lectures x

Mercredi 19 janvier 2011 3 19 /01 /Jan /2011 07:47

Etiemble, Blason d’un corps ( 1961 )

Editions Folio n° 623

à ce jour, ce livre est le plus bel hommage au corps de la femme que j'aie jamais lu. La langue y est à la fois savante et plaisante, et le propos magnifique

Etiemble

Page 120 (lors de la cérémonie de communion d’une de ses cousines, le narrateur adolescent se trouve dans la procession en compagnie d’Hélène, une « amie » de sa mère )

Au moment précis où la procession passait près d’une maison qu’elle savait amie, et le cas échéant complice, cette femme d’esprit planta le cierge entre les mains de ma tante : elle se trouvait mal et, craignant de s’évanouir, me pria de l’accompagner. À peine arrivée à la maison, Hélène parla de migraine, et de repos qu’elle devait prendre. À ma seule vue, on la comprit fort bien, et l’on nous enferma dans un salon pourvu d’un cosy-corner.

- Ecoute mon cœur, s’il bat fort. Mets ta main là.

Son cœur en effet battait, battait. Pour vérifier l’état du mien, Hélène bientôt me caressait la poitrine.

- Tu es aussi doux qu’une fille, ma parole.

- Oh ! non, Madame, c’est que je m’épile.

- Et tu m’appelles : Madame ! je t’adore ! Mais si tu m’aimes un peu, tu ne t’épileras plus. Promis ? Tu es un homme, Janot.

Elle me le prouva bientôt, ou si tu préfères, m’épargnant toute initiative, elle me conduisit prestement où elle avait envie d’en venir. Je me trouvai en elle sans savoir comme.

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Page 126 ( de nuit, le narrateur avec Mayotte, son amante, sur la plage  )

À l’instant où, dévêtu, j’allais me jeter à la mer :

« Non ! pas encore ! » t’écrias-tu. Et tu m’enserras, moi nu, de ton corps nu. Moite que je me sentais, le poil collé sur les seins, je tentai de me dégager afin de t’offrir un peu plus tard une peau bien décapée, salée de frais par l’eau de mer. Alors, retrouvant le geste enivré de la chatte dont je t’écrivais la dernière fois, tu me plantas au biceps tes ongles incarnats, et mordillas tendrement les poils de mes aisselles. Après quoi tu t’agenouillas dans le sable déjà refroidi ; à belles dents, à très belles et bonnes dents, tu rendis l’honneur à tous mes autres poils. Jambes écartées, les mains dans tes cheveux, je regardais la mer au loin,  la purifiante. J’avais tort. Ma vraie mer, ma purifiante, c’était bien toi, là, toute proche. Ta salive, qui agglomérait en touffes les poils de mon sexe, m’était plus rafraîchissante que même un bain de minuit. Or, tandis qu’ainsi je rêvais, tes ongles enfoncés dans la chair de mes cuisses, très peu à peu relâchèrent leur prise. Doucement, doucement, tes seins glissaient le long de mon tibia, pour une caresse des plus suaves, et toute neuve. Beaux comme le plumage du paon mâle qui, après avoir longtemps bandé ses pattes frémissantes, enveloppe discrètement sous ce dais sa femelle et la dérobe à tout autre que soi pour la cocher, tes cheveux noirs et bleu, illuminés de lune, s’étalaient épars sur mes pieds.

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Page 185

Mon père, je le découvris tard, ne trompait ma mère que superficiellement, mais de préférence avec de petites filles. Un après-midi qu’il se promenait sur l’Esplanade, pendant la foire, il s’arrêta devant un manège de ces bateaux qu’on balance très haut, d’avant en arrière, en tirant sur un filin. Une fillette de huit ou neuf ans suppliait son grand-père de lui en offrir une tournée, mais le vieillard, qui devait souffrir du mal de mer, refusait obstinément. En vain lui proposait-il des berlingots, ou d’aller admirer le dompteur de puces, la gosse, butée à obtenir sa tournée de bateau, lui tiraillait le bras en braillant : «  J’veux aller en bateau ! j’veux aller en bateau ! » Après avoir d’un geste large enlevé son canotier, mon père offrir ses bons offices : il se ferait un devoir, que disait-il, une joie, d’accompagner la mignonne et de lui offrir la tournée. Tout fier de confier son enfant à un monsieur si distingué, le grand-père la lui livra. Au bout de deux minutes ou trois, la balançoire prit de la hauteur ; or, à la joie voyante et bruyante du grand-père qui en fit part à ses voisins, la gosse hurla comme de terreur : « Je lui avais bien dit qu’elle n’aimerait pas ça. C’est bien fait pour elle ! Ça lui apprendra. Têtue comme qu’est comme une petite mule. » Puis, les mains en porte-voix pour qu’elle entendît mieux : « Tu l’as voulue, ta tournée ! Eh bien, tu l’as ! Profites-en ! Amuse-toi bien ! Je t’en offrirai une autre, après celle-là, si tu veux. » Et de rigoler de quel cœur ! Comment et quand j’appris que mon père avait ce jour-là égaré son doigt dans le cul de la gosse, c’est une part de l’histoire qui pour toi n’importe guère     

