Dimanche 21 mars 2010 7 21 /03 /Mars /2010 10:44
Adolescent, une des mes premières lectures "érotiques" fut la série complète des Histoires d'amour de l'Histoire de France qui figurait en bonne place dans la bibliothèque familiale. Je crois que je n'ai jamais autant aimé l'histoire qu'au cours de ces lectures. À l'époque, c'était d'une grande hardiesse. Voici un extrait du volume 4. On ne peut s'empêcher de penser à l'excellent film de Tavernier, "Que la fête commence" avec Jean Rochefort en abbé Dubois et Philippe Noiret en Régent.
Les deux derniers dessins sont de Borel ( un des graveurs incontournables du XVIII ème siècle )


Guy Breton ( 1919-2008 ) Histoires d’amour de l’histoire de France, volume 4

La présente édition date de 1960

 hdfbreton

"Dès qu’il fut reconnu officiellement tuteur de Louis XV et régent du royaume, Philippe nomma Conseiller d’Etat son fidèle abbé Dubois. Cet ecclésiastique, « abandonné aux plaisirs, victime des excès qui les accompagnent et familiarisé avec la honte qui suit certaines complaisances » fut ravi. À l’abri de ses nouvelles fonctions, il allait pouvoir assouvir ses instincts en toute liberté.

Pour fêter sa nomination, il eut une curieuse idée : il résolut d’être l’amant d’une quincaillière de la rue Saint-Roch qui lui plaisait depuis longtemps ( …) D’un bond, il fut dans la quincaillerie, d’un autre bond il fut aux pieds de la belle à qui, très simplement, il expliqua ce qui l’amenait. Par chance, la quincaillière était galante. Elle le considéra un instant, amusée par l’aventure, puis l’entraîna dans l’arrière-boutique où, sans faire d’histoire, bien gentiment, elle se laissa prendre sur un coffre à balais… Par la suite, l’abbé préféra œuvrer chez lui. Chaque soir, il faisait venir dans son appartement un groupe de jeunes blanchisseuses assez délurées dont il aimait, disait-il, « les espiègleries »hdf1

Pendant ce temps, le régent organisait, lui aussi, sa vie de façon agréable. À neuf heures du soir, il retrouvait ses amis au Palais-Royal pour un de ces petits soupers dont tous les historiens ont parlé avec verve et lyrisme.

« À ces soupers, nous dit l’un, assistaient pêle-mêle les amis et les maîtresses du régent, et les maîtresses des amis, et les amis des maîtresses »

hdfLorsque tout ce joli monde était réuni, le régent faisait fermer les portes et ordonnait qu’on ne le dérangeât pas de toute la nuit. Derrière les portes closes, des scènes peu édifiantes se déroulaient. On commençait par dîner en buvant sec de grands verres de vin de Tokay ou de Champagne. Après quoi, nous dit Saint-Simon, « on s’échauffait, on disait des ordures à gorge déployée et des impiétés à qui mieux mieux », puis le régent se penchait sur sa plus proche voisine et donnait le signal des inconvenances. Aussitôt, tous les convives se précipitaient sur les dames et les troussaient allégrement. Au bout d’un moment, les fauteuils, les chaises, la table, le tapis, les canapés étaient occupés par des couples agités et agissant.

Le tout constituait un tableau hardi.

Parfois, pour créer, dès le début du repas, une atmosphère agréable, les convives se mettaient à table complètement nus.

Au dessert, des jeux burlesques et fort immoraux avaient généralement lieu. Après quoi, on organisait des saynètes sur des thèmes graveleux ou de surprenants ballets accompagnés de violon…hdfborel

Naturellement, toutes les dames de la Cour rêvaient d’être admises à ces soupers. Mais, avant d’être invitées, elles devaient avoir fait leurs preuves, car on se méfiait des oies blanches. « Elle roulaient alors de genoux en genoux, se livrant dans leur délire à la lubricité forcenée des débauchés qui les entouraient ». Lorsque leur réputation était bonne, le régent les appelait

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Mercredi 17 mars 2010 3 17 /03 /Mars /2010 05:37

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À cette photo d’affiches lacérées prise dans les couloirs du métro parisien, Nicole a donné le titre « Elan », car elle y voit comme une aspiration vers le ciel.

