lectures x

Lundi 7 février 2011 1 07 /02 /Fév /2011 16:34

J.M.G LE CLEZIO

Ritournelle de la faim, Editions Gallimard 2008

Collection Folio n° 5053

 Lorsque notre tout récent Prix Nobel de Littérature se laisse aller à la scène érotique, cela donne ça :

Page 131

Ethel et Laurent se sont baignés longuement, sans nager, juste à se laisser porter par la vague molle. Il y avait un silence intense sur la plage, personne à des kilomètres. Sur le tapis âcre des aiguilles, ils ont fait l’amour sans ôter leurs maillots trempés, un simulacre plutôt, le sexe de Laurent tendu sous l’étoffe noire appuyé sur le sexe d’Ethel creusé dans son maillot blanc, c’était une danse longue et lente d’abord, puis plus rapide, leurs peaux frissonnant dans la fraîcheur de l’air, où perlaient de petites gouttes de sueur salée comme de l’eau de mer, Ethel le visage renversé en arrière, les yeux fermés sur le ciel, Laurent arc-bouté, les yeux grands ouverts, le visage un peu grimaçant, les muscles de son dos et de ses bras tendus. Ils écoutaient le bruit saccadé de leurs cœurs, le halètement de leurs poumons. Ethel a joui en premier, puis Laurent, qui s’est aussitôt déporté sur le côté, la main appuyée sur son maillot où s’agrandissait une étoile chaude.

Laurent restait silencieux à reprendre son souffle, il allait s’excuser, toujours aussi gauche, presque honteux, mais Ethel ne lui en laissait pas le temps. Elle roulait sur lui et l’écrasait de tout son poids, le sable crissait entre ses dents, les mèches de ses cheveux cachaient entièrement son visage comme des algues noires. Elle l’embrassait pour le faire taire. Il ne fallait rien dire, surtout ne prononcer aucune parole, pas un mot, surtout ne pas dire : je t’aime, ou quoi que ce soit de ce genre. 

 

Etonnant, non ? ( comme l'aurait dit Desproges )

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Lundi 31 janvier 2011 1 31 /01 /Jan /2011 06:53

Le nouveau Koppera est arrivé. Après La seconde vie de Maximilien Bémol et Body Gym, voici 50 coïts non interrompus que vous trouverez dans les rayons de toutes les bonnes librairies. C'est bientôt la Saint Valentin, l'occasion ou jamais de préparer la fête en cherchant parmi les 50 lieux passés en revue un endroit original et inédit pour vos ébats amoureux...

Bonne lecture à tous.

50 coïts non interrompus, éditions La Musardine

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Dimanche 30 janvier 2011 7 30 /01 /Jan /2011 11:07

« Les femmes sont curieuses ; fassent le ciel et la morale qu’elles contentent leurs curiosités d’une manière plus légitime qu’Eve leur grand-mère, et n’aillent pas faire des questions au serpent. »

Théophile GAUTIER, Préface à Mademoiselle de Maupin, 1835

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Jeudi 27 janvier 2011 4 27 /01 /Jan /2011 13:34

Henry MILLER , SEXUS ( la Crucifixion en rose)

Editions Buchet/Chastel, 1968

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Marié avec Maud, Henry rencontre Mara avec qui il entretient une relation plus que tumultueuse. Vivant de jobs précaires, il continue de voir Maud ( ils ont une fille ensemble) qui, bien que se sachant trompée,  se laisse parfois aller à ses désirs.

L’épisode qui va suivre est certes long, mais constitue un des monuments de la littérature érotique.

Les circonstances : En difficulté financière, Henry vient rendre visite à Maud afin de lui soutirer un peu d’argent frais. Maud se plaint de douleurs intimes et se prête avec passivité à son examen. Au moment où commence cet extrait, Henry a déjà la main sur le ventre de Maud

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 1 ) Pages 295 à 300.

sexus2Feignant de prendre le plus vif intérêt à ce qu’elle me racontait, je lui rappelai soudain son beau-père, qu’elle avait perdu. Comme je le prévoyais, ce rappel eut sur elle l’effet d’une décharge électrique. Stimulée par la seule évocation de ce nom, elle posa sa main sur la mienne, pressant vivement celle-ci. Ma main pouvait bien glisser un peu plus bas, mes doigts s’embrouiller dans l’épaisseur du poil – cela lui était égal, apparemment… pour l’instant. Et pendant ce temps, elle babillait, parlait du beau-père, avec une pétulance de collégienne. (…)

