inédits

Mercredi 4 juillet 2018 3 04 /07 /Juil /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

Chapitre 5

Il ne restait plus qu’une poignée de jours et j’étais l’objet de toutes les convoitises. Pourtant, pendant toutes ces années, je ne les avais quittés ni des yeux, ni de la voix. Mais ils ne me voyaient pas, ne m’entendaient pas, même s’ils feignaient de m’écouter. Et maintenant que j’allais partir, ils se lamentaient.

- Mais pourquoi tu t’en vas ? Tu n’étais pas bien avec nous ?

Ils avaient organisé un grand repas familial, presque solennel. On avait battu le rappel : vieilles tantes, cousins lointains ou cordialement exécrés, amis de la famille… Il fallait marquer le coup. Le mariage et la mort demeuraient des motifs d’éloignement ou d’absence raisonnables. Mais partir, quelle idée !

adieux5À table, on m’avait placé en vis-à-vis un proche parent doué d’une sotte arrogance. Il crut bon de me livrer, en connaisseur, les enseignements d’un bref et unique séjour touristique, déjà vieux d’une dizaine d’années, qui l’avait mené dans l’hémisphère sud.

- Méfie-toi de la cuisine ! C’est épicé, c’en est presque immangeable ! Mais des paysages superbes… Et, là-bas, la vie, ça coûte rien ! Un repas au resto, une misère. On se demande souvent comment ils peuvent y arriver. Tu as pensé à la Nivaquine ? Parce que les moustiques… Et les femmes !

- Elles piquent aussi ?

- D’une certaine façon, belles à faire rêver !

- Tu rêves, toi ? Je n’aurais pas cru.

À l’autre extrémité de la table, ma mère me couvait du regard comme un nouveau-né. Mon père affectait le détachement viril. Il n’y avait que ma grand-tante octogénaire qui donnait libre cours à son désarroi.

- Mon pauvre petit ! Quand tu reviendras, je serai morte. Approche-toi que je te voie bien ! Tu as fait couper tes cheveux ? Pour la chaleur ? Tu es beaucoup mieux comme ça. Dis-moi, tu n’as pas peur de partir tout seul ? Tu ne connais personne, là-bas…

- Et toi, ma tante, tu es toute seule aussi, depuis des années et des années… Et tu ne changes pas.

- Oui, mais moi je suis vieille. J’ai l’impression que j’ai toujours été vieille. Crois-moi, méfie-toi de la solitude.

Elle me tenait la main, mais c’était elle l’enfant perdue.

Les bouteilles de champagne se succédaient. Et la vie reprenait son cours normal. On parlait déjà de mon retour, comme si mon exil ne devait être qu’une parenthèse. Pas question de point-à-la-ligne ! Non, tout au plus un aparté du destin. Même absent, ma place restait à leurs côtés, sur la scène, dans la même tragi-comédie en un acte, nulle part ailleurs…

- Tu sais, j’ai fréquenté autrefois un marin qui allait jusqu’en Chine, me confia ma grand-tante après m’avoir lâché la main. On se voyait une ou deux fois par an, ça dépendait des escales. Il m’a rendue à la fois très heureuse et très malheureuse. Tu comprends ça ?

- Tu aurais pu l’épouser…

- Je n’y ai jamais vraiment songé. Ce n’était pas sérieux. Pourtant, il devait m’aimer un peu pour revenir chaque fois me rendre visite. Rien ne l’obligeait… Et toi, quand tu reviendras, retourneras-tu voir ton amie ? Comment s’appelle-t-elle déjà ?

- Cynthia. Je t’en prie, ma tante, il ne faut plus parler d’elle.

- Alors, il va te falloir du courage !

Et puis, il y eut le sorbet à la poire, les photos souvenirs, le café, la promenade digestive, les rires et les pleurs des enfants, le rituel de la partie de manille… Enfin, ils sont tous repartis, par voitures entières, avec de grands gestes d’adieu par les portières aux vitres baissées. Guillaume est venu m’embrasser, un baiser furtif et pressé, comme d’habitude. Je l’ai retenu par le bras.

- Je viendrai te chercher demain matin. On passera la journée ensemble.

- Pour quoi faire ?

- Je ne sais pas encore. On verra.

 

à suivre...

