Richard Morgiève
Sex vox dominam, éditions Calmann-Lévy, 1995
Pocket n° 10278
Richard X, alias Kadabideur, est créateur dans la pub. Sa femme vient de le larguer. Alors commence une vertigineuse descente aux enfers qui va le mener aux tréfonds de l’abjection.
Extrait n° 1 : Kadabideur cherche à combler sa soudaine solitude par des vidéos porno.
« REGARDEZ-MOI CETTE SALOPE DE VIDÉO – cette salope sur ma vidéo. Il y a une heure – sur ma vidéo. Du jus plein la fente. Beaucoup de salopes qui sont rasées, y compris le trou du cul. Putain, qu’est-ce qui se passe quand les poils repoussent ? On se le demande. C’est beau les poils de chatte des blondes faut dire. Quand y’a juste une ligne de poils sur la motte – la racine un peu plus foncée, acajou, auburn, chêne foncé. Comme une onde, comme une vague que les lèvres joufflues, gonflées. Dans la gueule, elle a tout bouffé. Pipes et Éjacs, Giclées de sperme à gogo. Des titres qui cartonnent –devraient bosser dans la pub, les hardeurs. Je me branle, je fais monter la sauce, et j’arrête – grimper la sauce, et j’arrête. Ça me rappelle avant, lorsque j’étais gône. Au lieu de gicler, c’est comme une décharge électrique que je recevais – je refermais les cuisses, repu. Et je rêvais de ce qui en sortirait un jour de ma tige. Et un jour, c’est sorti, une goutte blanche au bout. J’ai essuyé ça dans un mouchoir, c’est devenu comme une habitude. Mes mouchoirs étaient raides de foutre – raides, tout durcis. J’avais de l’asthme, les sinus engorgés. Et donc, je me mouchais. Je me mouchais dans mes mouchoirs dans lesquels je mouchais ma queue. J’ai soigné mon asthme au jus, voilà la vérité vraie et indélébile. Soixante centimètres, je vous jure. Inimaginable. Ce qu’elle prend, Chantal. Ça gicle avec une force stupéfiante – foutréfiante. Une abondance délirante – le cul de la fille est nappé de gélatine. Ses cuisses aussi, il y en a partout. Moi, je fais ça en trois mois, et encore. Elle recule, la salope. Elle feint de sourire, effrayée, dégoûtée. Arrêt sur l’image. Je grogne. Je suis heureux, je vote Dunoeud. Elle suce la queue qui a craché. Elle la tient, la lâche – elle travaille méthodiquement. Se l’avale tout entière – innocente, beaux yeux. Mais aime-t-elle ça ? Mais peut-on aimer ça ? Une plutôt vieille, les tétines grasses, flasques, blêmes. On dirait une poule, elle se les tient les tétines tellement elles tombent. Le mec lance. Elle sourit vers la caméra, une larme blanche sur la galoche – une poule, la femme-poule de la fin de Freaks, voyez ça ? Il pleut encore, bizarre. Le cul plein de pus blanc – la fille aux beaux yeux clairs. À chaque pipe, ou presque, la pipeuse suce la queue, la nettoie parfaitement. Moi Kadabideur après le truc, je suis bon à rien. On me touche le gland, je crie pitié – os-cour. La belle brune regarde le mec qui l’a nourrie. Arrête sur l’image. Une femme jeune, du jus sur les seins, sur les lèvres –pourquoi ? Elle regarde quoi, pense à quoi ? Il lui est arrivé quoi pour faire ce qu’elle fait ? »
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