Jouant donc avec les poils raides et piquants de son fameux buisson, laissant un doigt s’égarer à l’occasion un peu plus bas, à l’orée du con, je songeais vaguement et mes pensées vagabondes s’enfonçaient loin dans le passé. J’avais presque l’impression d’être ce fameux père élu, jouant avec sa fille lascive dans la pénombre hypnotique d’une pièce surchauffée… Je n’avais qu’à continuer à jouer la comédie : elle écarterait les cuisses avec une ardeur volcanique.

- Voyons un peu si ça fait mal à l’intérieur, chuchotai-je, retirant ma main et la glissant expertement sous la soie pour remonter droit au con.

Elle jutait tant et plus ; ses jambes s’entrouvrirent légèrement, répondant à la faible pression de ma main.

- Là, par exemple…ça fait mal,  ? demandai-je, poussant à fond .

Ses yeux étaient mi-clos. Elle bougea vaguement la tête… ni oui ni non. J’introduisis doucement deux autres doigts dans le con et m’allongeai tranquillement à côté d’elle. Je passai un bras sous sa nuque et l’attirai doucement à moi, sans cesser de baratter la sève qui continuait à suinter.sexus4

Elle gisait immobile, absolument passive, l’esprit entièrement occupé du jeu de mes doigts. Je pris sa main et la glissai dans ma braguette qui se déboutonna magiquement. Elle empoigna solidement ma verge, mais doucement, la caressant, l’effleurant habilement. Je lui jetai un bref coup d’œil par-dessous et vis une expression de quasi béatitude sur ses traits. C’était cela qu’elle aimait : cet échange aveugle, tactile, d’émotions. (…)

Je la regardais pour voir si elle pouvait lire mes pensées, sans cesser cependant d’explorer les plis et replis de son con embrasé, à grands palpes hardis et agressifs. Ses paupières étaient étroitement closes ; ses lèvres, lascivement entrouvertes ; le bas de son corps se mit à gigoter et à se tortiller, comme un poisson se débat dans un filet. Doucement, je retirai sa main de ma verge, soulevant en même temps, délicatement, une de ses jambes et la passant par-dessus moi. Je laissa ma pine tressaillir et frémir quelques instants à l’entrée de la fente, l’autorisant à glisser d’avant en arrière et vice-versa, tel un jouet flexible en caoutchouc. Un refrain stupide tournait sans arrêt dans mon crâne : « Devine c’que j’tiens au-d’ssus d’ta tête… du supérieur ou de l’extra ? » Je continuai ce petit jeu provocant pendant un bout de temps, tantôt passant le nez de ma pine à l’intérieur, de deux ou trois centimètres, tantôt le frottant à l’extrême pointe du con et le blottissant ensuite  dans le buisson humide de rosée. Tout à coup, elle ahana et, les yeux grand ouverts, se retourna complètement. En équilibre sur mains et genoux, elle se mit, frénétiquement, à vouloir coincer ma verge dans son piège gluant. Je la pris par les fesses, à deux mains, mes doigts faisant un glissando le long du bord interne et gonflé du con ; et ouvrant celui-ci comme j’eusse fait d’une balle en caoutchouc crevée, je plaçai ma pine au point vulnérable et j’attendis qu’elle se rabattit de tout son poids. Un instant, je crus qu’elle avait brusquement changé d’idée. Sa tête, qui jusqu’alors ballait en liberté, les yeux inertes tournant au rythme frénétique du con, se redressa soudain roide et tendue, en même temps que son regard se portait subitement sur un point de l’espace au-dessus de ma tête. Une expression de plaisir extrême et égoïste emplissait les pupilles dilatées et folles. Et tandis qu’elle imprimait à son cul un mouvement de rotation, ma verge n’étant encore qu’à demi entrée, elle se prit à mâcher sa lèvre inférieure. Sur quoi, me glissant un peu plus bas, je l’attirai à moi de toutes mes forces et l’enfilai jusqu’à la garde - si profondément qu’elle poussa un gémissement et que sa tête s’affala, face contre l’oreiller.

