudi 14 mars 2013
4
14
/03
/Mars
/2013 09:31
Calixthe BEYALA,
« La négresse rousse », 1997, Collection « J’ai lu » n° 4601, (ouvrage paru aux Éditions Belfond-Le pré aux Clercs sous le titre
« Seul le diable le savait »)
Au Cameroun, dans un village de brousse, l'arrivée d'un mystérieux étranger va
bouleverser la vie de la communauté. Un peu comme la version africaine du film "Théorème" de Pasolini
Page 25 : « Chacun savait que quelque chose d’ignoble se cachait sous l’apparence de jeunes filles et corrompait jusqu’au sang le
plus droit des hommes. Ne voyait-on pas les villageois, en manque de femmes ou rêvant d’une de ces fées démoniaques, faire le charivari avec une génisse, une chèvre ou un âne ? Ou encore ces
filles du samedi soir, qui venaient au moment des récoltes de cacao, quand les hommes touchaient les salaires. Talons hauts, bouches agrandies au rouge, ongles laqués, elles faisaient la chose
dans les champs derrière les palissades ou dans les cabinets. Il y en avait qui la faisaient debout, appuyées aux portes. »
Page 96 : Mégri, la narratrice, découvre l’amour.
« Il m’embrassa les joues, les lèvres. Sa langue à la saveur de mangue et de tabac me fait défaillir. Lentement, ses lèvres
descendent, dessinent des arabesques sur mes seins, sur mon ventre. Encouragé par mon trouble, il saisit mes jambes, l’une après l’autre, les porte sur ses épaules et s’enfonce en moi. Le contact
de son membre dans ma chair m’arrache un léger cri. Honteux mais souriant, il me demande s’il m’a fait mal. Comment lui expliquer ce désir d’une intensité incommensurable qui me prend jusqu’à la
douleur et dont l’effet persiste alors qu’il se trouve comblé ? Lentement, il m’éduque, il me disloque, il me réinvente. Sur nos corps, la sueur. De l’index, il déplace une goutte, sourit.
Nos hanches s’épousent, s’élèvent, synchronisées, langoureuses, flottantes comme pour arrêter l’espace et le temps. Le temps qui s’efface. La proximité du plaisir accélère nos mouvements, encense
la nuit d’un doux bruissement de voix qui, bientôt, débouche sur une plage de cris et de râles. Il s’écroule sur moi tel un chêne abattu. Saisie des braises de merveille, je ferme les yeux pour
relire des moments déjà perdus, presque invisibles. »
Derniers Commentaires