lectures x

Jeudi 23 juin 2011 4 23 /06 /Juin /2011 10:35

La Nue, Michel Bernard

Editions Cercle Poche, n° 63, 2004  ( Editions “L’or du temps », 1969 )

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Pages 43-44

lanue4« Fé quitte la salle Louis XV, dont le carrelage évoque trop précisément le jeu du narrateur, et gagne un boudoir pentagonal , entièrement tapissé de miroirs (murs, planchers, plafond), meublé de gonflables transparents. Nulle fenêtre, nulle source visible d’éclairage, mais une douce lumière cependant, ce qui s’explique par le fait que quatre des miroirs latéraux sont sans tain et cachent derrière leur surface trompeuse des candélabres. Fé referme la porte, s’accroupit. Elle ne peut se retenir de pisser en ce lieu où rôde la magie. L’urine forme une grossière étoile d’or sur le miroir ainsi brouillé, et Fé y voit l’image vorace de son sexe. Ensuite, elle s’étend sur l’un des sofas de plastique et guette dans la perspective infinie des répétitions suggestives les frémissements de ses cuisses. Si l’os poli qu’elle glisse en elle ne suffit pas à les provoquer – ce qui peut arriver, quand elle a déjà beaucoup joui - , elle invoque alors la scène suivante : sur ce même sofa, nue et fardée comme elle ( les yeux, les ongles), une autre qui lui ressemble à s’y méprendre se livre au même manège. Mais au lieu de se contempler dans les miroirs, elle regarde – sans la voir, bien sûr – Fé qui la guette derrière l’un des panneaux sans tain. Fé l’imite, et bien que cela soit ordinairement impossible, c’est du même os qu’elle se sert ; en sorte que, avec un seul et unique objet, et bien que séparées par une cloison, fût-elle de verre, elles se posséderaient mutuellement. L’effet ne tarde pas, Fé tremble de tout son corps, et elle n’a pas trop de ses mains, de toutes ses mains, pour maintenir tous ces corps  sur leurs couches respectives. Elle en déduit que le lieu est propice à la lévitation. »

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Commentaire : bon livre, langue  intéressante et riche.  Cadre spatio-temporel très mystérieux, parfois déroutant. Analyse de rapports humains complexes (domination/soumission, recherche d'identité...)

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Jeudi 16 juin 2011 4 16 /06 /Juin /2011 12:22

Extrait n° 10

Guillaume Dustan (1965-2005)

« Dans ma chambre » Editions POL, 1996

On se croirait en train de lire un chapitre du manuel du parfait enculeur…

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« Je rentre par devant, c’est pas mal, il est un peu crispé, il ne pense pas trop à me faire les seins alors que je ne bande pas à fond, je ne sens pas trop son cul, mais bon, c’est pas trop mal, au moins il n’est pas serré, crispé. Je le chope au-dessous des genoux, je cale les bras, il ne peut plus bouger, je le tire doucement en cabrant un maximum.

dustan5Je le baise exactement comme Quentin me baisait. D’abord l’empoignage. Je le prends dans mes mains et je le tiens doucement et fermement. De face, il y a plusieurs possibilités, de dos aussi, mais moins. Quand il a les chevilles sur les épaules, pour le baiser de face, je mets mes poignets autour de son cou ou de ses hanches. Je le tiens par les chevilles, jambes écartées : il a les jambes repliées sur lui-même, les pieds sur mon ventre ou sur mes flancs. Si je l’attrape par le dessous des genoux, je peux le baiser bras tendus, plus en profondeur avec le poids du corps dans les reins, c’est top. Je peux aussi le tenir dans le dos au niveau des reins, par en dessous un peu en l’air, par les chevilles les jambes en grenouille ou alors droites sur ma poitrine. Je peux aussi le tenir en croisant les bras autour de ses cuisses ou de ses jambes. Ce sont les meilleures positions, les plus stables, on peut maîtriser la pénétration, en plus, en variant les angles, je sens des parties de bite et de cul chaque fois différentes, plutôt le dessous de la bite et du cul, plutôt le dessus bien dans l’axe, un peu par en haut, ou par en bas… Après il y a le cambrage. Ça c’est pour faire sentir sa bite au maximum. Plus je me cambre, plus la pénétration est ample et ressentie par le mec. Ça le détend bien. Et puis il y a le poussage. Au bout du mouvement, ne pas oublier d’exercer une pression de plus en plus forte avec le bassin pour ouvrir de plus en plus profond. On se retient de taper comme un sourd tout de suite en pensant que tout à l’heure on pourra taper comme un sourd mais beaucoup plus longtemps et dans un cul beaucoup plus mouillé et en provoquant beaucoup plus de gratitude. Je l’encule vraiment bien à fond pour la première fois, ça dure enfin assez longtemps avant qu’il jouisse pour que j’arrive au cul bien souple, tellement détendu qu’il fait flotch, flotch, flotch, que je sois couvert de sueur, et qu’après j’aie mal aux cuisses. Comme Quentin dans le temps avec moi. »