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2) Pages 302 à 304. Maud et Henry ont été interrompus dans leurs ébats par Mélanie (la femme de ménage) qui vient annoncer à  Henry qu’il a un coup de fil urgent. Il apprend que Mara, sa maîtresse, vient de faire une tentative de suicide. Henry s’apprête à prendre congé de Maud.

« Brusquement, je me rendis compte que ce serait cruel de ma part, de me tirer sans une petite manifestation de tendresse.

- Il faut réellement que je me sauve, dis-je, lâchant chapeau et pardessus en m’approchant vivement d’elle. Cela me fait mal au cœur de te laisser en ce moment,… comme ça…

sexus3Et saisissant sa main qui cherchait le commutateur, je l’attirai contre moi et l’embrassai. Elle n’offrit pas de résistance. Au contraire : elle renversa la tête en arrière et tendit ses lèvres. La seconde d’après, ma langue était dans sa bouche, et son corps, mol et chaud, se pressait convulsivement contre le mien. Me fichant éperdument, désormais, de faire ou non une fausse manœuvre, je glissai une main sous son peignoir et plongeai les doigts dans la fourche. À ma surprise, elle chercha droit ma braguette, l’ouvrit et sortit ma verge. Je l’adossai au mur et la laissai mettre mon vit en batterie contre son con. Elle était en feu, à présent, consciente de chacun de ses gestes, résolue et impérieuse. Elle maniait ma pine comme un objet qui lui eût appartenu.

C’était malcommode d’essayer d’y arriver tout debout.

- Là, par terre, murmura-t-elle, tombant à genoux en me tirant et me forçant à faire de même.

- Tu vas prendre froid, dis-je, tandis qu’elle tentait fébrilement de faire glisser ses vêtements..

- Je m’en moque, dit-elle, rabattant mon pantalon et m’attirant follement à elle. Oh, Seigneur ! gémit-elle, mordant de nouveau ses lèvres et m’écrasant presque les couilles pendant que j’enfonçais lentement ma verge. Oh, Seigneur ! mets-le moi… tout au fond, tout au fond !

Et d’ahaner et de geindre. Je me reposai donc sur elle, la pine bien au chaud et raide comme un refouloir. Elle était pareille à un fruit mûr, à l’intérieur – un fruit dont la pulpe eût respiré. Bientôt, je sentis voltiger les deux petits drapeaux ; on eût dit une fleur oscillant sous le vent, et la caresse des pétales était un supplice de tantale. Ils bougeaient, irrésistiblement, non par saccades violentes et convulsives, mais comme de soyeuses oriflammes répondant à la brise. Ensuite, tout se passa comme si elle prenait brusquement la direction de la manœuvre : elle se changea (les parois de son con se changèrent) en une sorte de tendre presse-citron interne, pinçant et grippant à volonté ; presque comme s’il lui était poussé une main invisible. (…)

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Mercredi 19 janvier 2011 3 19 /01 /Jan /2011 07:47

Etiemble, Blason d’un corps ( 1961 )

Editions Folio n° 623

à ce jour, ce livre est le plus bel hommage au corps de la femme que j'aie jamais lu. La langue y est à la fois savante et plaisante, et le propos magnifique

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Page 120 (lors de la cérémonie de communion d’une de ses cousines, le narrateur adolescent se trouve dans la procession en compagnie d’Hélène, une « amie » de sa mère )

Au moment précis où la procession passait près d’une maison qu’elle savait amie, et le cas échéant complice, cette femme d’esprit planta le cierge entre les mains de ma tante : elle se trouvait mal et, craignant de s’évanouir, me pria de l’accompagner. À peine arrivée à la maison, Hélène parla de migraine, et de repos qu’elle devait prendre. À ma seule vue, on la comprit fort bien, et l’on nous enferma dans un salon pourvu d’un cosy-corner.

- Ecoute mon cœur, s’il bat fort. Mets ta main là.

Son cœur en effet battait, battait. Pour vérifier l’état du mien, Hélène bientôt me caressait la poitrine.

- Tu es aussi doux qu’une fille, ma parole.

- Oh ! non, Madame, c’est que je m’épile.

- Et tu m’appelles : Madame ! je t’adore ! Mais si tu m’aimes un peu, tu ne t’épileras plus. Promis ? Tu es un homme, Janot.

Elle me le prouva bientôt, ou si tu préfères, m’épargnant toute initiative, elle me conduisit prestement où elle avait envie d’en venir. Je me trouvai en elle sans savoir comme.