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 2 juillet 2018 1 02 /07 /Juil /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

Chapitre 4

- Serge ne devrait pas tarder. Il est allé au vidéo-club louer une cassette vidéo pour la soirée… Tu peux te servir à boire en attendant !

adieux4- Non, j’ai tout mon temps, et puis je veux rester lucide jusqu’au bout.

Cécile me sourit. Elle était dans la cuisine, pieds nus, en jupe noire et caraco rouge sang, à surveiller une petite marmite où mijotaient des légumes.

- Qu’est-ce que tu nous prépares ?

- Un truc tout simple : poivrons, aubergines, courgettes…

- J’espère que tu n’as pas tout épluché ! Si ?

- Arrête ! Tu sais bien que je déteste ça ! Au fait, qu’est-ce qu’ils cultivent là-bas ?

- Des bananes, du manioc, et toutes sortes de tubercules aux formes aphrodisiaques et aux vertus magiques !

- Je t’en prie, ne te moque pas de moi !

On est allés s’installer dans le salon pour attendre Serge qui tardait. Cécile me parlait de ses projets, rien que des plans plutôt glauques. Elle avait croisé les jambes et polissait de la paume de la main son genou sans défaut.

- Pourtant, dit-elle, ce n’était pas mal ce qu’on avait construit ensemble… Tu ne penses pas ?

- Si, mais cela ne pouvait plus durer. Tu le sais bien. Et puis, vous trouverez quelqu’un d’autre. Serge, qu’est-ce qu’il en dit ?

- Tu le connais, difficile de savoir ce qu’il ressent, au plus profond. Il dit que ça ne sert à rien d’en faire un drame, mais je pense qu’il est très inquiet.

- Inquiet pour qui ?

- Pour lui ! Il a sans doute peur de me perdre. Depuis que Samyra est partie, ce n’est plus comme avant. Et toi, tu crois que tu vas recommencer là-bas ?

Je n’y croyais pas du tout et cela ne faisait pas partie de mes projets. Samyra ? C’était elle qui avait initié toute cette aventure. On n’avait jamais su d’où elle sortait, ni qui elle était vraiment. Kabyle, sans doute… Je l’avais rencontrée deux ans auparavant, une nuit de juin, sur un car-ferry entre Southampton et Cherbourg. On s’était revus. Puis, elle m’avait présenté Cécile qui vivait avec un ami qui s’appelait Serge. Une fois par mois, le temps d’un week-end, on se retrouvait tous les quatre ensemble. On se promenait, on allait au restaurant ou en boîte… Et puis, tout le reste était arrivé, presque naturellement. Ça avait duré plus d’un an et demi, jusqu’au départ de Samyra. On n’avait pas cherché à la remplacer, espérant toujours son retour prochain…

adieux4-0

Serge est arrivé. Il avait trouvé un film, Black and White Party ça s’appelait. Il avait cru me faire plaisir. Il riait trop et découvrait sa gencive où manquait une canine. Cécile accomplit ses devoirs d’hôtesse avec toute l’ardeur de ses trente-deux ans. Elle y mit une application zélée, toute la tendresse obscène du désespoir. Ainsi tenta-t-elle dans des accouplements redoublés et simultanés de suppléer la définitive absence de Samyra. Elle y parvint en renversant les ultimes barrières de sa pudeur.

Cependant, malgré nos rires et nos soupirs, malgré nos désirs frénétiques, malgré l’ivresse blanche du plaisir, ce fut une nuit triste, une nuit sans la flamme du lendemain. Au petit matin, nous étions déjà des étrangers, trop éloignés pour pouvoir échanger un dernier signe d’amitié. Serge souriait encore, mais le carré noir de sa canine absente avait quelque chose de pitoyable. Il avait les lèvres en deuil.

- C’est promis, je vous écris dès mon arrivée !

 

à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 29 juin 2018 5 29 /06 /Juin /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

Chapitre 3

adieux3- Allô ? C’est Cynthia. Enfin ! Ça fait deux jours que j’essaie de te joindre.

- Désolé, j’aurais dû te prévenir, mais le téléphone de la maison a été coupé.

- Alors, tu as déménagé ! Quand pars-tu ?

- Pourquoi me demandes-tu ça ? Tu sais très bien que je prends l’avion la semaine prochaine !

- C’est que je n’arrive pas à m’y faire. Qu’est-ce que je vais devenir ?

