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Vendredi 11 juin 2010 5 11 /06 /Juin /2010 05:46

 

La Meute : J - 20

 

La vallée des roses, Lucien BODARD ( Editions Grasset, 1977 )

Dans l'Empire du Milieu, la jeune Yi parvient à épouser l'empereur et à s'emparer du pouvoir.

 bodardcouv


Page 190

«  Hieng-fong ouvre la serrure du coffret  et en rabat les panneaux. Là-dedans, Yi discerne une rangée d’objets artistiques. Ce sont des pénis reproduits avec leurs attributs, colonnes auxquelles s’accrochent en bas une boursouflure, une anse à grappes, et qui s’épanouisssent en de puissantes ogives. Elle en compte une douzaine, allant des petites verges jusqu’aux plus énormes lingas. Tous sont ciselés dans les matières les plus précieuses. Tous sont dressés, en une érection éternelle, monuments triomphants de la Virilité.

bodard4Hieng-fong choisit parmi eux un instrument à l’aspect repoussant et inexplicable. Il faut quelques instants à Yi pour démêler ce qu’est cette monstruosité : deux phallus mêlés par leur base, mais s’érigeant en sens contraire, tête-bêche, s’opposant en leur conjonction. L’un est superbe, en or rougeoyant. L’autre, au lieu d’être taillé dans une noble substance dure, est fabriqué dans une sorte de gomme, d’une rigidité souple, blanchâtre, d’où  s’échappent quantité de lanières et de crochets. Hieng-fong, tenant l’objet ignoble, revient à Yi avec son sourire le meilleur.

- Votre fente abjecte va devenir le terroir où pousseront les racines d’un tronc magnifique qui sortira de vous.

Yi est cette fois saisie par l’effroi car elle ne devine pas l’abjection contenue dans ces mots.

- Prenez la position très laide de la fente la plus ouverte. Et vous vous enfoncerez très soigneusement le membre à l’essence résineuse. Ainsi se plantera-t-il en vous, ses tentacules et ses filaments s’étendront, se fixant et s’accrochant à vos parois internes comme des crampons, des plantes grimpantes. Votre chaleur rendra cette gomme et ses radicelles collantes, sans vous faire aucun mal. Et, cela se fixera en vous telle une plante dans un limon fertile. Il sortira de vous, comme s’il avait germé de vous, comme s’il était vôtre, le magnifique phallus d’or. Alors, vous serez vraiment pareille à un homme. Votre infecte cavité sera heureusement transformée en jardin souterrain, et vous exhiberez dehors le plus superbe engin.(…)bodard2

Le saint Homme remet la « chose » à Yi. Très docilement, elle la prend et se met à l’oeuvre, malgré la difficulté. Jambes écartées pour procéder mieux, elle arrive à fixer la pointe phallique, celle qui est poisseuse, contre la niche de sa virginité. Elle la presse contre l’alcôve encore refermée de sa pureté, qui devait conduire au bonheur des salles charnelles de son palais corporel. À ce moment Hieng-fong susurre :

- Faites doucement, car je veux que votre hymen soit déchiré sans saigner. Qu’il cède délicatement, sans pleurer de larmes rouges. Si cela n’était pas, ma contrariété serait grande et pourrait gâcher mon superbe dessein à votre égard.

Alors, quoique l’objet soir lourd et encombrant, Yi s’applique à se déflorer avec une méticulosité extrême. Elle fait pénétrer le bout visqueux avec une grande lenteur. Elle sent qua sa virginité se rompt, petite membrane qui cède heureusement sans que la moindre goutte de sang endeuille son dépucelage (…) Yi continue à faire entrer en elle le penis collant et herbeux de la honte. Sous la pression de ses doigts appuyant fermement en continuellement, les cloisons très resserrées de sa trouée, jamais visitée, s’écartent. Violée par elle-même avec la sensation d’une brûlure aiguë et sourde : parois sèches semblant en proie à un feu consumant plus qu’à un arrachement. L’ustensile avance peu à peu en elle, portant toujours plus loin le foyer enflammé, arrivant au fond d’elle-même. 

bodard3(Finalement,) le phallus d’or sort d’entre ses jambes comme un superbe fruit. Très puissante colonne émergée de son être. Elle apparaît désormais magnifiquement pourvue de ce qui fait l’orgueil des hommes. Hieng-fong se pâme devant son pilier superbe :

- Buvons, buvons à votre virilité. Votre marécage est devenu votre arc de triomphe. Célébrons et jouissons… « 

 

Et c’est avec ce phallus d’or que Yi va enculer Hieng-fong, le Fils du Ciel. Les dessins hentaï qui illustrent cet extrait m'ont paru correspondre assez bien à la situation ( même si l'on n'est plus en Chine mais au Japon )

 

 

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 27 mai 2010 4 27 /05 /Mai /2010 07:04

desideriaMaxCANTREL

Désidéria, Alberto Moravia ( éditions Flammarion, collection Lettres étrangères, 1979 )

  desideria

Désidéria : Viola va chercher son Polaroïd resté sur la console avec une photo qui sort d’une fente, comme une langue moqueuse. Elle arrache le cliché qu’elle regarde attentivement : il y a moi, Désidéria, endormie, recroquevillée sur moi, avec le membre d’Erostrato dans mon poing fermé ; il y a Erostrato  qui tourne son visage vers elle avec dans les yeux son regard de complicité professionnelle, celle qu’elle préfère. C’est une photographie importante, pour ne pas dire historique. Ensuite Viola et son Polaroïd reviennent dans la chambre. Viola s’assied sans bruit devant la coiffeuse et me photographie deux ou trois fois. Un éclair de magnésium finit par me réveiller.

desideria1Moi : Comment expliques-tu cette manie de Viola pour le Polaroïd ?