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Mercredi 8 juin 2011 3 08 /06 /Juin /2011 08:56

Extrait n° 9

Jacques Serguine, « De la coupe aux lèvres »  (Editions Blanche, 2004)

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Eloge de l’épilation pubienne ( vous voyez bien que je ne suis ni sectaire, ni manichéen !)

serguine«  J’ai un courage, si je n’en ai qu’un : je vis pour réaliser mes phantasmes, ayant su comme d’instinct, et comme tout de suite, que sinon je n’ai pas de vie. N’étant pas un prédateur, m’efforçant, tant bien que mal, de n’être pas un égoïste, je demande. Je retire ma demande au plus léger soupçon de refus, de répugnance, de simple embarras, mais je la produis partout et toujours. ( ndlr : je fais miennes ces deux premières phrases dans lesquelles je me reconnais en tous points) J’ai envie de te voir en petite culotte, puis nue, j’ai envie de te sucer les seins jusqu’au lait, la vulve et le vagin jusqu’à la sève, j’ai envie que tu me mettes dans toi, j’ai envie de te donner une fessée, j’ai envie par allusion presque trop claire, d’enfiler un thermomètre, à travers le gracile anus, dans ton rectum. Pourquoi pas ? Où, quand, comment serait-ce désobligeant ? Ce qui l’est, est de contraindre, de seulement insister.

J’ai envie que ton ventre, et ici, surtout, la merveilleuse amande, soit aussi nu que tes fesses. Alors l’enfant sera reconstitué, non, retrouvé. Si tu veux, toi aussi, me dénuder, je serai un enfant plus vieux, démoli, moins beau, mais quand même à ton côté dans cette origine du monde, le jardin tu sais, les plages où bercés par la respiration des arbres nous avions chaud. Pour tout le reste des gens, tu seras ce que tu veux, ou ce qu’ils peuvent. Une dame, une femme de tel âge et non pas de tel autre, tu porteras des vêtements, qui permettront à ces mêmes gens de faufiler plus ou moins sournoisement, entre chair et cuir, leurs projections et leurs substitutions plus ou moins imbéciles. Pour moi seul, toute vivante sous les vêtements et prête à en émerge, comme la pousse au printemps jaillit du sol, tu seras l’enfant, mon bébé nu avec ses seins de fleurs, le creux indécent de son nombril, le magique petit escargot rose de son sexe, ses fesses de fruit qui n’a que la pulpe. Jouons, mon bébé. Pardonne-moi si je suis-je suis un enfant bien défraîchi et peu plus âgé. Ah, jouons. Vraiment cet ambigu escargot rose, potelé, fendu, me dérange. Il me met hors de moi, me bouleverse. A-t-il des cornes ? N’en a-t-il, ainsi que moi après tout, qu’une seule, simplement beaucoup plus petite ?

J’ai dû le dire, enfant, j’étais pédophile, les enfants filles me donnaient du trouble. Leurs paroles, à certains moments, me laissaient rêveur et me consternaient. Oui, je veux bien qu’on joue au papa et à la maman, mais c’est toi qui commences !

