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Dimanche 21 mars 2010 7 21 /03 /Mars /2010 10:44
Adolescent, une des mes premières lectures "érotiques" fut la série complète des Histoires d'amour de l'Histoire de France qui figurait en bonne place dans la bibliothèque familiale. Je crois que je n'ai jamais autant aimé l'histoire qu'au cours de ces lectures. À l'époque, c'était d'une grande hardiesse. Voici un extrait du volume 4. On ne peut s'empêcher de penser à l'excellent film de Tavernier, "Que la fête commence" avec Jean Rochefort en abbé Dubois et Philippe Noiret en Régent.
Les deux derniers dessins sont de Borel ( un des graveurs incontournables du XVIII ème siècle )


Guy Breton ( 1919-2008 ) Histoires d’amour de l’histoire de France, volume 4

La présente édition date de 1960

 hdfbreton

"Dès qu’il fut reconnu officiellement tuteur de Louis XV et régent du royaume, Philippe nomma Conseiller d’Etat son fidèle abbé Dubois. Cet ecclésiastique, « abandonné aux plaisirs, victime des excès qui les accompagnent et familiarisé avec la honte qui suit certaines complaisances » fut ravi. À l’abri de ses nouvelles fonctions, il allait pouvoir assouvir ses instincts en toute liberté.

Pour fêter sa nomination, il eut une curieuse idée : il résolut d’être l’amant d’une quincaillière de la rue Saint-Roch qui lui plaisait depuis longtemps ( …) D’un bond, il fut dans la quincaillerie, d’un autre bond il fut aux pieds de la belle à qui, très simplement, il expliqua ce qui l’amenait. Par chance, la quincaillière était galante. Elle le considéra un instant, amusée par l’aventure, puis l’entraîna dans l’arrière-boutique où, sans faire d’histoire, bien gentiment, elle se laissa prendre sur un coffre à balais… Par la suite, l’abbé préféra œuvrer chez lui. Chaque soir, il faisait venir dans son appartement un groupe de jeunes blanchisseuses assez délurées dont il aimait, disait-il, « les espiègleries »hdf1

Pendant ce temps, le régent organisait, lui aussi, sa vie de façon agréable. À neuf heures du soir, il retrouvait ses amis au Palais-Royal pour un de ces petits soupers dont tous les historiens ont parlé avec verve et lyrisme.

« À ces soupers, nous dit l’un, assistaient pêle-mêle les amis et les maîtresses du régent, et les maîtresses des amis, et les amis des maîtresses »

hdfLorsque tout ce joli monde était réuni, le régent faisait fermer les portes et ordonnait qu’on ne le dérangeât pas de toute la nuit. Derrière les portes closes, des scènes peu édifiantes se déroulaient. On commençait par dîner en buvant sec de grands verres de vin de Tokay ou de Champagne. Après quoi, nous dit Saint-Simon, « on s’échauffait, on disait des ordures à gorge déployée et des impiétés à qui mieux mieux », puis le régent se penchait sur sa plus proche voisine et donnait le signal des inconvenances. Aussitôt, tous les convives se précipitaient sur les dames et les troussaient allégrement. Au bout d’un moment, les fauteuils, les chaises, la table, le tapis, les canapés étaient occupés par des couples agités et agissant.

Le tout constituait un tableau hardi.

Parfois, pour créer, dès le début du repas, une atmosphère agréable, les convives se mettaient à table complètement nus.

Au dessert, des jeux burlesques et fort immoraux avaient généralement lieu. Après quoi, on organisait des saynètes sur des thèmes graveleux ou de surprenants ballets accompagnés de violon…hdfborel

Naturellement, toutes les dames de la Cour rêvaient d’être admises à ces soupers. Mais, avant d’être invitées, elles devaient avoir fait leurs preuves, car on se méfiait des oies blanches. « Elle roulaient alors de genoux en genoux, se livrant dans leur délire à la lubricité forcenée des débauchés qui les entouraient ». Lorsque leur réputation était bonne, le régent les appelait

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 11 mars 2010 4 11 /03 /Mars /2010 15:31

James Patrick  DONLEAVY, Les béatitudes bestiales de Balthazar B

Paru aux USA en 1968, et en France en 1973 aux éditions Denoël ( texte traduit par Suzanne Mayoux). Le présent extrait est tiré de l’édition Folio n° 987 de 1977 ( dessin de couverture signé Siné )

Donleavy est surtout connu pour son roman « L’homme de Gingembre » dont je vous recommande chaudement la lecture. Il est né en 1926 à New York, mais réside en Irlande.  