Désidéria : Je pense que c’était comme une forme de voyeurisme existentiel, l’idée de surprendre la vie dans ce qu’elle a de plus intime, de plus naturel. Viola avait toujours aimé faire des photos et elle les réussissait. Le Polaroïd était sa dernière découverte et elle ne cessait de s’en servir. Un jour, elle m’a même photographiée nue, allongée sur le dos, les jambes écartées : elle disait que j’avais le plus joli con du monde.

Moi : Et toi tu la laissais faire ?

Désidéria : Moi j’aurais préféré refuser ; j’étais obligée d’obéir à la Voix dont le point de vue, tu le sais, était que je devais faire tout mon possible pour empêcher Viola de revenir à son penchant maternel.

Moi : Qu’a fait Viola pour te convaincre de te laisser photographier dans cette pose ? desideria2

Désidéria : Elle a inventé un truc.

Moi : Quelle sorte de truc ?

Désidéria : Elle m’a dit qu’elle avait envie de photographier toutes les parties de mon corps , les unes après les autres, et chacune en particulier, pour faire un album qu’elle intitulerait : Le corps de Désidéria. C’est sous ce prétexte qu’elle est arrivée à obtenir de moi que je la laisse photographier mon sexe sans qu’elle me laisse deviner ce qu’elle avait dans la tête.

Moi : Et qu’est-ce qu’elle avait dans la tête ?

Désidéria : Simplement posséder la photo de mon sexe.

Moi : Et cet album ?  

Désidéria : Elle l’a fait mais la photo en question n’y figurait pas. Agrandie, bien encadrée, elle l’avait suspendue dans sa salle de bains, sur le mur en face de la baignoire. Mais moi je lui avais fait observer que si les domestiques voyaient cette photo, ils ne manqueraient pas de faire des suppositions sur les rapports qui pouvaient exister entre nous. Alors elle est allée l’accrocher dans un endroit où elle pouvait la regarder sans que personne ne le sache.

Moi : Dans quel endroit ?

desideria3 Désidéria : Tu te rappelles que je t’ai parlé un jour de ce coffre-fort caché dans un des panneaux de la bibliothèque de cette pièce qu’elle appelait son studio. C’est là, à l’intérieur du panneau qu’elle a collé avec du ruban adhésif la photo agrandie de mon sexe. C’est elle qui me l’a montrée. Un jour, elle a ouvert le panneau en ma présence et elle a dit, sur un ton négligent et vaguement aguicheur en composant les chiffres du coffre : «  Tu vois, ça c’est toi ; ce pourrait être n’importe quelle femme, mais moi je sais que c’est toi. » Elle a contemplé cette image avec une expression indéfinissable avant d’ouvrir la porte du coffre dont elle a retiré une liasse de billets de banque ; après avoir de nouveau bloqué cette même porte, elle a posé le bout de ses doigts sur ses lèvres qui ont esquissé la forme et le bruit d’un baiser et elle a déposé ce baiser sur ma photo en en disant en soupirant : « C’est là que je garde tous mes trésors », phrase particulièrement sibylline dont je n’ai pas compris le sens : faisait-elle allusion à son argent ou bien à la photographie ? Peut-être aux deux. »desideria4

 

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 6 mai 2010 4 06 /05 /Mai /2010 07:21

Lygéia : Monsieur Léon ( 1992 )

Editions Média 1000, collection les Interdits (collection dirigée par Esparbec)

 lygeia

Petite sœur des Editions La Musardine, Média 1000 est sans doute dans l’édition moderne française, la maison qui propose les récits les plus crus. On peut parler de littérature pornographique plus qu’érotique. C’est le cas de « Monsieur Léon », n° 296 de la collection. Le scénario tiendrait sur un timbre poste : Monsieur Léon est chargé de la sécurité dans une grande surface. Il coince une jeune fille, Cathy, pour vol de vêtements. Il profite de la situation pour faire pression sur la fille, et à force de chantage au dépôt de plainte, il l’amène peu à peu à devenir une partenaire régulière de ses jeux sexuels, auxquels Cathy prend évidemment goût et se révèle finalement être un sacrée vicieuse…

Le dessin de couverture est signé Alain Frétet

Voici une scène du début du roman où Monsieur Léon, sous prétexte de régler à l’amiable l’affaire du vol, a attiré Cathy chez lui et la force à se branler devant lui :

lygeia3 

lygeia5«  - Je suis sûr que ce sera encore meilleur pour toi de te masturber pendant qu’on te regarde.

Il lui écarta lui-même les cuisses, tirailla sur une touffe de poils au passage puis vérifia l’humidité de son sexe du bout des doigts.

- Allons, comme dans ta chambre. Et ne fais pas semblant, je te surveille.

À bout de révolte, elle se cala bien contre le dossier et laissa sa main descendre lentement sur son ventre, puis atteindre sa motte.

lygeia2Elle voulait oublier le regard qui pesait sur ses gestes et s’obligea à voir d’autres images – et comme elle était vraiment excitée par les attouchements, elle revit marc (son petit copain), quand il lui avait retiré sa culotte et qu’il s’était frotté contre elle. Elle étala la mouille qui collait les poils de sa fente, et ce geste lui rappela le moment où le sperme du garçon avait jailli dans sa main. Elle avait été étonnée de voir que c’était si liquide, elle imaginait ça comme une crème épaisse et opaque.

