"Les bonheurs de Sophie", chapitre 3
Des années plus tard, elle tenta d'entraîner son mari avec elle dans un de ses voyages au pays des merveilles. À l'occasion d'une Saint valentin, il lui avait offert un sextoy, un vibromasseur très réaliste qu'elle se refusa à utiliser pour ses plaisirs solitaires. Aussi, lorsque son mari était en elle, dans son con ou dans son cul, il lui introduisait le phallus en silicone dans l'orifice disponible, si bien que les yeux fermés Sophie-la-Belle se rêvait prise en sandwich par deux hommes. Elle y prenait tant de plaisir qu'ils décidèrent en commun de tenter l'expérience avec un partenaire en chair et en os. Sur Internet, son mari se chargea de la recherche du bon profil : homme d'âge mûr, ni maigre ni barbu, bien membré ; Sophie assura le premier contact téléphonique. Rendez-vous fut pris pour un soir dans une chambre d'un hôtel de la périphérie. Le jour venu, elle s'assit au bord du grand lit, en robe légère. En face d'elle, ils la regardaient, surtout ses cuisses gainées de nylon noir. Alors, elle écarta les jambes, retroussa sa robe et leur montra son sexe poilu. Elle était déjà toute mouillée. Quand ils sont venus prendre place à ses côtés, elle a ouvert leurs braguettes et saisi leurs queues. Celle de l'invité était grosse et dure, celle de son mari flasque et rabougrie. Tous ses efforts pour le faire bander furent vains. Il n'était pas du voyage. L'invité fut congédié. Dès qu'il fut parti, Sésame retrouva toute sa vigueur et baisa Sophie-la-Belle avec une fougue inégalée. Ce jour-là, Sophie comprit que dorénavant il lui faudrait s'aventurer seule dans le monde sensuel qui se cachait de l'autre côté du miroir.
Désormais, Sophie-le-Belle parcourt en solitaire le labyrinthe de ses fantasmes. Quand Sésame la monte en levrette - sa position favorite qui l'amène sans coup férir à l'orgasme - elle n'a pas besoin de fermer les yeux pour s'imaginer que c'est un autre homme qui la tient par les hanches et lui laboure le ventre. Un sexagénaire musculeux et lourd, à la taille de la queue proportionnelle à la grosseur de sa bedaine. Elle se ferait saillir - elle adore l'animalité du verbe- en présence de son mari dont le regard posé sur l'accouplement adultère la fait mouiller davantage. Quand elle est si trempée que son vagin n'est plus q'un marécage tiède et boueux, il vient s'agenouiller derrière elle, glisse son visage entre ses fesses écartées et la lèche, lui lape la croupe, de la fente au creux des reins. Il lui vrille sa langue dans le rectum et aspire son jus. Puis il l'encule profondément. Elle ne le voit pas, ne veut pas le voir. Rien d'autre ne compte que la divine sensation de sa bite dans le cul, ses soubresauts maladroits quand le sperme gicle. Les entrailles pleines de foutre, elle l'allonge sur le dos, s'accroupit au-dessus de son visage et relâche ses sphincters. L'élixir de son ventre, savant cocktail de cyprine et de sperme aromatisé à la merde, coule dans sa bouche ouverte. Il avale tout jusqu'à la dernière goutte. Après seulement, ils s'embrasent, mêlent leurs salives parfumées, et alors Sésame se remet à bander de plus belle. Le voyage peut reprendre, ce n'était qu'une étape sur le chemin du bonheur.
Dans le secret de leur chambre conjugale, ils visionnent parfois de vieilles cassettes vidéo, des films distribués par Marc Dorcel, des longs métrages pornographiques où il y avait encore un scénario, où les hommes venaient aux rendez-vous en costume cravate, où les femmes portaient des talons hauts, de la lingerie fine et des bas avec porte-jarretelles. On y baisait dans des châteaux, sur des lits à baldaquin après des dîners raffinés servis dans des assiettes en porcelaine et des verres en cristal. Les yeux sur l'écran, ils se caressent longuement avant de baiser, elle à quatre pattes sur le lit, lui la prenant par derrière en levrette, sans quitter des yeux l'écran de la télé. Dans la rue toute proche, on entend l'aboiement d'un chien. Alors, Sésame se métamorphose en doberman au pelage noir. Sophie-la-Belle est devenue chienne en saison. Son désir de bite est si puissant qu'il lui creuse l'échine. La bête la travaille à grands coups de reins frénétiques. Elle imagine sa langue pendante, ses yeux exorbités. Contre ses fesses, elle sent le ventre velu du doberman dont la caresse est délicieuse. Quand elle jouit, son vagin se resserre comme celui d'une vraie chienne afin de retenir en elle la bite de Sésame-Doberman. Elle attend l'éjaculation finale, l'incomparable sensation du foutre qui gicle dans son ventre.
Sophie-la-Belle aime le sperme, elle aime son odeur, son goût, sa consistance quelque part entre le visqueux du blanc d'oeuf cru et le velouté du yaourt. Elle aime le voir jaillir de la tête du gland, observer la fente du méat dans les dernières secondes avant le geyser, voir le gland se gorger de sang, virer au cramoisi, le méat s'ouvrir comme une petite bouche de poisson... Elle aime s'enduire les seins de sperme, du sperme partout sur son corps qui lui poisse les cheveux, qui englue ses fesses... Elle se dit qu'un jour elle s'offrira un glory hole, qu'elle y entraînera Sésame pour que sa bite ne soit plus qu'une bite parmi d'autres, qu'elle sera nue, à genoux dans une petite pièce carrée pas plus grande qu'une cabine de douche et que tout autour d'elle, à portée de ses mains et de ses lèvres, il y aura une dizaine de bites et de couilles émergeant des trous dans les cloisons, des bites de toutes les couleurs, des circoncises ou pas, mais rien que des grosses, qu'elle les sucera toutes, qu'elle les branlera, une bite dans chaque main, une bite en bouche, les yeux sur les autres... Et qu'elle sera aspergée de sperme par ces bites sans cesse renouvelées, qu'à la fin le foutre séché lui fera comme une seconde peau aussi dure qu'une carapace et qu'alors elle se saura vraiment et définitivement femme.
© Michel Koppera, décembre 2015
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