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Jeudi 6 janvier 2011 4 06 /01 /Jan /2011 11:46

Vladimir NABOKOV, Lolita ( 1959 )

Editions Gallimard, collection Folio n° 899

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Chapitre 13, pages 94 à 98

Rappel du contexte. Le narrateur, Humbert Humbert vient d’arriver dans une ville de Nouvelle Angleterre où il cherche à louer une chambre meublée chez l’habitant. Il s’installe chez une certaine Mrs Haze, veuve, maman d’une fille de 13 ans prénommée Dolorès ( que le narrateur appelle Lolita, ou tout simplement Lo) Cette rencontre va bouleverser l’existence de Humbert Humbert. Dans la scène qui va suivre, H.H se trouve seul au salon  avec Lolita ( la mère est partie à la messe ). Lolita est en train de lire un magazine…

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« Lo feuilleta violemment le magazine, à la recherche d’une reproduction qu’elle désirait montrer à l’ami Humbert. Elle la trouva enfin. Simulant l’intérêt, je penchai la tête si près que ses cheveux caressèrent ma tempe et qu’elle me frôla la joue de son bras en s’essuyant les lèvres sur son poignet. Une brume mordorée semblait flotter entre l’image et mon regard, et ma réaction fut trop lente au gré de Lolita, qui frotta impatiemment ses genoux nus l’un contre l’autre. Peu à peu, le tableau se matérialisa vaguement  devant mes yeux : un peintre surréaliste allongé avec nonchalance sur une plage, à côté d’une Vénus de Milo en plâtre, tout aussi indolente et à demi enfouie dans le sable. Document de la Semaine, spécifiait la légende. D’un geste, je fis disparaître cette ordure. Aussitôt, feignant de vouloir reprendre le magazine, Lo se jeta sur tout mon corps. Le journal tomba à terre comme une volaille effarée. Se tortillant sur elle-même, Lo se dégagea, recula se laissa choir dans la coin droit du sofa, puis, avec une admirable simplicité, l’impudente fillette allongea ses jambes sur mes genoux.

lolita4J’étais déjà dans un état de surexcitation qui frisait la démence – mais j’avais aussi la ruse du fou. Toujours assis sur le divan, j’exécutai une série de manœuvres furtives afin d’accorder mon désir masqué à la pression de ses jambes innocentes. Il n’était pas aisé de détourner l’attention de l’enfant tandis que j’opérais les obscurs ajustements indispensables au succès de mon entreprise. Discourant avec volubilité, perdant mon souffle et le retrouvant au vol, singeant une subite rage de dents pour expliquer les interruptions dans mon soliloque, et tout cela sans cesser de fixer du regard – le regard secret du dément – mon but radieux et lointain, j’accentuai prudemment la friction magique qui éliminait, au sens hallucinatoire du terme, la texture physiquement inviolable mais psychologiquement tendre te friable de l’obstacle matériel (pyjama et peignoir de soie) séparant le fardeau de ses deux jambes bronzées de la tumeur cachée d’une passion indicible. (…)

Ses jambes, étendues en travers de mon giron à vif, tressaillaient de temps à autre ; je les caressais lentement – et elle se vautrait dans son coin. Lolita l’écolière, dévorant  son fruit immémorial ( une pomme) et chantant à travers sa pulpe juteuse, perdant une pantoufle, frottant son talon déchaussé – une socquette tire-bouchonnée – contre la pile de vieux magazines entassés à ma gauche sur le divan, et chacun de ses mouvements, chaque contorsion et ondulation, m’aidait à dissimuler et améliorer le réseau de correspondance tactile entre la belle et la bête, entre le fauve musclé et tendu à se rompre et la beauté de son petit corps creusé de fossettes sous la chaste robe de coton.