Cathy tripotait doucement son clitoris. Elle était consciente du regard fixé sur elle, même si la honte lui faisait fermer les yeux.

Et elle était surtout consciente du fait que ça l’excitait. Monsieur Léon lui dit de ce ton railleur qu’il prenait avec elle :

- Dis donc, petite vicieuse, on dirait que tu aimes vraiment ça. Tu n’as pas honte de te branler devant quelqu’un ?

Il lui prit la main et l’écarta.

- Fais voir un peu… Ton bouton a drôlement grossi. On voit que tu le tripotes souvent...

La petite restait cambrée, les fesses soulevées ; elle soupirait très fort, et la sueur collait ses cheveux sur son front. Le surveillant chatouilla le bouton gonflé.

- Tu mouilles comme une grande.

Cathy se raidit de honte.

- Jolie rose bien ouverte. Ça sent même assez fort. Vas-y, tu en meurs d’envie, fais-toi jouir.lygeia4

Cathy aurait voulu résister. Pourtant, elle laissa de nouveau glisser ses doigts au bas de son ventre. Elle recommença à se branler, incapable de résister à l’excitation sale qu’elle ressentait. Elle se sentait tout près du plaisir mais n’y arrivait pas. Elle repensa aux tripotages avec Marc, et manipula plus vite le bouton gonflé.

Elle se masturbait avec des gestes saccadés et de plus en plus rapides. Elle se plia en deux, la bouche ouverte sur un cri muet.

Elle se détendit lentement et ouvrit les yeux. Monsieur Léon lui dit méchamment :

lygeia6- Tu es une salope, tu sais. Une fille normale serait incapable de faire ça en se sachant regardée.

Elle était toujours exhibée et lui laissait voir de près son sexe ouvert, les poils collés en mèches.

- Si tu pouvais te voir !

Il écarta les chairs pour humer l’odeur poisseuse.

- Tu es toute baveuse…

Elle frissonna, reprise par un sentiment de plaisir abject. »lygeia7

   

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 26 avril 2010 1 26 /04 /Avr /2010 05:42

Pétrone

Le Satiricon

On sait peu de choses de Pétrone, si ce n’est qu’il vécut au 1er siècle après J.C. Le Satiricon fut popularisé en 1969 par le film éponyme de Fellini.

Les illustrations signées Gil viennent de la revue Club Défi datant sans doute de la fin des années 90. Elles accompagnaient une nouvelle pornographique ayant pour cadre la Rome antique

Le texte que je vous livre ici est paru en 1979 aux éditions J.C Lattès, dans la collection « Les classiques interdits ». Traduction du latin par Héguin de Guerle.

 satiricon5

Chapitre CXI

satiricon7«  Il y avait à Ephèse une dame en si grande réputation de chasteté, que les femmes mêmes des pays voisins venaient la voir par curiosité, comme une merveille. Cette dame ayant perdu son mari, ne se contenta pas des signes ordinaires de la douleur ; de marcher, les cheveux épars, à la suite du char funèbre ; de se meurtrir le sein devant tous les assistants : elle voulut encore accompagner le défunt jusqu’à sa dernière demeure, le garder dans le caveau où on l’avait déposé, selon la coutume des Grecs, et pleurer nuit et jour auprès de lui. Son affliction était telle, que ni parents, ni amis ne purent la détourner du dessein qu’elle avait formé de se laisser mourir de faim. Les magistrats eux-mêmes, ayant voulu faire une dernière tentative, se retirèrent sans voir pu rien obtenir. Tout le monde pleurait comme morte une femme qui offrait un si rare modèle de fidélité, et qui avait déjà passé cinq jours sans prendre aucune nourriture. Une fidèle servante l’avait accompagnée dans sa triste retraite, mêlant ses larmes à celles de sa maîtresse, et ranimant la  lampe placée sur le cercueil, toutes les fois qu’elle était prête à s’éteindre. (…) satiricon3

Une nuit, le soldat qui gardait le cimetière aperçut une lumière qui brillait au milieu des tombeaux ; et entendit les gémissements de notre veuve. Cédant à la curiosité innée chez tous les hommes, il voulut savoir ce que c’était, et ce qu’on faisait en cet endroit. Il descend donc dans ce caveau ; et, d’abord, à l’aspect de cette femme d’une beauté plus qu’humaine, il s’arrête, immobile d’effroi, comme s’il avait devant les yeux un fantôme ou une apparition surnaturelle. Mais bientôt ce cadavre étendu sur la pierre, ce visage baigné de larmes, ces marques sanglantes que les ongles y ont creusées, tout ce qu’il voit dissipe son illusion ; et il comprend enfin, comme cela était vrai, que c’était une veuve qui ne pouvait se consoler de la mort de son époux. Il commença donc par apporter dans le caveau son pauvre souper de soldat, puis il exhorta la belle affligée à ne pas s’abandonner plus longtemps à une douleur inutile, à des gémissements superflus (dans un premier temps, elle refuse obstinément). Enfin, sa servante, séduite sans doute par l’odeur du vin, ne put résister à une invitation si obligeante, et tendit sa main vers les aliments qu’on lui présentait ; puis, dès qu’un léger repas eut restauré ses forces, elle se mit à battre en brèche l’opiniâtreté de sa maîtresse…(…)  La pauvre veuve, exténuée par une si longue abstinence, laissa vaincre son obstination : elle but et mangea avec la même avidité que la suivante, qui s’était rendue la première.