- Cynthia, on ne va pas recommencer à parler de ça ! Bientôt, tu auras ton bébé, et plus rien ne sera comme avant…

- Tu ne veux pas que je t’accompagne ?

- Où ?

- À l’aéroport. Je pourrais t’y emmener.

- Non, je ne crois pas que ce serait une bonne idée.

- Michel ?

- Oui, je t’écoute.

- On pourrait se voir une dernière fois… Tu serais libre un soir ? Je t’invite à dîner.

- Je ne sais pas, je suis très occupé… Il faut que je dise au revoir à tout le monde.

- Je t’en prie, fais un effort ! Je ne te demanderai plus rien, promis !

- Alors, disons… mercredi prochain.

- Merci.  Je t’embrasse.

 

- Nous, on croyait que tu allais vivre avec Cynthia.

- Moi aussi, mais je ne savais pas tout… Ou plus exactement, je préférais ne pas savoir.

Nous marchions sur la plage que les baigneurs nous avaient abandonnée. Un méchant vent d’ouest frisait les vagues sous un soleil blême. Danielle et Gérard se tenaient par le bras, comme aux premiers jours de leur rencontre, plus de vingt ans auparavant. Ils ne s’étaient plus quittés, enfin pas vraiment.

- Combien d’avion ? me demanda Gérard.

- Il faut compter une bonne douzaine d’heures.

- Pour moi, je crois que ce serait l’enfer. Rien que d’y penser, j’en ai les mains moites. Avec ma claustro ! Je me souviens encore de notre voyage aux Baléares, je n’avais qu’une envie, c’était de descendre. Comme quand je me retrouve dans une cage d’ascenseur.

Il y revenait toujours à ses angoisses : peur des ascenseurs, des salles de cinéma, des cabines téléphoniques…

On était arrivés au bout de la plage. Assis sur des enrochements, on regardait la mer et le ciel voilé de hauts nuages. De la pointe de ses bottes en caoutchouc, Danielle creusait un sillon dans le sable humide.

adieux3-1

- Tout de même, dit-elle, tu n’aurais pas dû partir comme ça, sans te battre. Ce n’est pas dans tes habitudes de déclarer forfait. As-tu sérieusement pensé à ce que tu vas laisser derrière toi ? As-tu pensé à ton fils ?

- Il a douze ans maintenant, et ça fait plus de huit années qu’il vit avec sa mère. Je ne vois pas ce que ça va changer pour lui !

- Tu ne seras plus là quand il aura besoin de toi ! lança-t-elle avec irritation.

- Tu sais très bien que je n’ai jamais été là et qu’il ne voudrait rien de moi, même si j’étais tous les jours à ses côtés. Je crois qu’il ne m’aime pas, et parfois, je me demande si ce n’est pas réciproque.

Gérard ne disait rien. À quoi songeait-il ? Danielle continuait de creuser le sable, mécaniquement.

- Oublie ce que je t’ai dit, reprit-elle d’une voix apaisée, je ne voulais pas te blesser. On rentre ?

Leur maison était froide. Gérard mettait de la musique, toujours des chansons de femmes à la voix frêle avec des mélodies à la guitare sèche qui achevaient de me glacer le sang. De la cuisine où elle lavait les légumes, Danielle m’appelait :

- Tu restes manger avec nous !

Comme si c’était une évidence. Je les connaissais trop bien leurs dîners ; il me faudrait encore me justifier, m’expliquer. Pourtant Danielle savait préparer de petits plats avec juste ce qu’il faut de couleurs pour que ça paraisse original. Je fus lâche :

- Non, désolé. Je vous remercie, mais on m’attend. Dommage, ça m’avait l’air délicieux.

Gérard m’a raccompagné jusqu’à la voiture, cela faisait plus complice, plus viril aussi. Je me sentais comme dans un film de Claude Sautet, avec la pluie qui menaçait. Il ne manquait plus que la musique. J’avais baissé la vitre. Il me parlait, essayant de couvrir de sa voix la fureur du diesel.

- Tu comptes revenir quand ?

- Ça, il me l’avait déjà demandé au moins trois fois dans la journée. Mais ce n’était pas vraiment le moment de s’énerver.

- En principe, pas avant deux ans…

- Donne-nous de tes nouvelles, de temps en temps. Tu sais que Danielle s’inquiète pour toi.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas. Allez, au revoir !