Du bout de mes doigts aux aguets, j’effleurai le duvet imperceptiblement hérissé le long de ses mollets. Je me fondais dans la chaleur âcre mais salubre qui flottait autour de son corps telle la brume d’été. Reste, petite Haze, reste… Comme elle se penchait pour jeter dans l’âtre la pomme sacrifiée, son jeune poids, sa croupe rondelette et ses jambes candidement impudiques se trémoussèrent sur moi – sur mon giron fébrile et torturé qui besognait subrepticement ; et tout d’un coup, un changement mystérieux s’opéra sur mes sens, et j’accédai à une sphère d’existence où rien n’importait plus que l’infusion dr plaisir que ma chai brassait. Ce qui était au début une exquise dilatation des fibres les plus intimes de mon être se métamorphosa en un fourmillement torride qui atteignit soudain cet été de sécurité, de confiance et de sérénité absolues que l’on chercherait en vain dans l’univers conscient. (…) lolita-Sarah Joncas - Vampire Study

Suspendu au bord de cet abîme voluptueux, je répétais après elle des mots au hasard, tel un dormeur parlant et riant dans son sommeil, et, simultanément, ma main bienheureuse rampait sur sa jambe ensoleillée, aussi haut que l’ombre de la décence le permettait. La veille, elle s’était cognée contre la massive commode de l’entrée et – « Regarde, regarde ! hoquetai-je, regarde ce que tu as fait, ce que tu t’es fait à la jambe, ah, regarde » ; car il y avait, je le jure, une  ecchymose ocre et violacée sur sa tendre cuisse de nymphette, que je massai et enserrai doucement de ma grande main velue, et ses dessous étaient trop succints, semblait-il, pour empêcher mon pouce allègre d’atteindre la commissure brûlante – comme on chatouille et caresse une enfant en riant aux larmes, rien de plus, et : « Oh, ce n’est rien du tout ! » cria-t-elle d’une voix perçante, et elle se démena, se convulsa, se rejeta en arrière, la tête à demi détournée, mordillant sa lèvre inférieure de ses dents luisantes – et ma bouche gémissante, Messieurs les jurés, toucha presque son cou nu pendant que j’écrasais sous sa fesse gauche le dernier spasme de l’extase la plus longue qu’homme ou monstre ait connue. »

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Samedi 27 novembre 2010 6 27 /11 /Nov /2010 09:46

Catherine MILLET, La vie sexuelle de Catherine M.

Editions du Seuil, collection Fiction et Cie, avril 2001

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Chapitre 1 : Le nombre ( pages 20-22 )

Catherine M. se souvient des soirées organisées à l’occasion des anniversaires d’un certain Victor.

« Eric m’installait sur un des lits ou des canapés placés dans les alcôves, respectant un vague usage en prenant l’initiative de me déshabiller et de m’exposer. Il pouvait commencer à me caresser et à m’embrasser, le relais était immédiatement pris par d’autres. Je restais presque toujours sur le dos, peut-être parce que l’autre position, la plus commune, qui consiste pour la femme à enfourcher activement le bassin de l’homme, se prête moins à l’intervention de plusieurs participants et implique de toute façon une relation plus personnelle entre les deux partenaires. Couchée, je pouvais recevoir les caresses de plusieurs hommes pendant que l’un d’entre eux, dressé pour dégager l’espace, pour voir, s’activait dans mon sexe. J’étais tiraillée par petits bouts ; une main frottant d’un mouvement circulaire et appliqué la partie accessible du pubis, une autre effleurant largement tout le torse ou préférant agacer les mamelons… Plus qu’aux pénétrations, je prenais du plaisir à ces caresses, et en particulier à celles des verges qui venaient se promener sur toute la surface de mon visage ou frotter leur gland sur mes seins. J’aimais bien en attraper une au passage, dans ma bouche, faire aller et venir mes lèvres dessus tandis qu’une autre venait réclamer de l’autre côté, dans mon cou tendu. Et tourner la tête pour prendre la nouvelle venue. Ou en avoir une dans la bouche et une dans la main. Mon corps s’ouvrait plus sous l’effet de ces attouchements, de leur relative brièveté et de leur renouvellement, que sous celui des saillies. À propos de celles-ci,  je me rappelle surtout de l’ankylose de mon entrecuisse après avoir été travaillée parfois près de quatre heure, d’autant plus que beaucoup d’hommes ont tendance à maintenir les cuisses de la femme très écartées, là aussi pour profiter de la vue, et pour aller frapper plus loin. Au moment où on me laissait en repos, je prenais conscience que l’engourdissement avait gagné mon vagin. Et c’était une volupté d’en sentir les parois raidies, lourdes, légèrement endolories, gardant en quelque sorte l’empreinte de tous les membres qui s’y étaient logés. »

c-millet3c-millet4Les illustrations de Jean Morisot me semblent parfaitement adaptées au texte. Quant à Cabu, il proposait une lecture plus ironique du remous médiatique que provoqua en son temps la publication de l'ouvrage de Catherine Millet

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Mardi 16 novembre 2010 2 16 /11 /Nov /2010 07:17

37.2 le matin, par Philippe Djian

Editions Bernard Barrault, 1985. Paru en poche, collection J’ai lu en 1986.