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Page 126 ( de nuit, le narrateur avec Mayotte, son amante, sur la plage  )

À l’instant où, dévêtu, j’allais me jeter à la mer :

« Non ! pas encore ! » t’écrias-tu. Et tu m’enserras, moi nu, de ton corps nu. Moite que je me sentais, le poil collé sur les seins, je tentai de me dégager afin de t’offrir un peu plus tard une peau bien décapée, salée de frais par l’eau de mer. Alors, retrouvant le geste enivré de la chatte dont je t’écrivais la dernière fois, tu me plantas au biceps tes ongles incarnats, et mordillas tendrement les poils de mes aisselles. Après quoi tu t’agenouillas dans le sable déjà refroidi ; à belles dents, à très belles et bonnes dents, tu rendis l’honneur à tous mes autres poils. Jambes écartées, les mains dans tes cheveux, je regardais la mer au loin,  la purifiante. J’avais tort. Ma vraie mer, ma purifiante, c’était bien toi, là, toute proche. Ta salive, qui agglomérait en touffes les poils de mon sexe, m’était plus rafraîchissante que même un bain de minuit. Or, tandis qu’ainsi je rêvais, tes ongles enfoncés dans la chair de mes cuisses, très peu à peu relâchèrent leur prise. Doucement, doucement, tes seins glissaient le long de mon tibia, pour une caresse des plus suaves, et toute neuve. Beaux comme le plumage du paon mâle qui, après avoir longtemps bandé ses pattes frémissantes, enveloppe discrètement sous ce dais sa femelle et la dérobe à tout autre que soi pour la cocher, tes cheveux noirs et bleu, illuminés de lune, s’étalaient épars sur mes pieds.

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Page 185

Mon père, je le découvris tard, ne trompait ma mère que superficiellement, mais de préférence avec de petites filles. Un après-midi qu’il se promenait sur l’Esplanade, pendant la foire, il s’arrêta devant un manège de ces bateaux qu’on balance très haut, d’avant en arrière, en tirant sur un filin. Une fillette de huit ou neuf ans suppliait son grand-père de lui en offrir une tournée, mais le vieillard, qui devait souffrir du mal de mer, refusait obstinément. En vain lui proposait-il des berlingots, ou d’aller admirer le dompteur de puces, la gosse, butée à obtenir sa tournée de bateau, lui tiraillait le bras en braillant : «  J’veux aller en bateau ! j’veux aller en bateau ! » Après avoir d’un geste large enlevé son canotier, mon père offrir ses bons offices : il se ferait un devoir, que disait-il, une joie, d’accompagner la mignonne et de lui offrir la tournée. Tout fier de confier son enfant à un monsieur si distingué, le grand-père la lui livra. Au bout de deux minutes ou trois, la balançoire prit de la hauteur ; or, à la joie voyante et bruyante du grand-père qui en fit part à ses voisins, la gosse hurla comme de terreur : « Je lui avais bien dit qu’elle n’aimerait pas ça. C’est bien fait pour elle ! Ça lui apprendra. Têtue comme qu’est comme une petite mule. » Puis, les mains en porte-voix pour qu’elle entendît mieux : « Tu l’as voulue, ta tournée ! Eh bien, tu l’as ! Profites-en ! Amuse-toi bien ! Je t’en offrirai une autre, après celle-là, si tu veux. » Et de rigoler de quel cœur ! Comment et quand j’appris que mon père avait ce jour-là égaré son doigt dans le cul de la gosse, c’est une part de l’histoire qui pour toi n’importe guère     

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Jeudi 6 janvier 2011 4 06 /01 /Jan /2011 11:46

Vladimir NABOKOV, Lolita ( 1959 )

Editions Gallimard, collection Folio n° 899

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Chapitre 13, pages 94 à 98

Rappel du contexte. Le narrateur, Humbert Humbert vient d’arriver dans une ville de Nouvelle Angleterre où il cherche à louer une chambre meublée chez l’habitant. Il s’installe chez une certaine Mrs Haze, veuve, maman d’une fille de 13 ans prénommée Dolorès ( que le narrateur appelle Lolita, ou tout simplement Lo) Cette rencontre va bouleverser l’existence de Humbert Humbert. Dans la scène qui va suivre, H.H se trouve seul au salon  avec Lolita ( la mère est partie à la messe ). Lolita est en train de lire un magazine…