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Pages 394-395

« Fitzdare alla sur la pointe des pieds tourner la clé dans ma serrure. Et revint souriante vers mon lit, en robe de soie noire ouverte sur son pyjama d’homme couleur lavande. Elle se mordait la lèvre inférieure et ses yeux brillaient d’une lueur maligne que je n’y avais jamais vue auparavant. Je redoutais que ce fût encore un rêve. ( …)

b-b-b1Oui, regarde et touche par toi-même tout ce que tu voudras. Cette chambre était celle d’un roi avant  d’être celle de ma mère, il y a des siècles de cela, et sa maîtresse lui rendait visite. Moi je ne veux pas perdre de temps. Alors je suis venue aussi. Avant que tu partes. Que tu ailles à Londres. Peut-être pour ne plus jamais revenir. Mais pour le moment. En un clin d’œil nous avions quitté nos pyjamas. Ses seins apparaissaient si gros et si blancs dans sa totale et bouleversante réalité que j’en restai stupéfait. Tout ce qui était caché sous la laine. Les muscles de son ventre, la force de ses jambes. ( ..) Fitzdare poussait des grognements, des gémissements, des grondements. M’empoignait farouchement par la perpendiculaire et trop fermement par les couilles. Ce qui m’arracha un petit cri de douleur. Elle s’écarta, dit pardon. Pose encore ta main ici, mais un tout petit peu plus doucement. Pousser, enfoncer ma verge lentement, de plus en plus loin. Sur elle, ici. Sa fente. Si petite semble-t-il qu’il n’y a pas de place pour y entrer. Mais j’y suis entré. Elle m’enveloppe de toutes parts. Et me dit non, personne ne m’a jamais pénétrée. C’est si difficile de penser que je suis le premier. Pourtant c’est vrai dit-elle… b-b-b3

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Pages 425-426. Balthazar est à Paris

J’avais des récits à faire. Que je taisais. D’une promenade à Pigalle. Où je ramassai la pièce qu’avait laissée tomber au passage une fille en robe orange moulante, aux cheveux noirs raides et brillants. Je la lui tendis, elle me dit qu’elle allait m’offrir un verre de vin.

b-b-b2 Nous nous sommes assis dans un café devant deux rouges. Au léger goût douceâtre de produit chimique. Elle ne cessait de sourire en me regardant dans les yeux. Elle venait de sa campagne du côté de Metz. Nous faisions tourner nos petits verres en forme de cheminée de bateau. Ses yeux noirs, sa peau brunie. Par tous les étés passés à vendanger disait-elle. Et vous, dit-elle aussi, vous n’êtes que mon deuxième client, je suis nouvelle dans le métier. C’est parce que vous êtes si beau que je ferai ça gratis pour le plaisir. Nous restions là, et je ne savais que faire ni que dire jusqu’à ce qu’elle posât sa main sur la mienne et dît, allez viens, ce que tu es timide. Je vidai un cognac et la suivis en haut d’un escalier étroit dans sa petite chambre. Mon corps inerte depuis Fitzdare. Elle raconta que la première fois qu’elle était venue à Paris, elle avait habité en face des abattoirs de l’autre côté du canal, et que l’odeur s’attachait à sa peau. Elle flaira son bras et se mit à rire. Elle se déshabilla. Au mur une petite image de Sainte Agnès, avec un soldat l’épée levée sur elle liée par les chevilles à un poteau. La fille bomba le buste, fit saillir ses seins, dit qu’elle ne savait pas l’âge qu’elle avait mais que ça devait tourner autour de dix-sept ans. Avec tout l’argent qu’elle allait gagner, elle achèterait une ferme. Elle ne me quitta pas des yeux pendant que je me déshabillais à mon tour et dit, vous êtes comme j’imagine que doit être un prince, tout frêle, tout blanc, tout maigre. Elle avait la peau glissante, couverte de sueur au long de cet après-midi parisien. b-b-b4

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Vendredi 26 février 2010 5 26 /02 /Fév /2010 13:37

Nancy HOUSTON, Lignes de faille ( 2006 )

Editions Babel, pages 363-364

Attention, chef d’œuvre ! à lire absolument !!!!