Vieilli, j’ai changé un peu. Très peu. Je veux bien commencer, même si je préfère toujours, au fond, que l’on commence ensemble : les derniers seront les premiers. Mais c’est bien. Enlève ta petite culotte, enlève ta petite fourrure, montre-moi dans ta confiance et dans la leur ton olive ou ton amande, ton petit escargot rose. Oh, regarde toi aussi, c’est trop mignon, il bave ! »

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Mardi 31 mai 2011 2 31 /05 /Mai /2011 20:59

Extrait n° 8 : André Pieyre de Mandiargues ( 1909-1991 )

"L’Anglais décrit dans le château fermé" ( 1951 )

Réédité en 1979 aux éditions Gallimard

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Le chien

« - Ces animaux bandent diablement vite, observa Montcul, plus prodigue en commentaires qu’un montreur de pantomime. Celui-ci, pourtant, possède un engin d’un calibre que la plupart des hommes (je ne parle que des blancs) lui envieraient.mandiargues1

Du chien, le groupe où j‘étais n’eut que mépris. Déçu par notre odeur ou par notre immobilité, le féroce animal se lança d’abord contre Viola, qui seule était debout et qui avait trop manié l’extrait de chienne pour n’en pas conserver, sur elle, quelque relent. Il mit ses pattes sur les épaules de la femme (qui par un géant semblait invitée à la danse), la fit reculer, presque tomber, et il donnait de grands coups de reins où s’entrebaisaient sa verge et le duvet d’oiseau qui bordait le peignoir.

- À bas, Nelson, dit la belle intrépide. Tu auras mieux que moi, ce soir. Va pincer la petite fille, bon chien.

Sans effort, elle se dégagea, et elle le poussa, qui grognait, du côté de Michelette. Dès qu’il eut flairé les parties saupoudrées, il se jeta sur l’enfant dont il prit le torse entre ses pattes, culetant sur un rythme tellement forcené que pas un de mes lecteurs, certainement, mis à pareille épreuve ne l’aurait soutenue. Viola lui fit quelque caresse, comme elle avait fait à la croupe de Michelette ; ses doigts longuement fuselés, ensuite, saisirent l’énorme verge, la guidèrent jusqu'au con dans lequel elle entra, floc, du premier coup, comme une cuillère dans le ventre d’un perdreau très mûr. Le dogue culeta vigoureusement pendant quatre à cinq minutes, sans provoquer aucune réaction, chez sa monture, que des sursauts de peine (mais je fis l’observation qu’il manquait un miroir, lequel, placé devant nous, eût montré le visage et peut-être les sentiments de l’exploitée), puis il s’arrêta et demeura stupide, tandis qu’une sale odeur de chenil envahissait la pièce. »

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Vendredi 20 mai 2011 5 20 /05 /Mai /2011 17:34

Extrait n° 7 : Hervé LE TELLIER

La chapelle sextine (éditions Estuaire, 2005)

Membre de l’Oulipo, Hervé le Tellier a utilisé pour composer cette suite de tableaux érotiques des contraintes empruntées aux géométries des dallages et plafonds d’une chapelle imaginaire : 26 personnages ( 13 femmes, 13 hommes) devant chacun rejoindre le 7ème ciel 6 fois avec 6 partenaires différents et de sexe opposé. 

 

« BEN ET CHLOE. Dans la banlieue chic de Houston, Texas, dans le grand lit de la chambre de ses parents – dont les vacances à Nassau se passent on ne peut mieux, nous rentrons lundi – Ben sent son pénis grandir entre les doigts de Chloé qui l’embrasse timidement, puis avec une résolution croissante. La télévision est allumée sur CNN, elle diffuse en boucle les images d’un attentat qui vient d’être commis à New York. Chloé s’enhardit jusqu’à lécher le gland. La peau, à cet endroit, a, trouve-t-elle, la douceur sèche d’un coussinet de chaton. Ben ne ronronne pas pour autant.