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« Lo feuilleta violemment le magazine, à la recherche d’une reproduction qu’elle désirait montrer à l’ami Humbert. Elle la trouva enfin. Simulant l’intérêt, je penchai la tête si près que ses cheveux caressèrent ma tempe et qu’elle me frôla la joue de son bras en s’essuyant les lèvres sur son poignet. Une brume mordorée semblait flotter entre l’image et mon regard, et ma réaction fut trop lente au gré de Lolita, qui frotta impatiemment ses genoux nus l’un contre l’autre. Peu à peu, le tableau se matérialisa vaguement  devant mes yeux : un peintre surréaliste allongé avec nonchalance sur une plage, à côté d’une Vénus de Milo en plâtre, tout aussi indolente et à demi enfouie dans le sable. Document de la Semaine, spécifiait la légende. D’un geste, je fis disparaître cette ordure. Aussitôt, feignant de vouloir reprendre le magazine, Lo se jeta sur tout mon corps. Le journal tomba à terre comme une volaille effarée. Se tortillant sur elle-même, Lo se dégagea, recula se laissa choir dans la coin droit du sofa, puis, avec une admirable simplicité, l’impudente fillette allongea ses jambes sur mes genoux.

lolita4J’étais déjà dans un état de surexcitation qui frisait la démence – mais j’avais aussi la ruse du fou. Toujours assis sur le divan, j’exécutai une série de manœuvres furtives afin d’accorder mon désir masqué à la pression de ses jambes innocentes. Il n’était pas aisé de détourner l’attention de l’enfant tandis que j’opérais les obscurs ajustements indispensables au succès de mon entreprise. Discourant avec volubilité, perdant mon souffle et le retrouvant au vol, singeant une subite rage de dents pour expliquer les interruptions dans mon soliloque, et tout cela sans cesser de fixer du regard – le regard secret du dément – mon but radieux et lointain, j’accentuai prudemment la friction magique qui éliminait, au sens hallucinatoire du terme, la texture physiquement inviolable mais psychologiquement tendre te friable de l’obstacle matériel (pyjama et peignoir de soie) séparant le fardeau de ses deux jambes bronzées de la tumeur cachée d’une passion indicible. (…)

Ses jambes, étendues en travers de mon giron à vif, tressaillaient de temps à autre ; je les caressais lentement – et elle se vautrait dans son coin. Lolita l’écolière, dévorant  son fruit immémorial ( une pomme) et chantant à travers sa pulpe juteuse, perdant une pantoufle, frottant son talon déchaussé – une socquette tire-bouchonnée – contre la pile de vieux magazines entassés à ma gauche sur le divan, et chacun de ses mouvements, chaque contorsion et ondulation, m’aidait à dissimuler et améliorer le réseau de correspondance tactile entre la belle et la bête, entre le fauve musclé et tendu à se rompre et la beauté de son petit corps creusé de fossettes sous la chaste robe de coton.

Du bout de mes doigts aux aguets, j’effleurai le duvet imperceptiblement hérissé le long de ses mollets. Je me fondais dans la chaleur âcre mais salubre qui flottait autour de son corps telle la brume d’été. Reste, petite Haze, reste… Comme elle se penchait pour jeter dans l’âtre la pomme sacrifiée, son jeune poids, sa croupe rondelette et ses jambes candidement impudiques se trémoussèrent sur moi – sur mon giron fébrile et torturé qui besognait subrepticement ; et tout d’un coup, un changement mystérieux s’opéra sur mes sens, et j’accédai à une sphère d’existence où rien n’importait plus que l’infusion dr plaisir que ma chai brassait. Ce qui était au début une exquise dilatation des fibres les plus intimes de mon être se métamorphosa en un fourmillement torride qui atteignit soudain cet été de sécurité, de confiance et de sérénité absolues que l’on chercherait en vain dans l’univers conscient. (…) lolita-Sarah Joncas - Vampire Study