 

Toronto. Un après-midi neigeux de décembre 1962, un inconnu se présente au domicile familial et demande à voir la maman de Sadie qui a 7 ans. Par le trou de la serrure, la petite fille assiste aux retrouvailles de sa maman avec l’inconnu.

 houston

«  Sadie… Va dans ta chambre, ferme la porte, et attends que je te dise de sortir. »

Les mots sont comme une gifle. J’ai un mouvement de recul mais j’obéis aussi sec : non contente de fermer la porte, je la verrouille pour qu’elle sache bien à quel point sa fille est obéissante. Ensuite je vais prendre l’oreiller sur mon lit, je le pose par terre devant la porte, je m’agenouille dessus, j’ôte la clef et je regarde par le trou de la serrure.

C’est comme une pièce de théâtre. Maman et l’inconnu restent encore un moment sans bouger, sans parler, puis maman s’avance vers lui à pas lents comme une somnambule et il lui ouvre ses bras et elle se jette dedans, l’inconnu blond referme les bras sur ma mère et l’écrase contre sa poitrine en sanglotant. Maman commence à pleurer elle aussi, puis elle se met à rire en même temps. Ce qui me perturbe plus que tout, c’est qu’elle s’adresse à ce monsieur dans une langue étrangère. Ça pourrait être le yiddish ou l’allemand, ils se parlent par bribes tout en pleurant et en riant, ils respirent fort et se regardent au fond des yeux.

houston2Ça dure un bon moment et pendant tout ce temps, dans la rue derrière moi, la neige continue de tomber. La main de maman remonte pour caresser la pommette de l’homme-blond et elle dit une chose qui ressemble à « Mon Yanek, mon Yanek », mais au lieu de lui dire mon elle dit mein, et lui aussi murmure son nom à elle – son vrai nom, pas Erra – sauf que dans cette langue qu’ils parlent ça sonne différemment, ça ressemble à « Kristinka ». Il tire sur le bout de sa ceinture qui est une corde orange, le nœud se défait et il ouvre lentement sa robe de chambre, dénudant ses seins et l’embrasse sur le cou, la tête de maman se renverse en arrière il l’embrasse à la base du cou et je n’arrive pas à détacher les yeux de la scène, elle lui dit des mots dans cette langue qu’ils partagent et qui m’exclut et maintenant, tout en embrassant l’homme sur la bouche, elle défait les boutons de sa chemise, il met les deux mains autour de sa tête de Petit Prince et elle remue les épaules et sa robe de chambre tombe par terre. Maintenant, ma mère est totalement nue avec cet inconnu qui est toujours habillé. Elle va ouvrir le canapé-lit (le même lit qu’elle partage toutes les nuits avec papa) et pendant ce temps l’homme se déshabille avec des gestes lents, après quoi il est nu lui aussi et je vois son truc qui est debout et se balance.houston1

Il se met à genoux sur le lit et à mon horreur ma mère se met à genoux devant lui et prend ça dans sa bouche, ce qui me donne la nausée alors je m’éloigne un moment de la porte, le cœur battant fort, et essaie de me calmer en regardant les flocons de neige qui flottent dehors dans l’auréole des lampadaires, et quand au bout d’un long moment je m’agenouille à nouveau ma mère a tourné le dos à l’inconnu, il lui tient les mains serrées derrière le dos comme pour la menotter et pendant ce temps il entre et sort de son corps par derrière comme Hilare avec le caniche nain sauf que ses mouvements sont plus lents et au lieu de gémir il lui dit des mots étrangers à voix basse. Ma mère se cambre et j’entends un son grave inouï lui sortir de la gorge, tout ça est totalement insupportable alors j’allume la lumière et me mets au lit en tremblant de tout mon corps.