satiricon4

Chapitre CXII

Vous savez qu’un appétit satisfait éveille bientôt de nouveaux désirs. Notre soldat, encouragé par le succès, employa, pour triompher de la vertu de la dame, les mêmes arguments dont il s’était servi pour la persuader de vivre. Or, le jeune homme n’était ni sans esprit, ni d’un extérieur désagréable, et notre chaste veuve s’en était aperçue ; la servante, pour lui gagner les bonnes grâces de sa maîtresse, répétait souvent :

Pouvez-vous résister à de si doux penchants,

Et, dans ces tristes lieux, consumer vos beaux ans ?

Enfin, pour abréger, vos saurez que la bonne dame, après avoir cédé aux besoins de son estomac, ne défendit pas mieux son cœur, et que notre soldat obtint une double victoire. Ils dormirent donc ensemble, non seulement cette nuit qui fut témoin de leurs noces impromptues, mais le lendemain et le jour suivant. Toutefois, ils eurent soin de fermer les portes du caveau, si bien que quiconque, parent ou ami, fût venu en cet endroit, eût pensé que la fidèle veuve était morte de douleur sur le corps de son mari.(…)

satiricon6

Chapitre CXXXVIII

(le narrateur qui souffre d’impuissance n’a pu satisfaire Circé la magicienne. Il se rend donc chez Oenothée, la sorcière pour être guéri)

Oenothée, à moitié ivre, se tourna vers moi, et me dit : « Il faut maintenant achever les mystères qui doivent rendre à vos nerfs toute leur vigueur. »

À ces mots, elle apporte un phallus de cuit noir, le saupoudre de poivre et de graine d’ortie pilée, détrempés d’huile, et me l’introduit pas degrés dans l’anus. Puis, l’impitoyable vieille ne bassine les cuisses de cette liqueur stimulante. Mêlant ensuite du cresson à l’aurone, elle m’en couvre la partie malade, et, saisissant une poignée d’orties vertes, m’en fouette à petits coups le bas-ventre. Cette opération me causait de cuisantes douleurs : pour m’y soustraire, je prends la fuite

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 20 avril 2010 2 20 /04 /Avr /2010 09:39

Sándor Márai (1900-1989 )

Métamorphoses d’un mariage ( roman de 1980 ) Traduit du hongrois par Georges Kassai et Zéno Bianu.

Edition « Le livre de poche » n° 31076

Pour une bio complète allez voir sur Wikipédia, vous y trouverez tous les renseignements utiles. Juste dire que Marai, d’origine hongroise, s’est exilé au Canada

Le présent roman se compose de 3 longs monologues successifs : le premier est celui de l’épouse, le deuxième celui du mari, le troisième de la maîtresse qui épousera le mari après son divorce. L’extrait que je vous ai choisi fait partie du second monologue lorsque le mari, un grand bourgeois presque caricatural, expose à son ami qui l’écoute sa conception des rapports homme/femme. Certes, il ne s’agit pas de littérature érotique, mais tout de même…

 smarai

Pages 220 et suivantes ( pour illustrer ce texte, j’ai choisi deux dessins de Jean Morisot , un autre de Varenne et un quatrième dont j’ignore l’auteur. Ces 4 images me semblent bien correspondre à l’univers bourgeois du narrateur. ( La peinture de couverture est un détail d’une œuvre de Vilhelm Hammershoi, Intérieur une fille au piano, 1901 )

 

marai«  Les femmes… As-tu remarqué avec quelle prudence, avec quelle incertitude les hommes prononcent ce mot ? Comme s’il désignait quelque tribu conquise, mais toujours rebelle, soumise mais jamais brisée. Que veut dire ce mot au milieu de tous les événements de la vie quotidienne ? Qu’attendent-elle de nous ? … Des enfants ? De l’aide ?... La paix ? La joie ? Tout ? Rien ? Quelques instants ? On vit, on désire, on s’attache, on fait l’amour, puis on se marie, on connaît la passion, la naissance et la mort, on se retourne sur une cheville, on est subjugué par une coiffure, par la chaude haleine d’une bouche, on s’assouvit dans des lits bourgeois ou sur les divans, aux ressorts grinçants, d’une maison de passe sordide, parfois on tombe dans la grandiloquence, on promet aide et assistance, on se jure de rester ensemble, de vivre l’un pour l’autre, au fond du désert ou dans une métropole… Mais la roue tourne, les années passent… un an, deux ans, trois ans ou quinze jours, as-tu remarqué que l’amour, tout comme la mort, ne connaît pas le temps chronologique ? Et le grand projet que deux êtres avaient conçu échoue ou ne réussit pas comme ils l’avaient voulu. Alors, ils se séparent, furieux ou indifférents, et recommencent ou cherchent d’autres partenaires. Ou de guerre lasse, ils restent ensemble, à s’user mutuellement, à pomper l’énergie vitale de l’autre, tombent malades, s’entretuent à petit feu et s’éteignent. Comprennent-ils seulement… au dernier moment, avant de fermer les yeux pour toujours, ce qu’ils ont voulu l’un de l’autre ? Non, ils n’ont fait qu’obéir à une grande loi aveugle, celle de l’amour qui renouvelle le monde, de l’amour qui a besoin d’hommes et de femmes s’accouplant pour assurer la continuité de l’espèce… Est-ce vraiment tout ? Et ces pauvres individus, qu’espèrent-ils l’un de l’autre ? Qu’ont-ils donné, qu’ont-ils reçu ? Qu’est-ce que cette mystérieuse, cette effrayante comptabilité ? Le sentiment qu’éprouve un homme pour une femme est-il une chose individuelle ou l’expression d’un désir général, éternel, qui parfois, pour quelque temps, touche un seul corps ? L’excitation artificielle que ce désir communique ne peut être l’objectif de la nature. Une nature qui a créé l’homme et lui a donné une femme parce qu’elle sait à quel point la solitude est dangereuse.marai2