Suspendu au bord de cet abîme voluptueux, je répétais après elle des mots au hasard, tel un dormeur parlant et riant dans son sommeil, et, simultanément, ma main bienheureuse rampait sur sa jambe ensoleillée, aussi haut que l’ombre de la décence le permettait. La veille, elle s’était cognée contre la massive commode de l’entrée et – « Regarde, regarde ! hoquetai-je, regarde ce que tu as fait, ce que tu t’es fait à la jambe, ah, regarde » ; car il y avait, je le jure, une  ecchymose ocre et violacée sur sa tendre cuisse de nymphette, que je massai et enserrai doucement de ma grande main velue, et ses dessous étaient trop succints, semblait-il, pour empêcher mon pouce allègre d’atteindre la commissure brûlante – comme on chatouille et caresse une enfant en riant aux larmes, rien de plus, et : « Oh, ce n’est rien du tout ! » cria-t-elle d’une voix perçante, et elle se démena, se convulsa, se rejeta en arrière, la tête à demi détournée, mordillant sa lèvre inférieure de ses dents luisantes – et ma bouche gémissante, Messieurs les jurés, toucha presque son cou nu pendant que j’écrasais sous sa fesse gauche le dernier spasme de l’extase la plus longue qu’homme ou monstre ait connue. »

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Samedi 27 novembre 2010 6 27 /11 /Nov /2010 09:46

Catherine MILLET, La vie sexuelle de Catherine M.

Editions du Seuil, collection Fiction et Cie, avril 2001

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Chapitre 1 : Le nombre ( pages 20-22 )

Catherine M. se souvient des soirées organisées à l’occasion des anniversaires d’un certain Victor.

« Eric m’installait sur un des lits ou des canapés placés dans les alcôves, respectant un vague usage en prenant l’initiative de me déshabiller et de m’exposer. Il pouvait commencer à me caresser et à m’embrasser, le relais était immédiatement pris par d’autres. Je restais presque toujours sur le dos, peut-être parce que l’autre position, la plus commune, qui consiste pour la femme à enfourcher activement le bassin de l’homme, se prête moins à l’intervention de plusieurs participants et implique de toute façon une relation plus personnelle entre les deux partenaires. Couchée, je pouvais recevoir les caresses de plusieurs hommes pendant que l’un d’entre eux, dressé pour dégager l’espace, pour voir, s’activait dans mon sexe. J’étais tiraillée par petits bouts ; une main frottant d’un mouvement circulaire et appliqué la partie accessible du pubis, une autre effleurant largement tout le torse ou préférant agacer les mamelons… Plus qu’aux pénétrations, je prenais du plaisir à ces caresses, et en particulier à celles des verges qui venaient se promener sur toute la surface de mon visage ou frotter leur gland sur mes seins. J’aimais bien en attraper une au passage, dans ma bouche, faire aller et venir mes lèvres dessus tandis qu’une autre venait réclamer de l’autre côté, dans mon cou tendu. Et tourner la tête pour prendre la nouvelle venue. Ou en avoir une dans la bouche et une dans la main. Mon corps s’ouvrait plus sous l’effet de ces attouchements, de leur relative brièveté et de leur renouvellement, que sous celui des saillies. À propos de celles-ci,  je me rappelle surtout de l’ankylose de mon entrecuisse après avoir été travaillée parfois près de quatre heure, d’autant plus que beaucoup d’hommes ont tendance à maintenir les cuisses de la femme très écartées, là aussi pour profiter de la vue, et pour aller frapper plus loin. Au moment où on me laissait en repos, je prenais conscience que l’engourdissement avait gagné mon vagin. Et c’était une volupté d’en sentir les parois raidies, lourdes, légèrement endolories, gardant en quelque sorte l’empreinte de tous les membres qui s’y étaient logés. »

c-millet3c-millet4Les illustrations de Jean Morisot me semblent parfaitement adaptées au texte. Quant à Cabu, il proposait une lecture plus ironique du remous médiatique que provoqua en son temps la publication de l'ouvrage de Catherine Millet

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Mardi 16 novembre 2010 2 16 /11 /Nov /2010 07:17

37.2 le matin, par Philippe Djian

Editions Bernard Barrault, 1985. Paru en poche, collection J’ai lu en 1986.