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Jeudi 25 février 2010 4 25 /02 /Fév /2010 13:47

Charles BAUDELAIRE, Les fleurs du mal

Je pense qu’il inutile de présenter Baudelaire, mais  peut-être de rappeler que le recueil de poèmes parut en 1857 et que certains poèmes furent censurés et firent l’objet d’un procès qui provoqua la condamnation de son premier éditeur, avant une nouvelle édition « libre » en 1861. Voici une sélection de quelques poèmes à caractère plus ou moins érotique, poèmes extraits de l'édition Garnier Flammarion. ( même si, à l'exception du tableau de Manet,  les illustrations sont largement postérieures aux poèmes, voire anachroniques, elles m'ont semblé bien coller à l'esprit baudelérien )

 baudelaire5

 

Les promesses d’un visage

J’aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés,

D’où semblent couler des ténèbres,

Tes yeux, quoique très noirs, m’inspirent des pensers

Qui ne sont pas du tout funèbres.

 

Tes yeux, qui sont d’accord avec tes noirs cheveux,

Avec ta crinière élastique,

Tes yeux, languisamment, me disent : » Si tu veux,

Amant de la muse plastique,

 

Suivre l’espoir qu’en toi nous avons excité,

Et tous les goûts que tu professes,

Tu pourras constater notre véracité

Depuis le nombril jusqu’aux fesses ;

 

Tu trouveras, au bout de deux beaux seins bien lourds,

Deux larges médailles de bronze,

Et sous un ventre uni, doux comme du velours,

Bistré comme la peau d’un bonze,

 

Une riche toison qui, vraiment, est la sœur

De cette énorme chevelure,

Souple et frisée, et qui t’égale en épaisseur,

Nuit sans étoiles, Nuit obscure ! »

 

 

Lola de Valence ( épigraphe)

Référence au portrait de Mademoiselle Lola, ballerine espagnole, peint par Manet.

 

Entre tant de beautés que partout on peut voir,baudelaireManet Lola de Valence 1862

Je comprends bien, amis que le désir balance ;

Mais on voit scintiller en Lola de Valence

Le charme inattendu d’un  bijou rose et noir.


à une Malabaraise ( 1840 )

Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche

Est large à faire envie à la plus belle blanche ;

À l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;

Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.

Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître,

Ta tâche est d’allumer la pipe de ton maître,

De pourvoir aux flacons d’eaux fraîches et d’odeurs,

De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,

Et, dès que le matin fait chanter les platanes,

D’acheter au bazar ananas et bananes.

Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus,

Tu fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;

Et quand descend le soir au manteau d’écarlate,

Tu poses doucement ton corps sur une natte,

Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,

Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.

 

Pourquoi, l’heureuse enfant, veux-tu voir notre France,baudelaire1

Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,

Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,

Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?

Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,

Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,

Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs

Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs

Il te fallait glaner son souper dans nos fanges

Et vendre le parfum de tes charmes étranges,

L’œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,

Des cocotiers absents les fantômes épars !

 

 baudelaire3

Monselet Paillard

On me nomme le petit chat ;

Modernes petites-maîtresses,

J’unis à vos délicatesses

La force d’un jeune pacha.

 

La douceur de la voûte bleue

Ets concentrée en mon regard

Si vous voulez me voir hagard,

Lectrices, mordez-moi la queue !


Sans titre

- Combien dureront nos amours ?baudelaire2

Dit la pucelle au clair de lune.

L’amoureux répond : - O ma brune,

Toujours, toujours !

 

Quand tout sommeille aux alentours,

Elise, se tortillant d’aise,

Dit qu’elle veut que je la baise

Toujours, toujours !

 

Moi je dis : - Pour charmer mes jours

Et le souvenir de mes peines,

Bouteilles, que n’êtes-vous pleines

Toujours, toujours !

 

Mais le plus chastes des amours,

L’amoureux le plus intrépide,

Comme un flacon s’use et se vide

Toujours, toujours !

 

 

Venus Belga ( Montagne de la Cour )

Extraits de Amaenitates Belgicae )

 

Ces mollets sur ces pieds montés,

Qui sont sous des cottes peu blanches,

Ressemblent à des troncs plantés

Dans des planches.

 

Les seins des moindres femmelettes,baudelaire4

Ici, pèsent plusieurs quintaux,

Et leurs membres sont des poteaux

Qui donnent le goût des squelettes.

 

Il ne me suffit pas qu’un sein soit gros et doux :

Il le faut un peu ferme ou je tourne casaque.

Car, sacré nom de Dieu ! je ne suis pas cosaque

Pour me soûler avec du suif et du saindoux.