Regarde autour de toi, regarde partout, en littérature, en peinture, sur la scène comme dans la rue, et tu rencontreras toujours cette excitation artificielle… Va au théâtre et regarde, des hommes et des femmes sont là, dans la salle, d’autres femmes et d’autres hommes s’agitent, parlent et jurent sur la scène, dans l’assistance on toussote et on se racle la gorge… mais il suffit qu’on prononce sur scène « je t’aime » ou « je te désire » ou n’importe quel mot en rapport avec l’amour, la possession, la rupture, le bonheur ou le malheur, pour qu’aussitôt se fasse un silence de mort, pour que des milliers de spectateurs retiennent leur souffle. Les écrivains et les auteurs dramatiques usent d’ailleurs de ce stratagème pour faire chanter leurs lecteurs et leurs spectateurs. Et où que tu ailles, tu la retrouves, cette excitation artificielle – leurres superflus, parfums, chiffons multicolores, fourrures luxueuses, décolletés, bas couleur chair, car en hiver, on ne peut s’habiller plus chaudement, puisqu’il faut exhiber ses jambes gainées de soie… et en été, au bord de l’eau, on doit se mettre un cache-sexe pour rendre plus suggestive sa féminité… fards, vernis à ongles, rimmel, cheveux d’or, crèmes et pommades – tout cet attirail a quelque chose de malsain, non ? (…)

marai3Dans le système qui est le nôtre, la femme cherche toujours à se vendre, sciemment, ou, je l’admets, la plupart du temps, inconsciemment. Je n’affirme pas, bien sûr, que toutes les femmes se perçoivent comme des marchandises… mais je n’ose pas croire que cette règle soit démentie par beaucoup d’exceptions. Je n’accuse pas les femmes, du reste, elles ne peuvent pas faire autrement. Leur façon de s’offrir, leur coquetterie aussi prétentieuse qu’absurde, est, au fond, d’une tristesse affligeante, surtout lorsqu’elles prennent conscience de la difficulté de leur entreprise, parce que la compétition est farouche, parce que leurs rivales sont toujours plus belles, moins chères, plus excitantes… »    marai4

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Lundi 12 avril 2010 1 12 /04 /Avr /2010 05:48

Alina Reyes

Une nuit avec Marilyn

Paru aux éditions Zulma en 2002, réédité en Poche en 2009

reyes-marilyn

Alina Reyes a imaginé la première nuit d’amour de Marilyn Monroe et JFK. Rien qu’une nuit, mais avec quel talent ! Le récit ne compte que 35 pages, mais c’est du concentré…

reyesmarilyn4

Page 27 

… Oh Jack, comme j’aime les hommes !

Elle se retourna en miaulant, et s’assit sur le genou de jack, qui fut aussitôt trempé. Jack passa la main sur la large touffe brune de Marilyn, laissa glisser ses doigts dans la fente… Elle lui prit le poignet pour diriger ses mouvements, et cria presque instantanément, une série de cris qui finissaient en souffle, comme si elle avait une flûte dans la gorge. Puis elle se laissa retomber à côté de lui, les cuisses tremblantes, et dit d’une voix rauque :

reyesmarilyn- C’est un homme comme toi qu’il me faut… beau, fort, intelligent… C’est d’un homme comme toi que je voudrais des enfants… Allonge-toi, mon chou, je vais te masser…

- Encore ?

- Sois un peu sérieux… Je veux juste masser ton dos… Tu as besoin de repos… Le jour va bientôt se lever… Je vais te masser le dos et puis on dormira ensemble, tu veux bien ? Tu veux bien, Pa ?

- Tu es une drôle de petite fille, Norma…

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Dimanche 4 avril 2010 7 04 /04 /Avr /2010 11:26

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Françoise REY, La femme de papier

1989, Editions Ramsay, Jean-Jacques Pauvert

Editions Pocket n° 3439

Chapitre IX, page 81 et suivantes

La narratrice se rend avec son compagnon dans un cinéma porno pour la première fois.