Chloé se dit que si elle était un homme, elle serait homosexuel. Puis, dans un second temps, que cette réflexion est assez con.

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CHLOE ET DENNIS. Dans une baignoire ivoire de marque Kimberley Clark, Chloé s’est accroupie sur Dennis, lui présentant son dos bronzé et ses cheveux bruns coups courts, et a introduit son phallus en elle ( au prix de quelques contorsions). Ils ont inondé la salle de bains, puis Chloé s’est décidée à ouvrir la bonde. Et c’est dans une vasque vide qu’elle s’emploie à monter et descendre en gémissant, avec l’énergie qui sied à la situation. Leurs sexes pistonnent dans un chuintement de succion, avec, de temps à autre, un bruit d’échappement d’air, proche de la crevaison.

Dennis a mal au dos, trouve la lumière trop crue, et ses bras trop courts pour atteindre ses seins et le convaincre qu’il est bien avec une fille.

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DENNIS ET ELVIRE. L’ascenseur ART (deux personnes, 180kg) transporte au septième étage d’un immeuble parisien Dennis et Elvire (« Monte avec notre ami, a dit son  mari à Elvire, Chloé et moi prendrons le prochain »). Au premier, Dennis embrasse la nuque d’Elvire et caresse ses fesses à travers sa robe. Au troisième, sa main contourne ses hanches, soulève le tissu et les doigts se glissent entre les étoffes, jusqu’à son ventre. Au cinquième, le majeur s’insinue plus loin encore entre les chairs humides. Au septième, le doigts s’éclipse (à regret) après une ultime caresse. La porte va s’ouvrir, Dennis remonte délicatement sa main et ils sortent. L’ascenseur repart aussitôt.

Rien n’est plus rassurant que le désir mouillé salé d’une femme, songe Dennis en respirant sa main parfumée. »

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Mercredi 11 mai 2011 3 11 /05 /Mai /2011 09:10

Extrait 6 : Renée DUNAN ?

Colette, ou les amusements de bon ton ( 1937 )

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Publié sous le pseudonyme de Spaddy en 1937, cet ouvrage met en scène une certaine Colette qui se livre avec quelques amis des deux sexes à toute une série de joyeuses débauches. Il n’est pas sûr que l’auteure en soit Renée Dunan (1892-1936) qui publia cependant de son vivant, sous divers pseudonymes, quelques récits érotiques.

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«  - Branle-le, que je te dis ! ordonna Colette avec cet emportement qu’elle a dès qu’on résiste à ses plus extravagants caprices. Et puis, pelote-lui le cul… il doit l’avoir joli… ça te dédommagera.

Et comme toujours, ma passion pour cette adorable garce me fit céder à son exigence.

Sans qu’il s’interrompit de sa plaisante besogne qui déjà tirait des soupirs à Colette, je rabattis la culotte de René et, agréablement surpris par la blancheur et la tournure rondelette de ses fesses, je ne me fis pas violence pour les lui patiner.

- Ma foi, m’écriai-je, enchanté, c’est un vrai cul de fillette !...goutdusexe-rdunan2

- Eh bien ! tout à l’heure, tu l’enculeras !... Pour l’instant, astique-lui le vit… ça m’excite !

« Ça m’excite ! » c’est son mot le plus familier. Il est irrésistible et sans réplique.

Je branlai donc le joli cousin, tout en prenant de mon autre main une revanche sur sa charmante croupe où je cherchais la perverse émotion du sexe bâtard. Sa verge, courte et fluette, servait mon illusion, tandis que mon doigt s’amusait autour de son anus sans poils.

- Lèche !... Lèche bien !... lui disait Colette. Pointe ta langue dans le haut… Trouve… ne sens-tu pas le petit bouton ?... Oui… là… comme ça… un peu plus fort… Ah ! ah !... parfait !

Elle lui avait passé sa jambe gauche en collier, et paresseusement adossée, les deux bras sous sa nuque, elle balançait sa motte aux coups de langue du gamin.

- Mais, c’est qu’il sait faire, le vicieux !... Ah ! qu’il suce bien !...