Il s’est écarté doucement, comme on lâche du bord du quai une barque qu’on abandonne à la houle. Un vague signe de la main, et puis plus rien…

- Et pourquoi elle s’inquiéterait ?

Il ne manquait vraiment que la musique. J’ai mis une cassette dans l’autoradio.

 

à suivre...

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Mercredi 27 juin 2018 3 27 /06 /Juin /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

chapitre 2

Ton déménagement est parti ?

adieux2-0Le bateau descendait lentement le chenal avant de contourner la balise rouge pour virer vers le large.

- Oui, hier matin. Il devrait arriver dans quatre ou cinq semaines.

Comme d’habitude, Paul était venu avec Mireille, sa maîtresse presque légitime. Dix années que ça durait, dix années de ruptures et de réconciliations tout aussi éphémères. Ils avaient encore vieilli ; bientôt, elle ne serait plus obligée de se teindre les cheveux pour se donner l’air blonde platine. Elle le traitait avec mépris, surtout depuis qu’il s’était définitivement séparé de sa femme. Elle avait la nostalgie du temps des folies adultères et du péché, quand elle était l’amante. Il l’appelait son poussin, alors qu’elle n’avait jamais été que poule, et même pas pondeuse.

Le bateau traînait deux longues lignes à bars. À l’arrière, Jean faisait semblant de s’y intéresser. Il les remontait à intervalles réguliers, vérifiait la bonne tenue du leurre, puis laissait filer le crin dans le tolet du pouce et de l’index réunis.

Paul était à la barre, dans la cabine.

- Qu’est-ce qu’on pêche là-bas ? demanda Jean qui venait d’ôter une algue accrochée à un hameçon.

- Du mérou, de la bonite… Il paraît qu’il y a aussi de l’espadon, mais il faut sortir du lagon.

- Tu verras, dit Paul en glissant la main sur la cuisse de Mireille, tu finiras par regretter les maquereaux grillés, le lieu au court-bouillon, et peut-être même les crevettes grises !

Jean avait renoncé à s’occuper des lignes. Il était venu poser son quintal et ses cinquante-deux ans sur le capot du moteur. Le diesel faisait vibrer son triple menton.

- Et les femmes, elles sont comment là-bas ?

- Noires, enfin plus ou moins…

Il plissa les paupières et se frotta les mains ce qui était chez lui signe de grande contrariété.adieux2

- Je n’ai jamais couché avec une négresse, je veux dire une vraie négresse… Je me suis arrêté aux métisses. Je t’ai déjà parlé de Maïté ? Elle avait une chatte qui ne s’oublie pas…

J’en avais pour une heure à l’écouter me raconter sa liaison, comme il disait. Et rien ne me serait épargné, ni les stratagèmes pour déjouer les pièges d’emploi du temps avec des aventures concomitantes, ni les rendez-vous périlleux, ni ses peurs rétrospectives de contracter une maladie compromettante… Je n’avais qu’à hocher la tête de temps en temps pour maintenir le flot verbeux de son histoire. Je regardais la côte toute proche, le vol des cormorans au ras des vagues, les rochers enneigés de fientes de goélands, la danse lente des méduses flottant comme des lunes entre deux eaux… Dans la cabine, Mireille se laissait caresser les hanches et aussi le creux des reins où la main de Paul s’attardait toujours plus bas. Il entretenait une érection qui lui boursouflait le bermuda.

- Elle m’a invité plusieurs fois à aller lui rendre visite à la Réunion, poursuivait Jean. Mais je n’ai jamais trouvé le temps… Ça ressemble à la Réunion ?

- Non, c’est beaucoup plus humide.

- Moi, je ne pourrais pas supporter ! dit Mireille en écartant la main de Paul. Pourquoi est-ce que tu pars ?

 

à suivre...

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Mardi 26 juin 2018 2 26 /06 /Juin /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

Cette nouvelle est intégralement autobiographique et retrace les deux semaines qui ont précédé mon départ pour l'hémisphère sud en 1992. 