Pour ma part, je l’intitulerais « Extase ». Ce buste dénudé semble comme dévoré par les flammes blanches du désir qui l’assaille. On entrevoit un sein nu, on devine plus bas une pénétration profonde. La femme a le regard lointain, l’expression presque douloureuse, quasiment mystique, d’une martyre dans l’attente d’une jouissance imminente. Le léger flou de ses traits la nimbe de mystère. Le plaisir la désarticule et les mots tronqués sont comme les sons gutturaux qui s’échappent malgré elle de sa gorge offerte. Elle est en plein orgasme !

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Samedi 13 mars 2010 6 13 /03 /Mars /2010 09:39

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Figure de proue

En 2005, lorsque j’ai eu terminé l’écriture de « La Seconde Vie de Maximilien Bémol » et que j’ai tiré le manuscrit à envoyer aux éditeurs potentiels, j’y ai mis en couverture ce dessin (encre de Chine et gouache ) que j’avais réalisé au début des années 1980. J’aurais bien aimé qu’il figure aussi en couverture du livre. Malheureusement, l’éditeur ( éditions Le Cercle) avait d’autres projets. Alors, à vous lecteurs de ce blog, je vous donne l’occasion de visualiser ce que fut dans mon imaginaire Teresa Dos Santos, l’héroïne de ce roman à la gloire du poil pubien. Je me la représentais comme une sirène, figure de proue de mes fantasmes, mélange de Méduse et de Calypso…

Dernière minute : Les éditions « Le Cercle » viennent de m’adresser 10 exemplaires d’une nouvelle impression de «  La Seconde Vie de Maximilien Bémol » en format poche. Avis aux amateurs pour un exemplaire dédicacé. Je vous rappelle mon adresse mail :

 mkoppera@orange.fr

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Jeudi 11 mars 2010 4 11 /03 /Mars /2010 15:31

James Patrick  DONLEAVY, Les béatitudes bestiales de Balthazar B

Paru aux USA en 1968, et en France en 1973 aux éditions Denoël ( texte traduit par Suzanne Mayoux). Le présent extrait est tiré de l’édition Folio n° 987 de 1977 ( dessin de couverture signé Siné )

Donleavy est surtout connu pour son roman « L’homme de Gingembre » dont je vous recommande chaudement la lecture. Il est né en 1926 à New York, mais réside en Irlande.  

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Pages 394-395

« Fitzdare alla sur la pointe des pieds tourner la clé dans ma serrure. Et revint souriante vers mon lit, en robe de soie noire ouverte sur son pyjama d’homme couleur lavande. Elle se mordait la lèvre inférieure et ses yeux brillaient d’une lueur maligne que je n’y avais jamais vue auparavant. Je redoutais que ce fût encore un rêve. ( …)

b-b-b1Oui, regarde et touche par toi-même tout ce que tu voudras. Cette chambre était celle d’un roi avant  d’être celle de ma mère, il y a des siècles de cela, et sa maîtresse lui rendait visite. Moi je ne veux pas perdre de temps. Alors je suis venue aussi. Avant que tu partes. Que tu ailles à Londres. Peut-être pour ne plus jamais revenir. Mais pour le moment. En un clin d’œil nous avions quitté nos pyjamas. Ses seins apparaissaient si gros et si blancs dans sa totale et bouleversante réalité que j’en restai stupéfait. Tout ce qui était caché sous la laine. Les muscles de son ventre, la force de ses jambes. ( ..) Fitzdare poussait des grognements, des gémissements, des grondements. M’empoignait farouchement par la perpendiculaire et trop fermement par les couilles. Ce qui m’arracha un petit cri de douleur. Elle s’écarta, dit pardon. Pose encore ta main ici, mais un tout petit peu plus doucement. Pousser, enfoncer ma verge lentement, de plus en plus loin. Sur elle, ici. Sa fente. Si petite semble-t-il qu’il n’y a pas de place pour y entrer. Mais j’y suis entré. Elle m’enveloppe de toutes parts. Et me dit non, personne ne m’a jamais pénétrée. C’est si difficile de penser que je suis le premier. Pourtant c’est vrai dit-elle… b-b-b3

