Les ardents de la Rue du Bois-Soleil

Vendredi 21 octobre 2016 5 21 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soeil", # 11

Chap. 3

 Pendant les deux premiers mois de l’année 1964, je ne revis pas une seule fois Geneviève. Certes elle vint chez nous, mais c’était pour rendre visite à maman pendant les heures où j’étais au lycée. À la fin janvier, elle lui remit le pull-over qu’elle m’avait tricoté. Il m’allait bien, même si je le trouvais un peu trop ample à mon goût : Geneviève m’avait imaginé plus costaud que je ne l’étais.

- Tu n’oublieras pas de la remercier !  C’est la moindre des choses, me dit maman en rangeant le pull dans mon armoire.

Maman était comme ça : comme si je pouvais oublier de dire merci quand on me faisait un cadeau ! Mais à chaque fois que j’allai sonner à la porte du petit appartement de la Rue du Bois-Soleil, je trouvai porte close.

Passée la fièvre des premiers jours de janvier où je m’étais déjà imaginé en amant régulier, presque légitime, de Geneviève, je revins assez vite aux filles nues de Paris-Hollywood et aux midinettes des romans-photos. S’il m’arrivait encore d’évoquer les incroyables événements de la nuit du nouvel an, peu à peu le souvenir lui-même perdit de sa force.

ardents13Puis les cours reprirent et je retrouvai Jean.

À la fin de janvier, les Américains lancèrent vers la Lune une sonde baptisée Ranger 6. Je me souviens nous être relevés en pleine nuit pour regarder le ciel étoilé : on espérait apercevoir la sonde s’approcher de la Lune et, qui sait, s’y poser. Nous n’étions pas les seuls dans la rue. Evidemment, il ne se passa rien. D’ailleurs, si la sonde atteignit bien sa cible, ce fut aussi le terme de sa mission puisqu’elle ne transmit aucune image du sol lunaire à la Terre. Les Russes étaient encore les plus forts !

- C’est mon père qui va être content ! me dit Jean.

- Et pourquoi ça ?

- Il est communiste.

Moi, le communisme, je ne savais pas trop ce que cela signifiait. À la maison, papa disait que les cocos au pouvoir, ce serait une catastrophe pour le pays.

- Et ta tante, elle est communiste aussi ?

- Je pense pas, elle serait plutôt cruciverbiste, tendance tricot !

Comme on approchait de la rue du Bois Soleil, Jean ralentit le pas.

- Je peux te confier un secret ?

- Bien sûr.

- Je crois qu’elle a un amant.

Mon cœur bondit dans ma poitrine, mes jambes fléchirent comme si le trottoir était devenu dangereusement instable.

- Tu le connais ?

- Non.

- Alors, qu’est-ce qui te permet de dire ça ?ardents13-1

- Une impression… Et puis, j’ai remarqué des choses. Par exemple, elle porte des bas, avec une couture à l’arrière. Comme les filles de ton magazine, avec porte-jarretelles et tout. Des trucs de femme qui a un amant. Tu vois ce que je veux dire !

Nous étions maintenant au pied de l’immeuble. Jean paraissait en savoir plus encore.

- Je pense que c’est un homme qui s’appelle Marcel. Au téléphone, je l’ai entendue prononcer ce nom-là plusieurs fois. Encore avant-hier soir, il a téléphoné et, comme par hasard, juste après, elle m’annonce qu’elle sera de garde pour la nuit. Elle est partie et n’est rentrée qu’hier matin. Tu crois qu’elle a besoin de mettre des bas et de se vernir les ongles pour aller surveiller des retraités. Je suis pas idiot !

Chacune de ses paroles me fit l’effet d’un coup de poignard. Je repensai à la naïveté de mes espoirs quand je m’étais mis en tête que je pourrais devenir le compagnon de Geneviève. Quelle désillusion !

Marcel ! Le copain de régiment de papa, le fumeur de Gitanes, l’ancien d’Indochine, le vendeur de voitures d’occasion, l’homme aux rouflaquettes et à la moustache fine, le fredonneur de Tino Rossi et des Compagnons de la Chanson, le raconteur d’histoires de cul, le pourfendeur des pédés et des écrivains engagés, le mangeur de boudin blanc, le buveur de mousseux, le célibataire endurci, l’homme aux souliers vernis et aux cravates fantaisie, l’assassin de mes rêves…

 

Mais, à bien y réfléchir, c’était dans l’ordre des choses.

à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 18 octobre 2016 2 18 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil", # 10

Vendredi 3 janvier 1964

 C’est le jour de la Sainte Geneviève.

J’ai mes règles. Dieu les bénisse ! Je vais peut-être enfin retrouver mes esprits. J’ai beau me dire que si je n’avais pas bu tant de vin, rien ne serait arrivé, jene parviens même pas à m’en convaincre.

ardents12-2Je dois me rendre à l’évidence : ce gosse – mais pourquoi continuer de parler de lui ainsi ?- Tristan m’a caressée presque jusqu’à me faire jouir et je l’ai laissé faire. Il m’aurait suffi d’un geste, d’un mot ou d’un regard pour le remettre à sa place. Je n’en ai pas eu le courage, et encore moins l’envie.

L’envie, elle était au plus profond de mon ventre, chaude et liquide.