Elle ne fut pas longue à jouir.

- Plus vite !... plus vite !... Mets ton doigt dans mon cul… Ah ! ah !...

Elle agita son ventre.

- Ah ! ça y est !... ça y est !... gémit-elle dans son étreinte de ses jambes autour de la jolie tête.

Au même moment, je sentis la petite queue se gonfler, quelques gouttes chaudes perlèrent sur mon pouce et le gosse tituba.

- Vite, viens me le mettre, dit Colette qui l’attirait à elle de toute la force de son désir… Viens, petit, que je me paie ton pucelage !...

Mais la queue de René n’était plus qu’une chiffe molle.

- Quoi ? Déjà tu débandes ? … T’es donc pas un homme ! fit Colette avec humeur.

Ma jalousie d’amant se gaudissait de cette défaillance.

- Voyons, observai-je, tu ne vas pas te faire monter par un même qui n’a que du lait dans les couilles !

- Mais si, mais si, s’obstinait la goule. Je veux qu’il me baise devant toi… Hein ! mon petit, que tu vas me baiser ? Allons, bande ! Tu verras si c’est bon de mettre sa quéquette dans un con de femme ! Puisque t’oses pas avec ta mère, c’est moi qui vais te régaler !... Seulement, bande, petit couillon… D’abord, foutons-nous à poil !... »

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Mercredi 4 mai 2011 3 04 /05 /Mai /2011 14:06

Extrait 5 : Oscar WILDE

Teleny ou le revers de la médaille ( 1893 )

L'extrait est, je l'avoue, assez long mais d'une grande qualité littéraire. Alors, si possible, prenez le temps de le lire et d'éprouver ce que Barthes appelait "le plaisir du texte"

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«  Les fumées du tabac et celles du vin nous montaient à la tête, notre sensualité se réveilla et bientôt nous eûmes dans non bouches un morceau de chair autrement plus volumineux que l’ambre de notre pipe turque. Nos têtes disparurent entre nos cuisses, nous ne formions plus qu’un corps, nous pressant l’un contre l’autre, cherchant de nouvelles caresses, de nouvelles sensations, dans une ivresse de lubricité de plus en plus violente, avec l’âpre désir non seulement de jouir, mais de faire jouir l’ami. Bientôt des monosyllabes, des mots inarticulés exprimèrent le summum de notre volupté, jusqu’à ce que, plus morts que vifs, nous retombâmes l’un sur l’autre en une masse de chair frissonnante. Après une demi-heure de repos et un bol d’arak, de curaçao et de punch au whisky parsemé excitantes épices, nos bouches s’unirent de nouveau.oscarwilde2

Ses lèvres humides frémissaient si légèrement sur les miennes que je les sentais à peine ; elles éveillaient seulement le désir de sentir plus étroitement leur contact, tandis que la pointe de sa langue tantalisait la mienne. Pendant ce temps, ses mains passaient et repassaient sur la partie la plus délicate de mon corps aussi légèrement qu’une douce brise d’été ride la surface des eaux, et toute ma chair en tressaillait de plaisir.

J’étais étendu sur des coussins qui m’élevaient à la hauteur de Tenely ; il mit mes jambes sur ses épaules, et, écartant mes fesses, il commença de baiser, puis de lécher l’orifice médian, ce qui procurait un ineffable plaisir. Quand il eut ainsi préparé l’entrée en la lubrifiant de sa langue, il essaya d’y enfoncer la tête de son phallus. Vains efforts, elle ne pouvait pénétrer…

- Laisse-moi l’humecter, dis-je, il glissera plus aisément.

Je remis alors son membre dans ma bouche, le caressai de ma langue, le suçai presque jusqu’à la racine.

- Maintenant, dis-je, jouissons de ce plaisir que les dieux eux-mêmes n’ont pas dédaigné.

Du bout de mes doigts j’écartai les bords de cette fosse encore inexplorée et qui bâillait pour recevoir l’énorme instrument qui se présentait à l’entrée.