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Ceux qui ont vu le film de J.J Beineix n’ont pas oublié la scène torride où Annie ( l’épicière interprétée par Clémentine Célarié ) se jette dans les bras de Zorg ( Jean-Hugues Anglade) dans la pénombre de l’épicerie. Voici la scène décrite dans le chapitre 17 du roman ( pages 202-204 )

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«  Annie me quittait pas des yeux. Je lui ai envoyé un regard aussi froid qu’une pierre tombale avant de descendre, j’ai horreur qu’on me prenne pour un type facile. J’ai souvent remarqué qu’on s’en tirait mieux dans la vie en évitant la facilité. (…) Il commençait à faire sombre dans le magasin. J’ai mis un moment à repérer les amuse-gueule dans ce brouillard. Les amandes grillées, c’était mon vice. Comme elles se trouvaient dans le bas, je me suis accroupi et j’ai commencé à me composer un petit stock. Je devais avoir l’esprit un peu ailleurs parce que je ne l’ai pas entendue arriver, j’ai simplement senti un léger souffle d’air contre ma joue. L’instant d’après elle m’attrapait pas la nuque et m’enfonçait la figure entre ses jambes. J’ai lâché les amandes, je me suis dégagé vite fait et je me suis relevé.

Annie semblait traversée par une espèce de transe délirante, elle vibrait des pieds à la tête en me couvant d’un œil brûlant. Avant que j’aie pu trouver la bonne réplique, elle faisait sauter ses nichons de sa robe et se collait à moi.

- Dépêche-toi ! elle a fait. Bon Dieu, dépêche-toi … !!

Elle a faufilé une de ses jambes entre les miennes et son machin est venu buter contre mon fémur. Je me suis écarté. Elle soufflait comme si elle venait de s’appuyer un mille mètres. Sa poitrine paraissait encore plus grosse dans la pénombre, elle était d’une blancheur obscène et les bouts étaient braqués sur moi. J’ai levé une main.

- Annie… j’ai démarré.

Mais elle m’a agrippé le poignet au vol et m’a plaqué la main sur ses nichons en venant se frotter de nouveau à moi. Ce coup-ci, je l’ai envoyée valser dans les rayons (…) Elle s’est mordu les lèvres en se passant doucement une main sur le ventre. Elle a poussé un petit gémissement enfantin.

- J’en ai marre, elle a fait.

Pendant que je m’occupais de ramasser les boîtes d’amandes, elle a remonté sa robe sur le devant, le dos appuyé au rayon des conserves. Son petit slip blanc a zigzagué sous mon crâne comme un éclair de feu, il s’en est pas fallu de grand-chose pour que je tende la main vers lui, j’ai failli me persuader que c’était au-dessus de mes forces. » 

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Vendredi 5 novembre 2010 5 05 /11 /Nov /2010 17:18

Confession de Mademoiselle Sapho

Pidansat de Mairobert ( 1727-1779)

Un extrait de cet ouvrage a déjà fait l’objet d’un article sur ce blog ( dans la rubrique Lectures X) le 4 avril 2008 

mlle-saphoDeux vers du Cardinal de Bernis, (1715-1794 ) extraits d’un poème intitulé « Quatre saisons »

L’embarras de paraître nue

Fait l’attrait de la nudité.

 

Puis, Voici un passage de « Apologie de la secte anandryne ou exhortation d’une jeune tribade" par Melle de Raucourt prononcée le 28 mars 1778

mlle-sapho4jeudedoigtsNous sommes évidemment dans le secret d’un couvent

«  Une jeune novice est-elle tourmentée d’un prurit libidineux de la vulve ? Elle a dans sa propre organisation de quoi l’apaiser sur le champ, la nature l’y conduit machinalement comme dans toutes ales autres parties du corps où elle lui fait porter les doigts, afin, par un agacement salutaire, d’en supprimer ou suspendre les démangeaisons. Lorsque, par cet exercice fréquent, les conduits irrités et élargis ont besoin de secours plus solides ou plus amples, elle les trouve dans presque tout ce qui l’environne : dans les instruments de ses travaux, dans les ustensiles de sa chambre, dans ceux de sa toilette, dans ses promenades et jusque dans les comestibles.