Pourtant, je ne l’aime pas. Il n’y a rien de sentimental là-dedans. Sa jeunesse me rassure. Chaque jour, je ne vois que des petits vieux tremblotants, des petites vieilles incontinentes, des corps rabougris, fripés, errant sur la frontière indécise qui sépare la vie de la mort… Alors que Tristan, c’est le triomphe de la vie : les muscles tendus, les gestes fermes, avec l’énergie inépuisable de la jeunesse. C’est un remède contre la peur et la solitude.

Et s’il allait en parler à sa mère ? Non, pas de risque. À Jean alors ? Je ne crois pas, il aurait trop à perdre… Je me souviens de l’année de mes quatorze ans, quand le grand frère d’une camarade de classe me caressait les fesses pendant qu’on marchait côte à côte dans les rues sombres. Pour rien au monde je n’en aurais parlé à quelqu’un ; j’étais trop contente qu’il me touche le cul ! Il devait bien avoir vingt ans et les mains chaudes…ardents12-1

Au petit matin du jour de l’an, c’est un certain Marcel qui m’a raccompagnée jusque chez moi. C’est un copain de régiment du père de Tristan. Il était fin saoul, beaucoup plus que moi. Ça ne l’a pas empêché de me faire du gringue, avec des allusions pas très fines au fait que j’étais divorcée, pour ainsi dire libérée… Et si c’était vrai qu’à l’hôpital les infirmières ne portaient souvent quasiment rien sous leur blouse.

 Dans le hall de l’immeuble, il s’est carrément frotté contre moi, à me tripoter les seins et à me mettre la main aux fesses. Comme il était tard et que j’avais encore dans le ventre le souvenir des caresses de Tristan, je l’ai expédié vite fait. Je n’ai même pas eu besoin de lui tailler une pipe : je lui ai juste sorti l’engin et je l’ai branlé, à sec… En un rien de temps, il a envoyé son sperme gicler sur le carrelage, au pied des boîtes aux lettres. La concierge a dû en faire une tête le matin, quand elle a balayé le hall ! Eméché comme il était, je parie qu’il ne s’est souvenu de rien, le père Marcel !

 

Juste avant les vacances de Noël, j’ai surpris Jean dans sa chambre en train de se livrer sur la descente de lit à d’étranges contorsions. Ça m’a plutôt étonnée car, à ma connaissance, mon neveu n’a jamais été un fou de gymnastique au sol. Il était visiblement gêné d’avoir été surpris dans une activité qu’il aurait voulu garder secrète. En plus, quand il m’a dit en bredouillant que c’était Tristan qui lui avait montré certaines figures très audacieuses, j’ai aussitôt soupçonné que ce n’était pas seulement pour la beauté du geste. Il devait y avoir quelque chose de sexuel là-dessous ! J’en ai eu la confirmation, l’autre nuit, lorsque Tristan est devenu tout rouge quand je lui ai parlé de ses dons d’acrobate. Ça y est, voilà le bout de mes seins qui redevient tout dur !

Et ce pull qui n’avance pas ! Si je tricote une manche, je pense à la main et au bras qui vont passer dans cette manche : son bras musculeux et sa main aux doigts indiscrets qui rampent sur ma cuisse nue…    

Fin du chapitre 2.

à suivre...    

ardents12              

 

 

 

 

Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 17 octobre 2016 1 17 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la rue du Bois-Soieil" # 9

Je regardai la pendule : 22 h 50. Je décidai que ce serait pour 23 heures. Dès lors, la fine aiguille des minutes avança à la fois trop vite et trop lentement à mon goût. Pendant que la douce chaleur de sa cuisse continuait d’inonder mon corps, Geneviève était en grande conversation avec sa voisine. Visiblement, les espoirs de maman seraient déçus : le copain de régiment était déjà trop aviné pour se livrer à une quelconque entreprise de séduction.

ardents10Enfin, la grande aiguille sembla s’immobiliser sur le 12. Fermant les yeux pour me donner de l’audace, je plongeai ma main gauche sous la nappe et la posai directement sur le genou de Geneviève, juste à la lisière de sa robe, sur le nylon de son bas. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine qu’il en était douloureux. Je m’attendais à tout : au pire à être giflé en public, au mieux à ce que ma main soit fermement repoussée.

 Il ne se passa rien.

 J’entendis, à ma gauche, Geneviève qui continuait de parler point mousse avec la sœur de maman. Je rouvris les yeux : personne ne me regardait. Je sentais toujours contre ma cuisse la chaude présence du corps de Geneviève. Mieux, son pied droit déchaussé était maintenant posé sur le mien. Lentement, mon cœur se calma, ma main desserra son étreinte et entama sa lente reptation sur la cuisse de Geneviève, repoussant le tissu de la robe toujours plus haut…

Je la regardai. Sa main était posée à plat tout près de son assiette et, de ses doigts aux ongles vernis, elle caressait doucement la nappe, comme pour rassembler des miettes de pain, mais je savais que cette caresse m’était en secret destinée. Je ne voyais pas son visage, mais juste sa nuque que découvraient ses cheveux noués en chignon. La peau y était délicatement ombrée de racines noires plantées bas. Je brûlais du désir d’y porter les lèvres…

Et ce fut ainsi que je me mis à bander en secret : une belle érection, décisive, majuscule, dans mon pantalon de fête en tergal gris souris.ardents11-3

Pas un instant Geneviève ne cessa de parler, le buste tourné vers sa voisine. Pourtant, sous la table, au-delà du pudique rideau de la nappe blanche, ma main gauche remontait inexorablement entre ses cuisses qu’elle avait largement écartées pour m’ouvrir la voie royale de son ventre.

