lectures x

Mardi 6 octobre 2009 2 06 /10 /Oct /2009 17:53
Deuxième texte extrait du recueil " Le livre du plaisir" présenté par Catherine Breillat. ( voir article du 25 septembre dernier  )

Cécile PHILIPPE, Petites Histoires horizontales, Le Pré aux Clercs, 1997

 

« Quand je fais ça, j’aime bien penser à quelqu’un. Qui serait là juste pour regarder. Pas touche. Interdit. Rien que le droit de tirer la langue.

À quelqu’un de totalement impossible de préférence. Le président de la République ou Belmondo de préférence. Ou alors Paul.

Quelquefois, je me sers d’un concombre. C’est doux, mais c’est horriblement froid. J’oublie toujours de le sortir du frigo avant, ça me prend comme ça, faut dire. Pas le temps de prévoir, de préparer.

L’autre jour, Hélène est passée en coup de vent me rendre des bouquins. J’épluchais un concombre. J’épluche toujours, pour le satiné et à cause des microbes. Elle est restée à discuter dix minutes. J’attendais comme une conne, le concombre épluché à la main. Pas question de le couper en rondelles, tu parles. Elle a dû trouver ça bizarre.

Le plus souvent, je préfère sans accessoire. Le majeur bien en place, et roulez jeunesse…

Evidemment, une langue, ce serait l’idéal. Et l’idéal de l’idéal, ce serait ma langue. »


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Vendredi 25 septembre 2009 5 25 /09 /Sep /2009 09:33

Le hasard de mes lectures a fait que j'ai lu presque simultanément deux textes ayant pour thème l'introspection feminine (au sens étymologique " regarder à l'intérieur de soi-même".) Le texte d'Erica JONG est tiré d'un recueil d'extraits d'écrits érotiques compilés et présentés par Catherine BREILLAT sous le titre de " Le livre du plaisir" paru en 1999 aux Editions 1 et qu'on peut maintenant trouver en Livre de poche  (n° 15064). J'aurai l'occasion dans les semaines qui suivent de vous présenter d'autres textes extraits de cet ouvrage de référence. Voici donc deux courts paragraphes sur les mystères du vagin.


























Erica JONG
, le Complexe d'Icare, 1977, éditions Robert Laffont

 

« Le pire, pour les femmes, c’est le caractère occulte de leur corps. Elles passent l’adolescence à faire toutes sortes d’acrobaties devant la glace de la salle de bains, pour essayer de voir à quoi ressemble leur con. Et que voient-elles ? Un halo de poil pubien frisottant, le pourpre des lèvres, le bouton rose du signal d’alarme clitoridien – mais est-ce que cela suffit ? L’essentiel reste invisible, canyon inexploré, grotte souterraine dissimulant la menace ténébreuse de multiples dangers.»

 

Esparbec, la Jument, 2008, Editions la Musardine

Mélanie, enceinte de 6 mois, est la maîtresse de son médecin.

«Un après-midi, alors qu’elle venait d’arriver, Mélanie vit sur le fauteuil gynécologique une sculpturale beauté nordique, nue, à qui N. introduisait un spéculum dans la vagin. Quand elle vit s’écarter les lamelles du spéculum et découvrit le gouffre rose qui se formait au bas du ventre, elle éprouva un étrange malaise.(…)

Au rendez-vous suivant, comme Mélanie lui avouait qu’elle avait été à la fois horrifiée et excitée à la vue des chairs internes que révélait le spéculum, N. lui proposa de lui en placer un. Quand elle sentit son vagin s’agrandir sous la poussée du métal, son corps se couvrit de chair de poule ; N. lui plaça un miroir entre les cuisses. Elle fut terrifiée par la caverne rouge. Elle put même voir son utérus, pareil à une orange monstrueuse.»

 

 

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Vendredi 4 septembre 2009 5 04 /09 /Sep /2009 13:23

« Le carnet de Rrose » d’Alina REYES est paru en 2006 aux éditions Robert Laffont. On le trouve maintenant en édition Pocket suivi de deux autres textes : « sept nuits » et « l’exclue ». Attention chef d’œuvre ! Achetez le bouquin, ça vaut vraiment le coup. C’est de la très grande littérature, qui impose le respect.

