Rappel de la 1ère partie: La narratrice a découvert par hasard le mot "candaulisme" qui a fait naître en elle des désirs inconnus. Elle en a fait part à son mari...
Pendant les deux mois qui ont suivi nous n’avons plus parlé de cette histoire, à tel point qu’il m’arrivait parfois de douter de mes souvenirs. Claude passait ses journées à l’étude, moi dans les bilans comptables. Et puis, un soir de juillet, Claude est rentré plus tôt. J’étais au piano en train de décrypter une valse de Chopin. Il a attendu les dernières notes, mais je sentais bien qu’il bouillait d’impatience.
- Je crois que j’ai enfin trouvé notre homme. Une occasion à ne pas rater !
- De qui parles-tu ?
- D’un Africain de quarante-six ans, divorcé, pour quelques mois encore en France afin de liquider ses affaires. Après, il repartira pour le Cameroun où il a d’autres projets commerciaux. Une très bonne situation, plutôt classe…
J’étais troublée et pourtant aussi excitée que Claude. Il a continué de me parler de cet homme comme s’il s’agissait d’une relation de longue date : il connaissait ses goûts, ses habitudes, ses traits de caractère…
- Je suis sûr qu’il te plaira. Tu peux me faire confiance !
- Mais tu lui as déjà parlé de notre projet ?
- Bien sûr. Il n’a pas été difficile à convaincre.
- Et pour les détails ?
- Quels détails ?
- Je veux dire les dimensions… Tu lui as dit ce que je désirais ?
J’avais baissé la voix. Ce n’était plus qu’un souffle mais aussi brûlant que la braise qui incendiait mon sexe.
- Ne t’inquiète pas, tu ne seras pas déçue. Si tu es d’accord, il ne nous reste plus qu’à fixer un jour et un lieu de rencontre. J’aurais bien aimé le recevoir ici, mais avec les enfants et le voisinage ce serait risqué. Qu’en penses-tu ?
- Tu as raison, l’hôtel c’est plus sûr. Tu t’en occupes ?
- Pas de problèmes ! Quant à la date, c’est toi qui vas la choisir.
J’ai pris le temps d’une brève réflexion.
- Samedi de la semaine prochaine, ce serait bien. Cela me donnerait le temps de me préparer. Il t’a dit ce qu’il appréciait chez une femme ?
- Oui, il voudrait quelque chose de très simple, de naturel, en coton, blanc de préférence…
Tout s’était décidé très vite, de façon spontanée. Claude est parti faire un tennis avec un ami et je suis restée seule, face au piano, le ventre ruisselant, le cœur battant comme celui d’une ado à la veille de son premier rendez-vous amoureux, incapable de penser à autre chose qu’à mon désir. Ce n’est que plus tard que je me suis rendu compte que je n’avais pas demandé à Claude comment s’appelait cet homme, comme si la taille de son sexe était plus importante que son nom… J’ai eu honte de moi.
Il se prénommait Samuel. La rencontre était prévue dans un hôtel sans âme d’une zone d’activités de la périphérie. En ce samedi de fin juillet, il faisait très beau. Comme Claude me l’avait demandé, je ne portais qu’une robe de cotonnade très légère avec en dessous un soutien-gorge et une petite culotte blanche. Claude était en jean et T-shirt. C’est sur le parking de l’hôtel que j’ai fait la connaissance de Samuel. Il est arrivé en BMW noire, très élégant dans un costume sombre. Sa chemise mauve mettait en valeur sa peau noire, satinée sous le soleil d’été. Il m’a plu au premier coup d’œil. Quand il m’a serré la main, j’ai ressenti un frisson me courir sur les reins ; j’étais déjà sous le charme.
Nous sommes d’abord allés dîner dans un restaurant du centre-ville où Samuel avait réservé une table. Au cours du repas, il ne fut à aucun moment question de ce qui allait se passer plus tard. Avec Claude, Samuel a parlé affaires, projets professionnels et fiscalité. Avec moi, il a évoqué la famille et les voyages.
De retour à l’hôtel, vers 23 heures, alors que la nuit venait juste de tomber, nous nous sommes enfermés dans la petite chambre à deux lits simples. J’étais un peu angoissée, mais je me suis dit que je n’allais pas renoncer si près du but.
à suivre…
© Michel Koppera, janvier 2014
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