 Bientôt, je touchai la chair nue au-dessus des bas. Je crus défaillir. C’était la première fois de ma vie que je posais les doigts si près de l’intimité d’une femme : la peau y était incroyablement chaude et veloutée. Je la caressai longuement à pleine main, de bas en haut, à la recherche d’une plage de peau plus douce encore, plus inaccessible, au plus près de son sexe. Mon érection en redoubla d’intensité ; je sentis même le sang battre dans ma queue comprimée dans mon slip devenu trop étroit.

Je jetai un œil désespéré à la pendule : 23 h 41. Dieu que le temps passait vite ! Les minutes m’étaient comptées : dans un quart d’heure, il serait trop tard ! Ma main se hâta et vint frôler le pubis rebondi sous la culotte tendue. Au toucher, je crus deviner une culotte de soie ou de satin. Mais lorsque mes doigts voulurent en soulever le voile pour aller encore plus loin, Geneviève se tourna furtivement vers moi et me dit à voix basse, mais d’un ton ferme et sans réplique :

- Non ! On arrête là !

Je fus le seul à l’entendre. Aussitôt, elle reprit langue avec sa voisine. Quoiqu’un peu déçu, je n’en cessai pas pour autant de bander. Il est vrai que Geneviève me laissa volontiers lui caresser le sexe à travers sa culotte bientôt humide. Je sentais même dans ma paume moite le chatouillis des poils indiscrets qui fleurissaient au-delà des limites du tissu. Cette sensation me rendit fou. J’avais du mal à me persuader que je n’étais pas en train de rêver. J’allais me réveiller sans aucun doute ! Mais non, je regardai autour de moi, ces personnes étaient bien vivantes, ce décor quotidien et ces voix familières. C’était bien le sexe chaud d’une femme que je massais à pleine paume et qui venait, comme de lui-même, à la rencontre de ma main, lui imprimait par de légers balancements du bassin un langoureux mouvement de va-et-vient. Elle se branlait ! Ma bite fut alors en proie à des pulsations incontrôlables et mon sperme jaillit avec force dans mon pantalon désespérément fermé. Il était temps : on approchait de minuit.ardents11-4

Dans la confusion générale des douze coups de la nouvelle année, personne ne remarqua la belle tache sombre qui ornait mon pantalon près de la braguette. Geneviève me donna deux grosses bises chaleureuses sur les joues.

- Bonne année, Tristan ! Santé et bonheur !

La fête se prolongea encore quelques heures. On poussa les chaises et la table, puis les convives se mirent à danser. Moi, je passai de longs moments à observer Geneviève, comme si je la voyais pour la première fois. Elle était brune avec un nez légèrement busqué. Je ne lui trouvai rien de vraiment beau, sauf peut-être sa bouche aux lèvres bien ourlées. Cette nuit-là, elle portait une robe grenat plutôt sobre mais qui mettait en valeur sa forte poitrine. Elle dansa avec papa, avec le voisin du dessus et aussi avec le copain de régiment de papa. Lorsqu’elle m’invita à danser un paso-doble, je remarquai que j’étais un tout petit peu plus grand qu’elle. Profitant du brouhaha général, elle me glissa en souriant :

- Il paraît que tu as des dons pour l’acrobatie… Il faudra que tu me montres ça un jour…

Je mis quelques instants à comprendre de quoi elle parlait, puis je sentis mes joues s’empourprer.

Je ne me souviens plus comment s’acheva cette longue nuit. Sans doute me suis-je endormi bien avant qu’on serve la soupe à l’oignon. Le lendemain matin, au réveil, la trace blanchâtre de mon sperme séché sur le coton de mon slip me rappela que je n’avais pas rêvé.

Elle s’appelait Geneviève. Elle avait quarante-trois ans, j’en avais à peine dix-sept.

à suivre...


 

 

 

 

Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 15 octobre 2016 6 15 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil", # 8

Pour les vacances de fin d’année, Jean quitta M** pour retrouver ses parents et sa sœur. Noël passa : on m’offrit un stylo Waterman avec plume en plaqué or. Papa prit pour les fêtes une semaine de congés en famille. On alla ensemble voir les illuminations des rues du centre-ville, la crèche vivante sur le parvis de la cathédrale et les vitrines décorées des grands magasins.

 Quand papa était à la maison, la vie n’était plus la même : il écoutait la radio du matin au soir, fumait des Gitanes à bout filtre et se promenait en maillot de corps toute la journée, ce qui faisait rager maman :

- Tu pourrais au moins mettre une chemise, ce serait plus correct !

- Une chemise ! grognait papa. Et pourquoi pas une cravate, le temps que tu y es ? Au boulot, je suis toute la semaine en costard, laisse-moi un peu respirer !

ardents11-1Ainsi passaient les jours, en chamailleries sans conséquence, en chansonnettes et en fumée.