Une fois encore il y pressa son gland ; le bout pénétra, mais le formidable champignon ne put passer outre, et la verge se trouva ainsi arrêtée dans sa carrière.

- J’ai peur de te faire mal, demanda-t-il, peut-être faut-il remettre cela à une autre fois ?

- Oh ! non, ce m’est un tel bonheur de sentir ton corps pénétrer dans le mien.

Il essaya encore, poussa doucement mais fermement ; les muscles de l’anus se relâchèrent : le gland fut enfin logé ; la peau se tendit tellement que quelques gouttes de sang tachèrent les bords ; mais le passage était forcé et le plaisir surpassa la douleur.

Teleny se trouvait emprisonné ; il ne pouvait ni enfoncer ni retirer son instrument ; quand il essayait de l’enfoncer davantage il lui semblait qu’il allait être circoncis. Il suspendit un moment son travail, et après m’avoir demandé s’il ne me blessait pas, sur ma réponse négative, il fit entrer le pénis d’un vigoureux coup de reins.

Le Rubicon était franchi ; la colonne commença à glisser ; il pouvait maintenant entreprendre l’agréable besogne. Le membre entier s’enfonça ; la douleur que j’endurais s’assoupit et le plaisir s’en accrut d’autant. »

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Samedi 30 avril 2011 6 30 /04 /Avr /2011 10:09

Extrait 4 : Melvin BURGESS

Une idée fixe ( doing it ), Gallimard Jeunesse, 2002

Trois jeunes ados de 14-15 ans ne pensent qu’à une seule chose : «Le faire ». Voici Ben avec une de ses profs, l’étrange Miss... aux méthodes pédagogiques pour le moins originales

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«  Elle était tordue…. Certaines fois, j’avais vraiment la trouille. Elle me faisait faire des trucs au lycée aussi. Au début, c’était plutôt excitant. Elle m’emmenait dans la réserve pour me rouler une pelle, et je lui caressais les seins. C’était bon, mais ça foutait quand même la pétoche. Une fois, elle m’a chopé dans les coulisses, elle a relevé son T-shirt et le mien, elle a retiré son soutien-gorge et elle m’a roulé une pelle monstrueuse, torse contre torse, alors que tous les acteurs étaient de l’autre côté du rideau. J’ai cru mourir. C’était hallucinant.

Mais elle devenait de plus en plus incontrôlable. En fait, elle aimait bien prendre des risques. Elle essayait toujours de m’attraper les couilles quand j’étais derrière elle. Elle faisait barrage avec son corps pour que personne ne voie. Un jour, elle m’a mis une heure de colle pour que je reste au lycée après les cours. C’était vraiment gonflé ! Elle a prétendu que j’avais fait un truc alors que je me tenais bien tranquille. Personne n’a été dupe ! J’ai cru qu’elle allait m’obliger à la sauter au lycée, mais ça a été pire. Elle m’a emmené en coulisses, elle a baissé mon jean et taillé une pipe. En me plaçant face aux rideaux pour que je vérifie que personne n’arrive.

- Fais attention à ce que personne ne nous voie, elle m’a dit.

J’ai voulu l’arrêter, mais avec elle, j’ai toujours l’impression de ne pas savoir dire non. Elle n’en fait qu’à sa tête, rien qu’à sa tête. C’est dégueulasse. »

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Mercredi 27 avril 2011 3 27 /04 /Avr /2011 10:27

Extrait 3 : Jacques ABEILLE ( né en 1942)

Belle humeur en la demeure (Mercure de France, 2006)

Une domestique découvre en faisant le ménage un objet érotique…

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«  Ce matin, le souffle oppressé par la boîte à cigares, elle atteint la dernière tabatière de la seconde étagère. Elle est faite d’une porcelaine laiteuse qui brille doucement. Son couvercle à peine convexe présente une minuscule illustration colorée. À chaque extrémité de l’image s’incline un palmier, dans son schématisme assez semblable au plumeau de la petite bonne. Au centre de la composition est une sorte de brouette qui, débarrassée de ses flancs, ressemble à un fauteuil ou à une chaise longue dont la pente aboutit à une petite roue qui pose sur quelques hachures vertes figurant un gazon. abeille2