Le texte se compose comme par hasard de 69 courts chapitres écrits à la première personne. Je vous ai sélectionné les chapitres 38, 40 et 41.

 

                                                                         38.

       Je trouve que la nature est bien faite, d’offrir à l’homme que j’aime ma rrose, côté face, ma petite rose, côté pile, et ma bouche, dans mon visage.

      Dans les grands moments on peut se servir des trois entrées alternativement et dans tous les ordres. On n’est que deux mais alors ça fait plus perdre la tête qu’une orgie pleine de monde.

      Perdre le sentiment et le goût de l’orgie en amour c’est presque tout perdre. J’aime par exemple, faire mettre l’homme à quatre pattes, lui mordre, lui malaxer, lui frapper les fesses ; me coucher, le visage sous son trésor qui pend, pour le mordiller et le suçoter et m’enfoncer sa tige jusqu’aux amygdales ; puis me relever et le traire par derrière, en léchant sa petite rose à lui et en y enfonçant mes doigts. J’aime sentir sous sa peau le flot qui vient en battant fort et va tomber lourdement sous lui, sur le drap ou par terre.

                                                                       40.

     Voici ma rrose. Honorez-la des yeux, du nez, de la langue et des doigts, glissez-y votre tige, enfoncez-vous jusqu’en son cœur qui est aussi le mien.

      Le cœur de ma rrose va te mâcher la tige, mais gentiment. Ne t’étonne pas si tu m’entends dire miam-miam pendant que tu me baises. N’aie pas peur : tous les hommes savent bien que les femmes sont des fleurs carnivores, mais seules celles qui s’ignorent les dévorent vraiment.

      Mon bon gros marshmallow, je jute sur toi pour te faire exprimer ta substance mais sois tranquille, je suis la corne d’abondance où tu renaîtras et que tu rempliras encore, toujours plus gros, bonbon phénix !

                                                                       41.

      J’aime toucher ma rrose la nuit avant de m’endormir. Nichées entre mes cuisses, mes mains ressemblent à des ailes pliées le long du temps qui rêve.

     Au matin, quand les pétales du sommeil s’écartent lentement, paupières encore fermées, je les cherche mes ailes-mains. Eparpillées dans le lit tout au bout de mes bras, elles gardent le secret de leurs virées nocturnes. De la langue, je me lave les doigts avant d’ouvrir les yeux.

 

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Jeudi 27 août 2009 4 27 /08 /Août /2009 09:42

« LA PEAU » de  Curzio MALAPARTE (1898-1957)

Le roman est paru en France aux Editions Denoël en 1949. Il a pour cadre la libération de l’Italie par les forces alliées en 1943, et plus particulièrement la ville de Naples. Le narrateur, Malaparte lui-même, est alors agent de liaison aux côtés des Américains. Son récit est une violente critique du comportement des « libérateurs » qui débarquent en Europe sans aucuneréelle connaissance de ses mœurs, coutumes et règles de vie.

L’extrait que j’ai choisi est représentatif de cette méconnaissance. La scène se passe à Naples où une jeune vierge est exhibée, moyennant finance évidemment, aux GI. Ce texte se trouve dans le chapitre intitulé «  La vierge de Naples »

 

« Au bord du lit une jeune fille était assise ; elle fumait.

Elle était assise, les jambes pendantes, et fumait d’un air absorbé les coudes appuyés sur les genoux, le visage dans le creux de la main. Elle paraissait très jeune, mais ses yeux étaient vieux, un peu fanés. (…) Ses lèvres charnues, agrandies par un violent trait de rouge, donnaient quelque chose de sensuel et d’insolent à la délicate tristesse d’icône de son visage. Habillée de soie rouge, sobrement décolletée, elle portait des bas couleur chair et balançait ses petits pieds charnus enfilés dans une paire de savates de feutre noir, déformées et déchirées.(…)

Elle fumait en silence, regardant fixement du côté de la porte, avec une indifférence orgueilleuse. Malgré l’insolence de sa robe de soie rouge, de sa coiffure baroque, de ses grosses lèvres charnues, et de ses savates percées,sa vulgarité n’avait rien de personnel (…) Nous étions une dizaine dans la pièce. J’étais le seul Italien. Personne ne parlait.

