Lundi 11 janvier 2010
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En 1997,
Françoise REY a publié un ouvrage consacré et dédié "
à Marcel Facteur qui a inspiré, permis, souhaité et redouté ce livre" . Telle est la présentation qu'en fait Françoise
Rey. Le livre est actuellement disponible aux éditions
Pocket, n° 4461. Le passage que je vous ai sélectionné raconte la première éjaculation du jeune Marcel au cours d'une de ses séances
masturbatoires dans le secret de la cabane au fond du jardin. Il a 15 ans... j'ai trouvé l'évocation assez juste. Je pense que beaucoup d'hommes se retrouveront dans cette description.
Pour les illustrations, vous reconnaîtrez d'abord deux aquarelles de Egon SCHIELE ( deux autoportraits, dont 1 en érection)
Françoise REY, Marcel Facteur , 1997
Extrait page 23 de l’édition Pocket de août 2009.
Un jour, au cabinet, tu connais une exaltation plus terrible encore que de coutume. Tu es là, dans ton recoin
obscure dont les remugles te bercent, et dehors, on s’agite, presque sous tes yeux. Tes frères chargent leur voiture, ils s’apprêtent à un voyage. Tu suis leurs allées et venues d’un regard
discontinu, posé alternativement sur les pages de ta revue. Tu passes sans transition des splendeurs de la chair aux mesquines péripéties des préparatifs fraternels. La famille est réunie pour
conseiller et commenter… On t’a oublié. On t’ignore. De te savoir si près d’eux et, en même temps, si invisible, si protégé, te bouleverse. Tes doigts sur ta queue deviennent fous, plus
rapidement que de coutume ; leur frénésie t’étonne d’abord et te déplaît. Ils vont trop vite et trop fort, ils gâchent la montée de la joie, sa gestion délicatement équilibrée au fil des
pages. Et puis tu t’abandonnes à leur autorité, sans force pour lutter, dépassé, submergé par leur savoir. Ils turlupinent ta queue avec une célérité démente, tu sens en toi la naissance d’une
vague terrible, qui va t’engloutir, tes doigts serrent, lâchent, serrent, lâchent la peau de ta bite furieusement, on dirait du morse, un message échevelé, un appel de détresse, un SOS de plus en
plus urgent, c’est sûr, tu es en perdition, il va t’arriver quelque chose d’abominable, de terrifique !!! Ça y est ! C’est arrivé, tu viens de lâcher un jet blanc, en voilà un autre, un
autre encore, tu pisses du lait concentré, ta main mouillée, ta cuisse engluée, ta bite émerveillée, ta bouche tordus, ton cœur chambardé, ton ventre incandescent, tes reins bienheureux, tes
couilles béates, ton cri retenu, ton souffle suspendu… Tu as joui, tu as juté, ça s’appelle comme ça, c’est ainsi qu’ils disent, les autres, les grands, et, mon dieu, mon dieu, tu es un enfant
perdu, un horrible salaud, la bouillie crachée va germer, tu sais qu’on en fabrique des bébés, tu t’es engrossé tout seul, pauvre Marcel, si honteux, si sale, si hagard, si ébloui, si accablé de
plaisir… Plus jamais ! Plus jamais ! Si tu en réchappes, si tu survis, si ta turpitude demeure secrète, c’est juré, plus jamais tu ne recommenceras !
Deux heures
après, l’infect cabanon te revoit pantelant, torturé de joie, habité de terreur, et sitôt libéré, priant : « Mon dieu, c’est trop bon, ne me punissez pas !... » Et toutes
les nuits et tous les jours suivants, partout, à la grange, dans ton lit, dans les chiottes de l’école, l’incroyable fièvre t’envahit, te secoue, te harcèle, te vide pour te reprendre encore… Tu
as quinze ans. L’obsession du plaisir et sa quête effrénée se sont définitivement emparées de toi. De la chimère, tu es passé à son semi-accomplissement : Marcel rêveur vient d’être promu
Marcel branleur.
Curieusement, les filles disparaissent de ton horizon. Tu n’es plus amoureux. Les secousses que tu t’octroies
monopolisent tes espérances. Tu es devenu un consommateur acharné de dessins érotiques, d’images lascives, de scenari cochons.
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