Chapitre 1

Le camion de déménagement manoeuvrait dans la cour gravillonnée. Il emportait mon quotidien, enveloppé dans du papier bulle. Un dernier soupir de fumée noire. À l’arrière, sur les portes blanches de la caisse, Intertrans. Déménagements Internationaux, en lettres outremer, cheval au galop bondissant par-dessus les océans… Sur le carrelage et les murs, huit années de sédentarité avaient laissé des traces : ombres de graisse, petites pelotes de poussière grise, cadavres de mouches desséchées dont les pattes s’agrippaient encore au crépi… Au plafond, pendait la nudité des fils électriques et toute la lumière du jour s’engouffrait par les fenêtres déshabillées. Il n’y avait plus que le téléphone, par terre, dérisoire, dans un coin… J’ai décroché : plus de tonalité. C’était vraiment fini. C’était le plein été et j’allais partir. adieux1Devant la porte s’entassaient les excréments de la maison vide : pinces à linge rouillées, journaux froissés, vases à fleurs ébréchés, cartons éventrés… Dans le jardin, c’était la pleine saison des roses et des fruits rouges. Surtout ne pas s’attarder ! Une dernière ronde dans la maison, vérifier que les compteurs d’eau et d’électricité étaient bien coupés, fermer les fenêtres et les portes, comme on ferme les yeux pour s’endormir.

La voisine attendait dans la cour.

- Alors, cette fois, vous voilà parti ! Et vos locataires, ils arrivent bientôt ?

- Dans deux semaines… Tenez, je vous laisse les clefs. Vous pouvez vous servir dans le jardin : les framboises sont mûres, ce serait trop bête de les laisser pourrir !

- Tout de même, ça va nous faire tout drôle…

Elle pleurait presque, les mains jointes sur le ventre.

- Enfin, c’est la vie ! On a vu vos locataires, ils ont l’air bien gentils.

- Vous leur expliquerez pour la vigne vierge, qu’ils n’oublient pas de la tailler deux fois par an pour l’empêcher de monter sur le toit.

J’évitais de la regarder, de peur qu’elle se mette à pleurer pour de bon.

- N’ayez crainte, vous pouvez compter sur nous. Et le grand départ, c’est pour quand ?

- Dans dix jours.

- Alors, on vous reverra peut-être d’ici là ?

- Oui, peut-être… Mais je ne peux rien vous promettre. Vous savez ce que c’est…

Non, elle ne savait pas, mais elle disait qu’elle comprenait. Ses joues étaient glacées malgré le soleil.

 

à suivre...

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Vendredi 25 mai 2018 5 25 /05 /Mai /2018 08:00

"La métisse du Cap Vert", nouvelle inédite # 8

metisse8Il faisait beau ce jour-là ; le soleil printanier déversait une douce chaleur sur les pelouses d’un vert tendre. Flora était arrivée en avance et m’attendait, assise sur un banc, non loin d’un bac à sable où jouaient des enfants. Elle devait avoir une trentaine d’années et me parut encore plus belle que naguère. Il y avait sur son visage cette sorte de plénitude sereine qui ne vient qu’à la maturité. Elle portait une robe légère, bleue à pois blancs, qui lui découvrait les genoux, et une paire d’escarpins à bride argentée. Comme d’habitude, son maquillage était très discret : juste un peu de gloss sur les lèvres… Je me sentis tellement mal à l’aise en sa présence qu’une fois épuisées les formules de politesse d’usage dans ce genre de situation, je ne trouvai rien à lui dire. Heureusement, elle prit les devants :

- Je suis allée voir votre exposition. Il y a de très belles photos. Je ne m’attendais pas du tout à ça…

- Ah ! Et à quoi vous attendiez-vous ?

- Voyons, ne faites pas l’idiot ! Vous savez très bien de quoi je parle ! À propos, avez-vous des nouvelles de Pascal ?

C’était donc pour cela qu’elle avait souhaité me rencontrer ! Mais je n’en savais guère plus qu’elle-même. Quelques mois après mon départ pour l’étranger, Pascal G* avait épousé dans la plus grande discrétion une femme fortunée et n’avait, depuis, plus donné signe de vie. Il n’habitait plus la demeure dans le parc aux marronniers. Il se disait que le couple vivait désormais dans le sud du pays, sans plus de précision… Si Flora fut déçue, elle n’en laissa rien paraître. Au contraire, l’évocation de Pascal parut la mettre d’humeur joyeuse.

- Il savait y faire avec les femmes, dit-elle, un sourire sur les lèvres, le regard au loin.

- Il vous a manqué ?