- That’s all. The next in five minutes, dit la voix de l’homme qui se tenait sur le seuil, derrière le rideau rouge : puis l’homme passa sa tête dans la pièce à travers la fente du rideau, et ajouta : -Ready ? Prête ?

La jeune fille jeta sa cigarette, prit du bout de ses doigts le bord de sa jupe et la souleva lentement : d’abord apparurent ses genoux doucement gainés par la soie de ses bas, puis la peau nue des cuisses, puis l’ombre du pubis. Elle demeura un instant dans cette attitude, triste Véronique, le visage sévère, la bouche méprisante. Puis, se renversant lentement en arrière, elle s’étendit sur le lit et écarta doucement les jambes. Comme fait l’horrible langouste en amour, quand elle ouvre lentement les tenailles de ses pattes, en regardant fixement le mâle de ses yeux ronds, noirs et luisants, puis reste immobile et menaçante, ainsi fit la jeune fille, ouvrant lentement les tenailles roses et noires de ses chairs, et restant immobile, les yeux fixés sur les spectateurs. Un profond silence régnait dans la pièce.

- She is a virgin. You can touch. Put your finger inside. Only one finger. Try a bit. Don’t be afraid. She doesn’t bite. She is a virgin. A real virgin, dit l’homme en passant la tête dans la pièce à travers la fente du rideau.

Un nègre allongea sa main, et fit l’essai avec le doigt. Quelqu’un rit, et on eût dit qu’il se lamentait. La « vierge » ne bougea pas, mais fixa le nègre avec un regard plein de haine et de peur. Je regardai autour de moi : tous étaient pâles, pâles de peur et de haine.

- Yes, she is like a child, dit le nègre d’une voix rauque, faisant tourner lentement son doigt.

- Get out your finger, dit la tête de l’homme enfilée dans la fente du rideau rouge.

-Really, she is a virgin, dit le nègre en retirant son doigt.

Brusquement, avec une bruit étouffé des genoux, la jeune fille referma ses jambes, se releva d’un coup de reins, baissa sa jupe, et d’une main leste arracha la cigarette de la bouche d’un matelot anglais qui se trouvait près du lit. »

  

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Mardi 14 juillet 2009 2 14 /07 /Juil /2009 12:15

Comme promis, voici les images extraites d'un portfolio de Terry Pastor paru dans le numéro 86 ( volume 8) de la revue Penthouse en octobre 1976. Il se trouve que j'avais conservé ce document.  Je ne sais même pas si Penthouse existe encore, mais cette revue a enchanté toute mon adolescence et nourri nombre de mes fantasmes érotiques...

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Mardi 7 juillet 2009 2 07 /07 /Juil /2009 08:18

Troisième et dernier volet de la série d'articles consacrés au genre Hentaï. Notez dans certaines vignettes, la petite barre noire ou blanche sur le sexe des mecs, je suppose qu'il s'agit de la censure, mais posée là de façon très étrange... Si quelqu'un a une explication, elle sera la bienvenue. Merci de votre fidélité.

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Dimanche 5 juillet 2009 7 05 /07 /Juil /2009 07:55
Seconde série de 7 vignettes hentaï, toujours tirées de la revue "Pur hentaï"
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Vendredi 3 juillet 2009 5 03 /07 /Juil /2009 08:55

Pendant des années, je me suis totalement désintéressé du genre manga, et donc aussi du hentaï ( la manga érotique ) dont j'ignorais même l'existence. C'est par hasard que j'ai découvert ces BD. Au début, je les trouvais naïves, voire puériles.
Et puis, un jour, j'ai lu une première BD hentaï, avec une sensation de malaise difficile à définir. Ce n'est que récemment que j'ai compris ce qui me troublait tant dans ces dessins : la contradiction entred'un côté le visage des jeunes filles ( toujours très jeunes), visage qui exprime toujours une indicible tristesse, voire douleur de vivre, et de l'autre, à l'opposé, leur sexe béant qui suinte - que dis-je, qui coule - de désir. Les vulves et les clitoris sont hypertrophiés, les muqueuses intimes ruisselantes de mouillure. Et cette bouche qui dit non et ce ventre qui dit oui... Voilà tout le charme du hentaï. Charme auquel il faut ajouter la représentation des poils pubiens, ce qui est pour les Japonais d'une incroyable obscénité... Voici donc une première série de 7 vignettes tirées du n°1 d'une revue qui s'appelait "Pur Hentaï", parue en 2003 en France ( l'identité des illustrateurs n'était pas mentionnée dans la revue )