 

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 11 février 2010 4 11 /02 /Fév /2010 15:52

Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001)

J’ai eu la chance et le privilège de le rencontrer plusieurs fois de 1975 à 1977, puisqu’il se trouvait qu’en France sa propriété de Verson (près de Caen) était mitoyenne de celle de l’oncle de ma compagne. Il y séjournait régulièrement, car sa seconde femme était normande.C’était un  vieil homme aimable, d’apparence douce et sereine mais dont émanait une autorité naturelle. C’était un seigneur.

Le poème "femme noire" est sans doute le plus connu de Senghor. En marge du texte, je vous propose six images de cette beauté noire, noblesse d'ébène, plénitude des courbes où se joue et s'égare la lumière, femme noire au sexe mystérieux... Six images de mon désir et de ma révérence.

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Femme noire

( extrait du recueil Chants d’ombre, 1945 )

 

Femme nue, femme noire

Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !

J’ai grandi à ton ombre, la douceur de tes mains bandait mes yeux.

Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi, je te découvre,

Terre promise, du haut d’un long col calciné

Et ta beauté me foudroie en plein cœur comme l’éclair d’un aigle.

 

Femme nue, femme obscure !

Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche

Savane aux horizons purs, savane qui frémit aux caresses ferventes du Vent d’Est

Tam-tam sculpté, tam-tam fendu qui grondes sous les doigts du Vainqueur

Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.

 

Femme nue, femme obscure

Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali

Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau

Délices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire

À l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux,


Femme nue, femme noire !

Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel

Avant que le destin ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.

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Vendredi 5 février 2010 5 05 /02 /Fév /2010 08:07

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Bénédicte MARTIN, Warm up

Editions Flammarion, 2003 .

Bénédicte Martin est née en 1978 et c’est elle qui fait la couverture du bouquin, « photographiée par Bruno Garcin-Gasser et déshabillée par Fifi Chachnil. Bijoux de Sophie. » ( extrait de la 4ème de couverture )

Pour les illustrations, j'ai trouvé qu'une vignette du "Déclic" de Manara semblait tout à fait appropriée...

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L’hôtel ( pages 77-79)

 

Aube bleutée. Bientôt la mer. Dans sa voiture, Mademoiselle roule. Elle s’allume une cigarette.

Après une nuit d’amour, il l’a chassée de chez lui : « Je ne t’aime plus », lui a-t-il dit ce matin, alors qu’il apportait le café au lit.

Mademoiselle ne comprit rien, elle vacilla sur elle-même et se sentit poussée vers l’escalier. Se retrouvant avec les habits de la veille à ses pieds, elle décida de ne pas rentrer pleurer chez elle.

Elle prit la route, alors.

Les kilomètres s’alignèrent, ses yeux roulaient comme des billes.

Cette nuit encore, son sperme a fondu sur ses lèvres, gâchis crémeux et praliné. Elle se remémore le doux réveil dans ses bras, en cuillère, les mots qu’il lui a dits, les doigts entrelacés.

Elle ne comprend pas.

bmartin3Comment se peut-il qu’après un bref passage dans sa cuisine, il revienne en goujat lui jeter ça en pleine face. Pourtant Mademoiselle n’était pas différente de tous ces matins de l’année. Elle l’entendait remplir la cafetière, doser le café. Elle avait comme à de nombreux réveils, la chatte encore fuyante, l’odeur de sexe sur le corps, le sourire accroché. Elle se disait qu’elle l’aimait, et que les fiançailles approchaient… Elle sentait sur son sexe, les griffures de sa barbe renaissante. Elle attendait son retour de la cuisine. Quand il passa le pas de la porte de la chambre avec le plateau chand dans les mains, l’œil rond, les couilles dansantes et le bruit de ses pieds nus sur le parquet, elle le trouva beau comme chaque matin. Il avait pour habitude de chantonner.

 Ce matin, il a fait tout pareil. Quand elle a sorti sa tête de sous la couette, il l’a embrassée… Et puis ces horribles mots sont tombés de sa bouche.

Quelle laide matinée de juillet !

Enfin, elle arrivait. L’hôtel où elle descendit était immense. On aurait dit une grande forteresse, toute illuminée et enchantée. Elle prit une chambre qui donnait sur la plage, ouvrit la fenêtre, se ralluma une clope.