Pour ce qui était du réveillon de la Saint Sylvestre, il avait été depuis longtemps convenu qu’on fêterait ça entre amis, à l’appartement. Il y aurait la sœur de maman avec son mari, un copain de régiment de papa encore vieux garçon, et aussi les voisins du dessus, plus encore d’autres convives dont je ne me souviens plus. Une quinzaine de personnes en tout. Maman ayant appris que la tante de Jean serait seule ce soir-là, celle-ci fut invitée. Sans doute maman espérait-elle secrètement qu’il se passerait quelque chose entre le copain de régiment et notre invitée de dernière minute.

 Le plan de table demanda réflexion et stratégie. Après maints remaniements, chacun se vit attribuer une place censée ne froisser aucune susceptibilité, respecter les possibles affinités et partant faciliter les conversations. La tante de Jean fut donc placée face au copain de régiment et à la droite de la sœur de maman, bavarde impénitente et tricoteuse occasionnelle. Quant à moi, le « jeune » de la soirée, on me plaça en dernier, en bout de table, à côté de la tante de Jean.ardents11-6

On mangea des huîtres, du foie gras, du gigot d’agneau avec des flageolets… Les bouteilles se succédaient : riesling, monbazillac, saint-Emilion. Au fur et à mesure que se vidaient les verres, le ton des conversations gagna en vivacité, les rires se firent plus sonores, les gestes plus amples. Le verre de vin doux que m’avait versé papa suffit à me faire tourner un peu la tête.

Cependant, je m’ennuyais ferme ; personne ne me prêtait vraiment attention. Seule maman se souvenait parfois de moi :

- Tristan, va dans la cuisine chercher du pain ! Tristan, débarrasse les bouteilles vides !

Je venais de terminer ma tranche de gigot lorsque, sous le jupon de la nappe, je sentis que la tante de Jean appuyait sa cuisse contre la mienne. Cela ne dura que quelques instants car je dus sans tarder me lever de table pour aller chercher la salade. À peine eus-je repris ma place que je sentis de nouveau la chaleur de sa cuisse contre la mienne. Elle resta comme ça jusqu’au dessert. Alors, cela me rappela un passage du  Rouge et le Noir  de Stendhal, quand, après le dîner, sous la tonnelle, Julien Sorel saisit sous la table la main de Madame de Rênal et qu’il ne lâche pas cette main jusqu’à ce qu’elle s’abandonne. Nous avions étudié la scène en cours de français :

ardents11-5«  Enfin, comme le dernier coup de dix heures retentissait encore, il étendit la main et prit celle de Mme de Rênal, qui la retira aussitôt. Julien, sans trop savoir ce qu’il faisait, la saisit de nouveau. Quoique bien ému lui-même, il fut frappé de la froideur glaciale de la main qu’il prenait ; il la serrait avec une force convulsive ; on fit un dernier effort pour la lui ôter, mais enfin cette main lui resta.

Son âme fut inondée de bonheur, non qu’il aimât Mme de Rênal, mais un affreux supplice venait de cesser… »

 

 à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 14 octobre 2016 5 14 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil", # 7

Chap. 2

 

Il ne fut pas un seul jour de ce mois de décembre 1963 que je ne partageai avec Jean Sevestre ou que je ne pensai à lui. Notre amitié toute neuve paraissait à l’épreuve du temps et de ses tourmentes.

Au lycée, nous étions devenus comme frères, partageant récréations et déjeuners à la cantine où nous éprouvions la même détestation des lentilles et de la crème de marrons. Le soir, après les cours, Jean venait réviser ou préparer ses devoirs chez nous. Dans ma chambre, maman lui avait aménagé un petit coin bureau à côté du mien. Le travail scolaire terminé, nous écoutions des disques sur mon électrophone, du Elvis Presley ou des succès des Spoutniks. De sa tante, il ne me parlait guère. D’ailleurs, à chaque fois que, au retour du lycée, nous étions passés à son petit trois-pièces de la rue du Bois-Soleil, elle n’était pas encore rentrée du travail ou étrangement absente.

ardents10-1À l’occasion de l’un de nos passages, Jean me montra, presque secrètement, comme s’il s’était agi de livres obscènes, la petite bibliothèque de sa tante. Je m’attendais à des romans sentimentaux, un peu comme ceux qu’aurait lus maman si elle avait eu la passion de la lecture. Pas du tout ! Apparemment, la tante de Jean appréciait plutôt les récits d’aventures ou de voyages lointains. À l’exception de Mac Orlan et de Cendrars, les auteurs m’étaient tous inconnus.

- Elle a des goûts bizarres ! décréta Jean.

Sinon, l’appartement était d’une affligeante banalité : une cuisine minuscule, un séjour qui faisait office de salon et de salle à manger, deux chambres à chaque extrémité d’un étroit couloir qui desservait aussi le cabinet de toilette, des placards… La chambre à coucher de la tante de Jean était fermée à clef.

- Elle doit avoir des trucs à cacher, me dit-il en relâchant la poignée. Des trucs de femme !

Je ne sais pas ce qu’il appelait des « trucs de femme ». Dans mon esprit, à cette époque, cela se limitait à quelques sous-vêtements affriolants et surtout à des lettres d’amour empaquetées à l’aide d’un ruban rose et délicieusement parfumées à la fleur d’oranger 

Il arriva même, par deux fois, que Jean passât la nuit chez nous. Ce fut maman qui arrangea la chose après que Jean lui eut confié que, de temps en temps, sa tante était de service de nuit et qu’alors il restait seul à l’appartement. Elle s’alarma. Il fut donc invité à partager notre dîner et ma chambre. Si la première nuit fut des plus sages, il n’en fut pas de même de la seconde. Nous approchions des vacances de Noël et avions passé la soirée à évoquer nos cadeaux espérés ou rêvés. Il était tard. Sûr que maman était endormie, je grimpai sur une chaise et attrapai mon numéro de Paris- Hollywood en haut de l’armoire.