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Pages 425-426. Balthazar est à Paris

J’avais des récits à faire. Que je taisais. D’une promenade à Pigalle. Où je ramassai la pièce qu’avait laissée tomber au passage une fille en robe orange moulante, aux cheveux noirs raides et brillants. Je la lui tendis, elle me dit qu’elle allait m’offrir un verre de vin.

b-b-b2 Nous nous sommes assis dans un café devant deux rouges. Au léger goût douceâtre de produit chimique. Elle ne cessait de sourire en me regardant dans les yeux. Elle venait de sa campagne du côté de Metz. Nous faisions tourner nos petits verres en forme de cheminée de bateau. Ses yeux noirs, sa peau brunie. Par tous les étés passés à vendanger disait-elle. Et vous, dit-elle aussi, vous n’êtes que mon deuxième client, je suis nouvelle dans le métier. C’est parce que vous êtes si beau que je ferai ça gratis pour le plaisir. Nous restions là, et je ne savais que faire ni que dire jusqu’à ce qu’elle posât sa main sur la mienne et dît, allez viens, ce que tu es timide. Je vidai un cognac et la suivis en haut d’un escalier étroit dans sa petite chambre. Mon corps inerte depuis Fitzdare. Elle raconta que la première fois qu’elle était venue à Paris, elle avait habité en face des abattoirs de l’autre côté du canal, et que l’odeur s’attachait à sa peau. Elle flaira son bras et se mit à rire. Elle se déshabilla. Au mur une petite image de Sainte Agnès, avec un soldat l’épée levée sur elle liée par les chevilles à un poteau. La fille bomba le buste, fit saillir ses seins, dit qu’elle ne savait pas l’âge qu’elle avait mais que ça devait tourner autour de dix-sept ans. Avec tout l’argent qu’elle allait gagner, elle achèterait une ferme. Elle ne me quitta pas des yeux pendant que je me déshabillais à mon tour et dit, vous êtes comme j’imagine que doit être un prince, tout frêle, tout blanc, tout maigre. Elle avait la peau glissante, couverte de sueur au long de cet après-midi parisien. b-b-b4

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Mardi 9 mars 2010 2 09 /03 /Mars /2010 17:56

Photo inédite de Nicole : « Ceci n’est pas une pipe ! »

 

Fidèle lectrice de ce blog, Nicole est aussi une photographe attentive aux paysages urbains, et plus particulièrement aux panneaux d’affichage plus ou moins « sauvages » qui sont en quelque sorte des lieux de mémoire. C’est ainsi qu’elle m’a envoyé cette photo pleine d’ambiguïté et de mystère, photo qu’elle m’a autorisé à mettre en ligne, ce que je fais avec plaisir. On peut dire que Nicole accomplit un travail d’archéologie moderne !

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Dimanche 7 mars 2010 7 07 /03 /Mars /2010 09:40

Très riche numéro de ZOOM, on ne savait où donner des yeux, même dans les pages de pub, comme ce «  baiser de femmes » signé Jean-François BAURET (pub pour Nikon)

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Ou en avant-dernière de couverture, ce dessin de ASLAN à l’occasion de la sortie du n° 22 de Vampirella.

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Côté cinéma

- Sortie du dernier Walérian BOROWCZYK, «  Histoire d’un péché »

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et de « Fleurs de Miel » de Claude FARALDO avec la très sensuelle et désirable Brigitte Fossey

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Portfolios :

- Photos de Manuel Alvarez BRAVO ( né à Mexico le 4- 02-1902, mort le 19- 10-2002 )

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- Série de « cartes postales » de Shuji TERAYAMA ( 1935-1983). Univers très particulier des Japonais, mélange de violence, de sexe et de tradition

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- dessin de Paul GILLON ( né en 1926). Ces créatures ne vous rappellent pas les dragons ailés d’Avatar ?

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- Une œuvre de Hubert GROOTECLAES (Belge né en 1927 et mot en 1994), avec un article signé Léo Ferré.