La journée passa tristement ; à l’heure du dîner, elle n’eut pas envie d’aller se montrer dans le restaurant. Elle commanda une omelette au room service.

Quelques minutes après, des œufs fumants et baveux arrivèrent dans sa chambre au bras d’un jeune homme hésitant.

Mademoiselle encore pleine du foutre de son fiancé se leva pour lui donner un pourboire, mais sa parole dépassa sa pensée et elle lui murmura avec un air de maquerelle :

«  Si je vous en donne cinquante de plus, vous pouvez me lécher ? »

Interloqué, il bafouilla une réponse que Mademoiselle n’écouta pas, car lui tournant le dos, elle défaisait sa robe en s’avançant du fauteuil.

«  Vous avez le temps au moins ? Je vais pas très bien, je suis un peu triste ce soir, et j’ai envie de m’asseoir sur votre langue. »

Alors, en costume, il se pencha sur elle, prit ses chevilles dans sa main, les regarda longtemps puis monta son regard vers sa chatte. Il hésitait un peu, elle lui attrapa les cheveux et lui fourra son visage dedans. Des gros coups de langue râpeux commencèrent leur travail. Mademoiselle s’oubliait. La vie reprenait ses droits.

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Mardi 19 janvier 2010 2 19 /01 /Jan /2010 07:25

Ouvrage classique de littérature érotique construit sur le principe de la confession sur l'oreiller, les chapitres se succèdent, prétextes à récits d'aventures sexuelles en tous genres... Voici la première page.

La première illustration est une oeuvre de Paul Wunderlich


Eric MOUZAT, Confessions d’une femme impudique

Le Cercle, 2007

  emouzat

T’aimes ça, hein mon salopard, que je te raconte ces cochonneries. T’aimes que je te fasse bander avec mes vieilles histoires de garce. Ça te plaît d’entendre ces saloperies sortir de ma bouche. Tu t’imagines ces types qui m’ont prise, ou ces chiennes qui m’ont fait mouiller, avec qui j’ai joui comme une bête en chaleur. Tu les vois, leurs mains sur mon ventre, leur bouche léchant mes seins, leurs doigts s’enfonçant en moi et m’arrachant des cris de damnée. Je te les ai racontées mille fois, mais tu les aimes encore. Elles sont usées, râpées jusqu’à la corde, mais elles te font toujours le même effet. Je ne sais pas vraiment ce qu’il y a dans ta tête de porc déclaveté pour trouver du plaisir à tout ça, mais si c’est ton trip, après tout… pourquoi pas ? ( …)

emouzat1Une Shéhérazade du cul. Voilà ce que je suis pour toi. Raconter, raconter, raconter, déchirer tes oreilles des pires ordures, te labourer le cœur et les entrailles avec mes insanités, profaner de mes histoires sales ton petit univers bien propre où il s’est rien passé, ou pas grand-chose. Te gaver d’images pour te faire regretter de ne pas avoir été là, au moins à regarder.

J’ai commencé jeune, et j’ai joué les prolongations dès le début. Je suis même capable de reprendre du service, rien que pour toi, tu le sais bien. N’importe quoi, pourvu que tu bandes comme une baleine parce que j’aime voir ta grosse queue bien large et bien juteuse. Parce que je suis une femme à bite, une femme à sucer des chattes, parce que c’est ça qui me fait vivre.

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Dimanche 17 janvier 2010 7 17 /01 /Jan /2010 10:30

La baronne n’aime pas que ça refroidisse, Philippe BERTRAND

Editions La Musardine, 2009

 baronne

Voici la première page qui donne le ton de l’histoire :

 

« D’accord. On disait que la baronne, à l’heure du thé, débraguettait son majordome, lui sortait la queue et la trempait dans sa tasse.

C’était exact. Il était bien placé pour le savoir ; le majordome, c’était lui. La vérité historique oblige à dire que le breuvage était tiède et que le majordome était flic. Ce qui change tout, il faut en convenir.

L’inspecteur Morel jugea plus tard qu’il n’était pas nécessaire de faire figurer ce genre d’anecdote dans son rapport. Après tout, ce n’était pas la peine d’en rajouter. On en racontait déjà assez sur la baronne. »

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Deux ans après « 18 meurtres pornos dans un supermarché », Philippe BERTRAND récidive et nous offre une nouvelle enquête porno-policière aux côtés de l’inspecteur Morel. Le roman est un peu plus long que le précédent (138 pages contre 104 ) et l’intrigue bien menée. Cependant, les dessins me semblent moins soignés, moins léchés si je peux dire. Il n’en reste pas moins que le récit est alerte, plein d’humour et se laisse dévorer avec plaisir.