Sur cette brouette, à demi renversée et la nuque appuyée sur le panneau du fond du véhicule, est installée une jeune femme au visage ovale, encadré de trois coques de cheveux noirs. Son vêtement bariolé bouillonne en s’écartant sur son corps nu, de la blancheur de la porcelaine.  Des seins très menus marqués d’une infime pointe rose, un ventre à peine galbé, les cuisses largement écartées, l’une basculée vers le spectateur, dans un raccourci un peu gauche qui n’est est que plus touchant, l’autre levée presque à frôler la poitrine, et entre les deux, au bas du ventre, un ove de hachures noires de l’épaisseur d’un cheveu, rayonnantes, qui mettent en relief une vulve oblongue aussi blanche que le ventre, à son tour fendue d’un trait rose à peine courbe où vient s’ajuster le petit sexe, rose et mince comme un sucre d’orge, du partenaire masculin presque accroupi, cuisses écartées toutefois pour ne rien céler de la région intéressante, le buste incurvé au-dessus du ventre de sa maîtresse, vêtu d’une courte veste d’un bleu céruléen, serrée à la taille et se terminant au-dessus des organes génitaux en un bref feston onduleux. La tête penchée vers le visage de la femme est montrée de profil, avec la tache noire des cheveux collée sur l’occiput par un petit chignon serré en boule. Le plus étonnant, quand le regard a fait le tour des figurines pour revenir aux visages qui se font face, est la délicatesse de ces derniers. La précision de quelques traits, d’un pinceau qui ne pouvait comporter qu’un seul poil, qui animent les deux physionomies d’un sourire qui n’est pas du jouir –sourit-on quand on jouit ?- mais d’une gaieté espiègle et vive qui replace l’étreinte dans le climat léger d’un  jeu d’enfant  assez absorbant et fort remuant – l’indécent écarquillement des membres favorise l’expression du mouvement – mais exempt de toute gravité. »

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Mercredi 6 avril 2011 3 06 /04 /Avr /2011 15:17

Extrait 2 : Louis Aragon

La défense de l’infini, Gallimard, 1997 ( le texte original date de 1928 )

Déception au bordel

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« Nous montâmes. Ma compagne s’ennuyait beaucoup justement, elle n’aimait pas lire, elle, elle ne savait pas faire du crochet. Alors j’étais bien tombé. Elle faisait valoir en même temps la potiche de chine orange et or garnie de grands iris en toile qui se recroquevillaient montrant le fil de fer, et se seins qu’elle portait déjà très voisins, et qu’elle rapprochait encore à se toucher, d’une main, parce qu’elle croyait que cette mesquinerie naturelle faisait sa beauté. Sa motte était très joliment ombragée par des poils qui avaient gardé leur couleur propre. Les lèvres un peu longues pendaient. Pour le corps assez long, les épaules étaient bien rondes, et le cou commençait à peine à se marquer de plis gras, exagérés par la crème. Sur le lit, elle eut soudainement l’air d’un tas de macaronis. Elle s’embêtait, elle voulait faire des fantaisies. Elle me montrait son cul avec un air canaille. Elle se renversait. Elle gambillait, et disait : Je t’excite, ah le cochon, etc. C’était bien inutile. Rien ne me faisait plus le moindre effet, je n’aurais pas débandé pour un coup de canon. Elle me dit qu’elle voulait se mettre en train et m’attrapa comme je me défaisais, le pantalon tombé, les souliers encore aux pieds. Du lit où elle s’était jetée elle approcha comme une bête absolument distincte d’elle, sa bouche où je vis une dent bleue, à cause d’un plombage à bon marché. Sa langue n’eut pas plus tôt atteint le membre qu’elle tenait énergiquement que le foutre lui sauté aux yeux. J’avais à peine senti ce qui se passait là. Allons, ça ne valait pas mieux qu’un rêve. »

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