"La métisse du Cap Vert", nouvelle inédite # 3
Avec sa licence de droit, Flora trouva un emploi de secrétaire dans un office notarial. Elle traitait surtout des dossiers d’actes de vente de terrains à bâtir. À la pause de midi, la vingtaine d’employés de l’étude déjeunaient ensemble dans un restaurant du quartier.
Cela faisait à peine un mois que Flora était embauchée lorsque, un midi, par-dessus l’épaule de sa collègue habituelle de table, juste en face, elle croisa longuement le regard clair de Pascal G*, premier clerc de l’étude. Alors, souffrance délectable, Flora sentit immédiatement durcir la pointe de ses seins puis, presque dans le même temps, une vague de chaleur visqueuse déferler dans son ventre… Quand elle passa discrètement sa main sur sa poitrine aux tétons douloureusement rigides, ce simple frôlement à travers le tissu lui procura un orgasme d’une intensité qu’elle n’avait jamais connue… Elle en mouilla sa culotte.
Dès lors, la pensée de cet homme ne la quitta plus. Elle pensait à lui le jour et la nuit, sous la douche ou au bureau ; elle y pensait en faisant ses courses au supermarché, en regardant la télé ou en écoutant la radio, quand elle répondait au téléphone, quand elle ouvrait le courrier, quand Damien la caressait, quand elle était aux toilettes en train de faire ses petits et gros besoins, quand elle se regardait dans la glace, quand elle faisait la vaisselle, quand elle feuilletait un magazine, quand elle ne pensait à rien… Elle le voyait partout. Il était partout. Et chaque midi, au restaurant, elle cherchait son regard et, les yeux dans ses yeux, s’offrait son grand orgasme spontané. Elle devint folle de sa mèche blonde à la Andy Warhol, de sa voix de basse, de ses yeux pers, de son mètre quatre-vingts, de ses mains nues, de tout ce qu’il touchait, de tout ce qu’il faisait…
Elle voulut tout savoir de lui. À force d’indiscrétions et de questions anodines, elle finit par apprendre qu’il avait trente-neuf ans – elle en avait à peine vingt-trois ! – qu’il était divorcé, sans doute sans enfants, et qu’il habitait seul dans une maison à la campagne, à plus de vingt kilomètres de là. Rien de plus.
Qu’il était beau quand il écartait, d’un geste léger de la main, la mèche blonde qui retombait sur son front, quand il ôtait sa veste et la posait sur le dossier de sa chaise, quand il échangeait quelques paroles aimables avec la serveuse ou son voisin de table, quand il allumait sa cigarette à la fin du repas… Qu’il était beau !
Enfin, elle n’y tint plus et, au bord de l’exaspération amoureuse, elle se résolut à forcer le destin. Un vendredi soir, alors que Damien s’était endormi dans le canapé devant la télé, Flora décrocha son téléphone et appela Pascal G*, unique objet de ses tourments érotiques. Le son de la voix de l’aimé lui donna un frisson dans le bas-ventre. En quelques mots, tout fut scellé.
- Allô. C’est moi, Flora…
- Bonsoir Flora.
- J’ai besoin de vous rencontrer.
- Demain après-midi, vers quinze heures, ça vous irait ?
- D’accord… Et je vous retrouve où ?
- Chez moi… Je pense que vous connaissez déjà l’adresse.
à suivre...
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