Un livre à ajouter à votre bibliothèque érotique personnelle.

baronne2P.S qui  n'a rien à voir : Je suis allé hier soir au cinéma voir "Invictus". Déception. C'est un Clint Eastwood très moyen, voire médiocre. Trop de bons sentiments, trop schématique, trop prêchi-prêcha... Malgré le grand numéro d'acteur de Morgan Freeman

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Lundi 11 janvier 2010 1 11 /01 /Jan /2010 17:47
En 1997, Françoise REY a publié un ouvrage consacré et dédié " à Marcel Facteur qui a inspiré, permis, souhaité et redouté ce livre" . Telle est la présentation qu'en fait Françoise Rey. Le livre est actuellement disponible aux éditions Pocket, n° 4461. Le passage que je vous ai sélectionné raconte la première éjaculation du jeune Marcel au cours d'une de ses séances masturbatoires dans le secret de la cabane au fond du jardin. Il a 15 ans... j'ai trouvé l'évocation assez juste. Je pense que beaucoup d'hommes se retrouveront dans cette description.
Pour les illustrations, vous reconnaîtrez d'abord deux aquarelles de Egon SCHIELE ( deux autoportraits, dont 1 en érection)

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Françoise REY, Marcel Facteur , 1997

Extrait page 23 de l’édition Pocket de août 2009.

 

Un jour, au cabinet, tu connais une exaltation plus terrible encore que de coutume. Tu es là, dans ton recoin obscure dont les remugles te bercent, et dehors, on s’agite, presque sous tes yeux. Tes frères chargent leur voiture, ils s’apprêtent à un voyage. Tu suis leurs allées et venues d’un regard discontinu, posé alternativement sur les pages de ta revue. Tu passes sans transition des splendeurs de la chair aux mesquines péripéties des préparatifs fraternels. La famille est réunie pour conseiller et commenter… On t’a oublié. On t’ignore. De te savoir si près d’eux et, en même temps, si invisible, si protégé, te bouleverse. Tes doigts sur ta queue deviennent fous, plus rapidement que de coutume ; leur frénésie t’étonne d’abord et te déplaît. Ils vont trop vite et trop fort, ils gâchent la montée de la joie, sa gestion délicatement équilibrée au fil des pages. Et puis tu t’abandonnes à leur autorité, sans force pour lutter, dépassé, submergé par leur savoir. Ils turlupinent ta queue avec une célérité démente, tu sens en toi la naissance d’une vague terrible, qui va t’engloutir, tes doigts serrent, lâchent, serrent, lâchent la peau de ta bite furieusement, on dirait du morse, un message échevelé, un appel de détresse, un SOS de plus en plus urgent, c’est sûr, tu es en perdition, il va t’arriver quelque chose d’abominable, de terrifique !!! Ça y est ! C’est arrivé, tu viens de lâcher un jet blanc, en voilà un autre, un autre encore, tu pisses du lait concentré, ta main mouillée, ta cuisse engluée, ta bite émerveillée, ta bouche tordus, ton cœur chambardé, ton ventre incandescent, tes reins bienheureux, tes couilles béates, ton cri retenu, ton souffle suspendu… Tu as joui, tu as juté, ça s’appelle comme ça, c’est ainsi qu’ils disent, les autres, les grands, et, mon dieu, mon dieu, tu es un enfant perdu, un horrible salaud, la bouillie crachée va germer, tu sais qu’on en fabrique des bébés, tu t’es engrossé tout seul, pauvre Marcel, si honteux, si sale, si hagard, si ébloui, si accablé de plaisir… Plus jamais ! Plus jamais ! Si tu en réchappes, si tu survis, si ta turpitude demeure secrète, c’est juré, plus jamais tu ne recommenceras !

frey5Deux heures après, l’infect cabanon te revoit pantelant, torturé de joie, habité de terreur, et sitôt libéré, priant : « Mon dieu, c’est trop bon, ne me punissez pas !... » Et toutes les nuits et tous les jours suivants, partout, à la grange, dans ton lit, dans les chiottes de l’école, l’incroyable fièvre t’envahit, te secoue, te harcèle, te vide pour te reprendre encore… Tu as quinze ans. L’obsession du plaisir et sa quête effrénée se sont définitivement emparées de toi. De la chimère, tu es passé à son semi-accomplissement : Marcel rêveur vient d’être promu Marcel branleur.