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Par une heureuse confidence, ose-t-elle bientôt faire part de ses découvertes à une camarade aussi ingénue qu’elle ? Toutes deux s’éclairent, s’aident réciproquement ; elles s’attachent l’une à l’autre, elles se deviennent nécessaires, elles ne peuvent plus s’en passer, elles ne sont plus qu’une âme et qu’un corps. Alors la vie ascétique leur paraît préférable à toutes les vanités du siècle : les haires, les silices, ces instruments de pénitence, sont convertis en instruments de volupté, les jours de discipline générale et publique, si effrayants pour les gens du monde, qui ne s’attachent qu’au nom, deviennent, par ces accouplements multipliés, des orgies aussi délicieuses que les nôtres, car la flagellation est un puissant véhicule de lubricité, et c’est sans doute des couvents que cet exercice est passé dans les écoles des courtisanes, qui l’enseignent à leurs élèves comme un agent victorieux prêt à ressusciter au plaisir les vieillards et les libertins anéantis. »  


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Jeudi 28 octobre 2010 4 28 /10 /Oct /2010 09:32

Virginie Despentes, Baise-moi

Editions Grasset, 1999

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Chapitre premier.

« Assise en tailleur face à l’écran, Nadine appuie sur « Avance rapide » pour passer le générique. C’est un vieux modèle de magnétoscope, sans télécommande.

À l’écran, une grosse blonde est ligotée à une roue, tête en bas. Gros plan sur son visage congestionné, elle transpire abondamment sous le fond de teint. Un mec à lunettes la branle énergiquement avec le manche de son martinet. Il la traite de grosse chienne lubrique, elle glousse.

despentes4Tous les acteurs du film ont des faciès de commerçants du quartier. Le charme déconcertant d’un certain cinéma allemand.

Une voix off de femme rugit : « Et maintenant, salope, pisse tout ce que tu sais. » L’urine sort en joyeux feu d’artifice. La voix off permet à l’homme d’en profiter, il se précipite sur le jet avec avidité. Il jette quelques coups d’œil éperdus à la caméra, se délecte de la pisse et s’exhibe avec entrain.

Scène suivante, la même fille se tient à quatre pattes et écarte soigneusement les deux globes blancs de son gros cul. Un type semblable au premier la bourre en silence.

La blonde a des minauderies de jeune première. Elle se lèche les lèvres avec gourmandise, fronce le nez et halète gentiment. La cellulite bouge par paquets en haut de ses cuisses. Elle s’est légèrement bavé sur le menton et on voit bien les boutons sous le maquillage. Une attitude de jeune fille dans un corps flasque.

À force de bouger son cul du plus convaincant qu’elle peut, elle parvient même à faire oublier son ventre, ses vergetures et sa sale gueule. Tour de force. Nadine allume une clope sans quitter l’écran du regard, impressionnée.

Changement de décors, une fille noire aux formes contenues et soulignées par une robe de cuir rouge rentre dans une allée d’immeuble. Se fait bloquer par un type cagoulé qui la menotte prestement à la rampe d’escalier. Puis il l’empoigne par les cheveux et la force à le sucer.

La porte d’entrée claque, Nadine grommelle un truc concernant « cette conne qui ne devait pas rentrer manger ». Au même moment, le type du film dit : « Tu verras, tu finiras par l’aimer ma queue, elles finissent toutes par l’aimer. »

Séverine hurle avant même de quitter sa veste.despentes3

- Encore en train de regarder tes saloperies.

Nadine répond sans se retourner :

- T’arrives pile au bon moment, le début t’aurait déroutée, mais même à toi cette négresse doit pouvoir plaire.

- Eteins ça tout de suite, tu sais bien que ça me dégoûte. (…)

Pendant ce temps, la black a effectivement pris goût au phallus du type. Elle le happe goulûment et fait bien voir sa langue. Il finit par lui éjaculer en travers de la gueule et elle le supplie de la prendre par le cul.

Séverine se poste à côté d’elle, évite scrupuleusement de regarder l’écran et passe dans les aigus crispants :

- T’es vraiment malade et tu finiras par me rendre malade.

Nadine demande :

- Tu pourrais aller à la cuisine, s’il te plaît ? Je préférerais me masturber devant la télé, ça me gonfle de toujours aller faire ça dans ma chambre. Remarque, tu peux rester si tu veux. (…)

Elle se laisse glisser au fond du fauteuil, se débarrasse de son pantalon et joue avec sa paume au-dessus du tissu de sa petite culotte. Elle regarde sa main bouger entre ses cuisses en cercles réguliers, accélère le mouvement et tend son bassin.

Elle relève les yeux sur l’écran, la fille penchée sur la rampe d’escalier secoue la tête de droite à gauche et son cul ondule pour venir engloutir le sexe du gardien. »

 

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Dimanche 10 octobre 2010 7 10 /10 /Oct /2010 16:40

Formications, roman de Julien Péluchon paru en 2006 aux Editions du Seuil dans la collection Fiction et Cie

Pour illuster ces trois exptraits, j'ai opté pour des dessins "hentaï" qui me paraissaient assez bien correspondre à "l'esprit" du texte.