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« J’ai finalement regardé l’écran. Nous n’étions qu’à quelques minutes du début du film, mais il s’en passait déjà de drôles. Une bonne femme en petite tenue (une nuisette et une culotte stratégiquement trouée) se donnait du plaisir sous l’évier avec un plombier visiblement innocent de toute préméditation et qui n’avait pas seulement eu le temps d’enlever son bleu de travail… Il la chancetiquait avec l’application et l’enthousiasme d’un bon ouvrier, et elle roucoulait sous les coups de lime, les jambes frénétiques, la croupe montée sur ressorts, les seins en cavale hors du décolleté de dentelle. ( …)

frey14 Et puis, pour faire durer sans doute, le plombier s’est retiré, et l’a laissée un peu gueuler toute seule. Elle se tortillait lubriquement, les genoux à un mètre cinquante l’un de l’autre, et la fente béante. Gros plan. L’endroit est peu poilu, visibilité oblige ; la chair semble hérissée, comme sous l’action du froid. On a une vue si directe, si nette de l’intimité de l’actrice, que ça ne peut précisément plus s’appeler une intimité. La voilà livrée à tout le monde, crevasse gigantesque et rougeâtre, muqueuses à nu, miroitantes, trou du cul plissé, à peine plus secret…

Elle se branle, bien sûr, c’était couru d’avance ; ses doigts voltigent de son con à son bouton, écartent les plis de peau, astiquent la longueur de la chatte, se baladent vers le trou du cul ; elle s’en met un dans le con, le ressort visiblement mouillé ; il brille ; elle s’humecte le clito avec, et repart en direction du trou, tout en appelant son baiseur avec des miaulements de chatte énamourée.

Nouveau gros plan, sur la queue du plombier cette fois. On voit que c’est un spécialiste en tuyaux. Il en possède un de gros calibre, vraiment ! Cette bite gonflée qui raye la combinaison bleue d’une chair rosâtre, veinée, noueuse, poilue à la base, me procure un formidable frisson. Elle bat sur le drap grossier du vêtement, et le gland éclate comme une cerise trop mûre. On le voit luire sous le feu des projecteurs, et couler d’un mince filet gluant… Bel engin, pour sûr, et fort suggestif ! frey15

La femelle continue de se tordre par terre, à s’écarquiller à pleines mains, à se peloter les mains et les fesses, à rouler des yeux blancs, à se lécher les lèvres d’une langue salace, et à proférer des saloperies.

Evidemment, lui n’y tient plus. Il la relève, l’assied sur l’évier, et enlève sa combinaison. (…) il va la bourrer debout, elle a un pied sur l’égouttoir et un pied sur la cuisinière. Il écarte les jambes, autant du moins que le lui permet le pantalon qui entrave ses chevilles, et l’œil voyeur de la caméra se fixe sur les couilles, de belle couilles, ma foi, brunes, velues, toniques… Ça fait envie, on insinuerait bien une main gourmande pour tâter cette paire aguichante qui tremble au rythme de leur sarabande…

Comme je me laisse emporter par ces images sans génie, mais non sans charme, je sens ta main sur mon genou, non sur ma cuisse, non, entre mes cuisses… C’est une main qui va très vite, et ce sont des cuisses très dociles… Tes doigts s’affolent à la lisière de mes bas, jouent avec les jarretelles, éprouvent la douceur de la chair entre le nylon et  la culotte, et glissent avidement un peu plus haut, un peu plue loin, un peu plue avant, un peu plus profond… Te voilà, mon chéri ? Sois le bienvenu ! Je t’attendais sans vraiment y penser, tu sais ? Tu sens comme ça mouille ? J’ai bien envie de toi… Oui, mets-moi un doigt, c’est une excellente idée. Attends, je vais te faciliter la tâche !… Et je m’avance tout au bord du siège pour m’écarter davantage.

frey13Sur l’écran, il la baise toujours. On a changé d’angle, perdu les couilles de vue. L’objectif est resserré sur le con glissant où coulisse régulièrement un manche d’une grosseur hallucinante. Cette régularité du mouvement me bouleverse. C’est une cadence qui parle davantage à mon imagination (…) Le siège de mon imagination, que je situais jusqu’à présent assez vaguement dans mon cerveau, vient brusquement de migrer : le voilà au bas de mon ventre, entre mes cuisses, entre mes fesses. Tempête dans une culotte… Je me mets à gamberger du sexe, à divaguer du con. »

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Dimanche 21 mars 2010 7 21 /03 /Mars /2010 10:44
Adolescent, une des mes premières lectures "érotiques" fut la série complète des Histoires d'amour de l'Histoire de France qui figurait en bonne place dans la bibliothèque familiale. Je crois que je n'ai jamais autant aimé l'histoire qu'au cours de ces lectures. À l'époque, c'était d'une grande hardiesse. Voici un extrait du volume 4. On ne peut s'empêcher de penser à l'excellent film de Tavernier, "Que la fête commence" avec Jean Rochefort en abbé Dubois et Philippe Noiret en Régent.
Les deux derniers dessins sont de Borel ( un des graveurs incontournables du XVIII ème siècle )


Guy Breton ( 1919-2008 ) Histoires d’amour de l’histoire de France, volume 4

La présente édition date de 1960

 hdfbreton

"Dès qu’il fut reconnu officiellement tuteur de Louis XV et régent du royaume, Philippe nomma Conseiller d’Etat son fidèle abbé Dubois. Cet ecclésiastique, « abandonné aux plaisirs, victime des excès qui les accompagnent et familiarisé avec la honte qui suit certaines complaisances » fut ravi. À l’abri de ses nouvelles fonctions, il allait pouvoir assouvir ses instincts en toute liberté.