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Jeudi 4 mars 2010 4 04 /03 /Mars /2010 18:48
GOJean Auguste Dominique Ingres, La Grande Odalisque, 1814
Peinte et exposée pour la première fois en 1814, "la Grande Odalisque" de Ingres est sans conteste son oeuvre la plus célèbre. Elle fut lors de sa première exposition l'objet d'une polémique, car l'artiste s'était autorisé quelques libertés avec l'anatomiede son modèle puisque la dame se trouvait nantie de deux ou trois vertèbres supplémentaires afin de lui donner cette chute de reins inégalable.On peut dire que Ingres était un précurseur de nos images de mode contemporaines où le corps des modèles est retouché, les bourrelets gommés, les boutons masqués, les courbes redessinées... Je vous propose donc une série d'images ( peintures, photos) plus ou moins inspirées de la Grande Odalisque.
GOingres odalisque in grisailleGOLaGrandOdalisque2
gofake GOodalisqueduchamp
GOodalisque hautedef net GOthe grand odalisque grande odalisque steph-lallemand GOamélieradkiewitz GO+Jacques+Moulin,+fermale+nude+1856,+albumen+silver+print, GoingresGOmatisse%20005 GOOdalisque.. GOodalisque blondeGOOdalisque - Fran%C3%A7ois Edouard Picot GOOdalisque Video GOroge odalisqueGOvelasquez
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Mardi 2 mars 2010 2 02 /03 /Mars /2010 05:29
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Dimanche 28 février 2010 7 28 /02 /Fév /2010 12:10

Kama Soutra ( IV –VII siècles ap JC )

 kamasoutra

Chapitre 1er . Sortes d’union

L’homme est divisé en trois classes, savoir : l’homme-lièvre, l’homme-taureau et l’homme-cheval suivant la grandeur de son lingam.

La femme aussi, suivant la profondeur de son yoni, est une biche, une jument, ou un éléphant femelle.

 

Chapitre 6. Des différentes manières de se coucher et des diverses sortes de congrès

kamasoutra1Dans le cas d’un haut congrès, la femme Mrigi ( biche) devra se coucher de façon à élargir son yoni ; tandis que dans le bas congrès, la femme Hastani ( éléphant) se couchera de manière à contracter le sien. Mais dans un congrès égal, elles se coucheront dans la position naturelle. Ce qui vient d’être dit de la Mrigi et de la Hastani s’applique aussi à la femme Vadawa (jument). Dans le bas congrès, les femmes feront particulièrement usage de drogues, pour que leurs désirs soient promptement satisfaits.

Il y a pour la femme biche, trois manières de se coucher, savoir :

La position largement ouverte.

La position béante.

La position de la femme d’Indra.

1)Lorsqu’elle baisse sa tête et lève la partie médiane de son corps, cela s’appelle la position largement ouverte. À ce moment l’homme doit appliquer quelque onguent pour rendre l’entrée plus facile.

2) Lorsqu’elle lève ses cuisses et les tient toutes grandes écartées, puis engage le congrès, cela s’appelle la position béante.

3) Lorsqu’elle ramène ses cuisses, avec ses jambes repliées dessus, sur les côtés, et dans cette posture engage le congrès, cela s’appelle la position d’Indrani ; la pratique seule peut l’apprendre ( …)

Lorsqu’une femme se tient sur ses mains et ses pieds comme un quadrupède, et que son amant monte sur elle comme un taureau, cela s’appelle le congrès de la vache. À cette occasion, il y a lieu de faire sur le dos tout ce qui se fait ordinairement sur la poitrine.kamasoutra2

À Gramaneri, plusieurs jeunes gens jouissent d’une femme qui peut être mariée à l’un d’eux, soit l’un après l’autre, soit tous en même temps. Ainsi, l’un la tient, l’autre en jouit, un troisième s’empare de sa bouche, un quatrième de son ventre ; et de cette façon, ils jouissent alternativement de chacune de ses parties.

kamasoutra3Les gens des contrées méridionales ont aussi un congrès dans l’anus qui s’appelle le congrès inférieur.

Une personne ingénieuse doit multiplier les sortes de congrès, en imitant  les différentes espèces de bêtes et d’oiseaux. Car ces différentes sortes de congrès, opérées suivant les usages de chaque pays et la fantaisie de chaque individu, engendrent l’union, l’amitié et le respect dans le cœur des femmes.