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Vendredi 26 juin 2009 5 26 /06 /Juin /2009 08:28

Vladan MATIJEVIC ( né le 16 novembre 1962 )

Les aventures de Minette Accentiévitch

Sous-titre : Court roman de chevalerie  (Editions  Points Seuil, 2007)

Titre original : Casovi Radosti ( leçon de joie)  paru en 2000

Traduit du serbe par Gojko Lukic et Gabriel Iaculli.

 

À toutes mes compagnes, je me suis permis de demander un jour de tenter de m’expliquer ou de me décrire ce qu’elles éprouvaient au moment de l’orgasme. Cette question me hantait et me hante encore. Si j’ai parfois obtenu des explications incomplètes, le plus souvent elles m’ont avoué être incapables de me répondre tant la chose leur paraissait indescriptible, comme abstraite. Je m’en suis donc remis à la littérature pour tenter de trouver la clef de ce mystère.

Voici par exemple la description de l’orgasme de Minette Accentiévitch, même si le point de vue me semble essentiellement masculin. Et vous, mesdemoiselles et mesdames, vous reconnaissez-vous dans ce texte et qu’en pensez-vous ?

 

Orgasme ( pages 93-95 )

 

Les muscles de son abdomen sont devenus de pierre et ses muscles vaginaux se sont resserrés comme un boa autour de son butin. De ses mollets, elle le poussait par les fesses pour l’enfoncer au plus profond d’elle. Ô quelles délices l’ont envahie ! Ses lèvres se sont ouvertes pour jeter un cri, mais seul un gémissement est sorti de sa gorge, pourtant suffisamment audible pour provoquer un scandale si l’on était en train de la branler dans un cinéma ou de lui frotter le pubis dans un autobus plein de monde. Elle n’avait aucune conscience d’où elle se trouvait, ignorait si elle était dans une voiture où le levier de vitesses, le frein à main et d’autres mandrins devenaient des phallus pointés sur elle, ou dans une entrée d’immeuble où les ampoules ont grillé plutôt que d’éclairer des graffitis obscènes, ou encore dans un bois où chaque bulbe de champignon ressemblait à un gland. Un instant elle a cru être une gamine qu’un garçon, au cours d’une excursion scolaire, pénètre par derrière, tandis que sur l’autre lit sa copine fait semblant de dormir. Et comme elle ne sait ni qui elle est ni où elle est, on comprendra qu’elle ne sache non plus avec qui elle est, et ce n’est pas un chuchotement indistinct et entrecoupé qui va l’aider à le savoir.

   En elle sont, lui semble-t-il, tous les hommes du monde, et tous les ancêtres mâles, et son père, et tous les descendants encore à naître. Dans toutes les ouvertures de son corps s’enfoncent des membres, l’un plus gros que l’autre. Ils s’enfoncent dans ses oreilles, dans son nombril, dans la fossette de son menton. Dans les années de sa vie, dans ses jours, ses rêves, ses désirs, dans son nom même. Les os de son bassin s’écartent pour livrer passage à un membre géant, somme de tous les membres qui se sont raidis et ont durci à cause d’elle, et chaque pore de sa peau s’ouvre, bâille, prêt à contribuer à la réception du colosse. Elle a envie que ses entrailles deviennent la tanière de ce membre géant, elle a envie de finir empalée sur lui, d’être tuée par lui. Elle est prête à se vider de soin sang sur des feuilles humides, sur un matelas trempé de sueur dans un gymnase, dans une cave obscure sous les yeux d’araignées curieuses et de scorpions hautains, elle est prête, où qu’il puisse se trouver.

