Samedi 15 août 2015
6
15
/08
/Août
/2015 08:30
Jean TEULÉ
« Fleur de tonnerre »
Éditions Julliard 2013. Collection Pocket n° 15766
Tiré d’un fait divers ciminel authentique, dans « Fleur de tonnerre », Jean Teulé nous conte l’itinéraire
meurtrier d’une incroyable serial killer qui a sévi en Bretagne dans la première moitié du XIXème siècle. Elle s’appelait Hélène Jégado. Excellente cuisinière et redoutable empoisonneuse, elle
fut guillotinée à Rennes le 26 février 1852.
Extrait : pages 154 et suivantes.
À Port-Louis, Fleur de tonnerre est embauchée comme cuisinière et fille à marins dans un bordel nommé La Sirène et tenu
par un certain Aupy.
- J’ai engagé une nouvelle fille. Bon, elle n’a pas seize ans non plus mais la beauté facile et c’est heureux ?
Venez.
Tiré par une manche à galons, le gradé se laisse entraîner à La Sirène où Fleur de tonnerre, penchée devant une table,
ramasse à même la terre battue un soufflet et des bûches. Le curé défroqué soulève sans façon la robe de la femme de Plouhinec jusqu’au dessus des reins. Elle ne porte pas de dessous. Le sergent
de garnison reste bouche bée devant de qu’il découvre.
À bientôt quarante-trois ans, Fleur de tonnerre a gardé un corps adolescent. Peu de taille mais les fesses écartées comme une
invitation. Des cuisses minces fuselées à l’arrière de petits genoux. Dessous, de jolis mollets à peine dessinés filent vers des chevilles fines. La barre verticale d’une touffe châtaine est
surmontée d’un petit soleil noir.
- Alors, sergent ? … demande Aupy.
- Frappant, monsieur, frappant !... C’est à tirer dessus !
Le bordel militaire s’emplit du tumulte des hommes où Fleur de tonnerre se laisse rouler de bras en bras comme dans une mer.
Sa disponibilité qu’on pourrait juger mauvaise est accomplie avec une entière délibération.
Page 158 :voici Fleur de tonnerre au « travail » avec un adjudant
- Hausse-toi, ajoute-t-il en la reniflant entre les cuisses.
Couchée sur le ventre, Fleur de tonnerre a un petit cul de garçonnet mais dès qu’elle les soulève, ses
fesses deviennent extrêmement femelles. L’adjudant voudrait lui raconter les guerres où les foules se vautrent, les mille péripéties de son aventureuse carrière, ses longues campagnes et les
féeries des meurtres dans les nuits équatoriales, le bruit des poings cassant les dents. Il aimerait lui dire les rudes chevauchées africaines tout en la chevauchant, elle, mais… une étrange
maladie lui corrode les boyaux et il s’affale sur le dos de Fleur de tonnerre comme un tapis bariolé trouvé dans un souk de Bab-el-Oued. La femme de Plouhinec se dégage de ce fardeau et, tandis
que sa jolie main caressante pardonne aussi à ces cheveux ras, elle cherche à savoir :
- Quel est le prochain ?
- Ce marin lourdaud qui vient vers toi en ôtant sa grande culotte de matelot, répond François Aupy. Il n’est certainement pas
joli mais avec un corps bâti comme le sien il y a de la ressource
- Eh ! Mais comme il est emmanché ! Mes doigts ne feraient pas le tour de son mât.
- À bord des vaisseaux, on l’appelle Sabre d’Attila.
- Hi, hi, quel amant bizarre. Il fera tout de même mon affaire. Ainsi donc, tu es marin, toi ? Raconte-moi le
délabrement d’une flotte ruinée, dit-elle en passant une de ses fines cuisses de grenouille par-dessus le marin pour s’enfiler sur lui, couché à plat dos. Ou !... Régale-toi de ce triangle
de pâtisserie que je t’offre là et relate les vaisseaux perdus, les noyés !
Derniers Commentaires