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Ceux qui ont vu le film de J.J Beineix n’ont pas oublié la scène torride où Annie ( l’épicière interprétée par Clémentine Célarié ) se jette dans les bras de Zorg ( Jean-Hugues Anglade) dans la pénombre de l’épicerie. Voici la scène décrite dans le chapitre 17 du roman ( pages 202-204 )

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«  Annie me quittait pas des yeux. Je lui ai envoyé un regard aussi froid qu’une pierre tombale avant de descendre, j’ai horreur qu’on me prenne pour un type facile. J’ai souvent remarqué qu’on s’en tirait mieux dans la vie en évitant la facilité. (…) Il commençait à faire sombre dans le magasin. J’ai mis un moment à repérer les amuse-gueule dans ce brouillard. Les amandes grillées, c’était mon vice. Comme elles se trouvaient dans le bas, je me suis accroupi et j’ai commencé à me composer un petit stock. Je devais avoir l’esprit un peu ailleurs parce que je ne l’ai pas entendue arriver, j’ai simplement senti un léger souffle d’air contre ma joue. L’instant d’après elle m’attrapait pas la nuque et m’enfonçait la figure entre ses jambes. J’ai lâché les amandes, je me suis dégagé vite fait et je me suis relevé.

Annie semblait traversée par une espèce de transe délirante, elle vibrait des pieds à la tête en me couvant d’un œil brûlant. Avant que j’aie pu trouver la bonne réplique, elle faisait sauter ses nichons de sa robe et se collait à moi.

- Dépêche-toi ! elle a fait. Bon Dieu, dépêche-toi … !!

Elle a faufilé une de ses jambes entre les miennes et son machin est venu buter contre mon fémur. Je me suis écarté. Elle soufflait comme si elle venait de s’appuyer un mille mètres. Sa poitrine paraissait encore plus grosse dans la pénombre, elle était d’une blancheur obscène et les bouts étaient braqués sur moi. J’ai levé une main.

- Annie… j’ai démarré.

Mais elle m’a agrippé le poignet au vol et m’a plaqué la main sur ses nichons en venant se frotter de nouveau à moi. Ce coup-ci, je l’ai envoyée valser dans les rayons (…) Elle s’est mordu les lèvres en se passant doucement une main sur le ventre. Elle a poussé un petit gémissement enfantin.

- J’en ai marre, elle a fait.

Pendant que je m’occupais de ramasser les boîtes d’amandes, elle a remonté sa robe sur le devant, le dos appuyé au rayon des conserves. Son petit slip blanc a zigzagué sous mon crâne comme un éclair de feu, il s’en est pas fallu de grand-chose pour que je tende la main vers lui, j’ai failli me persuader que c’était au-dessus de mes forces. » 

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Vendredi 5 novembre 2010 5 05 /11 /Nov /2010 17:18

Confession de Mademoiselle Sapho

Pidansat de Mairobert ( 1727-1779)

Un extrait de cet ouvrage a déjà fait l’objet d’un article sur ce blog ( dans la rubrique Lectures X) le 4 avril 2008 

mlle-saphoDeux vers du Cardinal de Bernis, (1715-1794 ) extraits d’un poème intitulé « Quatre saisons »

L’embarras de paraître nue

Fait l’attrait de la nudité.

 

Puis, Voici un passage de « Apologie de la secte anandryne ou exhortation d’une jeune tribade" par Melle de Raucourt prononcée le 28 mars 1778

mlle-sapho4jeudedoigtsNous sommes évidemment dans le secret d’un couvent

«  Une jeune novice est-elle tourmentée d’un prurit libidineux de la vulve ? Elle a dans sa propre organisation de quoi l’apaiser sur le champ, la nature l’y conduit machinalement comme dans toutes ales autres parties du corps où elle lui fait porter les doigts, afin, par un agacement salutaire, d’en supprimer ou suspendre les démangeaisons. Lorsque, par cet exercice fréquent, les conduits irrités et élargis ont besoin de secours plus solides ou plus amples, elle les trouve dans presque tout ce qui l’environne : dans les instruments de ses travaux, dans les ustensiles de sa chambre, dans ceux de sa toilette, dans ses promenades et jusque dans les comestibles.