Curieusement, les filles disparaissent de ton horizon. Tu n’es plus amoureux. Les secousses que tu t’octroies monopolisent tes espérances. Tu es devenu un consommateur acharné  de dessins érotiques, d’images lascives, de scenari cochons.


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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 2 janvier 2010 6 02 /01 /Jan /2010 09:20
Dernière étape de notre visite du recueil de textes érotiques intitulé "Le livre du plaisir", présenté par Catherine Breillat. Je termine donc par ce bel éloge de la sodomie. J'apprécie particulièrement la dernière phrase, très simple et belle, qui redonne à cet extrait un caractère profondément "humain". (vous reconnaîtrez un dessin de Egon Schiele, et à la fin, trois vignettes de Hugdebert, tirées de l'album "Les fleurs du mâle" )
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Guillaume FABERT , Autoportrait en érection (1989, Editions Régine Deforges )

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Ce fut avec Brigitte que la sodomie me révéla l’infinie variété des plaisirs que peut dispenser un anus complaisant, car Brigitte adorait se faire enculer.

Lorsqu’elle me rencontra, Brigitte n’était pas sans expérience amoureuse – son premier amant an avait même fait une excellente fellatrice – mais elle possédait toujours son pucelage postérieur.

Je lui ravis rapidement cet anachronique titre de vertu, en mettant à l’opération les ménagements souhaitables, et tout se passa fort bien. Mais ce ne fut que progressivement que son anus devint le siège premier de nos ébats, au point, sur la fin de notre liaison, de polariser l’essentiel de nos activités amoureuses. Non que nous n’usions plus de sa bouche et de son ventre ; mais aucune étreinte ne pouvait omettre une incursion, même brève, de mon membre dans son divin trou du cul.

J’y revenais toujours, j’en étais obsédé. Ma verge semblait irrésistiblement attirée par cette étoile brune qui savait si bien s’ouvrir pour l’aspirer, la masser, la sucer, la branler…(…)

fabertJe prenais un plaisir extrême à m’acharner longuement dans les fesses de Brigitte. Mon ventre tambourinait avec volupté sur cette croupe mouvante, mon gland aimait à se rafraîchir à l’extérieur de l’anus avant d’y replonger avec fougue, mes couilles se balançaient gaiement sur le périnée, et lorsque je sentais, enfin et pourtant trop tôt, le sperme monter dans ma verge, je m’enfonçais de tout mon poids au plus profond de ce cul tressautant.

L’éjaculation m’immobilisait quelques secondes. La présence du corps de Brigitte entre mes bras se faisait alors plus intense que jamais : je sentais son anus palpiter autour de la base de mon membre, comme pour en extraire la dernière goutte de sperme ; mon ventre se pressait contre la chaude fermeté des fesses ; ma bouche se noyait dans les mèches folles de sa nuque et ma tête s’emplissait du parfum de ses cheveux.fabert3

Lorsque je déculais, les reins brisés et le souffle court, et m’affalais à ses côtés, j’avais encore envie de l’embrasser, de la pétrir, de la prendre, et seule la fatigue arrêtait la machine à enculer que j’étais devenu.

Je vois deux raisons à l’intensité du plaisir que je prenais à sodomiser Brigitte.

L’une, banale puisqu’exclusivement physique, tient aux différences anatomiques entre vagin et anus. Alors que le vagin enserre tout le corps de la verge et masse celle-ci sur toute sa longueur à chaque mouvement, l’anus ne débouche que sur la vaste cavité du rectum où la verge se perd et seul le sphincter branle la hampe, le gland n’étant caressé qu’épisodiquement. Les effets de friction de l’enculage sont sonc bien inférieurs à ceux d’un coït vaginal , et l’éjaculation en est retardée d’autant.

L’autre raison relève du sentiment, et donc du hasard : j’étais très amoureux de Brigitte.

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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