- T’as déjà vu des photos de femmes à poil ? demandai-je.

- Non…

- Tiens, regarde !

Je lançai le magazine sur le lit où il commença à le feuilleter lentement.

- Tu l’as acheté ?

- Non, je l’ai trouvé dans une poubelle de l’immeuble. C’est chouette, non ?ardents10-2

Il ne répondit pas, tant les images lui arrachaient les yeux. Je le vis même glisser sa main droite dans son pantalon de pyjama pour se branler en douce.

- Moi, j’ai ma technique à moi pour juter. Tu veux que je te montre ?

Il retira prestement sa main, rougit jusqu’aux oreilles mais articula tout de même un tout petit « oui »

En deux temps trois mouvements, je me mis tout nu et lui fis mon numéro de contorsionniste amateur. Ce soir-là, devant mon premier vrai public, je me surpassai, avalant ma tige avec encore plus de conviction. J’ajoutai au final un massage de couilles et un index dans le cul. Pour un peu, il ne manquait que les applaudissements.

Jean fut si vivement impressionné par ma prestation que, lorsque j’en eus terminé, il m’assaillit de questions : comment l’idée m’était venue ? Depuis quand je le faisais ? Quel goût ça avait ? Est-ce que je n’avais pas peur de m’étouffer ? Est-ce que ça faisait mal ? Est-ce que c’était  à cause ça  ma queue était plus grosse et plus longue que la sienne ?

 

Il en avait oublié les jolies femmes de Paris-Hollywood.

à suivre...

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Mardi 11 octobre 2016 2 11 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil", # 6

Samedi 30 novembre 1963

 

 

Cet après-midi, je suis allée avec la maman de Tristan acheter les pelotes de laine pour le pull-over. Qu’est-ce qui m’a prise de lui proposer de tricoter ce pull ?

Lorsque je repense à jeudi dernier, j’en ai encore le cœur tout chaviré de honte et de désir.

La maman avait mis les petits plats dans les grands, j’ai même eu droit au salon qui sent l’encaustique et le renfermé. J’imagine que les étagères du buffet sont pleines de verres en cristal et de ménagères en argent qui n’ont jamais servi. Et ce papier peint, ces tableaux au mur, quelle horreur ! Comment peut-on aimer de telles niaiseries !

 ardents9-1Tout cela aurait été risible et dérisoire s’il n’y avait eu Tristan. Au premier regard, j’ai senti gonfler mes seins et durcir mon clitoris. Je crois que si je m’étais touché les mamelons, j’aurais atteint l’orgasme sur le champ.

Quel courage il m’a fallu pour ne plus poser les yeux sur lui, pour faire comme s’il n’était qu’un enfant comme les autres, pour entretenir un semblant de conversation avec cette maman si délicieusement innocente ! Quand elle a demandé aux deux garçons de nous laisser seules, je l’aurais à la fois embrassée et maudite : en même temps qu’elle me libérait de l’étau du désir, elle me privait de la présence charnelle de son fils.

Pendant plus d’une heure, nous avons parlé, surtout elle. Devançant sa curiosité, je lui ai d’abord raconté en quelques mots l’histoire lamentable de mon mariage : les promesses et les serments, l’impression d’abandon longtemps masquée par l’illusion du confort matériel, la puis les maîtresses de mon mari, et pour terminer l’humiliation des coups presque quotidiens… Elle a compati, les larmes aux yeux. Ces confidences ont été pour elle comme une délivrance. En retour, elle m’a confié ses doutes sur la fidélité de son mari représentant en assurances, ses angoisses de maman poule, son regret d’avoir abandonné trop tôt ses études, sa peur du cancer du sein et du fibrome… La conversation est revenue presque naturellement aux enfants. J’ai senti qu’il y avait quelque chose qui la tracassait et qu’elle n’osait pas… Alors, elle s’est mise à me parler comme à un médecin, quelqu’un qui détient toutes les réponses. C’était à propos de Tristan, elle était inquiète. Elle m’a parlé d’un magazine pornographique qu’elle avait découvert dans sa chambre, en haut de son armoire. Rien que des femmes nues ! Et aussi de mouchoirs comme empesés de sperme séché. Elle ne savait pas si c’était normal. Je l’ai rassurée : rien de grave. C’est l’âge où les adolescents découvrent leur propre corps. Cela passerait. D’ailleurs, son amitié avec Jean ne pourrait lui faire que du bien, il penserait à autre chose…ardents9-2

Ainsi, il se branle, le petit salaud ! De nouveau, j’ai senti la pointe de mes seins et mon clitoris devenir durs comme de la pierre. J’ai même eu peur qu’elle s’en aperçoive… N’empêche que c’est moi qui ai mis cette histoire de pull-over sur le tapis, juste pour le voir une dernière fois avant de partir, pour le toucher enfin.