 

Extrait n° 1 ( pages 14-16 ) John (fils d’une actrice et d’un consul) est en terminale au Havre. Il est amoureux de Labies Mondor.

«  Labies était une petite beauté de seize ans, douée en classe et en avance pour sa terminale. Son seul visage exprimait tout le soin que ses parents avaient mis à l’élever, et la paix mentale de son foyer petit-bourgeois. Ce visage, lisse, charmant et aux yeux dépourvus de rêves impossibles, disait que la jeune fille avait dû être couverte de gentillesses et de compliments toute son enfance et encore aujourd’hui, et il eût pu devenir celui d’une petite garce s’il n’avait eu derrière cette cervelle lucide, amène et particulièrement vive. Mais par-dessus tout c’était sa silhouette qui les avait remués dès son arrivée au lycée, lui et ses camarades, sa musculature mince et gracieuse et surtout cette poitrine en petits ballons, placés haut, qu’on eût dit à tout moment sur le point d’éclater, qui lui donnait, au milieu des autres filles, une aura sexuelle sans égale. Labies avait des gros seins. (…)

Chaque fois qu’elle monta sur l’estrade pour résoudre un problème de mathématiques fut un instant qui resta dans les mémoires. Elle levait la main et montait recueillir toutes les gloires possibles de cette mini-scène. Son profil déconcertait. Elle levait le bras et résolvait le problème avec aisance, en montrant des seins en primeur de trois quarts, et son cul, dans sa circularité géométrique. A cet âge vigoureux où priment la grosseur des seins et la régularité raphaélite du visage ( la rondeur sexuelle et la rondeur sensuelle), Labies était ce qui se faisait de mieux ici, le clou de l’exposition, et, en conséquence, tout garçon de l’âge qu’atteignait John un tant soit peu ambitieux se devait au moins de tout faire pour l’avoir dans le lit de ses parents un samedi soir pour un dépucelage de haute volée. »

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Extrait n° 2  ( pages 141-142 )Voici les fantasmes d’un certain Julien Hosteinmeyer

«  Il aimait les seins d’Annie, sa voisine. Un jour, il est entré chez Annie, prétextant qu’il avait besoin de sel. Elle n’en avait pas ; il a bloqué la porte avec son pied. Là, ils ont fait l’amour. Annie le désirait ardemment, désirait frénétiquement empoigner le sexe de son voisin et le mettre dans sa bouche. Elle l’a sucé, il l’a embrassée sur la bouche longuement, à plusieurs reprises, et souvent les cheveux d’Annie venaient s’emmêler dans leurs deux bouches. Il l’a prise par-devant, puis elle lui a proposé son derrière, bref, ils ont fait l’amour. Et sa semence s’en est allée tantôt dans les fesses d’Annie, tantôt sur les draps, car ils ne désiraient pas d’enfant. Quand enfin Annie s’est endormie, il a regardé ses seins toute la nuit, dans l’obscurité, en se demandant pourquoi ces choses éclairées par la lune lui paraissaient si précieuses. »

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Extrait n°3 ( pages 166-168 ) John devenu acteur de série télé a maintenant 25 ans, il a rencontré une certaine Jennifer

« Elle avait des cheveux blonds magnifiques, flottant comme des filets bénis.(…) Il l’embrassa dans le cou, la mordit fort. Puis il lui retira son peignoir et la prit pas derrière, de bon matin, avec haine.

- Petite et foutue pute, tu sais ce que je vais te faire, je vais rentrer dans ton petit cul.

- Oh oui !

- Princesse, ô ma princesse !

- Oh oui, prends-moi fort !

- Tiens ! tiens !

Et qu’est-ce que ça va t’apporter, John, une fois que tu te retires de son cul, tu es en sueur, tu l’embrasses, tu voudrais presque construire ta vie avec elle, puis, dix secondes après, éloigné, tes esprits retrouvés, tu te trouves incapable d’aimer. Elle te déprime, t’attriste, tu n’as pas la tête sur les épaules, c’est une vache. Elle vient vers toi, mamelles blondes bringuebalantes.

- C’est dimanche, aujourd’hui. On devait pas aller déjeuner chez ta mère ?

- Non, je reste ici. Rhabille-toi. Grosse vache (tout bas).

- Hein ?

- Rien.