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Par une heureuse confidence, ose-t-elle bientôt faire part de ses découvertes à une camarade aussi ingénue qu’elle ? Toutes deux s’éclairent, s’aident réciproquement ; elles s’attachent l’une à l’autre, elles se deviennent nécessaires, elles ne peuvent plus s’en passer, elles ne sont plus qu’une âme et qu’un corps. Alors la vie ascétique leur paraît préférable à toutes les vanités du siècle : les haires, les silices, ces instruments de pénitence, sont convertis en instruments de volupté, les jours de discipline générale et publique, si effrayants pour les gens du monde, qui ne s’attachent qu’au nom, deviennent, par ces accouplements multipliés, des orgies aussi délicieuses que les nôtres, car la flagellation est un puissant véhicule de lubricité, et c’est sans doute des couvents que cet exercice est passé dans les écoles des courtisanes, qui l’enseignent à leurs élèves comme un agent victorieux prêt à ressusciter au plaisir les vieillards et les libertins anéantis. »  


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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 28 octobre 2010 4 28 /10 /Oct /2010 09:32

Virginie Despentes, Baise-moi

Editions Grasset, 1999

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Chapitre premier.

« Assise en tailleur face à l’écran, Nadine appuie sur « Avance rapide » pour passer le générique. C’est un vieux modèle de magnétoscope, sans télécommande.

À l’écran, une grosse blonde est ligotée à une roue, tête en bas. Gros plan sur son visage congestionné, elle transpire abondamment sous le fond de teint. Un mec à lunettes la branle énergiquement avec le manche de son martinet. Il la traite de grosse chienne lubrique, elle glousse.

despentes4Tous les acteurs du film ont des faciès de commerçants du quartier. Le charme déconcertant d’un certain cinéma allemand.

Une voix off de femme rugit : « Et maintenant, salope, pisse tout ce que tu sais. » L’urine sort en joyeux feu d’artifice. La voix off permet à l’homme d’en profiter, il se précipite sur le jet avec avidité. Il jette quelques coups d’œil éperdus à la caméra, se délecte de la pisse et s’exhibe avec entrain.

Scène suivante, la même fille se tient à quatre pattes et écarte soigneusement les deux globes blancs de son gros cul. Un type semblable au premier la bourre en silence.

La blonde a des minauderies de jeune première. Elle se lèche les lèvres avec gourmandise, fronce le nez et halète gentiment. La cellulite bouge par paquets en haut de ses cuisses. Elle s’est légèrement bavé sur le menton et on voit bien les boutons sous le maquillage. Une attitude de jeune fille dans un corps flasque.

À force de bouger son cul du plus convaincant qu’elle peut, elle parvient même à faire oublier son ventre, ses vergetures et sa sale gueule. Tour de force. Nadine allume une clope sans quitter l’écran du regard, impressionnée.

Changement de décors, une fille noire aux formes contenues et soulignées par une robe de cuir rouge rentre dans une allée d’immeuble. Se fait bloquer par un type cagoulé qui la menotte prestement à la rampe d’escalier. Puis il l’empoigne par les cheveux et la force à le sucer.

La porte d’entrée claque, Nadine grommelle un truc concernant « cette conne qui ne devait pas rentrer manger ». Au même moment, le type du film dit : « Tu verras, tu finiras par l’aimer ma queue, elles finissent toutes par l’aimer. »

Séverine hurle avant même de quitter sa veste.despentes3

- Encore en train de regarder tes saloperies.

Nadine répond sans se retourner :

- T’arrives pile au bon moment, le début t’aurait déroutée, mais même à toi cette négresse doit pouvoir plaire.

- Eteins ça tout de suite, tu sais bien que ça me dégoûte. (…)

Pendant ce temps, la black a effectivement pris goût au phallus du type. Elle le happe goulûment et fait bien voir sa langue. Il finit par lui éjaculer en travers de la gueule et elle le supplie de la prendre par le cul.

Séverine se poste à côté d’elle, évite scrupuleusement de regarder l’écran et passe dans les aigus crispants :

- T’es vraiment malade et tu finiras par me rendre malade.

Nadine demande :

- Tu pourrais aller à la cuisine, s’il te plaît ? Je préférerais me masturber devant la télé, ça me gonfle de toujours aller faire ça dans ma chambre. Remarque, tu peux rester si tu veux. (…)

Elle se laisse glisser au fond du fauteuil, se débarrasse de son pantalon et joue avec sa paume au-dessus du tissu de sa petite culotte. Elle regarde sa main bouger entre ses cuisses en cercles réguliers, accélère le mouvement et tend son bassin.

Elle relève les yeux sur l’écran, la fille penchée sur la rampe d’escalier secoue la tête de droite à gauche et son cul ondule pour venir engloutir le sexe du gardien. »

 

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