Je me revois, le mètre ruban à la main, tournant autour de lui comme autour d’un totem, respirant son odeur, osant à peine poser les doigts sur sa nuque duveteuse. Sa bise maladroite d’au revoir m’a inondé le ventre de bonheur

De retour à l’appartement, je me suis enfermée aux toilettes pour me branler. À peine les doigts posés au bord de ma vulve poisseuse, l’orgasme est venu, presque spontanément.

Mon Dieu, qu’est-ce que je raconte ! Il faut absolument que j’arrête de penser à lui, ce n’est qu’un gamin !

Fin du chapitre 1

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Lundi 10 octobre 2016 1 10 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la rue du Bois-Soleil" # 5

Dès le lundi suivant, au retour du lycée, je présentai Jean à maman. Malgré notre année de différence, nous étions sensiblement de même taille et de même corpulence, lui brun, moi châtain. Maman nous avait préparé le goûter avec des gâteaux et du jus de fruits. Tout sourire, elle se livra sur Jean à une sorte d’interrogatoire suspicieux, presque policier. Tout y passa : sa famille, ses loisirs, ses lectures, ses résultats scolaires, ses projets d’avenir... Jean répondit à tout avec patience et politesse. Sa curiosité assouvie, maman se laissa convaincre : notre porte lui était désormais ouverte. Sans doute, pourrions-nous travailler ensemble après les cours, aller le jeudi à la plage à la belle saison, faire une sortie au cinéma le mercredi soir, mais avant de décider de quoi que ce soit, il fallait que maman en parle à la tante de Jean.

La rencontre eut lieu trois jours plus tard, le jeudi 28 novembre 1963, dans notre appartement du premier étage, au 51 de la rue Barbey d’Aurévilly. Jean et sa tante arrivèrent vers seize heures. Etrangement, à l’exception de ses yeux noisette et de sa chevelure très sombre, je ne garde pas de souvenir précis du visage de la tante de Jean ce jour-là. Mais, vingt ans après, j’ai encore en mémoire le timbre et la douceur de sa voix – elle parlait très lentement comme si elle cherchait à chaque fois le mot juste. Je revois aussi la finesse de ses mains où quelques veines en relief couraient sous la peau très blanche et les bottines noires à talons qu’elle avait mises pour nous rendre visite. On la fit entrer au salon dont maman n’ouvrait la porte que dans les grandes occasions. Elles burent du café, grignotèrent des Petits LU et parlèrent du monde comme il va… Elles se comprenaient. J’entendis la tante de Jean dire à ma mère qu’elle pouvait l’appeler Geneviève. En retour, maman lui précisa qu’elle se prénommait Yvonne  et qu’elles pourraient sans doute se tutoyer.  Elles étaient assises côte à côte sur le canapé, très droites, presque sévères.

- Tristan, tu devrais aller montrer ta chambre à Jean ! dit ma mère.

C’était une façon élégante de nous mettre dehors : elles avaient à parler entre femmes !

ardents8-1Avec Jean, nous restâmes seuls plus d’une heure à écouter des disques – je venais d’acheter mon premier 45 tours des Beatles,  I want to hold your hand  – et à parler sport : comment le titre de champion de France de football avait-il pu échapper à Reims ? Qui serait capable de battre Anquetil dans le prochain Tour de France ? Tout ça avant d’en arriver au seul sujet intéressant, les filles : les filles de la classe, toutes un peu nunuches, sauf peut-être Evelyne Bitard mais qui était vraiment trop pimbêche ; les filles de terminale, super belles, mais déjà trop grandes et qui, en plus, avaient  presque toutes un petit copain attitré ; les filles des magazines dont on pouvait tout imaginer ; les filles de l’été, en maillot sur le sable, encore plus inaccessibles malgré leur peau bronzée ; les filles croisées ou suivies dans la rue qui pressaient le pas sans se retourner ; les filles à côté de qui on s’asseyait au cinéma et avec qui on partageait pendant deux heures un accoudoir en velours rouge ; les filles qui fumaient des cigarettes à bout filtre dans les bars près du port…

Nous en étions à dresser le portrait de la fille idéale lorsque ma mère vint mettre un terme à nos fantasmes.ardents8-2

- Tristan, il y a Geneviève… je veux dire la tante de Jean qui se propose de te tricoter un pull-over. Viens par ici qu’elle prenne tes mesures !

Et me voilà planté au milieu du salon, les bras stupidement écartés du corps, transformé en chiffres : tour de tête pour l’encolure, largeur d’épaules, tour de poitrine, longueur des bras pour les manches, hauteur des aisselles aux hanches, tour de taille…

J’avais en horreur ces séances d’anthropométrie couturière. J’avais l’impression d’être quasiment nu, comme pour la visite médicale obligatoire au lycée, quand on nous examinait la dentition, le fond de la gorge et des oreilles, avant que le médecin en blouse blanche nous baisse promptement le slip pour nous tâter les testicules. Rien de plus humiliant ! Presque autant que la grande toilette hebdomadaire d’avant les poils, quand maman elle-même me savonnait énergiquement l’entrecuisses et le « petit robinet »…

  Le mètre ruban glisse autour de mon cou comme un serpent glacé, les doigts légers de Geneviève m’effleurent la nuque ; j’ai un frisson qui me parcourt l’échine.

Un crayon à la main, maman prenait note de mes mensurations sur un petit carnet.