Cette putain cupide, elle voulait voir ta mère. Elle était mannequin pour des sous-vêtements et posait quelquefois dans des catalogues de supermarchés. Mannequin, quelle misère ! Mais Jennifer désirait devenir actrice ou chanteuse, enfin célèbre, quoi, faire jouer sa poitrine, devenir Miss Quelque Chose et épouser un  producteur, s’en servir comme tremplin, être célèbre, le quitter, crever l’écran, vieillir, mourir. Et elle voulait voir ta mère. Elle ne le verrait jamais. Mais le porno, pour toi, Jennifer ? Te faire saucer la croupe ? Le porno, c’est hors de question : » Le porno, John, c’est hors de question. ». Mais le soutif, oui, d’ailleurs elle avait raison. »  

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Dimanche 26 septembre 2010 7 26 /09 /Sep /2010 12:10

Voltaire, Candide ou l’Optimisme (  janvier 1759 )

 chapitre 1

 

Rappel : le jeune Candide a grandi dans le château de son oncle aux côtés de sa cousine Cunégonde « âgée de dix-sept ans, haute en couleurs, fraîche, grasse, appétissante. »

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« Un jour, Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu’on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss (le précepteur du château) qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et très docile. Comme mademoiselle avait beaucoup de disposition pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin ; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s’en retourna tout agitée, toute pensive du désir d’être savante, songeant qu’elle pourrait bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne.

voltaire-candide3Elle rencontra Candide en revenant au château, et rougit ; Candide rougit aussi ; elle lui dit bonjour d’une voix entrecoupée, et Candide lui parla sans savoir ce qu’il disait. Le lendemain, après le dîner, comme on sortait de table, Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent. ; Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa ; elle lui prit innocemment la main ; le jeune homme baisa innocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière ; leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s’enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s’égarèrent. Monsieur le Baron de Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et, voyant cette cause et cet effet, chassa Candide du château à grands coups de pied dans le derrière ; Cunégonde s’évanouit : elle fut souffletée par madame la baronne dès qu’elle fut revenue à elle-même ; et tout fut consterné dans le plus beau et le plus agréable des châteaux possibles. »  

 

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 13 septembre 2010 1 13 /09 /Sep /2010 06:20

Suite et fin des extraits de "À ciel ouvert"

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Page 164

Pour les hommes comme pour les femmes d’ailleurs, la beauté des femmes était incompatible avec l’échec, la folie, le malheur ; il était inconcevable que les belles femmes puissent mourir jeunes ou qu’elles se suicident, simplement parce qu’elles étaient belles ; il leur était intolérable qu’elles se détruisent, intolérable que leur beauté soit endommagée par les belles femmes elles-mêmes, enfin que cette beauté ne soit pas une ressource naturelle, un bien public protégé par les lois. Dans cette perspective très répandue, seules les femmes ordinaires ou laides, pouvaient échouer, se suicider ou être assassinées, avaient droit au désespoir parce que leur déchéance devenait compréhensible, du fait de leur banalité d’apparence, ou de leur laideur, ce qui revenait au même : tout ce qui dérogeait à la beauté, chez les femmes, même juste un peu, tombait dans un no man’s land.

arcan-ciel-8Page 178

Toutes ces images ( réalisées par Charles) avaient un élément commun : le sexe. Le sexe était central dans sa vie et dans la vie en général, c’était le fil rouge qui tenait ensemble toutes les vies autour. C’était une erreur de dire qu’à la naissance on sortait d’un sexe parce que en fait on y restait pris. C’était une erreur de dire que dans la vie tout ne partait que du sexe pour mieux y revenir parce que la vie ne s’éloignait jamais vraiment du sexe, la vie n’allait jamais ailleurs que dans le sexe, la vie restait prisonnière du sexe du début à la fin, même celle des enfants. Le sexe était le seul lieu de la vie, et ce, dès le berceau.

Page 183

Elle avait envie de parler des images comme des cages, dans un monde où les femmes, de plus en plus nues, de plus en plus photographiées, qui se recouvraient de mensonges, devaient se donner les moyens de plus en plus fantastiques de temps et d’argent, des moyens de douleurs, moyens techniques, médicaux, pour se masquer, substituer à leur corps un uniforme voulu infaillible, imperméable, et où elles risquaient dan le passage du temps, à travers les âges, de basculer du côté des monstres, des Michael Jackson, des Cher, des Donatella Versace. Dans toutes les sociétés, des plus traditionnelles aux plus libérales, le corps des femmes n’est pas montrable, enfin pas en soi, pas en vrai, il restait insoutenable, fondamentalement préoccupant. Quand cette insoutenable virait à l’obsession, le monde prenait les grands moyens pour traiter la maladie, des moyens d’anéantissement ou de triturations infinies, toujours en rapport avec le contrôle de l’érection des hommes, pôle absolu de toute société humaine.arcan-ciel-6

Page 198.