On peut même dire que sur son visage apparaît la peur qu’elle ne revienne plus à la vie après cet orgasme, qu’il ne lui reste plus suffisamment de force pour en chercher de nouveau un pareil, car un meilleur, elle ne pourra certainement pas y atteindre, elle en est convaincue. Elle voudrait être consumée par le désir de stupre, être déchirée, remplie de foutre, que le foutre gicle de sa bouche, de ses oreilles, de son nez, qu’il se déverse alentour, qu’il inonde le monde entier, qu’elle en finisse de courir après les jouissances. Mais au bout d’un moment, elle se laisse gagner par la paix environnante. Seul son clitoris palpite encore avec une frénésie inentamée comme s’il marquait les dernières secondes, comme s’il faisait le décompte avant la grande explosion, avant l’éruption finale, avant l’éjaculation qui fera de ce monde un ex-monde. Une goutte de sueur glisse dans la raie de son cul et efface les pressentiments apocalyptiques. Qu’il était bon, cet orgasme –se dit-elle en desserrant l’étau de ses jambes, puis en donnant des tapes sur le dos de l’homme, le genre de tapes qu’on donne à un cheval qui est arrivé le premier au poteau, elle remet à plus tard la réflexion sur le sens de la phrase formée dans une sorte de semi-conscience -, je suis mortelle, mais indestructible. 

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Vendredi 19 juin 2009 5 19 /06 /Juin /2009 09:28

C'est le moment du bac, un peu de réflexion ne peut pas faire de mal... 
V.Despentes King Kong Théorie (Editions Grasset , 2006)

Chapitre : Porno sorcières

 

Le porno pose un vrai problème : il défoule le désir et lui propose un soulagement, trop rapidement pour permettre une sublimation. À ce titre, il a une fonction : la tension dans notre culture entre délire sexuel abusif (en ville, les signes en appelant au sexe nous envahissent littéralement le cerveau) et rejet exagéré de la réalité sexuelle (on ne vit pas dans une giga-partouze perpétuelle, les choses permises ou possibles sont même relativement restreintes). Le porno intervient ici comme défoulement psychique, pour équilibrer la différence de pression. Mais ce qui est excitant est souvent embarrassant, socialement. Rares sont ceux et celles qui ont envie d’assumer en plein jour ce qui les fait grimper aux rideaux, dans le privé.* On n’a pas forcément envie d’en parler avec nos partenaires sexuels. Domaine du privé, ce qui me fait mouiller. Car l’image que ça donne de moi est incompatible avec mon identité sociale quotidienne.

Nos fantaisies sexuelles parlent de nous, à la façon détournée des rêves. Elles ne disent rien sur ce que nous désirons voir arriver de facto. (…)

On demande trop souvent au porno d’être l’image du réel. Comme si ça n’était plus du cinéma. On reproche par exemple aux actrices de simuler le plaisir. Elles sont là pour ça, elles sont payées pour ça, elles ont appris à le faire. On ne demande pas à Britney Spears d’avoir envie de danser chaque soir qu’elle se produit sur scène. Elle est venue pour ça, on a payé pour voir, chacun fait son boulot et personne ne râle en sortant « je crois qu’elle a fait semblant ». Le porno devrait dire la vérité. Ce qu’on ne demande jamais au cinéma, technique de l’illusion par essence.

On demande précisément au X ce qu’on craint de lui : dire la vérité sur nos désirs. Je n’en sais rien, moi, du pourquoi c’est à ce point excitant de voir d’autres gens baiser en se disant des saloperies. Le fait est que ça marche. Mécanique. Le porno révèle crûment cet autre aspect de nous : le désir sexuel est une mécanique, guère compliquée à mettre en branle. Pourtant, ma libido est complexe, ce qu’elle dit de moi ne me fait pas forcément plaisir, ne cadre pas toujours avec ce que j’aimerais être.* Mais je peux préférer le savoir, plutôt que tourner la tête et dire le contraire de ce que je sais de moi, pour préserver une image sociale rassurante.

 

* C’est moi qui souligne

 

et pour conclure, cette très sensuelle illustration de Jean Morisot. Le dessin de la couverture du livre est signé Marie Meier
Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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