- A-t-il une couleur préférée ? lui demanda Geneviève.

- D’habitude, il aime bien le bleu, mais pour une fois il pourrait changer. Rouge, ce serait pas mal… Pas rouge vif, mais plutôt bordeaux… Qu’est-ce que tu en penses, Tristan ?

Je haussai les épaules.

- Comme tu veux.

Tout cela me paraissait sans importance. Je pensais surtout que la semaine suivante, au cinéma le Rex, ils passeraient Les Tontons Flingueurs  et que j’avais bien l’intention d’y aller avec Jean.

à suivre...

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Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 8 octobre 2016 6 08 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 4

À la rentrée scolaire suivante, en classe de première, je me liai d’amitié avec Jean Sevestre. Le hasard de la première heure de cours nous avait fait voisins de table. Nous le restâmes.

Jean était presque d’un an mon aîné. En réalité, ses parents n’habitaient pas à M**, mais à une cinquantaine de kilomètres, dans un petit bourg où il était allé au collège. Il avait aussi une jeune sœur, Sylvie, brune comme lui, dont il me parla avec chaleur. Depuis qu’il était lycéen, Jean était hébergé pendant la semaine par une tante qui habitait à quelques rues de chez nous.

Jean devint rapidement beaucoup plus qu’un simple camarade de classe.

Tout commença vraiment le samedi 23 novembre 1963 au matin, alors que nous marchions dans l’obscurité des rues pour nous rendre au lycée. Pendant la nuit, la nouvelle de l’assassinat de Kennedy avait parcouru la planète.

- J’ai vu les images à la télé, dis-je tout excité. Tu te rends compte ? La mort presque en direct !

- T’as de la chance. Moi, ma tante, elle n’a pas la télé. Elle dit qu’elle n’aurait pas le temps de la regarder, mais en vérité, c’est qu’elle n’a pas les moyens…

- Elle fait quoi, ta tante ?

- Elle est aide-soignante à l’hospice. Elle s’occupe des petits vieux. Ça ne fait pas longtemps qu’elle travaille. Avant, elle se la coulait douce : son mari, je crois qu’il faisait des affaires avec les Américains de la base aérienne. Alors, tu penses qu’elle ne manquait de rien

- Il est mort ?

ardents7-1- Non, ils ont divorcé. Ne me demande pas pourquoi, j’en sais rien. Mais depuis ça, dans la famille, elle n’est pas très bien vue, surtout par mon père qui lui fait souvent la morale parce que c’est sa sœur, qu’elle a quarante-trois ans et qu’elle se retrouve toute seule, sans enfant.

On traversa en silence une place balayée par le vent, puis Jean reprit :

- Tu sais, il paraît que c’était un homme à femmes…

- Qui ? Le mari de ta tante ?

- Non. Kennedy ! Même qu’il aurait couché avec Marilyn Monroe…

- Ah ? Moi, Marilyn Monroe, c’était pas mon genre de femme. J’aime pas trop les blondes. Brigitte Bardot, elle m’excite même pas. Par contre Sophia Loren ou Claudia Cardinale, c’est autre chose. T’as déjà vu Le Guépard ?

- Oui…

Mais je sentais bien qu’il ne m’écoutait plus. Il marchait, tête basse, les yeux sur le trottoir. On approchait du lycée. Il s’arrêta brusquement.

- Tristan, on pourrait devenir amis, je veux dire de vrais amis. Si je te demande ça, c’est parce que je me sens un peu perdu ici… Ma tante, elle est bien gentille, mais en dehors du boulot, ses occupations favorites, c’est le tricot et les mots croisés…T’imagines le tableau ! Alors, on pourrait peut-être se voir plus souvent. Qu’est-ce que t’en penses ?ardents7-2

Je me sentis flatté de tant de sincérité. Et puis, moi aussi, j’étais un peu seul : papa qui était représentant s’absentait du lundi au vendredi soir, j’étais le fils unique à sa maman, un peu trop couvé.

- Ça marche !

On se serra la main. Ce pacte d’amitié conclu dans la pénombre d’un matin de novembre allait bouleverser ma vie.

à suivre...

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Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 7 octobre 2016 5 07 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 3

Ma première éjaculation remontait à deux années plus tôt, par un après-midi d’été où je m’étais spontanément mis à bander en feuilletant un de ces romans-photos que maman laissait traîner dans les toilettes. Le verrou était tiré, l’appartement désert et la femme en noir et blanc du magazine plutôt jolie. Je n’eus pas besoin de me toucher : il me suffit de poser mon regard sur la culotte blanche de l’actrice en train de se maquiller devant le miroir de sa coiffeuse, sur l’arrondi de son mont de Vénus qu’épousait fidèlement le tissu, sur l’ombre portée de sa poitrine dont le soutien-gorge contenait difficilement l’opulence… Un brasier inconnu venait de germer au plus profond de mon ventre et, presque aussitôt, mon sperme jaillit avec force. L’onde du plaisir  se saisit de moi, courant jusque dans mes jambes, me laissant quelques instants étourdi, comme privé de toute vie.

ardents5-1Quelques semaines plus tard, dans une des grandes poubelles du sous-sol de l’immeuble, j’avais aussi trouvé un numéro de Paris-Hollywood. Malgré les quelques taches de graisse qui maculaient les pages centrales, j’avais habilement caché ce trésor en haut de mon armoire, derrière la corniche, hors de portée de la curiosité maternelle. Il y avait surtout deux scènes de strip-tease bien excitantes, même si je ne comprenais pas très bien pourquoi les femmes y arboraient toutes le même bas-ventre, trop nu et comme voilé de brume.