 

( les illustrations de cet article sont des vignettes de l’album « Kama Soutra » signé HUGDEBERT )

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Vendredi 26 février 2010 5 26 /02 /Fév /2010 13:37

Nancy HOUSTON, Lignes de faille ( 2006 )

Editions Babel, pages 363-364

Attention, chef d’œuvre ! à lire absolument !!!!

 

Toronto. Un après-midi neigeux de décembre 1962, un inconnu se présente au domicile familial et demande à voir la maman de Sadie qui a 7 ans. Par le trou de la serrure, la petite fille assiste aux retrouvailles de sa maman avec l’inconnu.

 houston

«  Sadie… Va dans ta chambre, ferme la porte, et attends que je te dise de sortir. »

Les mots sont comme une gifle. J’ai un mouvement de recul mais j’obéis aussi sec : non contente de fermer la porte, je la verrouille pour qu’elle sache bien à quel point sa fille est obéissante. Ensuite je vais prendre l’oreiller sur mon lit, je le pose par terre devant la porte, je m’agenouille dessus, j’ôte la clef et je regarde par le trou de la serrure.

C’est comme une pièce de théâtre. Maman et l’inconnu restent encore un moment sans bouger, sans parler, puis maman s’avance vers lui à pas lents comme une somnambule et il lui ouvre ses bras et elle se jette dedans, l’inconnu blond referme les bras sur ma mère et l’écrase contre sa poitrine en sanglotant. Maman commence à pleurer elle aussi, puis elle se met à rire en même temps. Ce qui me perturbe plus que tout, c’est qu’elle s’adresse à ce monsieur dans une langue étrangère. Ça pourrait être le yiddish ou l’allemand, ils se parlent par bribes tout en pleurant et en riant, ils respirent fort et se regardent au fond des yeux.

houston2Ça dure un bon moment et pendant tout ce temps, dans la rue derrière moi, la neige continue de tomber. La main de maman remonte pour caresser la pommette de l’homme-blond et elle dit une chose qui ressemble à « Mon Yanek, mon Yanek », mais au lieu de lui dire mon elle dit mein, et lui aussi murmure son nom à elle – son vrai nom, pas Erra – sauf que dans cette langue qu’ils parlent ça sonne différemment, ça ressemble à « Kristinka ». Il tire sur le bout de sa ceinture qui est une corde orange, le nœud se défait et il ouvre lentement sa robe de chambre, dénudant ses seins et l’embrasse sur le cou, la tête de maman se renverse en arrière il l’embrasse à la base du cou et je n’arrive pas à détacher les yeux de la scène, elle lui dit des mots dans cette langue qu’ils partagent et qui m’exclut et maintenant, tout en embrassant l’homme sur la bouche, elle défait les boutons de sa chemise, il met les deux mains autour de sa tête de Petit Prince et elle remue les épaules et sa robe de chambre tombe par terre. Maintenant, ma mère est totalement nue avec cet inconnu qui est toujours habillé. Elle va ouvrir le canapé-lit (le même lit qu’elle partage toutes les nuits avec papa) et pendant ce temps l’homme se déshabille avec des gestes lents, après quoi il est nu lui aussi et je vois son truc qui est debout et se balance.houston1

Il se met à genoux sur le lit et à mon horreur ma mère se met à genoux devant lui et prend ça dans sa bouche, ce qui me donne la nausée alors je m’éloigne un moment de la porte, le cœur battant fort, et essaie de me calmer en regardant les flocons de neige qui flottent dehors dans l’auréole des lampadaires, et quand au bout d’un long moment je m’agenouille à nouveau ma mère a tourné le dos à l’inconnu, il lui tient les mains serrées derrière le dos comme pour la menotter et pendant ce temps il entre et sort de son corps par derrière comme Hilare avec le caniche nain sauf que ses mouvements sont plus lents et au lieu de gémir il lui dit des mots étrangers à voix basse. Ma mère se cambre et j’entends un son grave inouï lui sortir de la gorge, tout ça est totalement insupportable alors j’allume la lumière et me mets au lit en tremblant de tout mon corps.

 houston3

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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