Pour fêter sa nomination, il eut une curieuse idée : il résolut d’être l’amant d’une quincaillière de la rue Saint-Roch qui lui plaisait depuis longtemps ( …) D’un bond, il fut dans la quincaillerie, d’un autre bond il fut aux pieds de la belle à qui, très simplement, il expliqua ce qui l’amenait. Par chance, la quincaillière était galante. Elle le considéra un instant, amusée par l’aventure, puis l’entraîna dans l’arrière-boutique où, sans faire d’histoire, bien gentiment, elle se laissa prendre sur un coffre à balais… Par la suite, l’abbé préféra œuvrer chez lui. Chaque soir, il faisait venir dans son appartement un groupe de jeunes blanchisseuses assez délurées dont il aimait, disait-il, « les espiègleries »hdf1

Pendant ce temps, le régent organisait, lui aussi, sa vie de façon agréable. À neuf heures du soir, il retrouvait ses amis au Palais-Royal pour un de ces petits soupers dont tous les historiens ont parlé avec verve et lyrisme.

« À ces soupers, nous dit l’un, assistaient pêle-mêle les amis et les maîtresses du régent, et les maîtresses des amis, et les amis des maîtresses »

hdfLorsque tout ce joli monde était réuni, le régent faisait fermer les portes et ordonnait qu’on ne le dérangeât pas de toute la nuit. Derrière les portes closes, des scènes peu édifiantes se déroulaient. On commençait par dîner en buvant sec de grands verres de vin de Tokay ou de Champagne. Après quoi, nous dit Saint-Simon, « on s’échauffait, on disait des ordures à gorge déployée et des impiétés à qui mieux mieux », puis le régent se penchait sur sa plus proche voisine et donnait le signal des inconvenances. Aussitôt, tous les convives se précipitaient sur les dames et les troussaient allégrement. Au bout d’un moment, les fauteuils, les chaises, la table, le tapis, les canapés étaient occupés par des couples agités et agissant.

Le tout constituait un tableau hardi.

Parfois, pour créer, dès le début du repas, une atmosphère agréable, les convives se mettaient à table complètement nus.

Au dessert, des jeux burlesques et fort immoraux avaient généralement lieu. Après quoi, on organisait des saynètes sur des thèmes graveleux ou de surprenants ballets accompagnés de violon…hdfborel

Naturellement, toutes les dames de la Cour rêvaient d’être admises à ces soupers. Mais, avant d’être invitées, elles devaient avoir fait leurs preuves, car on se méfiait des oies blanches. « Elle roulaient alors de genoux en genoux, se livrant dans leur délire à la lubricité forcenée des débauchés qui les entouraient ». Lorsque leur réputation était bonne, le régent les appelait

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Jeudi 11 mars 2010 4 11 /03 /Mars /2010 15:31

James Patrick  DONLEAVY, Les béatitudes bestiales de Balthazar B

Paru aux USA en 1968, et en France en 1973 aux éditions Denoël ( texte traduit par Suzanne Mayoux). Le présent extrait est tiré de l’édition Folio n° 987 de 1977 ( dessin de couverture signé Siné )

Donleavy est surtout connu pour son roman « L’homme de Gingembre » dont je vous recommande chaudement la lecture. Il est né en 1926 à New York, mais réside en Irlande.  

  b-b-b

Pages 394-395

« Fitzdare alla sur la pointe des pieds tourner la clé dans ma serrure. Et revint souriante vers mon lit, en robe de soie noire ouverte sur son pyjama d’homme couleur lavande. Elle se mordait la lèvre inférieure et ses yeux brillaient d’une lueur maligne que je n’y avais jamais vue auparavant. Je redoutais que ce fût encore un rêve. ( …)

b-b-b1Oui, regarde et touche par toi-même tout ce que tu voudras. Cette chambre était celle d’un roi avant  d’être celle de ma mère, il y a des siècles de cela, et sa maîtresse lui rendait visite. Moi je ne veux pas perdre de temps. Alors je suis venue aussi. Avant que tu partes. Que tu ailles à Londres. Peut-être pour ne plus jamais revenir. Mais pour le moment. En un clin d’œil nous avions quitté nos pyjamas. Ses seins apparaissaient si gros et si blancs dans sa totale et bouleversante réalité que j’en restai stupéfait. Tout ce qui était caché sous la laine. Les muscles de son ventre, la force de ses jambes. ( ..) Fitzdare poussait des grognements, des gémissements, des grondements. M’empoignait farouchement par la perpendiculaire et trop fermement par les couilles. Ce qui m’arracha un petit cri de douleur. Elle s’écarta, dit pardon. Pose encore ta main ici, mais un tout petit peu plus doucement. Pousser, enfoncer ma verge lentement, de plus en plus loin. Sur elle, ici. Sa fente. Si petite semble-t-il qu’il n’y a pas de place pour y entrer. Mais j’y suis entré. Elle m’enveloppe de toutes parts. Et me dit non, personne ne m’a jamais pénétrée. C’est si difficile de penser que je suis le premier. Pourtant c’est vrai dit-elle… b-b-b3

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Pages 425-426. Balthazar est à Paris

J’avais des récits à faire. Que je taisais. D’une promenade à Pigalle. Où je ramassai la pièce qu’avait laissée tomber au passage une fille en robe orange moulante, aux cheveux noirs raides et brillants. Je la lui tendis, elle me dit qu’elle allait m’offrir un verre de vin.