Cependant, au bout de quelques mois, à force de patients exercices d’assouplissement, de flexions, d’étirements souvent douloureux, j’arrivai enfin à me lécher la fente du gland, à le bécoter du bout des lèvres, puis plus tard à le gober tout entier. À chaque centimètre gagné naissaient de nouvelles émotions. Ma langue roulait autour du fruit, le palpait, le pourléchait avec tendresse. Je ne tardai pas à m’éjaculer dans la bouche. Je connus la saveur de mon foutre, je m’en délectai chaque soir.

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Lorsque je me revois dans les albums de famille que tint amoureusement maman depuis ma naissance jusqu’à ses derniers jours, j’ai parfois du mal à me reconnaître dans ce jeune garçon aux cheveux si courts, aux jambes si nues, déjà grand gaillard mais encore fragile. L’été, on me faisait porter des shorts en nylon,  l’hiver des pull-overs tricotés main et d’épaisses chaussettes de laine qui me montaient jusqu’aux genoux. Je lisais Lassie, chien fidèle ou Les aventures de Pinocchio. Si mes devoirs étaient finis, j’avais le droit de regarder à la télévision un épisode de Rintintin ou Age tendre et Tête de bois. Quand papa était à la maison, on regardait en famille Les coulisses de l’exploit et La tête et les Jambes … Et pourtant, une fois dans ma chambre fermée à clef, je grimpais sur une chaise pour prendre le numéro de Paris-Hollywwod. Je bandais déjà. J’avais ma double page préférée, celle avec une brune à moitié dénudée, portant bas noirs, porte-jarretelles et slip rouge frangé d’une mousseline d’épaisse dentelle blanche. Combien de fois ai-je en pensée posé ma main sur ses seins lourds, saisi sa nuque sous sa sombre chevelure et ôté sa culotte où mon regard revenait sans cesse, comme aimanté par le rouge vif du satin ? Tout en me tétant le gland, je ne la quittais pas des yeux et c’était comme si c’était elle qui m’aspirait la bite et déglutissait mon sperme chaud.      

 

 Enfin, arriva le jour où je me taillai ma première véritable pipe, la queue raide à demi avalée, le nez au ras des couilles. Ma jouissance fut sans pareille. C’était en avril 1963, je venais d’avoir seize ans.

à suivre...

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Par michel koppera - Publié dans : Les ardents de la Rue du Bois-Soleil - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 6 octobre 2016 4 06 /10 /Oct /2016 08:00

"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 2

Chap. 1

 ardents3À l’âge de quinze ans, je crus pendant quelque temps que ma vocation était de devenir acrobate. L’idée m’en était venue un soir où mes parents m’avaient emmené au cirque Pinder. Parmi les numéros, il y eut la prestation d’un couple de contorsionnistes que Monsieur Loyal, à grand renfort de superlatifs, nous annonça comme originaires des Indes mystérieuses et si lointaines. Ils étaient tous les deux très noirs de cheveux. Les justaucorps d’un jaune éclatant accentuaient encore l’exotisme de leur peau bistrée et révélaient plus que de raison leurs charmes indiscrets : attributs virils de l’homme, mamelons arrogants et renflement pubien de la femme. Leur prestation consista en une suite de figures où les deux corps, souvent enchevêtrés, n’en formaient plus qu’un, sorte d’araignée bicéphale à huit pattes sans cesse en mouvement. Tout cela dégageait un érotisme sauvage qui maintint le public dans un troublant silence où se mêlaient gêne et fascination. Il y eut un moment où la femme, complètement enroulée sur elle-même, les jambes nouées sur la nuque, se retrouva avec le visage face à son propre entrecuisses dont l’écartement extrême laissait tout deviner des bourrelets et des crevasses de son sexe bâillant sous le tissu. À ses côtés, avec la même aisance déconcertante, son partenaire se livrait au même exercice. Ce fut à cet instant précis que je décidai que je deviendrais artiste de cirque, non par goût du voyage ou de la gloire, mais tout simplement afin de pouvoir me livrer sur mon corps adolescent à des caresses inédites.

Le soir même, nu dans la solitude de ma chambre et en attendant de trouver une partenaire de jeu digne de ma virtuosité, je débutai ma formation d’acrobate. Si je parvins sans trop de difficultés à me replier jusqu’à ce que mes genoux viennent toucher le tapis de chaque côté de ma tête, il me fallut me rendre à l’évidence : même en allongeant les lèvres, en dardant la langue comme un serpent, mon sexe pourtant en érection restait désespérément hors de portée de ma bouche gourmande… J’avais encore beaucoup à apprendre !ardents4

 

J’en fus donc réduit, comme d’habitude, à me masturber vigoureusement tout en regardant les quelques photos de femmes en petite tenue – slip en dentelle, soutien-gorge et porte-jarretelles assortis – dans les scènes intimistes des romans-photos italiens dont ma mère était grande lectrice. Les filles y étaient brunes à la peau veloutée, pulpeuses, outrageusement maquillées, avec parfois de belles touffes de poils sombres aux aisselles.

à suivre...

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