Les parois de son vagin ( celui de Rose qui vient de subir une vaginoplastie) avaient été resserrées par les lasers, ses petites lèvres rapetissées et la  peau recouvrant son clitoris avait été retroussée pour le dégager, pour faire à jamais pointer sa tétine rose de chatte sortie et alerte, bouton pression à l’affût des caresses, une écharde.

Son sexe était devenu le Sexe. Charles pourrait le lécher, le mordre, le pincer, le fourrer, mais surtout le photographier pour le faire entrer dans sa collection. Son Sexe pourrait, pourquoi pas, se promener sur Internet, infiltrer la vie d’autres hommes en se mettant à la place d’autres femmes. Dans son lit aux épaisses douillettes où elle était calée, une nouvelle idée s’était formée : se donner à Charles mais aussi à tous.

Page 199

Entre autres idées en images qui défilaient il y avait un club de danseuses nues où elle dansait pour un stage, où elle se voyait regardée par la foule des hommes. Il y avait le club où elle dansait nue mais aussi les revues où elle était photographiée, toujours nue, jambes ouvertes, elle pensait aux hommes qui achèteraient ces revues et qui seraient happée par son sexe vers le temps d’avant la saleté des poils, la propreté d’avant le sang des règles, vers son sexe au bord d’être pubère, et déjà expert.

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Dimanche 12 septembre 2010 7 12 /09 /Sep /2010 09:26

À ciel ouvert, Nelly ARCAN ( 2007 ) Collection Points Seuil, n° 2347

arcan-ciel-1

Pages 27-28

arcan-ciel-2Rose était styliste de mode, elle arrangeait de femmes pour les photographes, les vêtements qu’elle leur choisissait ne devaient pas les revêtir mais les déshabiller. Elle était une arrangeuse de chair à faire envier, ou bander. Le nombre des femmes augmentait dans la profusion des photos tirées et dans beaucoup d’entre elles, Rose y était un peu, sa présence était une trace, elle était dans l’arrangement des autres qui impliquait sa propre disparition.

Page 124

Rose était sortie de chez elle ; elle était restée plusieurs minutes dans le couloir de l’immeuble, debout, face à la porte qui n’était pas verrouillée. Avant même d’entrer elle savait qu’ils ne discutaient pas, qu’ils étaient déjà au lit. Charles et ses bruits l’avaient ensuite guidée vers eux, fantôme glissant dans leur intimité, rasant les murs, se faisant toute petite, elle déjà trop petite. Julie était offerte les yeux fermées, vautrée sur le dos, le T-shirt relevé au-dessus des seins, comme assommée, belle dans son inconscience, tandis que Charles se masturbait avec une vivacité que Rose ne lui avait connue qu’à leurs propres débuts, quittant son sexe de la main de temps à autre pour toucher les seins de Julie, pour mieux le retrouver et partir de plus belle, avec ses bruits qui la clouaient sur place et qu’elle garderait en tête toute sa vie ; Charles avec sa bouche qui faisait des bruits dont elle n’était pas la cause, Charles et le va-et-vient de sa main sur sa queue dont elle n’était pas la cible, Charles et ses halètements comme des lianes qui la piégeaient, l’enchaînaient au lit de Julie sans qu’elle y soit invitée, des lianes qui l’attachaient à ce qui avait lieu entre eux où elle était oubliée, à Julie assommée offerte sur le dos et à Charles qui se tenait au seuil de lui-même, au bord d’exploser, retardant pas plaisir des seins de Julie le moment de décharger.arcan-ciel-3

Page 127

Julie O’Brien courait sur un tapis au Nautilus. Elle était Nelly Furtado. Elle était bien, enfin, elle pouvait se faire mal sans trop se flétrir, écouter à plein volume une musique pop où c’était elle, la star, l’ensorceleuse face à une foule d’hommes qui rêvaient de fourrer leur sexe dans le sien. À défaut d’avoir envie de sexe elle en avait gardé l’idée d’attraction, elle comprenait que le sexe était au centre des êtres, le cœur de toutes les ambitions. Les femmes face à la scène, elles, rêvaient d’être elle, avec son sexe voulu par tous, un trou noir, qui chante, qui danse, qui fait tout dans l’aisance. C’était ça, aspirer les autres par un dispositif qui les gardait à distance, se remplir des autres sans les prendre, s’emparer de leur amour, sans le leur rendre.

Par la sueur comme un voile qui recouvrait son corps, sortait le mal, pensait-elle aussi, sortait cette merde où elle s’était enfoncée cinq jours auparavant, cette merde qui avait été sa vie pendant des années, la merde comme habitat de la vermine, la vermine comme celle de son époque qui était de pacotille, constatait-elle en regardant autour, une époque d’écrans, de Botox, d’amour-propre et d’invincibilité, celle de Madonna.

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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