b-b-b2 Nous nous sommes assis dans un café devant deux rouges. Au léger goût douceâtre de produit chimique. Elle ne cessait de sourire en me regardant dans les yeux. Elle venait de sa campagne du côté de Metz. Nous faisions tourner nos petits verres en forme de cheminée de bateau. Ses yeux noirs, sa peau brunie. Par tous les étés passés à vendanger disait-elle. Et vous, dit-elle aussi, vous n’êtes que mon deuxième client, je suis nouvelle dans le métier. C’est parce que vous êtes si beau que je ferai ça gratis pour le plaisir. Nous restions là, et je ne savais que faire ni que dire jusqu’à ce qu’elle posât sa main sur la mienne et dît, allez viens, ce que tu es timide. Je vidai un cognac et la suivis en haut d’un escalier étroit dans sa petite chambre. Mon corps inerte depuis Fitzdare. Elle raconta que la première fois qu’elle était venue à Paris, elle avait habité en face des abattoirs de l’autre côté du canal, et que l’odeur s’attachait à sa peau. Elle flaira son bras et se mit à rire. Elle se déshabilla. Au mur une petite image de Sainte Agnès, avec un soldat l’épée levée sur elle liée par les chevilles à un poteau. La fille bomba le buste, fit saillir ses seins, dit qu’elle ne savait pas l’âge qu’elle avait mais que ça devait tourner autour de dix-sept ans. Avec tout l’argent qu’elle allait gagner, elle achèterait une ferme. Elle ne me quitta pas des yeux pendant que je me déshabillais à mon tour et dit, vous êtes comme j’imagine que doit être un prince, tout frêle, tout blanc, tout maigre. Elle avait la peau glissante, couverte de sueur au long de cet après-midi parisien. b-b-b4

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 26 février 2010 5 26 /02 /Fév /2010 13:37

Nancy HOUSTON, Lignes de faille ( 2006 )

Editions Babel, pages 363-364

Attention, chef d’œuvre ! à lire absolument !!!!

 

Toronto. Un après-midi neigeux de décembre 1962, un inconnu se présente au domicile familial et demande à voir la maman de Sadie qui a 7 ans. Par le trou de la serrure, la petite fille assiste aux retrouvailles de sa maman avec l’inconnu.

 houston

«  Sadie… Va dans ta chambre, ferme la porte, et attends que je te dise de sortir. »

Les mots sont comme une gifle. J’ai un mouvement de recul mais j’obéis aussi sec : non contente de fermer la porte, je la verrouille pour qu’elle sache bien à quel point sa fille est obéissante. Ensuite je vais prendre l’oreiller sur mon lit, je le pose par terre devant la porte, je m’agenouille dessus, j’ôte la clef et je regarde par le trou de la serrure.

C’est comme une pièce de théâtre. Maman et l’inconnu restent encore un moment sans bouger, sans parler, puis maman s’avance vers lui à pas lents comme une somnambule et il lui ouvre ses bras et elle se jette dedans, l’inconnu blond referme les bras sur ma mère et l’écrase contre sa poitrine en sanglotant. Maman commence à pleurer elle aussi, puis elle se met à rire en même temps. Ce qui me perturbe plus que tout, c’est qu’elle s’adresse à ce monsieur dans une langue étrangère. Ça pourrait être le yiddish ou l’allemand, ils se parlent par bribes tout en pleurant et en riant, ils respirent fort et se regardent au fond des yeux.

houston2Ça dure un bon moment et pendant tout ce temps, dans la rue derrière moi, la neige continue de tomber. La main de maman remonte pour caresser la pommette de l’homme-blond et elle dit une chose qui ressemble à « Mon Yanek, mon Yanek », mais au lieu de lui dire mon elle dit mein, et lui aussi murmure son nom à elle – son vrai nom, pas Erra – sauf que dans cette langue qu’ils parlent ça sonne différemment, ça ressemble à « Kristinka ». Il tire sur le bout de sa ceinture qui est une corde orange, le nœud se défait et il ouvre lentement sa robe de chambre, dénudant ses seins et l’embrasse sur le cou, la tête de maman se renverse en arrière il l’embrasse à la base du cou et je n’arrive pas à détacher les yeux de la scène, elle lui dit des mots dans cette langue qu’ils partagent et qui m’exclut et maintenant, tout en embrassant l’homme sur la bouche, elle défait les boutons de sa chemise, il met les deux mains autour de sa tête de Petit Prince et elle remue les épaules et sa robe de chambre tombe par terre. Maintenant, ma mère est totalement nue avec cet inconnu qui est toujours habillé. Elle va ouvrir le canapé-lit (le même lit qu’elle partage toutes les nuits avec papa) et pendant ce temps l’homme se déshabille avec des gestes lents, après quoi il est nu lui aussi et je vois son truc qui est debout et se balance.houston1

Il se met à genoux sur le lit et à mon horreur ma mère se met à genoux devant lui et prend ça dans sa bouche, ce qui me donne la nausée alors je m’éloigne un moment de la porte, le cœur battant fort, et essaie de me calmer en regardant les flocons de neige qui flottent dehors dans l’auréole des lampadaires, et quand au bout d’un long moment je m’agenouille à nouveau ma mère a tourné le dos à l’inconnu, il lui tient les mains serrées derrière le dos comme pour la menotter et pendant ce temps il entre et sort de son corps par derrière comme Hilare avec le caniche nain sauf que ses mouvements sont plus lents et au lieu de gémir il lui dit des mots étrangers à voix basse. Ma mère se cambre et j’entends un son grave inouï lui sortir de la gorge, tout ça est totalement insupportable alors j’allume la lumière et me mets au lit en tremblant de tout mon corps.

 houston3

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