- Pas vraiment ! Disons que j’ai repris une vie plus sage, moins excentrique…

- Plus de photos ? C’est dommage, j’ai l’impression que vous êtes encore plus désirable qu’avant…

Soudain, il y eut un long silence, de nouveau comme une gêne entre nous…

Venue tout droit du bac à sable, une petite fille en jupette s’approcha de notre banc.

- Maman ! J’ai soif ! dit-elle en prenant la main de Flora.

- Je vous présente ma fille… Agnès, dis bonjour au monsieur !

- Bonjour, monsieur… Maman, j’ai soif !

La gamine devait avoir quatre ou cinq ans. Elle avait le teint très mat, les yeux noisette aux reflets verts et une belle chevelure blonde, avec une mèche qui lui tombait sur le front.

- Oui, ma chérie, on va y aller…

Au moment de partir, Flora se tourna une dernière fois vers moi.

- Sur internet, lancez une recherche avec donaflor, en un seul mot… On ne sait jamais. 

© Michel Koppera

FIN 

metisse8-1

 

               

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Mercredi 23 mai 2018 3 23 /05 /Mai /2018 08:00

"La métisse du Cap Vert", nouvelle inédite # 7

metisse7-1Cela se passa un samedi de septembre, alors que Flora venait de jouer, deux heures durant, le rôle d’une manucure aux petits soins pour un client voyeur et fétichiste. J’étais en train de la photographier, vautrée dans une posture obscène sur le divan rouge. Elle avait les seins barbouillés de sperme séché, la vulve éclaboussée de plaisir, le cul luisant de salive et de mouillure, les yeux hagards, noyés d’orgasmes… À genoux entre ses jambes ouvertes, je faisais des clichés en très gros plan de son sexe et de son entrefesses… Pascal était parti se doucher dans la salle de bains… On entendait l’eau couler.

- Alors, Michel, qu’est-ce que vous en pensez ? me demanda-t-elle brusquement sans me regarder.

C’était la première fois qu’elle m’adressait directement la parole. Je fus pris au dépourvu.

- Ce n’est pas à moi de répondre à cette question… Je ne sais pas…

- Vous aurez tout le temps pour y réfléchir, dit-elle en posant la main sur l’objectif de l’appareil. Je m’en vais.

Effectivement, Flora ne revint pas, ni le samedi suivant, ni les autres. Pascal ne me donna aucune explication. Peu de temps après, il ferma définitivement le site agnusdei.com.

Ainsi prirent fin les aventures de Flora et de Pascal.

 

Par la suite, je restai plusieurs années éloigné de la France, poursuivant outre-atlantique mes activités de photographe. À l’occasion de son retour, mon agence crut bon d’organiser une grande rétrospective de mes travaux, notamment dans le domaine de la pub. Le succès ne fut pas à la hauteur de ses espérances : à l’exception de la soirée de vernissage où se pressèrent en nombre les habituels flatteurs et pique-assiette, la galerie ne reçut que peu de visites. À quelques jours de la fin de l’exposition, alors que j’étais passé à la galerie, je jetai comme d’habitude un coup d’œil au livre d’or… Parmi les éloges et compliments, je découvris au bas d’une page ce simple nom, Flora, suivi d’un numéro de portable.

Au téléphone, elle me donna rendez-vous pour le mercredi suivant, dans un jardin public.

à suivre...

metisse7

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Lundi 21 mai 2018 1 21 /05 /Mai /2018 08:00

"La métisse du Cap Vert", nouvelle inédite # 6

metisse6-1Chaque samedi après-midi, ils s’envoyaient en l’air pendant un peu plus de deux heures. La semaine précédente, Pascal lui avait proposé une situation : à chacun d’inventer un scénario laissant une grande place à l’improvisation. La même intrigue pouvait se prolonger sur plusieurs semaines… Il y eut ainsi l’infirmière dévouée qui soigne le blessé au bras cassé et incapable de se livrer seul à ses ablutions intimes… Puis suivit l’histoire classique des amours ancillaires avec le maître de maison abusant de sa femme de chambre ; ensuite, ce fut la paroissienne pécheresse confessant ses infidélités et honteuses pratiques solitaires à un abbé en soutane… À cette occasion, Flora se servit lubriquement d’un cierge de beau calibre… La série «La veuve et le notaire» fut l’occasion pour Flora de démontrer ses talents en sodomie. À la belle saison, il y eut quelques séances en extérieur, comme celle mettant en scène la représentante d’une agence immobilière faisant visiter une propriété à un acquéreur potentiel. Certaines scènes furent tournées dans le parc. Ce jour-là, il faisait une chaleur étouffante. Flora était assise sur un banc, à l’ombre d’un marronnier. Sa jupe remontée très haut sur ses cuisses hâlées ne laissait rien ignorer des charmes de son ventre nu.

- Comme vous pouvez le constater, monsieur, la vue est charmante ! disait-elle en montrant l’étendue du parc.

- En effet, c’est charmant, vraiment charmant ! répétait Pascal penché en avant et écartant les jambes de Flora afin de mieux lui voir la vulve.

Il y eut quantité d’autres scénarios tout aussi érotiques. Flora incarna successivement une VRP en lingerie fine, une factrice venue apporter un mandat, une interprète polyglotte guidant un riche touriste étranger, une professeur recevant un parent d’élève mécontent, une femme au foyer surprise par son mari en train de s’offrir du bonheur à l’aide d’une courgette…

Elle se donnait aveuglément, sans aucune retenue. Je ne suis pas sûr que cette abnégation était à mettre entièrement au crédit du pouvoir de séduction de Pascal. Certes, il était beau mec, sûr de lui, charmeur, convaincant, discrètement autoritaire, mais il était évident que leur relation était sans avenir. Elle le savait. Il devait donc y avoir autre chose, comme une revanche à prendre sur le destin, ou une tentative désespérée de se prouver à elle-même qu’elle était capable d’accomplir des choses hors du commun.

Les photos et les shows vidéo de Flora, seule ou en compagnie de Pascal, étaient diffusés sur internet par le canal du site spécialement ouvert par Pascal : agnusdei.com. Le site était plutôt bien fréquenté, plusieurs centaines de connexions par jour, sans doute des habitués…

à suivre...

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Vendredi 18 mai 2018 5 18 /05 /Mai /2018 08:00

"La métisse du Cap vert", nouvelle inédite # 5

Ce fut à moi que Pascal G* demanda de filmer et de photographier sa relation avec Flora, et en particulier leurs petites mises en scène érotiques. Lorsque Flora arrivait le samedi, à quinze heures précises, elle traversait le rez-de-chaussée désert, jusqu’au petit bureau où elle trouvait sa tenue complète, préparée sur un portant, tout près de la porte qui donnait sur l’escalier menant à l’étage. C’était là qu’elle abandonnait ses vêtements de ville pour revêtir son costume de scène : tenue d’infirmière, de femme de chambre avec tablier brodé, de veuve en voilette noire, de dame patronnesse en tailleur strict ou d’agent immobilier avec attaché-case et lunettes à monture d’acier… À chaque fois, Monsieur G* veillait à la qualité et à la sensualité des sous-vêtements.

metisse5Il faut dire que j’ai rarement eu l’occasion de voir plus belle femme que Flora. Sans jamais l’avoir touchée, j’ai connu intimement chaque parcelle de son corps, sauf peut-être ses pieds qu’étrangement elle n’aimait guère montrer. Pour le reste, elle était d’une grande impudeur. Dès qu’elle se trouvait en présence de Pascal, elle donnait l’impression de tomber dans une sorte d’état second qui la coupait totalement du monde extérieur. Par exemple, jamais au cours de ces séances particulières elle ne m’adressa la parole, ni même un regard. J’étais là, à portée de mains, tout près, pourtant c’était comme si je n’existais pas.

- Voilà Michel, lui dit Pascal le jour où je lui fus présenté. C’est lui qui s’occupera de la technique.

Elle ne chercha pas à en savoir plus sur moi.

Flora était vraiment superbe. Tout en elle dégageait une terrible sensualité. Même habillée, elle me faisait de l’effet. Avec son fessier haut perché, elle avait ce petit plus qui transforme de simples pas en esquisse de danse. Dans l’action, elle devenait torride. Sa poitrine était une splendeur : de gros seins ronds et fermes, des aréoles comme tracées au compas, des mamelons grenus comme des mûres… Et sensibles avec ça ! Elle pouvait jouir par les seins. Il suffisait que Pascal passe la paume de la main sur ses rondeurs et lui titille un téton du bout de la langue, alors les lèvres de sa vulve se gonflaient de sang, elle mouillait de bonheur et finissait par avoir un orgasme en ondulant des hanches.

J’ai connu d’elle les plus secrets recoins, les plus intimes odeurs. Devant moi, elle se caressait sans pudeur, suçait la bite de Pascal, se faisait pénétrer par les deux trous avec la même ardeur. Le plus impressionnant chez Flora, c’était les bruits. Elle avait le sexe aussi volubile que la bouche. Quand elle taillait une pipe à Pascal, le bruit de succion de ses lèvres n’était pas moins excitant que l’image. Dans la montée du plaisir, elle modulait à l’infini ses soupirs, gémissements, halètements, râles au moment de la jouissance. Quant à son sexe, il mouillait tellement que le moindre attouchement engendrait un charmant gargouillis humide, et le clapotis de la bite de Pascal pistonnant son vagin avait quelque chose de délicieusement obscène.

à suivre...

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Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 16 mai 2018 3 16 /05 /Mai /2018 08:00

"La métisse du Cap Vert", nouvelle inédite # 4

metisse4La demeure de Pascal G* avait l’apparence d’une maison de maître. C’était, dans un grand parc arboré de sombres marronniers, une haute bâtisse aux murs en pierre de taille habillés de vigne vierge et au toit d’ardoises. L’intérieur était à l’image de l’extérieur, imposant et austère. Pascal reçut Flora dans le vaste salon du rez-de-chaussée. Le sol y était carrelé de tomettes polies par l’usage, les meubles de chêne passés à l’encaustique, les fauteuils en cuir froid. Un feu de bois brûlait dans la cheminée. Flora qui était arrivée en tenue plutôt légère en avait la chair de poule.

Pascal n’était pas du genre loquace, ni chaleureux. Il ne quittait pas Flora des yeux et ce regard qui d’ordinaire la rendait folle lui faisait, ce jour-là, l’effet d’une douche glacée. Elle se sentit ridicule à tourner trop longtemps sa cuillère dans la tasse de café pour se donner une contenance. Il attendit que le silence devienne insupportable pour parler enfin.

- Je sais pourquoi vous êtes venue jusqu’ici, dit-il de sa voix grave qui fit oublier à Flora la froideur de tout ce qui l’entourait. Mais je ne suis pas sûr que vous aurez l’audace d’aller plus loin…

- Si cela vient de vous, j’oserai.

- Vous accepterez tout ?

- Tout. Vraiment tout.

- Alors, suivez-moi.

Ils quittèrent le salon, suivirent un couloir sombre, traversèrent un bureau glacial aux rayonnages chargés de livres anciens. Pascal ouvrit une porte. Un escalier menait à l’étage. Flora compta les marches : vingt-huit. En haut, encore une porte fermée à clef…

Autant le rez-de-chaussée était austère, autant les pièces aménagées dans les combles étaient chaleureuses et confortables. La première chose que Flora vit, ce fut le matériel informatique : trois ordinateurs, un scanner, caméra et appareil photo numériques - Damien en aurait bavé de jalousie ! Le sol était recouvert de moquette épaisse et les murs insonorisés. Outre la pièce consacrée à l’informatique, il y avait une sorte de grande salle, baignée de lumière par des Vélux et équipée en studio photo avec, au centre, un superbe divan de velours rouge sang… Tout au fond, la dernière porte donnait sur une chambre lambrissée, avec un lit double et une salle de bains contiguë… Les murs étaient ornés de photos très érotiques.

- C’est vous qui les avez prises ?

- Certaines oui… Pas toutes.

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Flora se sentit flattée de sa franchise. Elle prit place sur le divan cramoisi, croisa haut les jambes. Pascal s’assit à ses côtés, posa doucement ses lèvres sur les siennes et lui passa lentement la main sur les seins. Elle se sentit défaillir. Mais il n’alla pas plus loin.

- Etes-vous épilée ? demanda-t-il brusquement en retirant sa main.

Elle ne comprit pas du premier coup.

- Je parle de votre sexe. Etes-vous épilée ou rasée ?

- Non, dit-elle morte de honte. Pourquoi ?

- Parce que l’amour n’est qu’un jeu. Vous êtes venue pour jouer, Flora. Dans votre premier rôle, vous serez l’infirmière et je serai le blessé… C’est pour cela que vous serez épilée… Je vous laisse la semaine pour vous mettre dans la peau de votre personnage… Ne vous inquiétez pas pour votre tenue, je m’en charge. Nous commencerons samedi prochain, à quinze heures…

à suivre...


Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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